« Salut Spirou, comment va ? »

            « …Pour tout t’avouer, je suis d’humeur ronchonne. »

            « Ah bon ? Et tu regardes quoi ? »

            « Des photos retrouvées récemment… On nous y voit avec un Marsupilami… Mais ce qui est rageant, c’est que je n’arrive pas à me souvenir de quel voyage il s’agit et ça commence à me donner mal au crâne… »

 

            Spirou n’a plus aucun souvenir de ses aventures passées avec le Marsupilami. Fantasio non plus. La Zorglonde a effacé tout ce qui dans leurs mémoires concerne le petit animal. N’y aurait-il pas du Zantafio là-dessous ?

            Ça aurait pu être un cadeau empoisonné. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Yoann et Vehlmann s’en sont très bien sortis et livrent un album qui restera dans les annales de la série, se payant même le luxe de justifier la disparition si longue de l’animal. Cet opus est le meilleur depuis le Spirou à Moscou de Tome et Janry, qui date de…1990. Mettons de côté les Spirou « vu par… », devenus « Le Spirou de… » dont les tons, pour la plupart, sont en marge de la série mère. N’entendez pas par-là que les albums suivants n’étaient pas bons, loin de là, mais celui-ci est exceptionnel à plus d’un titre. Outre le retour du Marsupilami, cette aventure marque le come-back de l’immonde Zantafio que l’on n’avait pas vu depuis L’homme qui ne voulait pas mourir, de Morvan et Munuera. Ce personnage a un fort potentiel à exploiter. Tous les repreneurs l’ont utilisé une ou plusieurs fois.

 

 

 

 

On dit toujours que la valeur d’un héros se mesure à la personnalité de ses ennemis. Zantafio fait à ce titre s’élever la puissance héroïque de Spirou. Le troisième retour de l’album est celui de la forêt palombienne. Les auteurs ont dû prendre garde à ne pas marcher sur les traces de Batem et Colmann. Le pari est encore réussi. Pas de paradoxe ni d’ambiguïtés par rapport à la série uniquement dédiée au Marsu. Le principe est clair. Le Marsupilami de Yoann et Vehlmann n’est pas le même que celui de Batem et Colmann Ce dernier est en fait celui du Nid des Marsupilamis. Les nouveaux auteurs se sont aussi écartés de l’autre série en créant les Awaks, une nouvelle tribu d’indiens, bien plus dangereuse et bien moins pacifique que les Chahutas.

            Une des particularités de la reprise de Yoann et Vehlmann est la justification du costume de groom de Spirou et la mise en abîme régulière de la série par rapport au journal dont elle est issue. Pour preuve, la scène où Fantasio, groggy dans une pirogue sur un fleuve déchaîné de Palombie, s’imagine au bureau en train de présenter un numéro spécial Marsupilami d’un magazine, ou encore cet échange par webcam avec un personnage de l’univers franquinien qui intègre seulement pour la deuxième fois la galaxie Spirou. (Si ce n’est pas du teaser…)

            Au fil des albums, Yoann et Vehlmann gravent dans le marbre leur empreinte dans la magnifique série Spirou et Fantasio. Et c’est d’autant plus difficile pour eux qu’il faut cohabiter avec la collection « Le Spirou de… » dont l’évolution du concept (les auteurs peuvent faire plusieurs albums) amène un flou dans lequel le lecteur a de quoi se perdre.

 

 

 

 

 

            La colère du Marsupilami va faire le bonheur de tous les lecteurs de la série. Spirou, ami, partout, toujours. Ce slogan universel a encore de beaux jours devant lui.

 

Laurent Lafourcade

 

Série: Spirou et Fantasio

Tome: 55 – La colère du Marsupilami

Scénario: VEHLMANN

Dessins : YOANN

Genre: Aventure - Humour

Éditeur: Dupuis

Nombre de pages : 64

Prix de vente : 10,60 €

ISBN : 9782800163673

Publié le 23/02/2016.