Du Greenwich Village de Woody Allen au Montparnasse de Mondrian, les arts entrent en collision dans une explosion magnifique
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Du Greenwich Village de Woody Allen au Montparnasse de Mondrian, les arts entrent en collision dans une explosion magnifique

Comme sur la couverture de What’s new Pussycat ?, c’est un baiser fougueux et intense qu’on a envie de faire à chaque fois qu’un nouvel album d’Antonio Lapone sort. On est addict. Même s’il nous confronte à des personnages portant le badge « Art is dead », il nous prouve tout le contraire dans des univers qu’il marque de son sceau, de sa puissance poétique et graphique, intemporelle et immortelle. Chanceux que nous sommes, la fin de l’année 2017 a vu la parution de deux nouveaux petits bijoux chorégraphiés par l’Italien. L’un en compagnie de Gihef qui signe la suite et la fin (déjà… snif) de Greenwich Village et l’autre avec Jean-Philippe Peyraud entre les lignes, les couleurs et surveillé par la fleur de Piet Mondrian.

 

 

 

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

What’s new pussycat ? De Sam Cooke à Bob Dylan, de Catwoman aux Gendarmes

 

 

 

 

© Gihef/Lapone chez Kennes

 

Résumé de l’éditeur : Automne 1960. Cole Slowe est un sculpteur au tempérament ombrageux et aux fins de mois difficiles. S’il jouit à Greenwich Village d’une belle cote d’estime, son refus d’exposer ses oeuvres aux yeux du grand public l’empêche d’accéder à une notoriété sonnante et trébuchante. Ses sculptures d’assemblage ont néanmoins capté le regard de Sophie St-Cyr, une jeune comtesse française grande amatrice d’art. L’artiste n’est pas insensible au charme de la belle et accepte pour la séduire une exposition à sa gloire. Mais c’est sans compter les agissements nocturnes d’un cambrioleur de haut vol qui hante depuis peu le quartier. Agile comme un chat, le monte-en-l’air signe ses méfaits « Pussycat ». Il a délesté de ses plus belles oeuvres pas moins de trois galeries en quelques jours et ne compte pas s’arrêter là…

 

 

 

 

© Gihef/Lapone chez Kennes

 

Sous un titre qui évoque clairement le premier film (au scénario) de Woody Allen (heureusement, il n’est pas encore interdit de le citer), se cache un deuxième opus dans la lignée du premier et allant chercher ses influences et ses fantasmes dans des films comme on n’en fait plus (jusqu’aux Gendarmes de Saint-Tropez !), où la légèreté teintée de jazz célébrait les rencontres charismatiques et pourtant impromptues. Le hasard fait bien les choses et pousse à aller voir ce qu’il y a derrière les apparences.

 

 

 

 

Oh, Bob Dylan ! © Gihef/Lapone chez Kennes

 

Alors dans ce Greenwich de rêve, plutôt qu’un lapin blanc, c’est un chat noir que Gihef et Lapone nous invitent à suivre, d’étage en étage et de case en case (et il y en a tout plein par planche, et pourtant c’est d’une lisibilité et d’une clarté !) pour aller voir ce qu’il se trame dans cet immeuble qui swingue de la Perry Street.

 

 

 

 

© Gihef/Lapone chez Kennes

 

Le printemps a filé sa place à l’automne, mais les couleurs n’en démordent pas et les acteurs de ce vaudeville artistique et mystérieux ne sont pas frileux, les portes claquent, les gamins crient, Sam Cooke chante à n’en plus finir, les téléphones de la police ne cessent d’hurler et, méthodiquement, les coffres-forts s’ouvrent dans le bruit singulier et que reconnaissent ceux qui ont des dollars plein les yeux. Éh oui, un voleur ou plutôt une voleuse, ce qui permet à Lapone d’amener le parfum et la finesse de Catwoman, sévit et séduit, de manière immodérée. Gihef a pris toute la mesure du talent d’Antonio Lapone lui proposant des péripéties plus que jamais sur mesure et le dessinateur-coloriste met le rêve en pratique.

 

 

 

 

© Gihef/Lapone

 

C’est somptueux, ça donne envie de danser et ça finit de nous faire nous lever du bon pied ! On est malheureusement retombé sur notre pied gauche en apprenant que Greenwich Village ne compterait jamais de troisième tome (même pas écrit, d’ailleurs), les ventes de la série n’ayant pas décollé. Raison de plus pour en profiter.

 

 

 

 

© Gihef/Lapone chez Kennes

 

 

 Série : Greenwich Village

Tome : 2 – What’s new pussycat ? (Récit complet)

Scénario : Gihef

Dessin : Antonio Lapone

Couleurs : Anne-Claire Thibaut-Jouvray et Antonio Lapone

Genre : Polar, Vaudeville, Mystère

Éditeur : Kennes

Nbre de pages : 72

Prix : 19,95€


 

 

Mondrian entre les lignes mais plus que jamais haut en couleur

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

Résumé de l’éditeur : À l’origine, il y avait cette même photo que Jean-Philippe Peyraud et Antonio Lapone avaient au-dessus de leur table à dessin. Celle d’une fleur en plastique dans l’atelier de Mondrian, seul rappel du végétal dans l’univers à la géométrie implacable du peintre. C’est l’histoire de cette fleur que les auteurs ont décidé d’imaginer pour raconter Mondrian, figure majeure de l’art abstrait, dont on connaît peu de choses, si ce n’est qu’il vivait au cœur du Montparnasse des années folles et qu’il était un inconditionnel de la danse de salon…

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

Sur la couverture grand format, c’est un couple valsant entre noir et rouge qu’on pourrait presque voir danser sur la paume de notre main. C’est parti mon kiki pour un voyage entre les lignes, les cases et les couleurs si chères à Mondrian.

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

Dans la peinture, dans l’Histoire, il y a des détails qui sembleraient anodins mais qui, pour peu qu’on s’y intéresse et qu’on en presse le jus donnent de merveilleux récits. Une fleur dans un atelier d’artiste, c’est courant, mais dans l’atelier de Mondrian, cela avait de quoi intriguer, catalyser les émotions et les passions qui ressortiraient dans un récit grandeur nature. Tellement grand, qu’on peut s’y plonger comme dans une piscine revigorante, et y brasser quelques divagations sublimes.

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

Avec cette fleur et cette flamme déclarées à l’abstraction, Peyraud et Lapone réussissent un peu ce que Zabus et Campi ont réussi précédemment avec Magritte : faire un rêve, évoquer un artiste tout en courbant les lignes biographiques pour les faire communier avec les lignes… graphiques et picturales. Lapone, doublé de l’esprit du peintre hollandais, bouscule les planches comme sous des coups de pinceaux un peu trop nerveux qui joueraient à chahuter pour mieux créer.

 

 

 

 

© Peyraud/Lapone chez Glénat

 

La BD pourrait s’écrouler sur elle-même, au contraire elle rayonne en cette confluence des arts, folle d’ambiances, de bruits et de musique. Virtuose et symphonique pour mettre à notre portée un peintre moins accessible mais ténor dans son genre. Un plaisir que prolonge un sketchbook bien fourni, une rose dans l’atelier de… Lapone, cette fois.

 

 

 

Alexis Seny

 

 

Titre : La fleur dans l’atelier de Mondrian

Récit complet

Scénario : Jean-Philippe Peyraud

Dessin et couleurs : Antonio Lapone

Genre : Comédie dramatique, Rêverie

Éditeur : Glénat

Nbre de pages : 88

Prix : 19,50€



Publié le 29/01/2018.


Source : Bd-best

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