« - Sam… Qu’est-ce que tu fais encore ici ? Je t’avais dit de rentrer directement après le sport !
- Je dérange personne : je faisais mes devoirs avec Papa !
- Sam, faut que tu le dises à personne !
- Je fais rien de mal !
- Je sais, mais faut pas que tu viennes ici si souvent !
- Pourquoi ? Peut-être qu’un jour Papa me répondra... »
Tim retrouve sa petite sœur Sam en plein milieu du cimetière, sur la tombe de leur père. Elle fait ses devoirs à côté de lui. L’enfant est à la charge de son grand-frère depuis qu’ils sont orphelins, mais l’assistante sociale veille et va venir vérifier si Tim est bien apte à s’occuper de sa sœur. Il vient de perdre son job et n’a pas l’intention de la perdre. Alors qu’il s’apprête à la ramener à la maison sur son scooter, Sam assiste à une conversation entre deux fantômes. Elle seule les voit. Philéas, haut de forme et tiré à quatre épingles, veut inviter Louise, grand-mère dans la force de l’âge, à danser. Ce n’est pas du goût de l’ectoplasme qui demande à Sam de la sortir de là et de l’aider à retrouver son époux André.
© Monier, Carbone - Dupuis
Après Les brigades du souvenir, Carbone lance une nouvelle série basée sur le passé des personnages. Si la première série se veut historique et basée sur des faits réels, celle-ci joue la carte de la tendresse en rentrant dans l’intimité des familles. On suit en parallèle la vie de Sam et Tim d’un côté et celle de Louise pour cet épisode de l’autre. Carbone y traite sans ambiguïté d’Alzheimer, de mort et de deuil. Elle dédramatise avec tact des sujets difficiles à aborder avec des enfants et des ados, tout cela dans une histoire passionnante que l’on suit comme une aventure à grand spectacle sans bouger du village. L’intrigue aurait juste pu être un poil plus resserrée. En densifiant sur 46 au lieu de 54 planches, on aurait gagné en intensité
© Monier, Carbone - Dupuis
Après des albums plutôt ados/adultes, Julien Monier débarque dans la bande dessinée jeunesse dans un graphisme cousin de celui de Renaud Collin dans le Monde selon François publié chez le même éditeur à la fin des années 2000. Les grands yeux de Sam font chavirer. Les inquiétudes de Tim se partagent sur son visage. Les angoisses et les joies de Louise transparaissent de ses expressions. Les fantômes survolent les situations dans des représentations éthérées et dont les couleurs bleuâtres aident à la condition. Tel un esprit passant à travers les murs, Monier n’hésite pas sortir du cadre de la planche classique lorsque c’est nécessaire comme dans la scène où les héros passent de pièce en pièce dans leur maison et qu’on les voit à chaque fenêtre.
© Monier, Carbone - Dupuis
Il y a quelque chose d’incompréhensible dans la politique Dupuis. Carbone est une scénariste phare de la maison. C’est quelqu’un dont ils ne peuvent plus se passer, et pourtant, comme Les Zindics anonymes, comme Les sentinelles du peuple, la série n’est pas prépubliée dans Spirou. Les sauveurs d’esprits est une belle surprise du printemps et gagne à être sauvée de la multitude des publications.
Laurent Lafourcade
Série : Les sauveurs d’esprits
Tome : 1 - Louise
Genre : Aventure
Scénario : Carbone
Dessins & Couleurs : Julien Monier
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
ISBN : 9791034757473
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