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Faut-il encore vous le marteler ? Alors qu’il s’était quelque peu éteint, il n’y a pas si longtemps, le western revient indéniablement en force depuis quelques temps. Au cinéma, d’abord, suivi de près par la BD qui, sans se défaire des séries qui sont encore dans bien des mémoires de bédéphiles, a publié quelques réussites éclatantes et mémorables, ces derniers mois. Et, a priori, c’est loin d’être fini. La preuve avec trois albums dont on n’a pas fini de parler et qui nous emmène dans les plaines ou dans la poussière, jamais bien loin d’une pétarade bien sentie.
Duke, ultra-western solitude
Résumé de l’éditeur : Duke est un homme tourmenté. Shérif adjoint d’une petite bourgade, convaincu par la dimension morale de sa mission, il est aussi un tireur d’élite habitué à la violence. Quand un conflit se déclare entre mineurs et propriétaires terriens, Duke doit quitter sa neutralité. Et recourir à ce qu’il connaît le mieux et redoute le plus : ses armes.

© Yves H/Hermann chez Le Lombard
Commençons d’abord par le plus traditionnel, histoire que vous retrouviez vos bonnes vieilles habitudes en compagnie d’un sacré tireur… de portraits burinés par le temps et les affres des aventures risquées. À 78 ans, Hermann ne s’arrête jamais et lance une nouvelle série en compagnie de son fils, Yves H. Son nom ? Duke, un patronyme qui n’est pas sans évoquer une autre gloire du western, à savoir… John Wayne.

© Yves H/Hermann chez Le Lombard
Pourtant, il n’y a pas à dire, le Duke de BD n’a pas franchement la carrure de l’acteur de Rio Bravo et ressemble plus à Lee Van Cleef. Un héros taiseux, discret, totalement emmêlé dans des démons qui ne veulent pas le lâcher et moqué par les hommes de main du riche industriel minier qui appuie son pouvoir d’une main de fer sur la petite ville d’Ogden. Ici, tout tourne autour de la mine. Une mine ingrate qui fait la richesse des uns mais peine à sortir ses travailleurs acharnés de la misère. Alors une pépite si facile à mettre en poche, l’air de rien, ça donne des envies de fraude. Mais encore faut-il, sous cette terre qui noircit les âmes et les actes, avoir la lucidité de ne pas se faire pendre. Et Cummings va l’apprendre à ses dépens et à celles de sa famille. Car les chiens-fous attendent leur heure pour se répandre et se repaître de violence.

© Yves H/Hermann chez Le Lombard
Le monde se divise en deux catégories. Il y a des westerns pour rire et d’autres pour pleurer. C’est indéniablement à cette deuxième qu’appartient le premier tome de Duke, La boue et le sang. Irrésistiblement désespéré, le chemin de croix imaginé par les deux « H » entraîne ce shérif adjoint désillusionné dans une course à la douleur à l’issue bien incertaine. Du printemps florissant à l’hiver enneigé, du jour à la nuit et de la vie à la mort. Peu bavard mais évitant aussi le tout-à-l’action, ce premier tome offre une épopée vengeresse calibrée et aux décors magnifiques. Trash quand il faut l’être, on est presque étonné de savoir que l’aventure se prolongera tant le lecteur n’est sûr de rien. Aucune piste n’est lancée et Hermann et H. en fieffés coyotes ont bien compris que c’est l’incertitude qui génère l’attente.
Alexis Seny
Série : Duke
Tome : 1 – La boue et le sang
Scénario : Yves H
Dessin et couleurs : Hermann (Facebook)
Genre : Western
Éditeur : Le Lombard
Néré de pages : 56
Prix : 14,45€
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