Matisse au Maroc. Tanger sous la pluie
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Matisse au Maroc.  Tanger sous la pluie

 

« - Hassan ! Je t’amène tes clients !

- Ah enfin !

- Monsieur et Madame Matisse, enfin ! Je m’inquiétais, j’espère qu’Amido ne vous a pas perdu dans Tanger !

- Pas du tout, au contraire, c’est un guide on ne peut plus charmant !

- Bienvenue à l’hôtel Villa de France, c’est un grand honneur de vous recevoir ici. Je vais vous accompagner, par ici, je vous en prie. »

 

 

 

 

 

 

 

Janvier 1912, fraîchement débarqués à Tanger, au Maroc, Monsieur et Madame Matisse sont pris en charge par le jeune Amido qui les mène jusqu’à leur hôtel. Un arrêt dans le marché de la ville les enivre déjà des senteurs et des couleurs locales. C’est tellement « pictural » que le peintre jette déjà sur le papier ses premiers croquis. Arrivés à leur lieu de villégiature, le réceptionniste les installe dans la chambre 35, celle qui a la plus belle vue sur le golfe de Tanger. Matisse a hâte de se mettre au travail. Dès demain, à lui Tanger ! Mais, voilà que le lendemain, et pour plusieurs jours qui suivront, il pleut. Il paraît qu’il y pleut assez souvent d’ailleurs.

 

 

 

 

© Grolleau, Abdel de Bruxelles - Dargaud

 

 

Dès l’avant-propos, les auteurs ne prennent pas leurs lecteurs en otage. Si Matisse est réellement allé au Maroc à cette période, aucun livre n’est là pour raconter ses sensations. Là est arrivée leur imagination. En quatre chapitres, Fabien Grolleau raconte et romance les deux voyages que Matisse fit au Maroc. Chapitre un, il découvre la ville sous la pluie et cherche l’inspiration. Préférant rentrer au pays, sa femme le laisse sur place. Chapitre deux, le peintre trouve en Zorah, une fille qui vend ses charmes, sa muse, son inspiratrice. Elle sera sa Shéhérazade, lui contant une histoire merveilleuse pendant qu’il la peint. Mais tout ça ne sera pas du goût d’Hassan le réceptionniste. Chapitre trois, le soleil est revenu. Matisse profite du pays, de ses paysages, de sa nature, avant de rentrer en France. Chapitre quatre, il est de retour à Alger. Retrouvera-t-il Zorah ? Saura-t-il pourquoi la jeune femme a déclenché les foudres d’Hassan ? Connaîtra-t-il la fin de son histoire ?

 

 

 

 

© Grolleau, Abdel de Bruxelles - Dargaud

 

 

Dans un style graphique cousin de celui d’un Fabien Toulmé, mais avec des aplats de couleurs qui n’appartiennent qu’à lui,  Abdel de Bruxelles réalise un album envoûtant. Dès le débarquement à Tanger, on a changé de pays, on est là-bas, on découvre le Maroc avec Matisse et sa femme. Des petites rues aux patios intérieurs des grandes maisons, du marché aux épices au port de Méditerranée, Abdel de Bruxelles invite au voyage. Il y a aussi tout le traitement bleuté duconte narré par Zorah et qui verra sa conclusion dans une réalité dont on ne sait pas vraiment si elle a été inventée ou pas. Et que dire de cette fenêtre qui s’ouvre au premier matin ensoleillé alors que la pluie a cessé dans la nuit. Sublime.

 

 

 

 

© Grolleau, Abdel de Bruxelles - Dargaud

 

 

Quand on lit des milliers de bandes dessinées et qu’on tombe sur des albums comme ça, on sait pourquoi on le fait. Si le livre était paru chez un petit éditeur peu connu, les sélectionneurs d’Angoulême le trouveraient formidable et il remporterait de multiples prix. Tout n’est pas perdu. De sa couverture magnifique à sa dernière case à la sentence portant à réflexion, Tanger sous la pluie ne peut pas passer inaperçu. On n’est qu’au début de l’année et l’un des meilleurs albums de 2022 est déjà édité.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Tanger sous la pluie 

 

Genre : Biographie romancée 

 

Scénario : Fabien Grolleau 

 

Dessins & Couleurs : Abdel de Bruxelles

 

Éditeur : Dargaud

 

Nombre de pages : 120

 

Prix : 21 €

 

ISBN : 9782205079715 

 

 

 



Publié le 20/02/2022.


Source : Bd-best

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