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78 épisodes de 7 minutes, six millions d'€ de coût de production, 8 équipes de scénaristes, un partenariat entre la RTBF, M6, Dupuis Audiovisuel, Araneo et Lux Animation... Autant de données impressionantes dévoilées lors d'une sympathique après-midi de présentation du nouveau « bébé » du studio d'animation Dreamwall, voisin de Dupuis, à Marcinelle : le Petit Spirou. En effet, c'est dès la rentrée que le personnage vedette de Tome et Janry s'animera sur les écrans de Ouf Tivi avant de gagner ceux de M6 en octobre ou novembre.
Porter le Petit Spirou à l'écran constituait un sérieux challenge. La série BD étant constituée de gags en une page, il fallait trouver un concept permettant, tout en respectant l'univers développé par les auteurs, de créer des histoires tenant la route pour des épisodes de 7 min. Tome et Janry ont lancé l'idée de « comment survivre à... » qui peut aller d'une leçon de natation quand on oublie son maillot à une visite chez le dentiste ou à un mauvais bulletin... Pas question, donc de faire rentrer les gags de la BD « au chausse-pied » dans les épisodes, même si certains s'y retrouveront. Du côté de l'esprit de la série BD, gentiment irrévérencieuse, les angles ont été arrondis pour que la déclinaison animée du Petit Spirou puisse s'adresser au plus large public possible et soit compatible avec les marchés étrangers : exit le curé Langélusse, exit les canettes et mégots du prof de gym... « politiquement correct » oblige. Jusqu'à il y a peu, nombre de chaînes aujourd'hui potentiellement intéressées émettaient d'ailleurs de sérieuses réserves à la diffusion possible d'un dessin animé basé sur cette série relativement effrontée...
Spécificité de cette nouvelle série animée : un produit à 100% européen, alors que pour Cédric, par exemple, assez comparable, certaines étapes de la fabrication avaient eu lieu en Asie. Un tiers des épisodes est réalisé au studio Dreamwall, qui emploie actuellement 55 personnes dont 30 travaillent à temps plein sur le Petit Spirou. Né d'une « joint-venture » entre la RTBF et Dupuis, Dreamwall a notamment travaillé sur les adaptations animées de Léonard, Cédric, Garfield (l'idée des lasagnes extra-terrestres est d'ailleurs due à un des animateurs du studio, et a séduit Jim Davis), sur de très courtes capsules tirées de l'univers de Spirou au lancement d' Ouf Tivi, ou encore sur les séquences animées du film tiré de la BD de Jung « couleur de peau : miel » (qui devrait sortir en 2012) pour le domaine qui nous intéresse plus particulièrement. On retiendra aussi un film réalisé pour la SRWT au sujet du métro de Charleroi, une participation à l'opération « Charleroi 1911-2011 » ou encore une présence sur le stand de notre pays à l'occasion de l'exposition universelle de Pékin.
Pour en revenir au Petit Spirou, les choix effectués quant aux techniques d'animation (2D) permettent à chaque animateur de produire environ 8 secondes d'images par jour. On prend en effet en compte un délai de 18 mois entre le début d'une production de ce type et son passage à l'antenne... Côté investissement, 2 millions d'€ proviennent des partenaires belges du projet, bénéficiant du système de tax-shelter et du soutien de Wallimage. A l'occasion de la présentation de cette nouvelle série animée, la presse a pu visionner deux épisodes du Petit Spirou en avant-première. Pas de doute, on est face à de la qualité. Si le dessin extrêmement travaillé de Janry était impossible à reproduire et animer tel quel, les techniques utilisées pour l'animation, à partir de la « bible » graphique élaborée par le dessinateur ont cependant permis de conserver un trait relativement proche, avec ses pleins et ses déliés, ce qui évite une impression de dessin « aplati » et froid parfois présente sur d'autres séries.
Chez Dreamwall, on se réjouit, en tous cas, de cette nouvelle naissance animée. L'année 2011 a en effet été un peu en dents de scie pour le studio d'animation, avec le report de certains projets importants. Chez Dupuis, on considère que le passage de personnages aussi emblématiques au petit écran peut aller jusq'à booster de 30 % les ventes de la série BD, ce qui justifie également un tel investissement dans ce type de production. Et encore, le Petit Spirou constitue un best-seller. Moins populaire, Papyrus de De Gieter avait vu doubler les ventes de ses albums lors de son passage à l'image animée et au petit écran! Le département audiovisuel de Dupuis, dirigé par Léon Perahia, ne manque d'ailleurs pas de projets. Outre Nelson, dans les tiroirs depuis un certain temps déjà, on y planche sur une adaptation, pour les plus petits du Petit Poilu de Bailly et Fraipont. On étudie aussi les possiblités de co-développement, avec des partenaires français, de longs métrages à partir de Marzi de Savoia et Sowa, et du Zombillenium d'Arthur de Pins. Plus avancé, un travail de coproduction avec Prima Linea (à qui l'on doit le récent Zarafa ) sur « le secret de Loulou » adaptation d'un livre d'Edouard Solotareff...

Il y a décidément du pain sur la planche de BD et sur les bancs d'animation. La place gagnée par Dupuis dans le secteur audiovisuel n'est plus à démontrer (on peut aussi penser aux films Largo Winch, à la série télé l'Epervier...) et on peut imaginer, à la vitesse à laquelle évoluent les technologies, qu'on n'en est encore qu'à un début. L'essentiel est que l'on puisse toujours rêver !
Texte et photos : Pierre Burssens
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