« - Monsieur, un clandestin ! Nous avons un clandestin sur le bateau !! Là !...
- Nuñez ! Comment as-tu osé, misérable ? Tu veux causer la ruine de cette expédition ? Tu échappes à la justice et tu te réfugies sur mon bateau. Le vice-roi nous arrêtera.
- Monsieur, je vous présente mes excuses pour la faç..
- Tais-toi, maudit ! Lieutenant, mettez-le aux fers… Il est passible de la peine de mort. Nous le laisserons sur la première île déserte que nous croiserons.
- C’est une injustice, Monsieur. C’est une peine trop sévère… et sans jugement.
- C’est une cruauté que nous ne permettrons pas.
- Mettez-le aux fers dans la cale.
- Monsieur, si vous le graciez, il peut nous être très utile. C’est un excellent soldat et il connaît bien la région dans laquelle nous nous rendons.
- C’est vrai que tu connais bien la région ?
- Oui, Monsieur. J’ai participé à l’expédition de Bastida et de Juan La Cosa. »
1513, Vasco Nuñez est venu aux Indes pour chercher gloire et fortune. Sept ans après la première expédition de Bastida, le mythe des cités d’or sud-américaines est attirant. Pas question de passer sa vie à élever des cochons et accumuler des dettes, l’appel de la fortune est plus fort que tout. Il paraît que là-bas l’or se ramasse à même le sol. Mais il y a des anthropophages, et ils ont des flèches empoisonnées. Alors que certaines expéditions rebroussent chemin au risque de passer pour des déserteurs, Nuñez est déterminé à traverser l’isthme de Panama. Il sera le premier européen à atteindre l’Océan Pacifique, mais le voyage sera loin de l’être.
© Breccia, Jimenez– iLatina
On le savait maître du noir et blanc avec Alvar Mayor, récemment réédité chez iLatina. Ceux qui ne le savaient pas déjà découvrent le trait d’un Enrique Breccia dans des couleurs directes sublimes. Le bleu de l’océan, le vert de la jungle, le jaune de l’or et le rouge du sang côtoient le noir des âmes alors que volent des oiseaux arc-en-ciel.
© Breccia, Jimenez– iLatina
Le scénariste Cristobal Aguilar Jimenez nous amène à la découverte du Pacifique comme si on y était. En immersion dans les troupes colonisatrices, le lecteur se trouve au cœur de l’époque, de l’aventure mais aussi de l’horreur. Les espagnols n’eurent aucune pitié pour les autochtones qui le leur rendirent bien. Les mousquets affrontent les flèches au curare. Les violences étaient parfois gratuites, comme lorsque les envahisseurs abattent un arbre dans lequel se trouvent des habitations d’indigènes arboricoles qui refusaient juste de les guider et ne réclamaient que la tranquillité. La nature humaine s’y montre plus sauvage que celle des animaux.
© Breccia, Jimenez– iLatina
Rappelant la belle époque de La découverte du monde en BD publiée dans les années 80 par les éditions Larousse, cette découverte du Pacifique est une bande dessinée dramatiquement historique. Les cités d’or sont parées de rouge.
Laurent Lafourcade
One shot : D’une rive à l’autre, la découverte du Pacifique
Genre : Histoire
Scénario : Cristobal Aguilar Jimenez
Dessins & Couleurs : Enrique Breccia
Traduction : Thomas Dassance
Éditeur : iLatina
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
ISBN : 9782491042196
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