Du chevalier d’antan à l’explorateur moderne. Sur les traces d’un petit reporter...
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Du chevalier d’antan à l’explorateur moderne. Sur les traces d’un petit reporter...

 

 « Etymologiquement, l’aventure, c’est « ce qui doit arriver » (du latin adventura), ce qui implique, pour qui y est embarqué, une situation tangentielle entre le hasard (faire face aux aléas du voyage) et la destinée (suivre sa route selon la « bonne aventure »). Tout en empruntant le parcours chronologique qui mène le petit reporter du pays des Soviets jusqu’à sa dernière implication aux côtés des Picaros, se précisera le portrait de Tintin, le modèle de reporter-aventurier selon Hergé. »

 

 

 

 

 

 

 

On ne compte plus les livres sur Hergé, son univers et ses personnages. Certains sont consacrés à des albums en particulier, d’autres à des personnages. Celui d’Yves Crespel et Nicolas Goethals a ceci d’original que le sujet en est l’aventure, l’aventure avec un grand A, l’aventure avec ses rebondissements mettant à l’épreuve l’ingéniosité d’un héros.

 

 

 

 

© Crespel, Goethals - Sépia

 

 

Qu’est-ce qui pousse un reporter à partir à l’aventure ? Qu’est-ce qu’un aventurier ? Comment l’attitude de Tintin a-t-elle évoluée au fil des albums ? Les auteurs distinguent trois périodes dans les aventures de Tintin : Celle où il est seul, ou presque, jusqu’à L’étoile mystérieuse, celle des aventures du trio Tintin-Haddock-Tournesol jusqu’à Coke en stock, album pivot, celle des aventures finales, avec chacune ses particularités.

 

 

 

 

© Crespel, Goethals - Sépia

 

 

Si dans sa première partie de carrière Tintin subit les événements, à partir de sa rencontre avec Haddock, puis surtout l’arrivée de Tournesol, le reporter s’émancipe et oriente ses décisions. Comme le précisent les chapitres, après le départ au pays des Soviets, Tintin va à l’aventure, puis l’aventure vient à Tintin. Le cœur de la série, ce sont donc les grands récits tricéphales, avec notamment les trois diptyques dans lesquels Haddock et Tournesol ont des rôles majeurs : Le secret de la Licorne & Le trésor de Rackham le Rouge, Les 7 boules de cristal & Le temple du soleil, Objectif lune & On a marché sur la lune. Les auteurs s’attardent sur des cases, jamais représentées pour cause de droits, mais précisément référencées. Les tintinophiles avertis ne remarqueront pas leur absence tellement elles ont marqué leur imaginaire. Les autres pourront accompagner leur lecture de cet essai avec les albums en parallèle.

 

 

 

 

© Crespel, Goethals - Sépia

 

 

La troisième partie de l’ouvrage démontre la richesse et la diversité des récits d’Hergé. On verra comment celui-ci s’est cherché en même temps que Tintin cherchait Tchang au Tibet. On verra comment les personnages se dévoilent dans le huis-clos des Bijoux de la Castafiore. On pourrait croire qu’il ne s’y passe rien, mais il s’y dit tout. Alors que Vol 714 pour Sydney semblait marquer le retour de l’aventure classique, grâce à l’analyse détaillée de la couverture, Crespel et Goethals démontrent le symbolisme sous-jacent du mystère dans lequel on va pénétrer. Tel un mandala aux multiples fioritures, l’aventure terrestre s’avèrera comporter une dimension spirituelle dans laquelle le fantastique joue un rôle spécifique, dépassant les scènes champignonesques de L’étoile mystérieuse et les barbes colorés des Dupondt hoqueteux. L’analyse de Tintin et les Picaros apporte un éclairage façon chant du cygne concernant la fameuse « aventure » dont il est question. C’est le seul album qui n’est pas surtitré « Les aventures de Tintin ». Ce n’est pas innocent.

 

Dans leur conclusion, les auteurs de l’essai partent de l’héritage du scoutisme pour démontrer comment, au final, évasion et introspection sont les deux piliers d’une œuvre impérissable, dont le goût de l’Alph’Art inachevé semblait encore une fois rebattre les cartes.

 

Sur des paroles de jean-Loup Dabadie, Julien Clerc chantait :

 

« Partir partir

On a toujours

Un bateau dans le cœur

Un avion qui s'envole

Pour ailleurs

Mais on n'est pas à l'heure »

 

                Ces paroles semblent écrites pour Tintin, pour ses départs à l’aventure et ce temps qui ne semble pas avoir de prise sur lui. On dit toujours que partir, c’est mourir un peu. Pour Tintin, c’est tout le contraire.

 

Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Sur les traces d’un petit reporter... 

 

Genre : Analyse d’œuvre

 

Auteur : Yves Crespel & Nicolas Goethals

 

Couverture : Frédérique Goethals

 

Éditeur : Sépia

 

Collection : Zoom sur Hergé

 

Nombre de pages : 160 

 

Prix : 15 €

 

ISBN : 9791033401629

 



Publié le 10/12/2021.


Source : Bd-best

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