Meurtres déracinés. On la trouvait plutôt jolie
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Meurtres déracinés.  On la trouvait plutôt jolie

 

«  - Il s’est vidé de son sang pendant plus d’une heure, soixante millilitres par minute !

- Nom de Dieu !

- Patron, c’est Serge Tisserant, le gérant de l’hôtel.

- Vous tombez bien, vous allez m’expliquer le principe de ces Red Corner ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

« On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies, Lily
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris

Elle croyait qu'on était égaux, Lily
Au pays d'Voltaire et d'Hugo, Lily
Mais, pour Debussy, en revanche
Il faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo »

                Ça, c’était ce que chantait Pierre Perret dans cette superbe et émouvante chanson sortie en 1977. Quarante-cinq ans plus tard, la situation n’a pas vraiment évolué.

 

 

 

© Alessandra, Bussi - Michel Lafon

 

 

                Dans un hôtel franchisé des environs de Marseille où le client a besoin d’une simple carte bancaire pour entrer, le cadavre d’un homme est découvert menotté à un lit et une veine tranchée. L’homme s’est vidé de son sang. Ce que la police ne sait pas c’est que la coupable est une jeune femme prénommée Bamby, une jolie jeune femme africaine de 24 ans, qui l’a tué. Pourquoi a-t-elle fait ça ? De son côté, sa mère, Leyli fait le ménage dans un hôtel Ibis pour pouvoir nourrir ses trois enfants. Ses parents, les grands-parents des enfants, l’aident à s’occuper des plus petits.

 

 

 

 

© Alessandra, Bussi - Michel Lafon

 

 

                De jour de peine en nuit de chouette, de jour de sang en nuit d’ancre, de jour de vent en nuit de boue, Joël Alessandra adapte le roman de Michel Bussi. Plus qu’un polar, genre de prédilection de l’auteur à succès, et bien qu’en étant quand même un, « On la trouvait plutôt jolie » traite avant tout d’immigration et d’intégration. Au premier degré, dans notre société, on a du mal à mesurer les difficultés de ces personnes déracinées parce que leur vie est un tel enfer que c’est leur dernière solution. Leyli sacrifie tout pour sa famille. Bamby ne tue pas pour l’argent. Les chapitres du récit de Leyli, qui entrecoupent l’histoire présente, expliquent le comment du pourquoi de leur situation. Michel Bussi soulève un problème de société international que jusqu’à présent personne n’a pris à bras le corps.

 

 

 

 

© Alessandra, Bussi - Michel Lafon

 

 

                Joël Alessandra est un dessinateur sensible qui construit une œuvre cohérente aux accents de solidarité et aux couleurs humanitaires. Auteur prolifique, il a publié ces dernières années des albums qui ont marqué comme Les voyages d’Ibn Battûta, chez Dupuis dans la collection Aire Libre, ou encore La force des femmes et Le bruit de la pluie, chez Des ronds dans l’O. Avec On la trouvait plutôt jolie, il se frotte à l’adaptation d’un best seller et prend le risque qu’on l’attende au tournant. Pas de problème. Dans le fond et dans la forme, il happe le lecteur pour ne plus le lâcher. Les flash-backs s’intègrent à l’histoire sans jamais la trancher. Graphiquement, Alessandra invite au voyage de l’Afrique sablonneuse et chaude aux immeubles et hôtels de banlieues gris et froids. La couverture est une belle composition. Le sang est éclaboussé aux côtés de cette femme couchée sur le sol de ses origines et qui nous regarde, comme si elle nous disait : « Venez, je vais vous raconter. Je ne vous demande pas de m’excuser ni de me juger mais écoutez ce que j’ai à vous dire. »

 

                On la trouvait plutôt jolie, Bamby. On la trouvait plutôt jolie, Leyli. Trouveront-elles leurs places dans la jungle d’un monde qui se dit moderne et évolué ?

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 


 

 

One shot : On la trouvait plutôt jolie

 

Genre : Polar

 

Scénario, Dessins & couleurs : Joël Alessandra

 

D’après : Michel Bussi

 

Éditeur : Michel Lafon

 

Nombre de pages : 144

 

Prix : 22,95 €

 

ISBN : 9782749946344

 



Publié le 06/11/2022.


Source : Boulevard BD

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