« - Bonjour, je suis Charity Tiddler. J’espère que vous allez bien.
- Piii !
- Je suis très contente de vous connaître et…
- A qui parlez-vous ? Madame vous cherche… Mais à qui parliez-vous ? Allons que cachez-vous dans vos mains ?
- Je ne sais pas son nom.
- Le nom de qui ? Dieu nous vienne en aide ! »
Lorsque Tabitha, la bonne, découvre que la jeune fille de la famille Charity est en pleine conversation avec une souris, son sang ne fait qu’un tour. Mais elle ne dira rien. Au contraire, elle fournira même une cage pour celle qui sera baptisée Miss Petitpas. Aux bons soins du Dr Tiddler, le muriné ne sera pas la seule pensionnaire de la maison. Dick et Jack, les hérissons, la grive à l’aile cassée et l’oisillon tombé du nid ne seront que les premières bestioles recueillies par la petite Brigitte Bardot avant l’heure, toute droit sortie d’un roman de Sophie Rospotchine. Dans une Angleterre victorienne fin d’époque, une petite fille avec une passion atypique et un caractère déterminé va vivre les plus belles années, celles de l’enfance qui font ce que l’on devient.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
L’histoire de Charity commence comme un film d’horreur. Ses deux sœurs sont mortes. Pour ses parents, elle n’est qu’une ombre destinée à rester à sa place, à être éduquée par des précepteurs et soignée par des bonnes. Mais grâce à un enthousiasme pour les petits animaux et la nature, l’enfant va prendre en main son destin. La faconde avec laquelle elle répond à son entourage, toujours avec respect mais avec aplomb, fait d’elle une figure du féminisme avant l’heure.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
Paru en 2008 dans la collection Medium de L’Ecole des Loisirs, Miss Charity est un roman de Marie-Aude Murail, l’une des plus grandes autrices du jeune public. Il fallait tout le savoir-faire d’un Loïc Clément pour l’adapter sans « abimer » les mots de Murail. En choisissant de conserver de nombreux récitatifs, Clément permet à la bande dessinée de garder ce côté littéraire si fusionnel avec l’époque des faits relatés.
© Murail, Dumas - L'école des Loisirs
Anne Montel poursuit sa collaboration avec son scénariste fétiche. Tous les deux ont l’habitude de travailler ensemble depuis de nombreuses années. La dessinatrice apporte une pincée de réalisme à ces animaux qui pourraient être ceux vivants une existence cachée dans Le temps des mitaines, preuve en est ce renard encravaté qui vient chatouiller un grillon. Les bêtes de Miss Charity n’ont pas d’habits et sont bien réels. Elle les observe et les dessine comme a pu le faire Anne Montel pour si bien les croquer.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
Alors que Miss Charity démontre l’enfance de l’art, les auteurs nous invitent à l’art de l’enfance. C’est beau, c’est tendre, c’est la vie… tout simplement.
Laurent Lafourcade
PS : Nous devons tous rester chez nous, sauf nos amis de la santé et de la distribution alimentaire à qui nous pensons très fort. En ces temps compliqués, quoi de mieux que de lire des BD. Pour acheter ces beaux albums, si les librairies ont dû fermer leurs rideaux, n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles proposent des services de vente par correspondance sur leurs sites. Alors, avant de vous précipiter sur les sites d’Amazan ou de la Fnoc, vérifiez si votre libraire de quartier ou de plus loin le fait.
Série : Miss Charity
Titre : 1 - L’enfance de l’art
Genre : Poésie victorienne
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Anne Montel
D’après : Marie-Aude Murail
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 120
Prix : 16 €
ISBN : 9782369816843
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