Le chemin de la lucidité prend parfois de curieux détours. Peau d’homme
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Le chemin de la lucidité prend parfois de curieux détours.  Peau d’homme

« - Il serait fort utile pour une femme de connaître la vie et les sensations de l’autre sexe, tant les hommes sont pour nous un continent étranger, aux mœurs fort éloignées des nôtres.

- Sans doute, marraine, mais je ne vois pas comment ça serait possible !

- Bianca, il faut que je te parle de quelque chose, mais tu dois me jurer le secret le plus absolu, surtout envers les hommes. Oui ? Jure !

- Je le jure.

- Les femmes de notre famille, nous avons un secret, nous avons en notre possession une peau d’homme.

- Une quoi ?

- C’est un objet fort rare, peut-être unique, venu de fort loin. Touche-le, n’aie pas peur ! »

 

 

 

 

 

 

 

                Lorsque sa marraine fait découvrir à Bianca une peau d’homme, celle-ci ne se doutait pas que le cours de sa vie allait s’en trouver bouleversé. Promise à un riche marchand qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam, la jeune femme ne voit pas son avenir sous un ciel très radieux. Dans l’Italie du Quattrocento, déguisée en homme, Bianca va faire la connaissance de son futur époux, découvrir sa face cachée et en apprendre plus sur les mœurs masculins. Costumée en Lorenzo, elle ouvrira les yeux et ouvrira ceux du monde.

 

 

 

 

© Hubert, Zanzim – Glénat

 

 

                Véritable ode à la liberté sexuelle et volonté d’aide à assumer ses désirs, Peau d’homme est une œuvre majeure mais malheureusement posthume d’Hubert. En transposant près de six cents ans en arrière un problème de société contemporain pas encore complètement résolu, Hubert invite à la réflexion et ouvre les esprits sans pour autant donner de leçon.

                Par l’entremise de sa peau d’homme, Bianca va découvrir que Giovanni, son libertin de futur mari, a un penchant marqué pour la gent masculine. De supposée « victime » en début de récit d’un destin écrit, la belle rousse va passer à un statut de salvatrice. Le chemin est parsemé d’embûches dont la plus difficile à franchir fait partie de sa propre famille. Son frère Angelo prêche la bonne parole de Dieu. Tentatrices, corruptrices et impures fornicatrices sont des créatures sataniques. Hubert en fait le porte-parole de l’intolérance.

 

 

 

 

© Hubert, Zanzim – Glénat

 

 

                Zanzim a la lourde tâche de porter haut le scénario de son camarade trop tôt disparu. Les deux hommes avaient l’habitude de travailler ensemble et c’est d’ailleurs Zanzim qui avait poussé Hubert à traiter de ce sujet délicat. Une fois l’angle trouvé et l’histoire finalisée, le dessinateur s’est lancé dans son enluminure. Entre L’âge d’Or de Pedrosa et Beauté du même Hubert et des Kerascoët, le trait de Zanzim offre une approche magnifique à ce récit sensible. Il multiplie les originalités allant de planches classiques à des découpages éclatés, passant de colorisations classiques à des scènes de bagarres toutes rouges ou à des déambulations en noir et blanc sur lesquelles se détachent en couleurs les personnages principaux de l’instant. Et que dire des crachas infâmes de l’homme d’Eglise dont les paroles s’enflamment comme sur des vitraux.

 

 

 

 

© Hubert, Zanzim – Glénat

 

 

                Tant au point de vue scénaristique, graphique que du message porté, Hubert et Zanzim, sous couvert d’ouverture d’esprit et de tolérance, signent un album marquant de l’année et l’une des plus belles histoires d’amour depuis Sambre.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Peau d’homme 

 

Genre : Tolérance

 

Scénario : Hubert 

 

Dessins & Couleurs : Zanzim

 

Éditeur : Glénat

 

Collection : 1000 feuilles

 

Nombre de pages : 160 

 

Prix : 27 €

 

ISBN : 9782413000167

 



Publié le 08/09/2020.


Source : Bd-best

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