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À cinquante ans passés, Léon Van Bel, machiniste-mécanicien proche de la retraite, s’accroche passionnément à son métier de cheminot, et à la machine qui l’incarne : la 12.004, somptueuse loco à vapeur de plus de vingt mètres de long, avec laquelle il a déjà fait quatre fois le tour de la terre et qu’il surnomme affectueusement « la Douce ». Mais au fond, il ne se fait guère d’illusions. Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, les transports ferroviaires traditionnels seront très bientôt détrônés par le téléphérique, et Van Bel irrémédiablement mis au rancart, sacrifié comme sa machine aux exigences de la modernité. Pour protéger la loco du dépeçage, le vieux cheminot révolté tente, en vain, de voler la Douce. Persuadé néanmoins qu’elle a pu échapper aux ferrailleurs, et qu’il saura la retrouver, il embarque clandestinement à bord du téléphérique, en compagnie d’une jeune femme mutique dont il a déjà brièvement croisé la route, dans des circonstances dramatiques…
La sortie d'un album de François Schuiten est toujours un événement, celle de « la Douce » ne fait pas exception. Si on y retrouve l'univers de ce géant de la BD, il ne s'agit cependant pas d'un album des « Cités obscures ». A la base de « la Douce », la volonté de l'auteur d'attirer l'attention sur la nécessité de conserver expériences et connaissances. Or, dans notre monde dans lequel tout va de plus en plus vite, dans de multiples secteurs, les Léon Van Bel sont légion (on peut aussi penser -dans un registre plus humoristique- au point de départ de l'histoire du Choucas, de Christian Lax...). Travaillant au projet de scénographie d'un futur musée des chemins de fer à Bruxelles, l'idée d'inscrire son histoire dans un contexte ferroviaire s'est imposée à l'auteur, séduit par la 12 004, un des trésors de la SNCB, locomotive datant des années 30, futuriste pour l'époque et toujours impressionante aujourd'hui. On retrouve dans l'album tout ce qui caractérise l'oeuvre de François Schuiten. Un univers technique (technologique) très présent, décalé et où se glisse pourtant la poésie, grâce notamment à des personnages attachants et émouvants. Ainsi la « 12 » devient la Douce, l'intervention d'une danseuse muette apporte grâce et légèreté comme un contrepoint à l'aspect imposant de la locomotive et on embarque vite à bord pour voyager plus loin...
Graphiquement, François Schuiten nous offre un album en noir et blanc extrêmement travaillé, usant avec maestria des hachures pour restituer ombres et volumes, et qui évoque ainsi parfois les techniques de gravure. Son dessin semble avoir gagné en souplesse, en mouvement, et invite d'autant plus le lecteur, voyageur immobile, à l'évasion. En bonus pour les plus « geeks », la page de garde permet d'accéder à une forme de « réalité augmentée » qui, via une webcam, permet de donner volume et vie à la locomotive et de la manipuler avec l'album pour seule manette, et ce grâce à une collaboration entre Casterman et Dassault Systèmes (www.12-ladouce.com). Un aspect particulièrement mis en avant au sein de l'exposition qui se tiendra jusqu'au 27 mai à la librairie-galerie Brüsel. Autre exposition, jusqu'au 6 mai avec « variations sur la Douce » de F. Schuiten et M-F Plissart à la galerie Champaka et la preuve par 3 avec l'expo Locorail proposée jusqu'au 25 novembre à la Maison Autrique. Et ceci juste pour Bruxelles, puisque François Schuiten sera également très présent en france à partir de juin via différents événements (Vincennes, Paris, Lille...). De quoi donner à cette année 2012 des airs d'années deux mille Douce...
Pierre Burssens
Rendez vous sur cette page : http://www.12-ladouce.com/fr/la-realite-augmentee.html afin de tester la réalité augmentée.
La Douce, un album one shot par François Schuiten
Prix : 18 €
sorti le 18/04/2012
Nombre de pages : 96
Catégorie : autre regard
Type de reliure : album cartonné
Editeur : Casterman
Collection : Univers d'auteur
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