Inceste au collège. Le manoir de Chartwell
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Inceste au collège.  Le manoir de Chartwell

 

« - Alors, comment s’est passée ta première semaine ?

- Maman ! J’y crois pas ! On me fait redoubler ma 5ème ! Pourquoi ? (…) Je viens de la faire, la 5ème, et ma moyenne passait ! 

- Elle passait tout juste ! Tu avais de mauvaises notes et tes professeurs…

- Mais maman ! Elle passait quand même, alors pourquoi ?

- C’est comme ça, et puis c’est tout ! (…) On s’est dit que si tu avais été au courant, tu n’aurais peut-être pas accepté d’aller à Chartwell ! »

 

 

 

 

 

 

 

Début des années 70, lorsque les parents de Glenn Head ont inscrit leur fils au collège de Chartwell, ils étaient loin de se douter de ce que leur enfant allait vivre. Le manoir de Chartwell était un pensionnat à la manière britannique, situé à Mendham dans le New Jersey, dirigé par un expatrié anglais Terence Michael Lynch. Pour ses élèves, le manoir est leur nouvelle maison. Ils devront toujours s’adresser à lui en l’appelant Monsieur. Ils sont là parce qu’ils sont les meilleurs, parce qu’ils font partie de l’élite. Enfin, ça, ils ont un peu de mal à le croire. Très vite, l’ambiance va tourner au cauchemar. Ça va commencer par les petits bisous du soir à Monsieur, avant d’arriver aux attouchements pour les uns et aux sévices corporels pour d’autres, certains subissant les deux.

 

 

 

 

© Head - Delcourt

 

 

Cet album n’est malheureusement pas une fiction. Cet album, c’est l’histoire vraie de Glenn Head. L’auteur raconte ses années au pensionnat et les lourdes conséquences qu’elles auront sur la fin de son adolescence et sa vie d’adulte. Head subit le traumatisme de l’inceste à une époque où la parole d’un enfant ne valait rien à côté de celle d’un adulte. Les élèves de Chartwell n’avaient pas d’autre option que de se taire. Ce n’est que des années plus tard que « Monsieur » se retrouvera devant la justice. Mais ce que ce monstre ne pourra jamais payer ce sont les cicatrices non pas physiques mais morales des élèves qui seront passés par son institution. Glenn Head en restera meurtri à vie.

 

 

 

 

© Head - Delcourt

 

 

L’auteur reste le plus objectif possible. Le livre n’est pas manichéen, avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Jeune adulte, il a fréquenté les milieux interlopes de New-York dans les années 80. Toxicomane, il était client des peep-shows et se rendait aux alcooliques anonymes. Glenn Head a mis cinquante ans à réussir à raconter son parcours dans un comics underground cru et émouvant, salué, entre autres, par l’immense Robert Crumb dont il est l’un des fils graphique et spirituel.

 

 

 

 

© Head - Delcourt

 

 

« Nul ne guérit de son enfance » chantait Jean Ferrat. Quand on a vécu ce que Glenn Head a subit, il est possible de soulager la douleur mais pas de l’annihiler. Après Amytiville, Le manoir de Chartwell est une maison bien plus diabolique. C’est sans conteste l’un des chocs BD de l’année.

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Le manoir de Chartwell 

 

Genre : Drame psychologique

 

Scénario & Dessins : Glenn Head

 

Traduction : Samantha Goldfarb

 

Éditeur : Delcourt

 

Nombre de pages : 240 

 

Prix : 27,95 €

 

ISBN : 9782413043454

 

 

 



Publié le 11/06/2022.


Source : Bd-best

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