« - J’ai le résultat de votre prise de sang : la fécondation n’a pas marché. Vous devriez avoir vos règles naturellement dans quelques jours. C’était la quatrième tentative. On ne va pas pouvoir continuer indéfiniment. Tout cela coûte cher. C’est d’argent public dont il est question. Je ne vous dis pas qu’il faut faire le deuil, mais… commencez à y réfléchir. »
Aimée revient de sa consultation chez le médecin. Encore une fois, sa tentative pour tomber enceinte a échoué. Elle rentre l’annoncer à son mari Jean. Ça fait des mois qu’ils sont dans la même galère. Ils s’aiment. Ils se soutiennent. Elle est désolée. Ça n’a pas marché. Il a préparé le repas. Il va pouvoir ajouter une bouteille de vin…mais elle n’aura certainement pas de saveur.
Sans jamais donner de leçon ni de conseil, Gwénola Morizur et Camille Benyamina abordent le délicat sujet du parcours du combattant des couples qui tentent d’avoir un enfant mais qui n’y parviennent pas. On accompagne Aimée et Jean dans leur chemin semé d’embûches. Pour Aimée, travaillant dans une crèche, il est déchirant de voir certains parents qui amènent leurs enfants en se plaignant d’eux. Aimée va se lier d’amitié avec l’une de ces mamans dont elle va garder le petit en dehors de ses heures de travail. Les limites de son engagement vont lui revenir en pleine face.
Morizur expose la complexité morale et physique de la PMA, la procréation médicalement assistée, et de la technique des FIV, les fécondations in vitro. On apprend que seulement 10 à 22 % des couples ayant recours à la PMA arrivent à avoir un enfant. Plus de 40 % des femmes suivant un parcours de PMA souffrent de troubles anxieux ou dépressifs. Et la sécurité sociale prend en charge jusqu’à quatre FIV, la France étant le seul pays européen à en prendre en charge autant. Avec une introduction et une conclusion dans une fête foraine, la scénariste fait le parallèle entre les manèges et les espoirs et déceptions des essais de maternité.
Benyamina dessine l’aventure de ce couple avec pudeur et sensibilité. Il y a des influences Lucy Mazel dans le traitement de certaines scènes et des influences Carole Maurel dans les regards qui font entrer dans les âmes des personnages. La dessinatrice signe également une couverture sobre et touchante. L’album est à ranger entre le merveilleux Col de Py d’Espé et le subtil Plongeon de Vidal et Pinel, parus tous deux également chez Grand Angle.
Il y a des albums dont le sujet nous semble si éloigné de nos préoccupations qu’on ne voit pas l’intérêt de les lire. Quand ils nous arrivent dans les mains et qu’on est cueilli de cette façon, c’est que quelque chose d’inhabituel s’est produit. On ne descend pas indemne des Montagnes russes.
Laurent Lafourcade
One shot : Montagnes russes
Genre : Emotion
Scénario : Gwénola Morizur
Dessins & Couleurs : Camille Benyamina
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand angle
Nombre de pages : 80
Prix : 16,90 €
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