« - Fantasio !
- Quoi encore?
- Spip a disparu ! Et figure toi que le Comte est également introuvable !
- Allons, Spirou, observe les environs… Prends de la hauteur de vue… Juste derrière toi ! Il y a leurs traces dans la neige !
- Fantasio ! Tu devrais venir voir ça de plus près… Les grandes traces font deux fois la pointure du Comte… Quant aux petites, ce ne sont pas des traces d’écureuil… Et là ! Des traces de lutte !
- Hmmm… ça m’a tout l’air d’un enlèvement... »
Alors qu’il était en train de faire des recherches expérimentales sur le « Métodur », le Comte de Champignac est enlevé par une cohorte de militaires soviétiques. Seules traces du rapt, des traces de pas dans la neige de l’hiver champignacais et un Spip en hypothermie que Spirou ranime in extremis auprès d’un poêle,. Mais l’écureuil semble comme irradié par le GPS. C’est un rayon mis au point par les soviétiques qui annihile la volonté de ses victimes, ne leur fixant qu’un objectif : se rendre au point d’émission du rayon. Dans le journal intime de Champignac, Fantasio apprend que les russes ont proposé une collaboration au Comte sur un projet top secret à Moscou, mais il a refusé. Le KGB serait-il responsable de sa disparition ? Tout semblant lié, Spip serait le meilleur moyen pour amener Spirou et Fantasio jusqu’à l’endroit de détention du Comte.
© Tarrin, Neidhardt - Dupuis
Après Le tombeau des Champignac réalisé avec Yann en 2007, Fabrice Tarrin signe son deuxième Spirou, mais cette fois-ci avec Fred Neidhardt. Il adopte pour cette occasion un graphisme plus proche de celui de Franquin, époque Corne de rhinocéros. Sans atteindre le niveau du maître (mais est-ce seulement possible ?), Tarrin s’applique à faire au mieux et le résultat est déjà formidable. Il aura mis cinq ans à venir à bout de cet album.
Au cœur de l’immeuble des éditions Dupuis, on croisera Monsieur de Mesmaeker, Monsieur Boulier, Charles Dupuis himself. Il ne manque plus que Gaston. Certainement une histoire de droits.
© Tarrin, Neidhardt - Dupuis
Le subversif Fred Neidhardt a accouché d’un scénario digne de l’âge d’or. Comme quoi, quand on veut, celui-ci existe encore. Greg aurait été fier de lui. Depuis Yann justement, on n’avait pas fait mieux. Neidhardt attribue à Fantasio un rôle beaucoup plus « tête sur les épaules » qu’à l’accoutumée. C’est quand même lui qui comprend et dirige la situation au moment de la disparition du Comte.
Les deux compères s’en donnent à cœur joie avec des p’tits clins d’œil du groom au reporter à la houppe. Outre le titre faisant allusion à la première aventure de Tintin, un rêve de Spirou en plein désert rappelle un délire dans le désert dans le crabe aux pinces d’or. Les auteurs n’ont même pas peur d’avancer à découvert avec une couverture du Petit-Vingtième montrant Tintin et en faisant allusion à son voyage à l’Est. Le personnage de Charles Dupuis en profite pour évoquer l’aujourd’hui légendaire duel des magazines Tintin-Spirou.
© Tarrin, Neidhardt - Dupuis
Cocasserie éditoriale : le pitch de départ de ce Spirou chez les Soviets, à savoir le Comte est enlevé et nos héros partent le chercher, est similaire à celui du Spirou à Berlin , de Flix, publié l’année dernière. La comparaison s’arrêtera là. Les deux sont des réussites.
Laurent Lafourcade
One shot : Spirou chez les Soviets
Genre : Aventure
Scénario : Neidhardt
Dessins & Couleurs: Tarrin
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782800169552
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