« - Tu as vu ?
- Quoi ?
- Des portraits de nous. On devrait reprendre de la poudre pour savoir ce qui est écrit.
- Non, cette poudre n’attire que des soucis. Et en plus, je sais pas si elle nous permettrait de savoir lire.
- Mais évidemment puisqu’elle permet de parler la langue des bipèdes !
- Tu es sûr que ceux qui savent parler sont capables de lire ?
- Je sais pas. Mon maître lisait tout le temps des récits d’aventures. Il buvait de l’eau chaude et me grattait la tête. On va retrouver sa famille, ils t’adopteront toi aussi.
- Appartenir à des elfes ? Jamais ! »
Le grand questionneur a fait ingérer des scorpions à deux elfes qui se sont transformés en créatures de mort. Il les charge de ramener vivants les deux chiens recherchés pour meurtres. Ces deniers, s’ils savaient lire, auraient vu que leurs têtes étaient mises à prix. S’ils avaient un peu de cette poudre magique permettant de parler et de se tenir debout, ça serait une autre histoire.
© Panaccione, Trondheim, Sfar - Delcourt
Avec Donjon potron-minet, on pensait déjà être aux origines du Donjon. Avec Donjon Antipodes -, Sfar et Trondheim poussent le curseur encore plus loin, tout en justifiant un lien avec la série-mère. Pourquoi les personnages de Donjon zénith sont-ils des animaux anthropomorphes ? C’est expliqué ici.
Manipulations génétiques et apprentis sorciers sont au cœur du récit. A trop vouloir jouer avec la science, on risque de se brûler les ailes… de dragons. Les scénaristes versent dans le délire psychédélique. Les personnages ont pris une bonne dose de LSD avant de rentrer en scène. C’est n’importe quoi mais c’est drôle. Des têtes explosent, un fantôme parle à un chien, un dragon imprègne les clébards en les frottant discrètement contre ses glandes annales.
© Panaccione, Trondheim, Sfar - Delcourt
Après l’excellent Toajène, un des meilleurs albums de 2020, Grégory Panaccione fait sa récré dans le Donjon. Il a tout à fait l’état d’esprit et l’état de trait de la famille. Et avec les dragons, il fait ce qu’il sait faire de mieux, un combat de dragons. Le principal d’entre eux est un mix entre Elliott et le dragon du lac de feu qui dort sous le château de La belle au bois dormant à Disneyland, accentuant le côté à la fois parodique et respectueux du genre heroic-fantasy de la série.
© Panaccione, Trondheim, Sfar - Delcourt
Tout peut se passer dans l’univers Donjon. C’est pour cela que chaque album apporte sa pierre à un édifice aux fondations solides qui se renouvèle sans jamais lasser.
Laurent Lafourcade
Série : Donjon Antipodes -
Tome : - 9999 - L’inquisiteur mégalomane
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Joann Sfar & Lewis Trondheim
Dessins : Grégory Panaccione
Couleurs : Walter
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9782413037699
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