Lors de la grande crise de 1929 (le jour du krach boursier), 66 créatures naissent le long de la Route 66. Immortelles, et indestructibles, qualifiés de « dieux » par les Terriens, elles assistent avec indifférence à la disparition programmée de l’espèce humaine, tout comme les hommes d’aujourd’hui regardent s’éteindre certaines espèces animales sans le moindre état d’âme. 1943. Californie. Un camp où sont parqués des Japonais. Il reçoit une visite d’importance : celle du dieu Soleil Levant. Il vient se recueillir sur la tombe de sa mère où l’attend son père chaque année à la même date. Son père lui dit qu’il doit aider les américains. Un des dieux a rejoint le camp allemand. Soleil Levant doit le retrouver. Le fils dit à son père qu’il n’ira pas pour les américains mais pour le rencontrer. Il le connait forcément. Et, il s’envole pour l’Allemagne où les nazis mettent les juifs dans les camps de la mort et commettent des atrocités. Soleil Levant se rend chez son contact qui lui apprend qu’il doit se rendre au Sportzentrum, en dessous de la piscine olympique. C’est là qu’il rencontre Hermann Goering qui le met en contact avec sa mère qu’il croyait morte. Goering lui propose de travailler avec lui car le dieu qu’il est venu chercher, c’est lui ! Que vas décider le dieu japonais ?

 

 

 

Un récit amer

Selon le scénariste Jean-Pierre Dionnet (64 ans), à la différence des superhéros traditionnels, les dieux ne se préoccupent pas des humains et ne leur viennent pas en aide. Ce sont des dieux assez primaires. Leur vision de l’univers est plutôt prosaïque, car ils ne se posent pas toutes nos questions existentielles. En milieu de l’opus 3, Dionnet propose de mieux connaître certains dieux dans un entracte (une sélection d’articles de presse). En postface, il résume les cinq premiers albums. Les trente albums prévus, dont chacun pourra se lire séparément, nous entraîneront de 1929 à 2147. Pour donner vie à cette mythologie originale (un projet totalement mégalomane selon Moebius), Dionnet a convoqué la fine fleur des dessinateurs d’aujourd’hui. Une petite ville en Amérique raconte l’histoire du dieu Japonais Soleil Levant en 1943. C’est un récit amer où ce dieu est trompé par tous : son père (dans un camp de concentration pour Japonais), les américains et les allemands. Il va choisir de se désintéresser des humains. Pourtant, c’est un dieu très humain. Le récit est construit comme une partition de musique qui monte crescendo sans manquer de suspense. Mais, on voit surtout l’image d’un dieu déçu et trahi dont le parcours est parsemé de  questions comme un homme et qui choisit le destin d’un dieu insensible. Dionnet met beaucoup de sensibilité dans le personnage principal. Le dessinateur Danijel Zezelj réalise ici du bon travail. Les décors sont intéressants. Les personnages étonnants. Les couleurs de Florence Spitéri participent à la quête du héros.

Une uchronie palpitante qui nous entraîne dans l’univers des dieux…

Marc Bauloye

Des dieux et des hommes T3 Une petite ville en Amérique Zezelj Dionnet Dargaud

 

Publié le 30/01/2012.