« - Je vous présente ma dernière acquisition : Le Danthrakon.
- Le quoi ?
- Le vrai Danthrakon ?
- Le seul, l’unique exemplaire du plus grand grimoire magique. Plusieurs copistes ont tenté de le reproduire, tous sont devenus fous. Je suis sa trace depuis plus de trente ans. Il a changé six fois de mains mais personne n’est parvenu à le déchiffrer. »
Dans la cité de Kompiam, la belle Lerëh apprend à lire à Nuwan, apprenti marmiton du mage Waïwo. Alors que tout le monde dort, le novice profite du calme pour aller parfaire sa culture dans la bibliothèque. Mais on ne se méfie pas assez des grimoires. « Certains veulent se venger d’avoir servi à caler une armoire, et d’autres sont de vrais parasites. » Le livre choisi par Nuwan est magique. Son encre pénètre dans le corps du jeune homme et disparaît des pages de l’ouvrage.
Alors que le mage pense que son livre a été volé et remplacé, Nuwan va devoir apprendre à vivre avec l’encre qui s’est mêlée à son sang et qui lui octroie des pouvoirs qu’il va falloir dompter.
Mais comment diable fait ce damné Arleston pour arriver à raconter encore de nouvelles aventures d’Heroïc-Fantasy ? Ça s’appelle le talent. Sans être révolutionnaire, cette nouvelle série réjouira les amateurs du genre. C’est à peine s’ils remarqueront que l’album ne paraît pas chez Soleil. En effet, Arleston est devenu directeur de la nouvelle branche d’édition chez Bamboo : Drakoo. Après Grand Angle et Doki Doki, Olivier Sulpice lance avec son complice débauché de la maison toulonnaise une toute nouvelle collection dédiée à la fantasy, à la science-fiction et plus largement aux histoires fantastiques.
Danthrakon, annoncée comme un trypique, inaugure avec deux autres titres le vaisseau Drakoo. Arleston y a glissé tous les poncifs de l’Heroïc-Fantasy, mais également tout ce qui a fait le succès de sa carrière : des dialogues à plusieurs degrés et des relations homme/femme truculentes dans lesquelles les dames font plus que tirer leur épingle du jeu. Arleston glisse un hommage plus qu’appuyé à la Quête de l’oiseau du temps, avec un Tinpuz qui n’est rien d’autre qu’un Fourreux en puissance.
Au dessin, on retrouve un Olivier Boiscommun qui s’éloigne de son style originel pour s’approcher de celui d’un Didier Tarquin. Le dessinateur s’en sort bien, mais on peut remarquer dans un encrage épais que le trait est parfois un peu forcé. Ses animaux humanisés sont une vraie réussite, en particulier les reptiliens dont la plastique semble convenir parfaitement à l’auteur.
Les couleurs de Claude Guth rassureront également les fans de la première heure du monde de Troy. Elles prouvent au lecteur qu’il est en territoire familier.
Deux autres séries accompagnement le lancement de Drakoo : La pierre du chaos, de Katz et Créty, barbare et punchy, scénarisée par un romancier, marquant la volonté d’Arleston d’amener du sang nouveau, des idées inédites et des univers forts et cohérents, ainsi que le plus original et osé Dragon et poisons, mené par un trio d’autrices : Bauthian, Morse et Kaori.
Drakoo est une vraie chance pour l’Heroïc-Fantasy, un nouveau départ peut lui permettre d’acquérir une vraie légitimité parfois ternie par des albums de mauvaise qualité qui ont pollué la surproduction dans les années 90-2000.
Laurent Lafourcade
Série : Danthrakon
Tome : 1 - Le grimoire glouton
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Arleston
Dessins : Boiscommun
Couleurs : Guth
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782490735020
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