Entretien avec Bastien Vives
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Entretien avec Bastien Vives

« La valeur n’attend point le nombre d’années ». Ce dicton résume à lui seul le jeune mais déjà brillant parcours de l’auteur français Bastien Vivès !

A l’occasion de sa nomination en tant que lauréat du 22ème prix des Libraires de Bande Dessinée le 19 mai 2011, nous vous proposons de découvrir cette interview que Bastien Vivès avait accordé à notre journaliste Christian Missia, qui l’avait rencontré à l’occasion de la parution de Polina, dans la collection KSTR des éditions Casterman.

 

De quoi parle POLINA ?

Bastien VIVES : C’est l’histoire d’une petite fille qui va entrer à l’académie de danse du professeur Bojinski. Le livre parle de toute cette relation qu’elle aura avec son professeur, de ses débuts, à 6 ans jusqu’à ses 30 ans. Tout au long du livre, on va suivre son parcours et toute la relation particulière qu’elle a avec le professeur Bojinski.

Le livre parle en gros de la relation maître-élève. Des notions de l’apprentissage et des questions que l’on doit se poser ou qui viennent à nous lorsque l’on doit exprimer des choses.

Vous avez choisi l’univers de la danse classique pour raconter cette histoire, alors qu’elle aurait pu être transposée dans l’univers du dessin ou de la sculpture, par exemple. Pourquoi avez-vous situé cette histoire dans l’univers particulier du ballet ?

BV : En fait, je voulais parler de l’art et dessiner des gens qui dessinent, ce n’est pas très intéressant. Donc très vite, je me suis dit qu’il fallait trouver quelque chose de très visuel. La danse classique reste un art très visuel, ou il y a du mouvement. Ou juste un corps en train de bouger peut exprimer énormément de choses. Je me suis dit que ce serait l’univers parfait et que j’aurais tout les outils en main pour raconter au mieux cette histoire.

 

 


Très concrètement, comment vous êtes vous organisé pour mener à bien ce projet ?

BV : J’ai d’abord commencé à écrire cette histoire sous l’angle de la relation maître-élève. Puis, l’idée de la danse est arrivée. J’ai alors commencé à me documenter. J’ai acheté quelques livres dans lesquels je regardais les positions. J’ai regardé des documentaires sur la danse classique et au fur et à mesure, j’ai étoffé mon histoire.

Dès que j’ai eu le sentiment d’avoir un peu avancé, j’ai regardé des vidéos de Polina Semionova pour voir comment elle dansait, la chorégraphie. Je m’en suis servi un peu dans l’album et enfin, je l’ai fait corriger. J’ai fait lire le livre à des copines qui sont dans la danse classique afin de corriger ce qui n’allait pas.

Quel a été la séquence ou l’aspect du scénario le plus difficile à exprimer en dessin ?

BV : Ce qui était le plus dur c’était de faire passer ce sentiment qu’il y avait entre Polina et le professeur Bojinski. Ce n’est pas de l’amour, c’est vraiment autre chose. C’est un mélange d’admiration et de pudeur. C’est un mélange de pleins de choses… Et c’était très difficile à mettre en place pour que l’on sente dans le livre qu’il n’y a pas… Parce que l’on pourrait vite aller à des conclusions du genre : un maitre de danse, une petite gamine qui devient une femme… et tomber dans de la romance, etc. Là, je voulais vraiment montrer que c’était deux personnes qui se respectaient pour ce qu’ils s’étaient apporté mutuellement en tant qu’élève et en tant que maître. Et faire comprendre cette chose là et rester sur ce « fil » là m’a vraiment donné beaucoup de difficultés dans ce bouquin.

 

 

Bastien Vives

 


Vous êtes un jeune auteur de même pas trente ans mais vous vous êtes déjà illustré dans le milieu de la BD, notamment par le livre « le Gout du Chlore », paru dans la même collection. Quel est votre parcours ?

BV : Je viens d’une famille ou mon père est illustrateur-peintre. Très vite, j’ai axé mes études sur le dessin. Donc, j’ai fait une école de graphisme, puis une école de dessin animé.

A la fin de cet école de dessin animé, je me suis rendu compte que je voulais raconter des histoires. Je me suis alors orienté vers la bande dessinée.

Au fur et à mesure, j’ai fait mes albums les uns après les autres en essayant d’avancer, de découvrir des choses par rapport à ce média. J’ai découvert la BD en même temps que je dessinais.

On a ouvert un atelier très vite après la fin des études. On s’est retrouvé une petite douzaine dans cet atelier à faire un peu de BD, un peu d’illustration, etc.

De manière générale, comment définiriez-vous votre style ? La touche Bastien Vivès ?

BV : C’est la continuité de comment j’ai toujours dessiné.

Depuis mon école de dessin animé, j’ai toujours eu la même manière de dessiner, que ce soit les filles ou n’importe quoi d’autre.

Au fur et à mesure, j’ai changé d’outils. Je dessine presque tout sur ordinateur. Tous les dessins de Polina ont été faits sur photoshop et j’utilise une brosse qui fait l’effet du pinceau, avec lequel je me sens à l’aise. J’aime bien voir l’outil et la manière dont je vais dessiner qui sera la plus proche, la plus adapté pour le récit.

Les lecteurs pourront-ils s’attendre de votre part à des récits différents, tels que des récits humoristiques ou d’aventure, par exemple ?

BV : Je suis en train d’écrire un manga et je me verrai bien tester ce format.

Là, je monte avec deux potes un petit studio et on est sensé faire un manga de baston. Ca me plairait bien de réaliser ce projet.

Vous êtes un peu touche à tout quoi.

BV : (Rires). J’aime bien aller plus loin. Ne pas refaire la même chose. De suivre l’humeur du moment. En ce moment, je ne fais que jouer à Street Fighter, donc je me dis que je ferais bien un petit manga de baston, ça peu être vraiment cool.

 

De manière générale, que ce soit en BD, musique ou cinéma, quels sont vos influences ?

BV : J’aime beaucoup Miyazaki, Jacques Brel. Dans la BD, Matsumoto qui a fait Ping-Pong, Ruppert & Mulot, Bill Watterson qui fait Calvin & Hobbes. Pleins de gens qui… J’ai découvert tout ça très tard mais ce sont plein de gens qui m’on influencé en tant qu’auteur.

Au niveau du dessin, je me sens assez proche de personnes comme Corben l’illustrateur américain, un peu entre le réaliste et le stylisé et Capcom (éditeur japonais de jeux vidéos tels que Street Fighter, Resident Evil ou encore Devil May Cry, ndr).

 

 

La dédicace

 

Interview © Graphivore-Christian Missia

Photos © Christian Missia

Images © Casterman 2011



Publié le 03/06/2011.


Source : Graphivore

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