« - Tu es Jonathan, n’est-ce pas ? Notre amie m’a parlé de toi… Je t’encourage par pure compassion à prendre tes repas de préférence au monastère. C’est une cellule assez confortable. Assez pour attendre jusqu’à l’automne.
- L’automne !? Sa lettre parlait de juin…
- Il y a des complications… Mais elle a assuré qu’elle serait là à la pleine lune de septembre. »
Sur sa monture jaune un peu ocré made in India, Jonathan a pris la piste de Yéshé. C’est une lettre venue de la capitale indienne qui l’a poussé à repousser son retour en Europe. Cette lettre lui donne rendez-vous dans un monastère perdu, loin de tout. Cette lettre, elle est signée Drolma, qu’il a rencontré jadis, pieds nus sous les rhododendrons. Aujourd’hui, Drolma a deux filles. Elle veut leur prouver qu’un homme comme Jonathan existe vraiment. Arrivé sur le lieu de rendez-vous, Jonathan apprend que sa correspondante aura quelques mois de retard. C’est l’occasion pour le voyageur des montagnes de méditer… une dernière fois… avant de rentrer à Genève.
© Cosey - Le Lombard
La piste de Yéshé est une réflexion sur le temps qui passe, sur les rencontres que l’on fait dans une vie auxquelles on n’a pas eu ou pas pris le temps de donner suite. C’est une leçon de philosophie sur le passé, le présent et l’avenir, c’est une invitation à prendre le temps de profiter de l’autre et de profiter de soi. Les oies sauvages remontent vers le Nord pour fuir la chaleur de l’Inde. « Mais nous ? Que fuyons-nous ? Que fuyons-nous ? » se demande la vieille Pema en agitant un tambour de mendiant. Jonathan revient sur sa vie. Saïcha et Kate reviennent à ses souvenirs et l’aident à avancer dans ses questionnements existentiels, dont Drolma apportera la réponse.
© Cosey - Le Lombard
C’est avec une émotion non dissimulée que Cosey conclue la grande aventure de Jonathan, aventure au Népal, au Tibet, dans les montagnes enneigées de l’Himalaya et des régions avoisinantes qui auront duré quarante-sept ans. Jonathan a débarqué en 1975 dans le journal Tintin. Alors que Spirou était plus axé sur l’humour, Tintin prenait le chemin de l’émotion avec des séries comme Buddy Longway, Simon du Fleuve ou Jonathan. Jonathan n’a rien d’un héros de BD. Il aime le ski et la moto de trial. Il lit le Veda, livre sacré de l’Inde. Il écoute de la pop anglaise. Jonathan et Cosey sont deux amis. Ils se ressemblent tant qu’ils auraient pu n’être qu’un. Ils sont pourtant bien deux. Cependant, Jonathan a affirmé à Cosey que tout ce que l’on recherche chez les autres et dans le monde se trouve en nous. Cosey laisse planer la confusion quant à ce double de papier qui est son reflet. Il a essayé de dessiner l’histoire de Jonathan, tel qu’il l’a connu, en s’inspirant des carnets qu’il lui envoyait de là-bas et en comblant les lacunes avec son imagination.
© Cosey - Le Lombard
Du Berceau de Bodhisattva à Celui qui mène les fleuves à la mer, de L’espace bleu entre les nuages au Privilège du serpent, Jonathan est une œuvre contemplative invitant à revenir dur soi et privilégiant l’émotion. Dans une dernière planche telle une mise en abime, Cosey offre une conclusion exceptionnelle à une série qui ne ressemble à aucune autre et qui restera ancrée dans l’histoire de la bande dessinée.
Laurent Lafourcade
Série : Jonathan
Tome : 17 - La piste de Yéshé
Genre : Aventure contemplative
Scénario, Dessins & Couleurs : Cosey
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9782808203500
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