Diu vi salvi Regina ! Une histoire du nationalisme corse
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Diu vi salvi Regina !  Une histoire du nationalisme corse

 

 

« - Cari Cummpatriotti. Le moment est venu de construire la paix. Nous allons, avec tous les corses, faire que le rêve devienne réalité. Oui, cela a été un très long chemin… Tamanta Strada. Mais à partir d’aujourd’hui, une autre histoire commence. Et nous allons l’écrire ensemble. »

 

 

 

 

 


 

                Décembre 2015, la liste nationaliste réunissant autonomistes et indépendantistes a gagné les élections territoriales de Corse. A l’Assemblée de Corte, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de l’île, prend la parole et expose son projet, sous le regard de son père assis dans le public. Il souhaite construire la paix, avec tous les corses, pour qu’une autre histoire commence. L’hymne national retentit spontanément dans la salle : Diu vi salvi Regina !

 

 

 

 

© Constanty, Adès - La revue dessinée / Dargaud

 

 

                A Corte, « U babbu di a patria » a quitté son piédestal. La statue de Pasquale Paoli a-t-elle pris le maquis ? Le plus populaire des héros de l’histoire insulaire, tel une allégorie, est parti à la rencontre de ceux qui, de 1975 à nos jours, ont pris part, parfois dans les heurts et le malheur, au façonnage de la Corse d’aujourd’hui. Le récit journalistique s’ouvre par le drame fondateur à Aleria où deux gendarmes ont été tués par des corses militants contre la politique coloniale de l’état français. On assiste ensuite à la naissance du Front de libération nationale corse, le FLNC, aux nuits bleus et à la scission du groupe armé en deux branches : le FLNC canal habituel s’opposant au canal historique, la cuncolta nazuinalista. Puis, c’est l’assassinat du préfet Erignac à Ajaccio en 1998, encore dans toutes les mémoires, et la traque d’Yvan Colonna, pour finir par le dépôt des armes et la conquête du pouvoir.

 

 

 

 

© Constanty, Adès - La revue dessinée / Dargaud

 

 

                Après avoir révélé les dessous du rocher dans Monaco, Luxe, crime et corruption, Hélène Constanty, journaliste diplômée de Sciences-Po, décrypte l’Histoire de l’île de Beauté. Elle a l’idée géniale de donner vie à la statue de Pasquale Paoli pour en faire le témoin objectif des événements qui ont émaillé le dernier demi-siècle. Autrice de plusieurs essais comme entre autres Razzia sur la Corse, ou Corse, l’étreinte mafieuse, parus chez Fayard en 2012 et 2017, elle maîtrise le sujet.

 

                Aux dessins, bien que n’étant pas corse et n’y ayant pas étudié, Benjamin Adès immerge le lecteur dans un décor gorgé d’âme et de sens. Les défenseurs de l’indépendance de l’île se trouvent embringués dans une spirale infernale de laquelle ils ne peuvent plus ou bien dont ils ne savent pas sortir. Les politiques ont des regards froids et implacables. Qui tire les ficelles ? Les maîtres du jeu ne sont jamais ceux à qui l’on pense. Le trait d’Adès montre ce trouble jeu.

 

 

 

 

© Constanty, Adès - La revue dessinée / Dargaud

 

 

                L’histoire Corse est complexe. Alors que pour de nombreux profanes, la lutte armée opposait l’île et le continent, les auteurs de cet album mettent en évidence les dissidences intra-insulaires et la zizanie orchestrée. Aujourd’hui apaisée, la Corse peut compter sur la bienveillance de la statue de Pasquale Paoli qui pose un regard paternel sur ses héritiers. Passionnante et passionnée, cette histoire du nationalisme corse montre la puissance du media BD dans le journalisme d’enquête. Indispensable.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=2qHQjc7ls9Q&t=5s

 

 

 

 

One shot : Une histoire du nationalisme corse 

 

Genre : Enquête 

 

Récit de : Hélène Constanty

 

Dessins & Couleurs : Benjamin Adès

 

Éditeur : La revue dessinée / Dargaud

 

Nombre de pages : 216

 

Prix :  22,50 €

 

ISBN : 9782205079906

 



Publié le 01/06/2021.


Source : Bd-best

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