Entretien avec Lucien de Gieter
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Entretien avec Lucien de Gieter

On n’en a peut-être pas assez parlé, mais c’est une formidable page de la bande dessinée qui se tourne. Lucien De Gieter a, en effet, décidé de ranger son crayon et de faire ses adieux à Papyrus, son héros. Celui qui n’était qu’un petit pêcheur et qui, en 33 tomes et 41 ans, a bien évolué jusqu’à devenir, « enfin » diront certains, pharaon dans ce dernier tome! Ne perdant rien de sa malice bienveillante, Lucien De Gieter a en effet trouvé une fin atypique mais qui lui ressemble bien. Ainsi, dans ce trente-troisième tome, Papyrus se retrouve-t-il, bien involontairement, candidat au titre de pharaon. Ce qui est loin de plaire à Meremptah qui prononce l’exil du héros au glaive magique. 

Pour vous mettre dans la confidence, quand j’étais petit, je voulais devenir égyptologue. Rêve de gamin qui ne veut pas aller à l’école, qui se rêve super-héros et fourmille d’idée folle. Parmi cette idée folle: trouver l’adresse l’adresse du dénommé De Gieter, la rallier en vélo et parler d’Égypte durant quelques bonnes heures. Bref, j’avais douze ans, et en Papyrus, j’avais trouvé ma religion de bédéphile débutant. Je n’ai jamais pris mon vélo et jamais rencontré le créateur qui m’avait donné un si grand goût d’aventure égyptienne… Mais, il y a quelques jours, j’ai enfin rencontré le papa de Papyrus. Il était temps et je n’en ai pas été déçu!

Bonjour Lucien De Gieter, on a pu découvrir le trente-troisième tome des aventures de Papyrus. Un tome différent des autres et le dernier pour vous?

Oui, en effet. C’est tout à fait le dernier, il n’y en aura plus de ma main.

Que se passe-t-il dans la tête d’un créateur qui dit un jour à son personnage, « Voilà, c’est fini« ?

Vous savez, j’ai 82 ans, c’est la réponse, il faut bien s’arrêter un jour. J’ai eu la possibilité de pouvoir m’arrêter sans que ça pose problème. Je n’ai pas le couteau sous la gorge, pas les problèmes financiers que certains peuvent avoir et qui les obligent à continuer, la vie étant ce qu’il est. Étant assez tranquille de ce côté-là,  j’ai posé le problème: un bouquin demande quand même une année de travail, le scénario, la mise en page, le travail définitif. Ça commençait à me peser. D’ailleurs, ce dernier tome m’a presque pris deux ans de travail. Je me suis dit: « Ben oui, ce sera le dernier.« 

Vous y aviez déjà songé ces dernières années?

Non, on ne peut pas dire ça! Mais, j’ai commencé à le sentir déjà sur le précédent album. Ça commençait à faire long. Je m’étais d’abord dit que j’en ferais un tous les deux ans. Mais vu que je suis assez content de ce dernier, autant m’arrêter là!

Un tome-bilan d’ailleurs, puisque certains personnages (Pouin, Shepti, Imhotep, le gardien de la source maléfique…) qui n’étaient plus apparu depuis quelques temps y sont repris.

 


papyrus

Oui, j’avais déjà cette idée qui me trottait dans l’esprit, donc j’ai repris des clins d’oeil à mes premiers lecteurs. Je reprends des événements qui se sont passés il y a 20 ou 30 ans.

C’est vrai qu’il y a cette place au rêve, comme au tout début quand Papyrus entrait dans sa grotte et rêvait aussi.

Disons qu’il a ses cauchemars qui lui reviennent. Il en a eu quelques uns dans sa vie. À partir du moment où je me suis dit que j’allais arrêter, j’ai décidé de faire une fin. Ce qui ne se fait pas habituellement dans la BD, les épisodes s’enchaînant ou s’arrêtant net, sans fin. Donc, j’ai essayé de faire une fin, même si ce n’est pas si évident.
J’ai donc repris la fin des contes, en général, « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants« , c’était un premier élément. Ou alors, je faisais mourir Papyrus, ça pouvait aussi arriver, comme dans Roméo et Juliette. Je n’aimais ni l’un ni l’autre. Et au bout d’un certain temps – j’ai du réfléchir durant des semaines-, j’avais toujours les cinq dernières pages en suspens et j’ai trouvé une petite fin.

C’est amusant parce que des lecteurs ont trouvé ça original et d’autres n’ont pas vraiment aimé, ont regretté. Enfin bon, c’est comme ça. C’est un choix qui m’a amené à terminer mon cycle, ce que peu de dessinateurs font.

Un cycle à la grande longévité, puisque commencé, il y a plus de quarante ans. Pourtant, le premier personnage que vous avez créé n’était pas du tout égyptien, vous étiez plus dans le western, non?

J’ai commencé un peu par hasard à faire de la bd, d’abord au scénario. J’ai participé à un concours de scénario chez Dupuis, les choses sont arrivées comme ça. Et, très vite, on m’a demandé du scénario. J’étais assez étonné, je venais d’entrer dans le monde de la bd, sans connaître grand-chose sinon les lectures que j’en avais: Spirou etc. Mais je ne savais pas comment ça fonctionnait, comment on en fabriquait.

Alors des dessinateurs ont commencé à me demander des scénarios. Pourquoi pas? Puis, un jour, le bureau de dessin dirigé par Rosy – qui était charmant – m’a renvoyé la petite maquette que j’avais faite avec le numéro des cases et les textes. J’y avais dessiné un petit personnage et son cheval: Pony était né. Ils voulaient que je la dessine moi-même, cette histoire. J’aurais pu continuer à être


 De Gieter - Pony

 

scénariste, mais j’ai pris un tournant, et je suis devenu dessinateur aussi. Comme je dis toujours, je me demande pourquoi on ne m’a pas mis à la porte vu l’état de mes premiers dessins. Mais les gens étaient très gentils.

C’était une autre époque, aussi.

C’était une époque à laquelle on avait besoin des dessinateurs. Aujourd’hui, le monde a changé, terriblement en 50 ans. À l’époque, il y avait peu des scénaristes, peu de dessinateurs et une concurrence effrénée entre les magazines. Du coup, c’était à qui comptait le plus de pages. Chaque journal en rajoutait continuellement. Mais il fallait les remplir ces pages! Et ce n’était pas évident. Quand l’un faisait deux pages en plus, l’autre voulait suivre mais n’avait pas forcément les dessinateurs pour. C’était une époque un peu héroïque. Les grands dessinateurs étaient déjà là, avaient la structure du journal: Franquin, Hergé, Peyo, Roba. Ils tenaient le journal mais on ne pouvait pas leur en demander plus. Quand je vois que Franquin faisait deux pages par semaine, je me dis « Nom d’un chien, qu’est-ce que ces gens travaillaient« . Et encore, parfois, ils faisaient même des illustrations en plus.

Mais Pony n’a pas si mal marché, au début, si?

Voilà comment ça a commencé et j’ai effectivement fait Pony, un petit western. J’ai appris à dessiner: un cheval, des animaux, des personnages. L’architecture, je savais comme je l’avais étudiée, mais le reste! J’ai fait dix mini-récits comme ça, mais ça m’ennuyait – j’ai même demandé à un autre dessinateur, Francis Bertrand, de dessiner le dernier. Du coup, j’ai fait des récits plus traditionnels et j’ai fait deux histoires de 22 planches de Pony. Mais, à l’époque, il y avait Lucky Luke… J’aurai aimé continuer mais il fallait que je fasse autre chose, dans un autre créneau. Alors, j’ai pensé à Cousteau. C’était la grande époque de la découverte du monde sous-marin. Pourquoi ne pas faire une histoire dans la mer, avec une petite sirène. Là, ce n’était plus des mini-récits mais des histoires de 3-4-5 planches. Mine de rien, j’ai fait Tôôôt et Puit pendant sept ans. J’ai vraiment appris


 De Gieter - Toot et puit - carte blanche

 

 

le métier. On en apprend tous les jours, mais là principalement, j’ai appris beaucoup. Mais c’était l’époque des référendums. On tremblait en se demandant comment ça allait aller. J’avais énormément travaillé Tôôôt et Puit et j’en ai fait un peu de trop. C’était délirant et ça n’a pas tellement plu. Le référendum fut assez mauvais. J’ai arrêté tout convaincu que mon humour ne convenait pas au journal. Peut-être fallait-il que je trouve un autre journal ou alors je change de registre et je fais de l’aventure.

J’ai travaillé avec Delporte durant deux ans, j’ai fait des illustrations de Mickey. Et puis, je suis tombé sur l’Égypte Ancienne.

Un monde encore peu exploité en BD.

Il n’y avait rien à l’époque, à part Le mystère de la Grande Pyramide mais c’était plus de l’histoire actuelle. Il y avait aussi Les cigares du pharaon, mais c’était très aléatoires et très peu égyptien. J’ai essayé et me suis lancé. Les choses se sont pas mal amorcées. Ça a plu, on m’a dit de continuer et me voilà à la tête de 33 albums. Puis, il faut savoir s’arrêter à temps.

Cette passion pour l’Égypte, elle était déjà présente avant?

Disons que j’avais été à Saint-Luc et que j’y avais appris la décoration. C’était une école d’art et, forcément, on s’y était intéressés. Ça m’avait plus, mais pas plus que ça, non plus! J’avais surtout aimé la peinture égyptienne, l’art égyptien, j’y étais sensible. Je connaissais moins l’architecture. Mes connaissances étaient très scolaires, très traditionnelles. Et c’est d’ailleurs pour ça que les premières histoires sont fantastiques. J’ai fait un peu n’importe quoi. J’ai fait ce que tout le monde imagine quand on parle de l’Égypte: les pyramides, le sphinx, les souterrains, les mystères.

Après quoi, vous avez été plus raccord avec la réalité historique, non?

Oui, j’ai voulu devenir plus sérieux. J’avais rencontré des égyptologues – des gens très savants – mais je ne l’étais pas. Donc, j’ai étudié monument par monument: la pyramide à degré, les obélisques, Karnak, Louxor. Puis, je me suis situé à une époque. Car au début, j’avais pris un pharaon plutôt peu connu comme ça je pouvais me mettre un peu n’importe où. Mais, au bout d’un moment, ça n’allait plu, je devais être sérieux. Mais les choses sont plutôt bien tombées, puisque Meremptah était le fils de Ramsès II. Et, du coup, j’étais dans l’époque de la décadence, même s’il y a tout plein de choses extraordinaires derrière.

J’ai donc étudié la pyramide à degré. Et, au fil des renseignements, je constituais le scénario. La

 papyrus - l'obélisque

 

deuxième période était celle des monuments. Puis, il y a eu une troisième période durant laquelle je me suis demandé ce qu’il se passait dans le bassin méditerranéen à la même époque. Et il s’y passait beaucoup de choses. Souvent, on étudie l’histoire par morceaux sans faire beaucoup de rapports et rapprochements. Or, c’était la fin de la Crête, la grande époque de la mythologie, la fin de la Guerre de Troie. Mais, c’était aussi Moïse. Pourtant, on fait peu de rapprochements entre ces événements. Et, c’est ce que j’ai fait. J’ai fait se promener Papyrus.

Le quatrième stade, c’était la période amoureuse. Je n’en ai pas fait beaucoup mais c’est le moment où je me suis dit qu’il serait peut-être temps de répondre aux questions des gens: Papyrus et Théti, sont-ils amoureux? Ne vont-ils pas se marier? Va-t-il devenir pharaon? Oui bon, on verra bien, je disais. Du coup, j’ai vraiment essayé de les rendre amoureux. Ce n’est pas facile parce que si on n’est pas amoureux, on peut se disputer et ça peut amener des choses. Quand on est amoureux, c’est différent. Des scènes d’amour entre Papyrus et Théti-Chéri, je voyais assez mal ce genre de chose! Enfin, il y a quand même eu un épisode, Les enfants d’Isis. Puis, il y en a tout de même eu quatre après.

Finalement, votre premier voyage en Égypte?

J’étais à mon septième album. J’y suis parti quinze jours. J’en ai fait neuf, depuis. Mais, le premier était un peu, par hasard. J’avais rencontré un gars qui avait vu l’exposition Toutankhamon à Paris, vingt ans auparavant. J’étais gosse, je n’avais pas pu la voir. Mais, lui avait été fasciné par cette expo et cet ingénieur-électricien s’était mis à refaire des pièces du tombeau de Toutankhamon. Il en a fait une centaine, c’était assez étonnant. Il en faisait des expos et un jour, il a été voir Dupuis pour récupérer un peu de matériel, quelque chose d’égyptien pour offrir au 5000ème visiteur. Dupuis n’avait rien mais l’a mis en contact avec moi. Et on s’est rencontré. Et après ça, on a fait pas mal d’expositions ensemble. D’abord à une séance de dédicaces.  Puis, j’ai fabriqué une exposition Papyrus d’une trentaine de grands panneaux que je pouvais mettre dans ma voiture. Ainsi, nous partions à deux, moi avec ma voiture, lui avec son camion – il avait des pièces en or, j’en étais impressionné. On a fait une dizaine d’expositions dans des endroits étonnants. On a eu pas mal d’aventures.

Et, quand on s’est rencontré, il m’a dit qu’il organisait aussi des voyages en Égypte. C’est comme ça que j’ai fait mon premier voyage, en groupe, souvent en bus, avec quelques petits problèmes. Mais, je voulais y revenir seul, m’installer à Louxor d’où je pouvais rejoindre différents endroits. Après, je n’ai plus jamais été qu’une fois en groupe, pour faire plaisir à mon épouse et faire la croisière sur le Nil.

Puis, il y a aussi un voyage d’étude fait avec une amie égyptologue. Nous étions douze à bord d’un petit bateau, plus l’équipage qui faisait à manger etc. C’était beaucoup plus intéressant parce qu’on pouvait s’arrêter quand on le voulait. Le reste du temps, je suis parti avec mon épouse ou seul, avec mon carnet de dessin sous le bras. Mais, vers la fin, en 1997, il y a eu des attentats, un bus d’allemands massacré à Louxor. Puis les attentats de Charm el-Cheikh en 2005. Et depuis, c’est beaucoup plus strict, il y a des militaires partout et on ne peut pas rester. On ne peut plus faire ce qu’on veut. Au bout du neuvième voyage, c’était moins intéressant.

Le patrimoine en est moins accessible?

Oui, je pense, moi j’étais un marginal, je ne faisais pas partie des structures ou des groupes. Ça, ça marchait. Mais, j’ai un ami qui y est retourné, il y a deux ans, il m’a dit qu’il n’y avait plus personne. Les bateaux étaient alignés les uns à côté des autres. Ce n’est pas gai. Mais bon, l’Égypte a toujours son soleil, ses monuments. Quand on a la possibilité d’y aller, il faut le faire, incontestablement.

Vous parliez de dessin, vous passiez quand même pas mal de temps autour des monuments, non? 

C’est à dire que beaucoup de monuments ont été faits après l’époque à laquelle je situais Papyrus. Et certains n’existaient plus ou avaient changé. Dans les monuments anciens, beaucoup étaient à moitié démoli, je devais les reconstituer. J’ai beaucoup d’amis égyptologues qui ont fait des bouquins formidables, dont je me servais.

 


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David Roberts – Les colosses de Memnon

 

 

Mais sur place, il paraît que vous vous basiez sur des dessins fait il y a près de 200 ans et que vous tentiez de retrouver l’angle et la place exacts de ce dessinateur?

Ça, ça n’a rien à voir avec Papyrus. Mais, comme je suis parti neuf fois en Égypte, j’ai découvert et me suis intéressé aux dessins qui ornaient les différents hôtels. En couleurs, très beaux, quasiment tous étaient signés de la main de l’artiste écossais David Roberts. Comme le crayon me chatouille toujours un peu, je me suis rendu un jour à Louxor, je voulais en dessiner la façade. Puis, en feuilletant ses bouquins – il y en a des dizaines – et ses dessins, je me suis aperçu qu’il s’était positionné quasiment au même endroit pour faire ce même dessin. Ça m’a donné l’idée de partir sur ses traces. J’ai essayé de redessiner ce que lui avait vu, 150 ans auparavant. Naturellement, il y avait un décalage, car le temps avait fait son oeuvre. Et pour retrouver sa place, je vérifiais les alignements entre avant-plan et arrière-plan. Et je me suis parfois retrouvé au même endroit mais dans des situations très amusantes. À Louxor, pour le Temple Bas, j’avais du monter sur des pierres et m’étais assis au-dessus. C’était bien là que David Roberts avait du être, mais, pourtant, 150 ans auparavant, tout le temple était complètement… ensablé! Donc, peut-être y avait-il un morceau de pierre qui dépassait, sur lequel il s’était assis, à même le sol. Moi, j’étais sur la même pierre, mais tout au-dessus d’un mur que j’avais escaladé! Enfin, c’était le côté amusant de ma démarche.

À un autre moment, j’ai fait tout un dessin d’une pyramide, pour me dire à la fin: « Non, il n’était pas ici. » Quelque chose me chipotait et je ne savais pas quoi. Ensuite, j’ai grimpé sur une terrasse de rochers et, arrivé, au dessus, j’ai trouvé où il était. Ça n’a rien à voir avec la bd, mais c’était le plaisir du dessin et de ces voyages en Égypte. Même si, parfois, certains de ces dessins m’ont servi, par après.

Mais c’est bon à savoir, tellement cette Égypte fait partie intégrante de votre oeuvre. 

Oui, c’est sûr, je suis devenu un passionné. Et en 33 ans, j’ai eu tout le temps de me passionner, de faire des rencontres avec des égyptologues, d’avoir des documents à prêter. C’est un monde très sympa. J’ai même eu l’occasion de faire une exposition avec un égyptologue, à Boisfort. Avec un égyptologue et un artiste-peintre.

Finalement, qu’est-ce qui vous a fasciné le plus avec l’Égypte?

Il y a beaucoup de choses. Mais certainement, qu’au fond, c’est une des premières plus grandes civilisations, avec la Chine, la Mésopotamie, mais une civilisation qui n’était pas agressive. Elle l’est devenue, par après, car elle a été attaquée: quand vous êtes riche, ça intéresse les autres: les Libyens venaient faire des razzias en Égypte, par exemple. Les Égyptiens ont du se constituer une armée, mais sinon, ils étaient non-violent, une civilisation paisible, pas un monstre agressif. Il suffit de regarder les monuments, les représentations des pharaons, ils sont souriants, sans violence, confortables. Un peu comme les bouddhistes. La sérénité m’a marqué. Même s’il y a aussi eu des combats car l’homme est toujours prêt à massacrer. Et lors de la décadence de l’Égypte, il est arrivé ce qu’il devait arriver.

Mais, sinon, c’est une civilisation qui n’a pas créé de matériel agricole, car tout poussait


 Papyrus - De Gieter - Temple

naturellement. Une houe suffisait: il y avait du soleil, de l’eau, ça poussait. Donc, c’est assez curieux. Alors que d’autres civilisations ont éprouvé des difficultés et ont du créer des outils. Ici, quand on n’a pas besoin, pourquoi en créer?

Puis il y a cette mythologie incroyable, non? Même si elle est sans doute un peu effacée par la mythologie gréco-romaine.

C’est à dire, qu’à partir de Rome, d’Alexandre, tout doucement, l’Égypte a disparu, vers 300. Les dernières traces sont celles du temple de Philae qui a été fermé en 350 après J.C. Mais bon, c’est une civilisation qui a été submergée par d’autres, d’autres théories, d’autres religions.

Papyrus, qui est-il pour vous, finalement?

Un petit garçon bien sympathique qui m’a accompagné durant une bonne partie de ma vie. C’est vrai, incontestablement. Il a eu beaucoup de malheurs, beaucoup d’aventures, c’est certain, mais qui m’ont permis à moi de rêver, si on veut. C’est à travers lui que j’ai rêvé de Théti-Chéri, par exemple.

Décliné en plus en dessin animé, en jeu vidéo, ce n’est pas donné à tous les héros de bd!

Oui, à un certain moment, ça s’est transformé en dessin animé, l’époque où les Éditions Dupuis voulaient se lancer dans l’animation et cherchaient des personnages. Et comme Papyrus avait un petit côté didactique, plus sérieux. Ça m’a pas mal arrangé.

Avec quand même un dessin plus lisse, plus rondouillard?

Oui, ça s’adressait aux plus jeunes. Moi, j’avais eu tendance à les rendre un peu plus âgés, plus matures. Si on reprend le premier et le dernier album, ça a bien changé. Eux, pour le dessin animé, ils ont visé des un public plus jeune. Donc, ils ont graphiquement trafiqué le personnage. Il faut dire que le dessin animé ne fonctionne pas de la même manière que la bd, il a d’autres paramètres.

 


Papyrus Pharaon - Théti Chéri

 

 

Propos recueillis par Alexis Seny



Publié le 19/06/2015.


Source : Bd-best

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