Largo Winch revient à l’ère de la vitesse, propulsé par Philippe Francq et Éric Giacometti : « L’économie ? Des success story formidables comme des saloperies infinies »
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Largo Winch revient à l’ère de la vitesse, propulsé par Philippe Francq et Éric Giacometti : « L’économie ? Des success story formidables comme des saloperies infinies »

De New-York au Yucatan en passant par cette bonne vieille Europe, le monde bédéphile ne peut ignorer le millionnaire à la main sur le coeur, Largo Winch. Trois ans après sa dernière aventure scénarisée par Jean Van Hamme, l’aventurier n’a diablement pas dit son dernier mot et revient dans une histoire menée tambour battant et Dow Jones trébuchant. Nous avons rencontré Éric Giacometti (en quelque sorte, « l’héritier ») et Philippe Francq.



Bonjour à tous les deux, c’est un plaisir de voir Largo Winch revenir en si bonne forme. Et, mine de rien, ce tome 21, on en parle depuis très longtemps. Ça vous a mis la pression ?

Philippe Francq : Pas le moins du monde. Quand j’ai proposé à Éric de reprendre la suite de Largo Winch, il y avait des petites choses à éclaircir. Notamment, cette fameuse histoire du tome 20, cet attentat à Londres, qui se terminait sur un mystère, une fin non-élucidée. Jean Van Hamme terminait en dévoilant l’identité de celui qui avait perpétré l’attentat à Londres mais on restait sur notre faim par rapport aux réelles motivations du Russe. J’étais impatient de répondre à ces questions.

Les réponses, les aviez-vous, Éric ?

Éric : Non, j’ai pris six mois pour écrire ce scénario, beaucoup de temps. Un luxe que je pouvais me permettre parce que je suis, par ailleurs, romancier et que je m’étais pris de la marge. Ça m’a demandé beaucoup de temps parce qu’il fallait trouver une nouvelle histoire pour ce personnage si fort qu’est Largo Winch. En soi, il y avait déjà cette pression. Puis, en plus, il fallait que je trouve une solution à un problème que je n’avais pas initié. Ça a pris du temps.

 

 

 

 

Photo © Chloé Vollmer

 

Pourtant, à l’inverse du temps que vous avez pu prendre pour concevoir cet album, je trouve que Largo est ici confronté, avant tout, à la vitesse, à l’ère de la rapidité. La vitesse à laquelle la bourse et le Dow Jones peuvent s’écrouler. Mais aussi la vitesse des réseaux qui peuvent répandre très vite une photo du milliardaire en mauvaise posture face à des manifestants. Peut-être n’y était-il pas si habitué que ça, à cette vitesse. Si habitué que nous, en tout cas, hommes modernes que nous sommes.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Philippe Francq : Cet album est voulu comme un reflet plus exact de notre réalité quotidienne.

Éric : L’irruption de la technologie, qu’elle soit quotidienne ou haute-technologie, dans le monde de Largo, c’est véritablement cette ère de la vitesse. Puis, vous savez, maintenant, il y a les séries télé, elles sont rapides, tout va très vite. Je ne veux pas faire du 24h chrono, mais oui, c’est intentionnel, parmi d’autres choses.

Philippe Francq : C’est ce que j’avais laissé sous-entendre, il y a trois ans, quand Jean avait annoncé sa volonté d’arrêter la bande dessinée pour se consacrer au théâtre. J’avais laissé sous-entendre qu’on ferait rentrer Largo dans le XXIème siècle. C’est chose faite !

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Est-ce facile de faire rentrer un héros qu’on a l’impression de connaître depuis toujours dans une époque plus moderne ?

Éric : Oui ! Parce que ce héros créé il y a quelques décennies, il est terriblement moderne. Par rapport à d’autres héros défraîchis, Largo est toujours en plein coeur de l’actualité. C’est ça qui est génial dans ce qu’a fait Van Hamme avec ses personnages. Parce que c’est un chef d’entreprise, un grand patron… pétri de contradictions, il a des valeurs éthiques, par-dessus tout. Et ça, c’est plus que jamais d’actualité.

Quand il dit qu’il ne veut pas délocaliser, qu’il veut se refiscaliser et payer ses impôts – il y a eu les Panama Papers entre-temps, tous ces scandales sur les paradis fiscaux -. On peut donc le faire évoluer dans cette modernité. Il n’est pas figé dans le temps. Quand on le fait se balader dans l’univers de la haute technologie, de la finance ou de la bourse, c’est tout à fait cohérent : son groupe n’a jamais été coté en bourse, il se croyait protégé mais non, pas du tout, on peut maintenant être vulnérable. Pour un scénariste, c’est un personnage presque éternel, parce que le monde financier, le monde économique ne va cesser de bouger au fil des décennies.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Cela dit, le monde de la finance, de l’économie, ne va-t-il pas plus vite que le temps de création d’un album ?

Philippe : Ça, c’est sûr ! Quand Éric a écrit le scénario, il y a deux ans, le Dow Jones était à 16 000, 17 000 points, et au moment de clôturer la couleur de l’album, on m’a appelé pour me dire qu’il fallait réactualiser les chiffres. Depuis la victoire de Trump aux élections, le Dow Jones avait gagné 3000 points, nous étions donc dans les sphères de 19 000 à 20 600. J’ai rectifié le tir pour que l’album, à sa sortie, soit le plus proche d’une réalité du… moment, qui peut évidemment être très vite dépassée par une nouvelle actualité.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

D’autant plus qu’avec L’étoile du Matin, vous revenez à un propos économique costaud. Ce n’est pas la bande dessinée qu’on lit avant de dormir et sur laquelle on va s’endormir après dix planches. Il faut s’installer et être concentré.

Éric : Je me suis inspiré de ce qu’avait fait Van Hamme. L’ADN de Largo est dans des albums comme O.P.A. avec des planches entières sur les techniques d’O.P.A. C’est un album qui alterne des temps de lecture différents.  Certains plus courts, d’autres qui demandent de se poser un peu. Une sorte d’alchimie. On ne peut pas faire que de la pédagogie ou que de l’action. C’est un dosage qui fait que, tous les X pages, on va proposer de raconter quelque chose sur le monde qui nous entoure. Ou du moins, une certaine vision de l’univers économique.

Vous, Éric, comment êtes-vous tombé dans ce monde de l’économie que vous avez intégré que ce soit en tant que journaliste ou romancier ?

Éric : J’ai été journaliste dans la presse grand public, j’ai fait plusieurs domaines : dans l’investigation en matière de scandale en santé publique, des sujets de société puis, les dernières années, j’ai été au service économique – je n’étais pas économiste de formation – comme chef de service, je travaillais avec d’autres journalistes, et j’ai découvert un univers extrêmement riche. C’est ce qui m’a fasciné, loin de certaines caricatures. L’économie, ça peut être très conflictuel, ça peut être dur mais des choses incroyables s’y passent également. Des success story formidables comme des saloperies infinies aussi.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Cette richesse-là profite au scénario. Ainsi, dans l’album, on commence par un flash-crash, le Dow Jones chute et puis rebondit. Ça, je l’ai vécu en direct le 6 mai 2010. À l’époque, l’information officielle voulait qu’un trader fou qui a confondu billion et million. Tout le monde a gobé ça avant qu’on ne se rende compte que le coupable était le trading à haute-fréquence, des algorithmes, ce qui n’a fait que témoigner de la puissance des ordinateurs qui avaient pris le pouvoir dans ce milieu. Ordinateurs qui travaillent d’eux-mêmes, avec toutes sortes d’intelligences artificielles. Bref, c’était un fantastique sujet qui a fait son chemin jusqu’au présent album.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Par rapport à vos précédents albums et romans; avoir le personnage de Largo Winch en mains vous permet-il de lâcher du lest, de pouvoir aborder n’importe quel sujet économique, ou de manière plus précise, parce que le lecteur sait à quoi s’attendre ?

Éric : Depuis 2012, je ne suis plus journaliste, je suis désormais auteur de thriller. Avec Jacques Ravenne, nous avons déjà utilisé des thèmes comme les zones de hautes-technologies, de manipulation… Je m’en suis toujours servi et nourri mes romans avec de l’économie. Nos romans sont publiés dans dix-huit pays et mon co-auteur vient de partir au Japon, on lui a fait tout un article prouvant qu’ils ont, là-bas, les mêmes préoccupations que nous. On se nourrit donc en permanence de l’actualité.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

La seule différence étant que mes thrillers sont plutôt ésotériques et technologiques tandis qu’avec Largo, on est dans le domaine économique. Mais, le cheminement de pensée, l’extraction d’une réalité économique vers la fiction, c’est le même processus.

Et vous Philippe, dans cet album, au-delà de la première séquence saisissante, le spectaculaire et l’action en tant que tels n’arrivent véritablement que plus tard dans l’album. Avant ça, c’est dans la chute du Dow Jones, au coeur de la Bourse, que le spectacle et la tension se font. Comment avez-vous appréhendé cette séquence ?

Philippe : (Il sourit) C’est avant tout de l’observation. La représentation que je peux m’en faire, les films que j’ai pu voir… et un ancien trader libanais qui est à la retraite – enfin, c’est un grand mot quand on a trente ans – et s’est reconverti dans la production de confitures de luxe. Parce qu’il avait fait le tour du monde du trading et que c’est une activité épuisante, 24h/24. Il nous a donc amenés, très gentiment, à Londres et nous a permis de visiter certains étages de banques où le trading à l’ancienne est encore d’actualité, les ordinateurs, les écrans et toute l’imagerie d’Épinal qui est générée et que tout le monde a en tête. Le reste, c’est évidemment un travail d’imagination. Je greffe là-dessus mon action.

Notez que ce jour-là, nous sommes arrivés vers midi, assez tard finalement, on m’a par exemple expliqué que l’ambiance n’était pas extraordinaire entre les traders encore présents sur le plateau parce que la moitié des traders s’étaient fait dégager et avaient repris leurs cartons, comme on voit dans les films. Nous serions arrivés un peu plus tôt, nous les aurions croisés dans les ascenseurs.

 

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Pensez-vous que Largo Winch a éveillé des passions, des envies de travailler dans ces mondes qu’ils traversent ?

Éric : C’est la première fois qu’on parle de trading dans Largo Winch. Ce côté finance à l’état pur, on l’a vu évoluer au début avant que Jean n’emmène le personnage vers d’autres sphères : l’aéronautique, la marine marchande… Là où ça devient fascinant, c’est ce côté glamour que Largo a revêtu, lié à la lourde responsabilité de Philippe.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Philippe : On a évidemment une connaissance des lecteurs à travers les chiffres que communique l’éditeur mais on a rarement l’occasion de les rencontrer, si ce n’est lors des séances de dédicaces. C’est un de ces jours-là, il y a très longtemps, qu’a choisi un lecteur pour venir me parler. Il m’a dit : « Je vous dois mon avancement et une situation professionnelle extraordinaire grâce à la lecture de L’Héritier, du Groupe W. » Je l’ai regardé éberlué: « Comment? » Il m’a expliqué être désormais inspecteur des impôts après avoir longtemps été dans un petit bureau sombre de Bercy où il faisait de l’inspection d’entreprise. Et, un jour, après avoir lu les premiers Largo Winch, il s’est intéressé au cas de quelques sociétés à Levallois-Perret qui, apparemment, avaient une fiscalité douteuse avec des comptes offshores aux Îles Caïman. Il les a redressées avec un taux de réussite et de rendement plus important que ses collègues.

Peu après, devant son petit bureau, le directeur de Bercy s’est pointé en le félicitant pour ses chiffres étonnants, qui l’avaient mis en valeur, et en lui proposant de travailler avec l’IRS à l’international. Il n’a pas dit non. Un exemple bien concret d’un lecteur qui a changé son destin grâce à Largo.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

À l’heure où la bande dessinée raconte de plus en plus de choses sur le monde qui l’entoure, que ce soit en documentaires, en reportages ou en ouvrages historiques ou autobiographiques, cette sorte de docu-fiction qu’est Largo Winch ne fait-elle pas office de précurseuse ?

Philippe : Jean Van Hamme a été précurseur de beaucoup de choses en bande dessinée, non ? C’est vrai qu’après les tout premiers Largo, il y a eu une sorte de renouveau du Neuvième Art. Beaucoup de scénaristes se sont engouffrés dans cette veine, en se rendant compte qu’on pouvait raconter autre chose que des histoires historiques ou futuristes et on a vu fleurir un certain nombre de séries aux préoccupations très contemporaines.

Tous les deux, quels albums vous ont marqué ?

Éric : J’ai biberonné, quand j’étais gamin, à Spirou. Après quoi, je suis passé aux comics américains ainsi qu’aux tout grands que tout le monde connaît : Blake et Mortimer, etc. Récemment, je me suis remis sur le tard sur d’autres séries de Van Hamme, notamment. Le jour du soleil noir, le premier des XIII, par exemple. C’était il y a dix-huit ans et ça m’a redonné le goût à la BD. J’apprécie de tout mais j’ai tendance à relire des classiques, avec une passion particulière pour tout ce que fait Alan Moore, ça n’a rien à voir avec l’économie et l’univers de Largo. J’ai aussi récemment découvert une excellente BD, dans le style docu-fiction, sur mon ancien métier de journaliste : La machine à influencer de Brook Gladstone qui décrit les pratiques journalistiques, l’évolution… J’ai appris plein de chose sur mon métier.

 

 

 

 

© Gladstone/ Neufeld chez Ça et là

 

Je suis assez éclectique mais je dois admettre que je suis très sensible au dessin. Si le dessin ne me plaît pas, je suis incapable de rentrer dans l’album. Et peut-être ai-je un peu de mal avec certains romans graphiques où le dessin est très elliptique. Moi, j’ai besoin que le dessin soit, si pas sophistiqué, travaillé. Parce que quand votre imaginaire a été façonné par des grands noms de la BD, des Pratt, des Hergé ou Kirby; venir après avec un dessin un peu à l’emporte-pièce, même si le scénario est excellent et qu’une nouvelle génération en a fait sa marque de fabrique, ce n’est pas évident. Quand je suis revenu à XIII, un des éléments qui l’expliquaient, c’était le dessin de Vance, j’avais lu Bruno Brazil avant. C’est ce qui m’a amené aux scénarii imparable de Van Hamme. Je suis peut-être old school et je sais que tout le monde ne partagera pas mon avis, mais le dessin, c’est ma porte d’entrée vers un album.

Philippe : De mon côté, plein de choses, très hétéroclites, également. Manu Larcenet, tous les classique de Cossey, Hermann, Hergé… J’ai lu énormément de choses quand j’étais jeune, tout et même n’importe quoi. Ce qui permet de se faire une culture BD vaste et large. Je dis toujours : on n’apprend plus de choses en lisant des mauvais albums qu’en lisant des très très bonnes. De la même manière qu’on voit plus facilement les défauts d’un mauvais film que dans un chef-d’oeuvre. Pour évoluer dans ce métier, il faut s’inspirer de tout.

Éric : En y réfléchissant, ce que je vous ai cité est un peu vieux, mais j’ai dévoré récemment L’Arabe du futur de Riad Sattouf. J’ai plus appris sur la Syrie avec ce bouquin que dans les reportages, parole d’ancien journaliste. Vraiment, j’ai été bluffé. Comme avec Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle. Effectivement, le dessin n’est pas à comparer à celui de Philippe mais il y a autre chose, un vrai contenu. Puis, en matière économique – il n’y a pas tant de BD que ça consacrées à ce champ -, j’ai beaucoup aimé IRS, c’est bien fait.

 

 

 

 

© Riad Sattouf chez Allary Éditions

 

Vous, Philippe, je lisais que vous aviez une structure, une grammaire que vous avez imposée à Éric : pas plus de 10-11 cases par page, un nombre maximum de lignes de texte… Comment êtes-vous arrivé à ces règles ?

Philippe : C’est un encombrement juste physique : après onze images, la douzième, je ne saurais pas où la caser. C’est vrai qu’en moyenne, une planche normale contient entre sept et huit images. On peut aller jusqu’à onze. Pareil pour le nombre de caractères. Il faut se limiter à un certain nombre de lignes. Ce qui est plus difficile, finalement, c’est de caser la totalité d’une histoire en 46 planches. Une approche sans doute plus difficile pour Éric, plus habitué aux romans où le découpage n’est pas déterminé à l’avance. En BD, le nombre de pages détermine le prix qui lui-même détermine le nombre de planches. Et si on ne veut pas augmenter le prix de l’album d’un quart ou un tiers, il faut se tenir à trois cahiers de 16 pages. Sous peine de vendre l’album plus cher et de perdre une partie des lecteurs.

Il y a quand même une double-planche quasiment muette dans cet album. Enfin muette… l’action parle pour elle, au pied du temple, Largo doit fuir une horde de manifestants.

Philippe : Je vois laquelle ! Il y a des moments comme ça où j’aime surprendre le lecteur et amener de la tension. Une scène de poursuite, ça s’y prête bien à côté de planches beaucoup plus plan-plan où le dessin compte moins que ce qui est expliqué.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Donc, je préfère ne pas trop distraire mon lecteur et le garder dans un plan très classique et monotone. Peut-être que beaucoup de gens confèrent beaucoup d’importance au dessin en bande dessinée, à tort, parce que ce qu’on lit en tout premier lieu dans une case, c’est le texte tandis que l’oeil balaye très rapidement l’image. On attaque le texte avant tout, et à la deuxième case, rebelote. On lit une BD de manière pas si différente qu’un roman. Avec juste un balayage rapide. Ce n’est qu’à la deuxième lecture, quand on connait l’histoire, qu’on commence à s’intéresser au dessin. Une méconnaissance de ce fonctionnement serait dommageable pour l’histoire, la fiction en elle-même. Si je ne respectais pas cette mécanique, il aurait peut-être plus de mal à finir l’album. La place du texte est primordiale.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

Pour terminer, je lisais que Largo pourrait encore plus rentrer dans l’actualité avec Facebook, Google… C’est le menu des prochains épisodes ?

Philippe : C’est prévu, on va réorganiser quelque peu l’organigramme du groupe Winch. Regardez ne fût-ce qu’aux côtés du pétrole qui est une vieille source d’énergie. On devrait peut-être y rajouter certaines subdivisions. Se priver de certaines et en faire rentrer d’autres, comme des start-up. Effectivement, certaines pourraient avoir des airs d’Amazon, Facebook ou Google. Plus moderne, quoi ?

 

 

 

 

© Van Hamme/Francq chez Dupuis

 

Et vous, Éric, ce premier tome (peut-être refondateur tout en restant dans la continuité) vous a-t-il libéré. Les prochains tomes seront-ils plus faciles à écrire ?

Éric : Quand j’ai planché sur ce nouvel album, j’ai décrypté le précédent avec l’oeil du professionnel. Il faut savoir que, pour devenir scénariste, j’ai fait des formations (au cinéma aussi). Et je me suis aperçu que les mécanismes de narration de Van Hamme sont redoutables et diaboliques. Complet et simple, à la fois. Un véritable savoir-faire qu’il faudra continuer de faire valoir quitte à l’intégrer à d’autres univers. Mais ça va demander du boulot. Ce challenge à relever m’a pris plus de temps que prévu. Quand j’écris un roman, si j’ai besoin de cinquante pages de plus, ce n’est pas un problème, l’éditeur n’ira pas contre. Avec Largo, tout doit rentrer dans deux fois quarante-six planches. La mécanique est là, il faut y mettre la rigueur et une hyper-créativité pour ne pas refaire ce qu’a fait Van Hamme. L’exercice de style n’était pas si simple. Comme je ne suis pas un génie, ça me prend du temps.

 

 

 

 

© Giacometti/Francq/Guillo chez Dupuis

 

 

Merci beaucoup à tous les deux et merci d’avoir emmener Largo là où on ne l’attendait peut-être plus !



Propos recueillis par Alexis Seny

 

Série : Largo Winch

Tome : 21 – L’étoile du matin

Scénario : Éric Giacometti

Dessin : Philippe Francq

Couleurs : Philippe Francq et Yoann Guillo

Genre : Aventure, Thriller, Économie

Éditeur : Dupuis

Nbre de pages : 48

Prix : 13,95€



Publié le 11/10/2017.


Source : Bd-best

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