«  - Le Sénat veut se venger de moi car j’ai diminué son influence… Il faut que je lui donne une leçon et, pour cela, il faut que je parvienne à faire disparaître ce maudit village gaulois… J’attends vos idées… Parlez. Et toi aussi, mon fils.

- Utilisons la force !

- Ils ont une potion magique qui les rend invincibles. Et range ce poignard, tu vas te faire mal, imbécile !

- Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais si on les achetait ?

- L’or n’intéresse pas ces barbares, sinon, ça fait longtemps que la potion serait dans le commerce !

- Je dis n’importe quoi, mais… Leur force vient de ce qu’ils sont unis. Si nous parvenions à semer la zizanie, la discorde dans le village, alors, ils se disperseraient, et la potion n’aurait plus aucun intérêt…

- Alors que les gaulois célèbres pour leurs disputes incessantes, ceux-là sont indissolublement unis.

- J.C. ! J’ai l’homme qu’il vous faut pour dissoudre cette union ! »

 

 

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                Pour enfin rayer de la carte ce village d’irréductibles gaulois qui empoisonne la vie des romains en général et de César en particulier, Tullius Detritus, être immonde mais très efficace pour la discorde, est envoyé sur place afin de semer la zizanie. Sous la coupe de Caius Aérobus, centurion commandant le camp romain d’Aquarium (à moins que ça ne soit l’inverse), Detritus se rend au village pour offrir un magnifique vase à Astérix, qu’il qualifie d’homme le plus important du village, en guise d’amitié entre romains et gaulois, au grand dam d’Abraracourcix, vert de jalousie. C’est le point de départ de multiples chamailleries. Astérix devra user de toute sa malice avant que la situation n’atteigne un climax irréversible.

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                L’album La zizanie a cinquante ans. Cet anniversaire a un goût amer. Albert Uderzo vient de nous quitter. Les hommages se sont multipliés. Le talent du dessinateur est unanimement et à juste titre reconnu. Plutôt que de retracer l’ensemble de sa carrière, chose qui a été remarquablement bien faite par de nombreux sites, nous avons choisi de remettre sur le devant de la scène cet album sorti en 1970 et qui n’a pas pris une ride.

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                La zizanie est le quinzième album de la série. Situé entre Astérix en Hispanie et Astérix chez les Helvètes, il appartient à l’âge d’or de la série, au cœur de la collection Uderzo/Goscinny, à une époque où le duo publiait quasiment deux albums par an. La zizanie est sortie en avril, alors que les Helvètes seront publiés en octobre.

 

                Dans la traditionnelle alternance album de voyage/album au village, c’est dans leurs pénates que nous retrouvons nos amis. Cette fois-ci, Goscinny introduit un ver dans le fruit. Tullius Detritus est de ces personnages détestables, au caractère et caractéristiques marquées, qui appartiennent au Panthéon des « méchants » de la série. On en retrouvera un ersatz plus tard avec le vil Acidenitrix dans  Le grand fossé. Avec Caius Aérobus, Uderzo montre une nouvelle fois ses talents de caricaturistes en lui donnant les traits de Lino Ventura, acteur star de l’époque. Idéfix n’apparaît qu’en filigrane.  On ne parle jamais de lui mais il est tout le temps là. Il est amusant de reprendre l’album en l’observant gambader de cases en cases. Voilà une des qualités de la série et de ses auteurs : montrer sans cesse des choses auxquelles on ne fait pas attention. C’est pour ça qu’Astérix peut se lire et se relire sans cesse.

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                Une autre des particularités de cet album est l’hilarante planche de la bataille du village. Plan d’ensemble replaçant chacun des protagonistes aux endroits où ils se trouvent au moment de la scène, des numéros les font correspondre à leurs actions dans un cartouche récapitulatif. Exceptionnel.

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                Sans dévoiler la fin, que l’on se rassure, tout se terminera par le traditionnel banquet. Astérix, c’est comme Columbo. On connaît la fin dès le début mais on suit toujours les histoires avec le même plaisir.

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

                L’épisode a été adapté en pièce radiophonique le 23 novembre 2019 par France Culture pour l’émission Théâtre et Compagnie au Studio 104 de la Maison de la Radio avec entre autres Rufus, Laurent Stocker, Guillaume Briat et Nicolas Vaude. Bien sûr, quelques gags visuels ont dû être éludés comme le running-gag avec les porteurs de bouclier d’Abraracourcix, mais l’ADN est bien là. Nous vous conseillons de le réécouter en suivant l’histoire sur l’album en même temps pour encore plus de plaisir. Voici le lien :

https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/la-zizanie-dapres-lalbum-de-rene-goscinny-et-albert-uderzo

 

                Bon anniversaire, La zizanie. Mais on aurait tant voulu qu’Uderzo soit encore là pour souffler les bougies.

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

© Uderzo, Goscinny - Hachette

 

 

PS : Nous devons tous rester chez nous, sauf nos amis de la santé et de la distribution alimentaire à qui nous pensons très fort. En ces temps compliqués, quoi de mieux que de lire des BD. Pour acheter ces beaux albums, si les librairies ont dû fermer leurs rideaux, n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles proposent des services de vente par correspondance sur leurs sites. Alors, avant de vous précipiter sur les sites d’Amazan ou de la Fnoc, vérifiez si votre libraire de quartier ou de plus loin le fait.

 

 

Série : Astérix 

 

Tome : 15 - La zizanie 

 

Genre : Aventure humoristique 

 

Scénario : René Goscinny 

 

Dessins : Albert Uderzo

 

Éditeur : Hachette

 

Nombre de pages : 48

 

Prix : 9,99 €

 

ISBN : 9782012101470

 

 

Publié le 06/04/2020.