Fait divers. Crépuscule des pères
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Fait divers.  Crépuscule des pères

 

« - Bonjour, Monsieur Fourquet, quel froid ce matin, hein ?

- Bonjour, Madame Bruna.

- Je vous sers votre petit blanc… et vous me dites votre liste, hain, Monsieur Fourquet ?

- Quatre boîtes de petits pois, quatre boîtes de haricots verts, cinq thons, dix sardines, cinq Lou Gascoun, six paquets d’olibet, quatre livres de pommes, deux cartouches de Gauloises filtre, cinq bouteilles de blanc sec…

- Oh, mais y en a pour une garnison. Les enfants sont rentrés ?

- Samedi ! Pour le lait, j’irai chez Dubosc. »

 

 

 

 

 

 

 

A Cestas, en 1969, l’hiver promettait d’être plus froid que jamais, non pas à cause d’une météo plus rude que les années précédentes, mais parce qu’un drame allait sourdre. André Fourquet s’apprête à prendre ses enfants en otage pour en obtenir la garde. Il passe à l’épicerie pour faire le stock de nourriture qui lui permettra de tenir un siège. Juste à côté, à Bordeaux, mais en 2016, Thomas Cessac est en pleine procédure de divorce. Aura-t-il la garde de sa fille ? Sans pour autant comparer sa situation à celle de Fourquet, entre deux rendez-vous avec son avocat ou un juge, Thomas découvre les détails du drame qui s’est déroulé quarante-sept ans plus tôt dans la région.

 

 

 

 

© Cojo, Revel - Les arènes BD

 

 

Le scénariste Renaud Cojo ne cherche en aucun cas à cautionner les actes désespérés d’André Fourquet, cet homme quitté par sa femme et qui séquestrera deux de ses enfants avec leurs consentements, l’aînée ayant réussi à s’échapper, pour en obtenir la garde. Par le prisme de Thomas, il a cherché à saisir les contours de ce fait divers et de comprendre les mécanismes qui ont conduit à l’inéluctable. Par ricochet, le scénariste aborde le dysfonctionnement du système judiciaire qui néglige le rôle du père dans l’éducation des enfants les privant souvent injustement de leur garde. Cojo réalise un travail méticuleux, respectant au plus près les paroles des protagonistes de l’époque. Christophe Hondelatte, prend garde à toi.

 

 

 

 

© Cojo, Revel - Les arènes BD

 

 

Sandrine Revel frappe très fort cette saison. Après l’adaptation des émouvantes Chroniques de San Francisco, Revel revient pour un doublé magistral : Grand silence, sur le sensible sujet des violences sexuelles commises sur les enfants, et Crépuscule des pères, témoignage journalistique d’un drame humain remettant en cause le fonctionnement de toute une société. Avec un trait mouvant, une grisaille sur les planches reproduisant celle qui est dans les âmes, quelques rares touches de rouge qui en disent long, sur le bureau d’un juge ou le plastron d’un gendarme ciblé, Revel s’affirme comme une très grande dessinatrice, avec une bibliographie conséquente qui mérite reconnaissance.

 

 

 

 

© Cojo, Revel - Les arènes BD

 

 

Le mardi 18 février 1969, le quotidien Sud-Ouest titrait « La France bouleversée par la tragédie de Cestas ». Eté 2021, Cojo et Revel bouleversent à leur tour les lecteurs en la retranscrivant en bande dessinée.

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Crépuscule des pères 

 

Genre : Drame

 

Scénario : Renaud Cojo 

 

Dessins & Couleurs : Sandrine Revel

 

Éditeur : Les arènes BD

 

Nombre de pages : 168 

 

Prix : 20 €

 

ISBN : 9791037502209

 



Publié le 09/09/2021.


Source : Bd-best

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