Entretien avec Yann et Schwartz
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Entretien avec Yann et Schwartz

A l'occasion de la parution de l'excellent album «Le groom vert-de-gris» (une aventure de Spirou et Fantasio), le scénariste Yann et le dessinateur Olivier Schwartz nous ont fait par le biais de Marc Bauloye notre journaliste toujours très actif sur le terrain, des révélations  surprenantes et exclusives !

 

Marc Bauloye : D'où vous vient cet attachement pour les personnages de Spirou et Fantasio ?

Yann: Ce sont mes personnages préférés. Ce sont les albums que je chéris le plus et que je porte dans mon coeur. Je connais certains albums de Franquin case après case, attitude par attitude, dialogue par dialogue. Spirou, c'est ma bible !

MB: Comment vous est venu l'idée du Groom vert-de-gris ?

Y: Cela remonte à trente ans. J'avais vu un film qui se passait entièrement dans un hôtel. On y voyait des grooms aller et venir. En le regardant, je me suis dit que Spirou, qui est groom au départ, aurait dû être replacé dans ce contexte et côtoyer des espions, des agents secrets, des nazis. Il pouvait surprendre des conversations et en faire le meilleur usage.

MB: Pourquoi avez-vous situé cette histoire dans les années 40 comme Le Journal d'un Ingénu d'Emile Bravo où on retrouve Spirou avant la guerre ?

Y: Comme je l’ai dit, c’était la période idéale pour une aventure de Spirou. Quand j'ai proposé mon synopsis chez Dupuis, on m'a dit que Bravo travaillait sur la même époque que moi. Pour savoir ce qu'il en était, je l'ai contacté une première fois et j'ai dû changer mon scénario pour le situer deux ans plus tard que le sien. Dans mon récit de départ, il y avait un préambule qui se passait avant guerre. On voyait Spirou avec un uniforme de groom rouge devant le Moustic Hôtel et puis, quelques pages après, c’était le même décor avec Spirou en uniforme vert-de-gris et des nazis qui arrivaient. J'ai malheureusement dû sacrifier le début... Mais, j’avais écrit ce scénario longtemps avant celui de Bravo et  quelques pages de mon récit avaient été dessinées par Chaland. On y voyait l'hôtel et Spirou portant des bagages. Le synopsis et ces pages ont été publiés dans «Les inachevés de Chaland».  Quand j'ai lu Le Journal d'un Ingénu, j’ai vu que Bravo avait repris mon idée avec le décor et les personnages ! Je n'étais pas très content et je le lui ai dit. Il m'a répondu que puisque je n'avais pas fait l'album, il l'avait réalisé ! Mais, il aurait pu m'en parler avant ! Ce n'est pas parce qu'il n’y a pas eu d’album qu'il faut plagier l'idée ! Je n'ai donc pas copié Bravo. C'est le contraire ! J'ai lu toutes les interviews de Bravo et à aucun moment, il n'a la délicatesse de dire qu'il est parti de mon idée. Au contraire, il prétend avoir tout imaginé !

MB: L'action se passe à Bruxelles et de nombreux personnages parlent brusseler. N'avez-vous pas peur de vous couper des lecteurs français et étrangers ?

Y: J'ai fait attention pour que chaque réplique soit compréhensible. On devine toujours le sens. Le brusseler, c'est ce qu'on parlait à Bruxelles dans les années 40.

 

 

MB: Le groom vert-de-gris a-t-il demandé un important effort de documentation ?

Y: Considérable. Mais, la majorité de mes ouvrages évoque cette époque !

MB: Vous avez scénarisé le marsupilami, Coeurs d'Acier, Le tombeau des Champignac et Aux sources du Z. Pourquoi ne fait-on pas appel à vous pour devenir le scénariste attitré de la série principale ?

Y: Je ne comprends pas pourquoi ils vont chercher des scénaristes loin de chez nous, alors que je suis là, à leur porte, à tambouriner depuis belle lurette. Je connais le sujet par coeur. Les yeux bandés, je peux démonter et remonter un album de Spirou !

MB: Ne trouvez-vous pas que les one-shots «Une aventure de Spirou et Fantasio» deviennent plus intéressants que la série principale ?

Y: Oui, c'est une évidence. Mais, cela vient du fait que l'on a plus de liberté et qu'on peut imaginer des intrigues qui seraient interdites dans la série mère.

MB: Quels sont vos projets ?

Y: Convaincre les éditions Dupuis de me confier un autre one-shot. Ils ont accepté que Bravo en fasse un second alors qu'au départ, le principe, c'était un seul album par auteur. En plus Bravo a eu droit à une autre maquette alors qu'on imposait la même aux autres auteurs. J'ai une nouvelle série d'aviation qui va démarrer chez Dupuis avec le dessinateur Alain Henriet. Et, je poursuis aussi mes autres séries.


MB: D’où vous vient cette maîtrise des personnages de la série Spirou et Fantasio ?

Schwartz: De mon amour intempestif pour ces personnages, pour leur candeur comme pour la maestria graphique de ceux qui l’ont animé !

 
MB: Etes-vous un nostalgique du Spirou de Jijé et de Franquin ?

S: Nostalgique, oui ! Mais pas pleurnichard ! J'aimerais seulement qu'on n'oublie pas trop l'apport de Jijé à cette série et à la bande dessinée ! Il avait une générosité, un désintéressement et un professionnalisme incroyable ! On retrouve même ses dessins dans certaines versions de "J'attends un enfant" de Laurence Pernoud ! Quant à Franquin, il est omniprésent dans l’univers de la BD.

MB: Comment avez-vous procédé pour la reconstitution historique ?

S: Je me suis mis en apnée profonde dans le troisième Reich. J'ai toute une collection des journaux de cette époque. J’ai parcouru  notamment L'Illustration et le Miroir. J’ai étudié la vie des belges pendant l'occupation mais aussi celle des parisiens... Yann m'a apporté plus que sa part de documentation, n'hésitant pas à arracher les pages de livres afin que je reparte léger vers mon atelier en Loire-Atlantique !

B: Quelles sont vos inspirations graphiques ?

S: Les maîtres: Hergé, Saint-Ogan, Rabier, Jijé, Franquin, Peyo, Morris, Giraud, Hubinon, Kirby, Eisner, Wood, Sempé, Calvo, Chaland, Clerc, Blutch, Bofa, Blain, Severin, Kubert, Krigkstein, Foster, Frazetta, Ditko, Macherot, Cannif, Juillard, Tardi et Tillieux !

 

 


MB: On sait peu de choses sur vous. Parlez-nous de l'inspecteur Bayard et de votre parcours comme dessinateur.

S: L'Inspecteur Bayard est un détective privé (de tout!). Le scénariste Jean-Louis Fonteneau imagine des enquêtes avec des suspects et des alibis pour finir par trouver un ou des coupables. On s'adresse à des jeunes lecteurs et on essaye d’éviter les redites et les clichés.
J'ai commencé à PLG, un fanzine BD. J’ai fait de la promotion publicitaire. Ensuite, je me suis lancé dans la BD pour enfants chez Milan («Pierre, Sophie et Robbie» avec Ecken, "Le testament du docteur Zèbre"avec Goux). Enfin, j’ai dessiné 17 albums de l'Inspecteur Bayard.


MB: Quels sont vos projets ?

S: Une BD façon road movie narrant les pérégrinations de Jijé, Franquin et Morris aux Etats-Unis et au Mexique.

 

Interview © Graphivore-Marc Bauloye 2009

Photo © Jean-Jacques Procureur 2009



Publié le 14/05/2009.


Source : Graphivore-Marc Bauloye

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