« - Tiens, tiens ! Gonzague de Saint-Plomplon, mon grand argentier ! Vous tombez à point nommé mon cher !
- Toujours, Majesté ! Je suis l’être qui tombe à pic. En quoi puis-je vous être agréable, mon Roy ? Je suis tout ouïe !
- La faille !... Pouvez-vous m’annoncer une date réaliste, crédible et non exagérée du début des travaux ?
- Euh ?... Là ? Tout de suite ?
- Oui ! Là ! Sur le champ ! »
Une gigantesque fissure traverse le palais d’Eauxfolles. Il est urgent de faire des travaux avant que la situation ne s’aggrave. Cependant, l’urgence technique n’est pas la même que l’urgence pécuniaire. Alors que le grand argentier Gonzague de Saint-Plomplon demande douze semaines de délai le temps que la banque débloque les fonds, le Roy Clément le dix-septième exige un démarrage des opérations pour le lendemain 10 heures ! Ce que le Roy veut, on le met en place. Stop aux tergiversations ! Place aux actions. L’argentier va gérer, ou du moins tenter. Pendant ce temps, dans les bois brumeux du coteau des ormes, le Sergent Bonvoisin et l’Inspecteur Baltimore qui viennent de découvrir un champ de coloquintes illégal tentent d’échapper à des hommes cagoulés. Et la Reine qui a disparu ? Où est-elle passée ?
Le deuxième cycle de La nef des fous suit son cours, ou plutôt sa faille. On retrouve avec un plaisir non dissimulé des personnages maintenant familiers, que ce soit ce bon Roy, les zélés membres des forces de l’ordre ou même le méchant Ambroise.
Le trait minutieux de Turf sert à merveille ce récit et cette ambiance médiévalo-steampunk. L’artiste est pointilleux mais on n’a jamais l’impression de planches surchargées. C’est fin, tout simplement. Les clins d’œil sont subtils, comme ce triangle rouge inversé barré de blanc que portent les hommes encagoulés et qui n’est autre que le logo des éditions Delcourt. Dans les premiers albums, un message caché était dissimulé dans l’album. Ici, y est-il ? Le trouverez-vous ? On ne l’a pas déniché et on attend votre éventuelle découverte.
Turf joue avec les découpages et donne au média BD une justification même de son existence. Ainsi, l’échappée en wagonnet du Sergent et de l’Inspecteur à la manière des « Trois chemins » est une planche remarquable.
La quatrième de couverture vaut son pesant de cacahuètes. Des critiques flagorneuses, ou pas, engagent à lire l’album. C’est osé, c’est drôle, et tout n’est pas si faux que ça.
La nef des fous est une petite madeleine de Proust pour les lecteurs de la première heure des éditions Delcourt. La série a contribué à faire de l’éditeur ce qu’il est aujourd’hui.
Laurent Lafourcade
PS : Nous devons tous rester chez nous, sauf nos amis de la santé et de la distribution alimentaire à qui nous pensons très fort. En ces temps compliqués, quoi de mieux que de lire des BD. Pour acheter ces beaux albums, si les librairies ont dû fermer leurs rideaux, n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles proposent des services de vente par correspondance sur leurs sites. Alors, avant de vous précipiter sur les sites d’Amazan ou de la Fnoc, vérifiez si votre libraire de quartier ou de plus loin le fait.
Série : La nef des fous
Tome : 10 - La faille
Genre : Fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Turf
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782413005261
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