« - Les animaux, Sire !!
- Ben quoi, les animaux.. ?
- Ils… Ils…
- Ils.. ?
- Ils parlent !
- C’est une plaisanterie ? Je le sais bien, que les animaux parlent. Enfin, certains d’entre eux. Pas tous, mais certains… Tenez, mon Chambellan, par exemple…
- Non, ils parlent, ils crient, ils protestent, ils exigent… Ils refusent, votre Majesté !! »
Il estoit une fois un royaume. Dans ce royaume, un château. Dans ce château, un… Non, deux trônes. Sur ces trônes, un prince et son mari; face à eux, la cour, un matou chambellan et un messager. Ce dernier, affolé, annonce au Prince qu’à la ferme du père Riflon, depuis quelques jours, les animaux se sont révoltés et ont pris en otage le fermier et la fermière. Ils ont rameuté les animaux des fermes aux alentours. Ils ne veulent plus servir de nourriture. Le Prince est furieux et veux faire donner la garde. Robilar, le chat chambellan, se propose d’aller régler diplomatiquement ce problème d’intendance.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Après un premier tome destructurant Le chat botté, un deuxième raillant les contes de princesses, David Chauvel revisite La ferme des animaux de George Orwell. Plus qu’une fable animalière, La ferme des animaux est une arène politique, une dystopie dans laquelle les bestioles ne sont que le reflet des hommes. Paru en 1945, le roman de l’écrivain britannique dénonce le stalinisme. Quatre version BDessinées sont sorties en fin d’année dernière. Fort Animo en est une cinquième, plus originale, plus détachée, moins conventionnelle et plus subversive. Chauvel s’est approprié l’essence de cette Ferme comme un grand chef assaisonne un plat pour le faire sien. Pour poursuivre dans la métaphore, le scénariste est un chef quatre étoiles. Robilar est digne d’être rangé entre Garulfo et De capes et de crocs. Les dialogues sont coupés au cordeau et bourrés de références. On entend même le loup, le renard et la belette chanter.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Au dessin, Sylvain Guinebaud fait des prouesses. Ses animaux sont tous plus expressifs les uns que les autres. Fils graphique naturel de Bruno Maïorana et de Claire Wendling, Guinebaud, qui publie depuis 2000, mérite d’être sur le devant de la sène. Il est aussi à l’aise dans les moments de dialogue que dans les scènes d’action aux multiples personnages. Quant aux humains, le dessinateur retransmet à merveille leur crétinerie. Aux couleurs, Lou est impeccable dans les ambiances feu de guerre et les moments entre chiens et loups.
© Chauvel, Guinebaud, Lou – Delcourt
Robilar ou le Maistre Chat est un triptyque. Chaque tome peut se lire quasiment indépendamment. La série n’a qu’un seul défaut. Celui d’être terminée. A moins que ce ne soit un atout pour qu’elle devienne culte.
« Tous les mammifères naissent libres et égaux en droits (même les lapins) » Enfin, les lapins, non, peut-être pas quand même...
Laurent Lafourcade
Série : Robilar ou le Maistre Chat
Tome : 3 - Fort Animo
Genre : Aventure humoristique moyenâgeuse
Scénario : David Chauvel
Dessins : Sylvain Guinebaud
Couleurs : Lou
Éditeur : Delcourt
Collection : Conquistador
Nombre de pages : 64
Prix : 15,50 €
ISBN : 9782413037897
©BD-Best v3.5 / 2024 |