Michel Deligne a oublié son bail. Le magasin de BD prié de fermer au 1er février

SAINT-JOSSE La désolation pèse lourd au 15 de la rue Braemt ! L'enseigne de référence pour tous les bédéistes, "Le deuxième souffle" a jusqu'au 1er février pour vider la boutique de sa substance.

Après 36 ans d'une passion partagée ... "C'est trop con ! J'ai oublié de renouveler le bail...", se lamente Michel Deligne.  Un drame révélé par nos confrères de La Libre Belgique la semaine passée et qui secoue le landerneau des dingues de bande dessinée et le monde de la presse.

Il faut avoir pénétré dans ce six pièces entassant 100.000 documents constitués d'albums, de planches originales et autres trésors pour prendre conscience que son locataire (70 printemps le 22 janvier) y a tout aménagé pour son dada et celui de la clientèle.

"Le proprio est décédé en 2007 à 85 ans. Son petit-fils n'en a rien à cirer de la bande dessinée. Ce qui l'intéresse, c'est une maison de rapport", regrette Michel Deligne. "Au début, je pensais que le bail serait reconduit ... Erreur !"

Le conflit, plaidé le 8 novembre, a tourné à l'avantage du propriétaire tennoodois (=de saint Josse Ten Noode). Un chouia excédé par l'issue actuelle, Michel Deligne a quelque peu du mal s'épancher sur le devenir improbable d'un deuxième souffle du Deuxième souffle.

"C'est trop frais ! J'essaie de dormir la nuit. Il n'y a pas deux endroits comme le mien en Belgique. Pas même à Paris..."

Il faut avouer que son antre ne laisse personne indifférent. Pour preuve, la Région de Bruxelles-Capitale se démènerait pour dénicher un toit à ces millions de phylactères. Michel Deligne s'est de son côté évertué, par avocat interposé, à proposer une hausse de loyer. "Je ne payais qu'environ 700 €/mois".

En vain. Si les amoureux du 9e Art y sont tous venus, ce n'est pas par hasard ! Les plus férus se sont précipités pour dégoter là, dans cette manne aux trésors, l'une ou l'autre rareté. Ainsi évoque-t-on carrément quelques célébrités comme Claude Lelouch, par exemple.

Quant à Hergé, il y a enregistré six émissions de TV. Tout cela dans une boutique de la rue Braemt où la famille Deligne, le père en priorité, cache mal ses larmes. Les jours qui viennent diront si, par miracle, ce patrimoine aura droit ou non à un troisième souffle...

Librairie "Le deuxième souffle"

Article © Guy Bernard

Photo en médaillon et ci-dessus © JJ PROCUREUR