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Ainsi, à l’heure où vous ranger sans doute votre sapin de Noël, on ne résiste pas à l’envie de vous parler d’un dernier petit conte (même si Noël et son esprit ne sont que des prétextes pour ce récit surtout universel et intemporel): Merlusse. Initialement écrit pour le cinéma (en 1935, quand même!), revoilà le professeur « Merlusse » Blanchard qui refait des siennes sous le scénario de Serge Scotto et Éric Stoffel et le dessin angoissant, puissant et au plus près de son sujet d’A. Dan.
Merlusse, c’est le surnom moqueur que lui ont donné les élèves de cet établissement scolaire de Marseille couvrant primaires et années de lycée. Il faut dire qu’avec son oeil en moins, sa longue cicatrice venue d’on-ne-sait-où et ses vêtements un peu pouilleux, Blanchard a peut-être l’avantage de la venue récente mais son tempérament bourru semble l’avoir précédé. Entre méfiance et blagues (le traditionnel clou sur la chaise du prof), les élèves restés à l’internat vont néanmoins devoir se tenir à carreau: cette nuit particulière de réveillon de Noël, c’est le terrible Merlusse qui est au commande de la surveillance. Une nuit terrifiante plus que merveilleuse a priori mais si c’était là que le secret de Merlusse était révélé ?
Passé un prologue aux couleurs chaudes, c’est pourtant le sépia morne de Magali Paillat qui envahit la cour de l’école et le dessin d’A.Dan. On n’est pas ici pour rigoler et le trait allié au fond réussit fort bien à le faire sentir. Sorte de monstre de Frankenstein fait humain, Merlusse émerge et la confrontation avec les jeunes insolents est immédiate. Le lecteur n’a même pas le temps de connaître Blanchard qu’en une gifle, il se dit déjà: « mais quel sale type ».
Et c’est là toute la force des auteurs de cette lecture nouvelle du conte (pas si) noir de Pagnol: en quelques traits, quelques mots, les personnages prennent vie et le lecteur choisit son camp et s’attache aux gamins. Le cadrage est anxiogène, colle parfaitement au récit, et prouve – s’il en était besoin – l’intérêt de cette relecture dessinée et aux effets bien différents, dans ses magnifiques contrastes notamment (les couleurs de Magali Paillat n’y sont assurément pas pour rien), de ceux que le cinéma met en oeuvre. À chaque support ses qualités et ses limites, et cette nouvelle BD prolonge celle du film octogénaire. Le travail des auteurs est brillant et saura sans aucun doute conquérir les petits et les grands qui n’auraient sans doute jamais pris le temps (et on peut le regretter, mais la vie d’une oeuvre, cinématographique du moins, est ainsi faite) de regarder ce film poussiéreux et noir et blanc.
Titre: Merlusse
One Shot
D’après l’oeuvre de Marcel Pagnol
Scénario: Serge Scotto et Éric Stoffel
Dessin: A. Dan
Couleurs: Magali Paillat
Genre: Drame, Conte de Noël
Éditions: Bamboo
Collection: Grand Angle – Marcel Pagnol en BD
Nbre de pages: 56 (+ 6 pages de suppléments)
Prix: 15,90€
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