Voilà 17 ans que François, chauffeur dans la même blanchisserie, fait constamment le même boulot. Sans la moindre valorisation, ni augmentation, ni reconnaissance ! A côté de cela, une fois par semaine jouer au Loto ou aller boire une pinte au bistrot Monico ! Il y a bien Maryvonne qu’il y croise régulièrement ! Ah Maryvonne, une relation plus intime avec elle pimenterait sa vie ! Mais encore faudrait-il qu’il ose !
Bref, dans les routines de son quotidien, son hier est son aujourd’hui et sera son demain. Jusqu’au jour où … dans une tournée, il débarque dans une maison pleine de cadavres ! Une bonne dizaine … autour d’un petit sac de transport rempli de billets de banque !
Et pour une fois, il ose … et le prend …
Mais ce qui devait lui changer enfin sa vie, va surtout lui apporte le piment de vie dont il se passerait bien ! Pas celui qu’il espérait ! On ne laisse pas des cadavres sans conséquence.
© Joris Mertens – Rue de Sèvres
Voici donc Joris Mertens qui récidive après son phénoménal « Béatrice » ! Dans la même veine, avec un héros aussi banal et insipide que l’était Béatrice, voilà que le hasard, à nouveau, d’un sac va bouleverser sa vie ! Contenu différent, incidences et conséquences différentes ! Un héros paumé mais dans une ville toujours aussi vivante, bouillante de couleurs et d’ambiance ! Atmosphère, vous disiez ? Atmosphère à nouveau qui transcende chaque planche, chaque case.
© Joris Mertens – Rue de Sèvres
Joris Mertens persévère dans ce style si propre à Béatrice. Il le peaufine plus, son trait devient plus fin, moins crayonné. Si le scénario peut apparaître comme « classique » et « télégraphié » au premier abord, c’est avant tout par son graphisme et cette extraordinaire palette de couleur que Joris nous offre ici une nouvelle perle du quotidien !
© Joris Mertens – Rue de Sèvres
Et, à y regarder de plus près, le sublime se retrouve encore plus dans les détails de ses cases ! Quelle saveur que ces noms de magasins, ces enseignes lumineuses, ses inscriptions sur ce camion ou ce bistrot !!!! Allusions et hommages sont cachés, disséminés ici et là au point de rendre la lecture surprenante à chaque instant … Franchement rafraîchissant et désopilant … au point de rire malgré le karma sournois de ce pauvre François.
S’agirait-il de la même ville que celle de Béatrice ? Qu’importe, la ville de Joris est à la fois Bruxelles, Paris, Anvers ou n’importe quelle métropole ayant une âme, une histoire, une vie nocturne … Loin de nos villes aseptisées actuelles !
© Joris Mertens – Rue de Sèvres
En le lisant, on entend la pluie, on sent le vent frôler notre visage, les vapeurs d’essence ou d’alcool, les odeurs du bistrot … et de la peur.
Et s’il nous valait un fond musical, le Grand Jacques ferait idéalement l’affaire.
Sorti quasi simultanément en version originale néerlandaise et en français, soulignons également le remarquable travail de traduction, respectant l’humour et la saveur des dialogues.
© Joris Mertens – Rue de Sèvres
Bref, un second album justifiant amplement tout le bien que nous avions pensé de « Béatrice » et répondant largement à l’attente du second suscitée par ce premier
Thierry Ligot
Titre : Nettoyage à sec
Genre : Bd Polar
Éditeur : Rue de Sèvres
Scénario : Joris Mertens
Dessin : Joris Mertens
Nombre de pages : 152
Prix : 25,00 €
ISBN : 9782810201709
©BD-Best v3.5 / 2024 |