« - Savez-vous que, depuis la dernière tempête, les gens parlent beaucoup de sorcières ?
- Oui. Mais à Erdola, il n’y a pas de sorcières, que je sache…
- En êtes-vous sûr, Giralt ? Comme vous le dites, le mal vient toujours de dehors. Et si on ne l’enraye pas, il finit par se propager. Les gens en ont assez de toutes ces calamités. Mais il y a aussi de mauvaises gens, surtout des femmes, qui ne nous font aucun bien. Certaines ont même hérité des terres et des bêtes !
- Je vois où vous voulez en venir.
- Ce serait pour le bien du village. Si leur culpabilité est prouvée, elles seront châtiées. On leur confisquera tous leurs biens. Et les habitants sauront que leur bailli les protège et fait justice. »
En cet automne du XVIIème siècle, la pluie incessante ravage la catalogne. La région espagnole est détruite par les inondations. Récoltes et habitations sont ravagées, une situation jamais vue. Il faut bien trouver des coupables à ces plaies. Il y a des personnes toutes désignées, ces femmes qui habitent dans des maisons isolées, qui vivent des baies et des bêtes de la forêt et que certains appellent des sorcières. Alors que la tempête n’a pas encore frappé le village d’Erdola, il est encore temps d’empêcher les malheurs en dénichant les femmes qui portent la marque de la sorcière.
© Garcia Quera - Idées Plus
En matière de Sorcières, la bande dessinée en a souvent fait de vieilles folles ou des apothicaires. Parmi les ouvrages leur donnant un rôle plus « réaliste », signalons Sorcières ! Disent-ils, paru chez Delcourt, de la journaliste Juliette Ihler et du dessinateur Singeon, qui ont réalisé un livre pointilleux et très bien documenté, à la manière d’une enquête journalistique. On dirait un Que sais-je ? sur la véritable histoire de la sorcellerie, en bande dessinée. Côté fiction, au début des années 80, chez Dargaud, puis aux Humanos, la série La marque de la sorcière, des auteurs basques Harriet et Redondo, était une série en cinq tomes très bien documentées. 1617, l’année du déluge ! se situe entre ces deux titres.
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Oriol Garcia Quera propose une fiction documentée. L’enseignant catalan est spécialisé dans les œuvres historiques. Il aborde ici un sujet relativement peu exploité, d’un siècle d’où il ne subsiste pas tant d’archives que ça. Souvent femmes isolées, les sorcières étaient désignées comme responsables de tous les maux, que ce soient les maladies ou les aléas climatiques. Un rien pouvait leur causer le gibet ou le bûcher.
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Pour aller plus loin, le film Les sorcières d’Akelarre, de Pablo Agüero, vous immergera encore plus dans l’ambiance, poussant la définition de « sorcière » jusqu’à sa source. Cette année du déluge est un excellent complément, le meilleur moyen de comprendre ce qu’elles étaient en réalité.
Laurent Lafourcade
One shot : Sorcières. 1617, l’année du déluge !
Genre : Histoire
Scénario, Dessins & Couleurs : Oriol Garcia Quera
Éditeur : Idées Plus
Collection : Histoire
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
ISBN : 9782374700618
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