Naissance de la bande dessinée, de William Hogarth à Winsor McCay
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Un ouvrage qui, fort probablement, va devenir le livre culte et de référence sur la BD de cette décénie vient de paraître aux Editions Nouvelles. Il s'agit de Naissance de la bande dessinée par Thierry Smolderen.

Scénariste et théoricien, professeur à l’École Européenne Supérieure de l’Image, Thierry Smolderen est l’un des meilleurs spécialistes actuels de l’histoire de la bande dessinée. Il a publié de nombreux essais dans des revues françaises (comme 9e Art) et américaines (comme Comic Artl). Les bases théoriques nouvelles sur lesquelles reposent ses recherches lui ont permis de mettre au jour des documents passionnants, jusqu’ici inconnus. Parmi ses scénarios de bande dessinée, on peut signaler la biographie rêvée de McCay (dessin J-P. Bramanti, éditions Delcourt), et la série Ghost Money (dessin D. Bertail, éditions Dargaud).

 

La bande dessinée n'est pas née avec Hergé ou Franquin ou encore Edgar P. Jacobs...évidement non, elle trouve ses origines dans biens des oeuvres ancestrales dont nous ne devinions pas l'existance ni l'importance jusqu'à l'ouvrage de référence et de qualité infinitésimale de l'auteur Thierry Smolderen. Edité par Les Impressions Nouvelles, admirable éditeur siégeant dans la non moins admirable et mythique Maison Autrique, ce grimoire magique (si vous me permettez le pléonasme ) à été réalisé par un auteur es spécialiste en la matière. Il explore dans cet ouvrage les romans graphiques, les estampes du 19eme siècle et nous propose de partir à la découverte des images de William Hogarth,  les oeuvres de Oberlander, les romans arabesques de Rodolphe Töppfer, ou encore d'autres passionnants articles sur Feininger et Cruikshank, véritables pionniers en quelques sortes des premieres réprésentations bédéistes de leur époque. Ce livre s'adresse aussi bien au bédéphiles avertit qu'au néophyte le plus basique. Un livre que je recommande également à tous les dessinateurs ou scénarsites en herbe et pourquoi pas aux confirmés aussi, qui seront ravis, je l'imagine, de voyager dans cette merveilleuse machine à remonter le temps et découvrir de véritables trésors graphiques et narratifs. Une mine d'or à saisir absolument.

 

                              B. Gilson

 

Description de l'éditeur :

 

Autour de 1900, apparaît dans la presse américaine une forme pétrie d’humour et d’action que nous reconnaissons sans problème comme de la bande dessinée : le comic strip, né en même temps que le cinéma et le phonographe. Dans ce livre riche en surprises, Thierry Smolderen montre pourtant que l’origine de cette forme est beaucoup plus ancienne, et liée à une autre naissance : celle du roman moderne, qui émerge en Angleterre au cours du XVIIIe siècle. L’œuvre satirique du peintre et graveur William Hogarth a ouvert cette voie, menant à des échanges d’un genre nouveau entre l’image et les médias de l’âge moderne.

Au XIXe siècle, le courant impulsé par Hogarth est resté l’affaire exclusive d’un groupe particulier de dessinateurs, les illustrateurs humoristiques, qui mettent leur immense culture de l’image au service de la parodie, en cultivant l’art de l'hybridation stylistique. Fascinés par le graffiti, le dessin d’enfant et les images marginales, ils sont les premiers à s’emparer des médias émergents, qu’ils schématisent et combinent dans une perspective ironique. Depuis Rodolphe Töpffer, ils prennent aussi un malin plaisir à interroger les idiomes séquentiels du monde industriel à partir du passé naïf des histoires en images populaires. La bande dessinée moderne s’est forgée dans ce creuset résolument polygraphique qui n’a manqué aucune des révolutions majeures menant à l’âge audiovisuel.

Cet ouvrage – qui constitue aussi une véritable anthologie – éclaire donc de manière surprenante les pièces d’un puzzle que nous croyions pourtant si bien connaître : loin d’être orpheline, la bande dessinée y apparaît comme la principale héritière d’une culture de l’image lisible aussi ancienne que l’image imprimée. La bulle, la ligne claire, l’action progressive, la mise en abîme ironique et jusqu’à la physique délirante des toons l’inscrivent dans une généalogie beaucoup plus riche que ne le soupçonnent les auteurs eux-mêmes. Son dialogue initial avec le roman d’avant-garde du XVIIIe siècle et le livre romantique, sa longue cohabitation avec les rythmes de la presse illustrée, sa symbiose avec le cinéma en font même l’ouvroir potentiel de l’image contemporaine par excellence.

 

Présentation par Thierry Smoolderen

 

« En sélectionnant et en présentant les documents proposés dans ce livre, nous avons cherché à donner une idée de la richesse de l’image humoristique en Angleterre, en France, en Allemagne et aux États-Unis — une culture dont William Hogarth fut le grand précurseur au XVIIIe siècle. Pour comprendre l’évolution des formes séquentielles qui ont fait le lit de la bande dessinée moderne, leurs interactions constantes avec des formes concurrentes dont nous ne soupçonnons plus l’existence doivent être prises en compte. Les “raisons d’être” des histoires séquentielles sont multiples, et elles ne deviennent intelligibles que si l’on tient compte des solutions alternatives qui se présentaient à ces dessinateurs.

Il faut dire que la variété des expériences menées tous azimuts par les artistes humoristiques, dans ces pays et durant cette période, met à mal toute classification et suggère au contraire l’idée d’un véritable continuum. Du rébus au roman en estampes à la Töpffer, de la caricature politique à l’illustration romanesque, du feuilleton dessiné aux “macédoines” thématiques, les illustrateurs professionnels travaillant pour le ivre et la presse au XIXe siècle prennent un malin plaisir à générer des formes hybrides et à ne laisser aucun genre intermédiaire inexploré

Dans ce paysage décidément bien éclectique, on comprendra qu’il ne soit pas possible de fixer a priori — c’est-à-dire axiomatiquement — les limites de notre corpus. Il ne s’agit pas non plus d’aborder ces productions comme des approximations ou des tâtonnements qui tendraient peu à peu à se rapprocher de la seule forme réellement pertinente — la bande dessinée familière et transparente du XXe siècle. Nous nous proposons de les voir, au contraire, comme des formes dynamiques qui explorent avec audace leur propre espace de possibilité. Elles se rapprochent en cela des productions qui depuis une vingtaine d’années prolifèrent aux frontières du genre “bande dessinée” dans nos librairies.

À l’instar de nos auteurs les plus inventifs, les créateurs marquants du XIXe siècle aimaient, en effet, l’ironie et la prise de risques : ils innovaient, tout en revisitant souvent des modèles qui apparaissaient archaïques ou dérisoires aux lecteurs de l’époque. Pour donner corps aux pressentiments que leur inspiraient les transformations du temps — le progrès industriel en particulier — ils faisaient feu de tout bois. Chris Ware, aujourd’hui, ne procède pas autrement quand il emprunte aux origines du cinématographe, aux funnies et aux réclames des années 20, aux diagrammes didactiques des années 50, les bribes d’un langage polyphonique qui lui sert à décrire l’Amérique contemporaine. Ce dialogue entre la “préhistoire” de la bande dessinée et les formes les plus innovantes qu’elle prend aujourd’hui est l’une des justifications de cet ouvrage.»

 

Naissances de la bande dessinée

De William Hogarth à
Winsor McCay

Thierry Smolderen

24 x 33 cm / 144 pages
Nombreuses ill. en couleur
ISBN : 978-2-87449-082-8
EAN : 9782874490828
29,50 €

 



Publié le 06/11/2009.


Source : Graphivore

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