« - Suivants ! Vanko Winczlav… De quel trou sors-tu avec un nom pareil ?
- Je suis un serbe du Montenegro, dans les Balkans.
- N’importe quoi. Enfin, tu baragouines l’anglais, c’est déjà ça. Je t’inscris comme Winx, d’accord ? Ça fait plus américain.
- Je préfèrerais garder mon nom, Monsieur. C’est celui qui est écrit sur mon diplôme de médecine.
- Ce diplôme n’est pas valable aux Etats-Unis d’Amérique.
- Tu as compris, Winczmachin ? Si tu veux être docteur chez nous, tu devras avoir un diplôme américain, c’est clair ?
- Très clair, Monsieur ! »
Après avoir fuit l’Europe avec l’aide de Veska Stojanova, Vanko Winzlav débarque sur le Nouveau Continent. Ils se sont mariés sur le bateau. Elle est couturière. Le bureau d’immigration leur délivre une attestation de résidents. Ils doivent maintenant trouver un logement et commencer leur nouvelle vie. Ne pouvant faire valoir son diplôme de médecin, Vanko va travailler en tant qu’infirmier. Veska donne naissance à un enfant, fruit d’un viol, que Vanko considèrera plus qu’elle comme son fils. Leurs destins vont marcher sur les pas de l’Histoire de l’Amérique.
© Berthet, Van Hamme, Versaevel - Dupuis
Ayant laissé les rennes de Largo Winch à Eric Giacometti, Jean Van Hamme se penche sur les origines de la fortune du groupe W et remonte plusieurs générations avant Largo, plus de cent cinquante ans auparavant, aux sources européennes de l’arbre généaloque Winch. Van Hamme utilise l’Histoire pour raconter cette histoire. Des balkans en feu au mi-temps du XIXème siècle à la guerre de Sécession, l’Europe et l’Amérique sont les décors de l’aventure. Van Hamme, fidèle à sa réputation d’aller directement à l’essentiel, saccade son histoire de façon rapide. Trop ? Non. Les scènes se succèdent à un rythme effrené comme le train de la vie qu’on ne peut pas arrêter et qui ne peut pas faire marche arrière. En cinquante-quatre planches, on sait tout de la vie, non seulement de Vanko, mais aussi de ses enfants, son fils adoptif, et son cadet qu’il aura avec une infirmière, fille d’un richissime marchand de whiskey.
© Berthet, Van Hamme, Versaevel - Dupuis
Au dessin, un Philippe laisse la place à un autre. Le trait dynamique et anguleux de Philippe Francq laisse place à la ligne claire réaliste de Philippe Berthet. Jamais froid et toujours pur, son graphisme sert aussi bien les réceptions mondaines que les massacres belliqueux. Sa compagne Domnique David lui a donné un coup de main sur cet album. Leurs styles sont tellement proches qu’on le remarque à peine, c’est ce qui est remarquable. Si on ne se trompe pas, on le décelerait peut-être dans la scène de l’attaque de l’ours.
© Berthet, Van Hamme, Versaevel - Dupuis
On pourrait penser ce préquel comme une opportunité commerciale. Détrompez-vous. De Largo Winch, on connaissait la maison. Les auteurs nous font visiter les fondations dans une lecture passionnante et fluide, avec des personnages ayant chacun des défauts et des qualités, comme dans la vraie vie. En bref, avec La fortune des Winczlav, Van Hamme crédibilise l’univers de Largo.
Laurent Lafourcade
Série : La fortune des Winczlav
Tome : 1 – Vanko 1848
Genre : Aventure historique
Scénario : Jean Van Hamme
Dessins : Philippe Berthet, avec la participation de Dominique David
Couleurs : Meephe Versaevel
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 56
Prix : 15,95 €
ISBN : 9791034751761
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