En mars 1519, Cortés débarque à Potonchan, dans la péninsule du Ma’ya’ab. Après une brève mais violente bataille qu’il remporte contre le cacique du coin, il se voit offrir les 20 esclaves du vaincu mort dans l’affrontement. Parmi elles, Malinalli, une jeune femme issue d’une famille noble mais au passé déjà lourd.
Fille du cacique Yul d’Oluta, ce dernier lui apprend rapidement le nâhualt, la langue des Aztèques, afin de lui permettre de se défendre oralement et de pouvoir négocier avec eux dans leur empire. Son rang de chef local ne le protégera malheureusement pas d’eux. Il sera enlevé et tué alors qu’elle est encore enfant. Sa mère se remariera avec un autre petit chef local. Quelques années après, et malgré son statut, elle est vendue au cacique maya Xamanek de la région de Potonchan.
Elle y apprend la langue maya, et avec le popoluca et le nâhuatl, elle acquiert ce qui fera d’elle un personnage central de la conquête du Mexique par les Espagnols.
© Alicia Jaraba Abellan – Bamboo Éditions
Le cadre est planté et les acteurs sont en place … quant au fil rouge, sans conteste le langage et l’incompréhension mutuelle provoquée lorsque les protagonistes ne parlent pas la même langue !
Malinalli devient Marina, puis Doña Marina et enfin La Malinche, « Celle qui parle ». Possédant cette richesse inestimable de pouvoir se faire comprendre aussi bien des Mayas que des Aztèques puis des Espagnols, elle a le pouvoir de les aider à se parler, à se comprendre et ainsi à éviter peut-être de s’entretuer ! Mais dans ce nouveau monde où les cartes se redistribuent par l’arrivée des Conquistadors, toutes ses décisions, tous ses choix seront-ils positifs pour chacun ?
© Alicia Jaraba Abellan – Bamboo Éditions
Comment trouvera-t-elle réellement sa place dans cet échiquier politique entre les uns qui la méprissent car elle est « indienne » et les autres qui la rejettent en la détestant car elle a trahi leurs dieux ? Prise entre 2 feux, elle fera pourtant tout son possible pour empêcher certaines exactions et violences dans les 2 camps.
Héroïne féminine involontaire, restée dans l’ombre d’un conquérant avide de gloire, elle est incontestablement une figure emblématique de l’histoire du Mexique.
© Alicia Jaraba Abellan – Bamboo Éditions
C’est donc son parcours si controversé qu’Alicia Jaraba nous propose de découvrir sans parti-pris, ni sentimentalisme bien-pensant.
Et pour ne rien gâcher au plaisir de cette lecture, un style graphique s’adaptant parfaitement au sujet et à l’ambiance voulue par Alicia Jaraba.
Bref un roman-graphique à découvrir sur la plage ou ailleurs.
Thierry Ligot
Titre : Celle qui parle
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Scénario : Alicia Jaraba Abellan
Dessin : Alicia Jaraba Abellan
Nombre de pages : 208
Prix : 24,90 €
ISBN : 9782818984062
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