"-J’arrive de Bretagne. J’ai un courrier pour Thomas More, de la part du Duc de Rieux.
-Qui le porte ?
-Avril, fils adoptif de Léonard. Vous pouvez garder la cape.
-C’est lui ?
-Oui. Avril pourrait être un allié utile, mon cher Thomas. A condition de ne pas lui dire toute la vérité !"
1532. Cinq Avril, c’est son nom parce qu’il fut trouvé ce jour-là, arrive à Londres à bord d’une machine volante inventée par son mentor, feu Léonard de Vinci. Il a un message pour Thomas More, de la part du Duc de Rieux. La missive pourrait permettre d’empêcher le mariage d’Henri VIII avec Anne Boleyn, tout en se vengeant de François 1er qui a annexé la Bretagne. En effet, Henri VIII, roi d’Angleterre, veut divorcer et se remarier avec Anne, jeune femme de la noblesse anglaise et ancienne dame de compagnie à la cour de France. Le pape refusant, Henri menace un schisme anglican qui séparerait l’église anglaise de son berceau catholique. S’opposant au divorce et au schisme, l’humaniste Thomas More, ancien chancelier du Roi, devient l’ennemi juré d’Anne Boleyn. Son but est de confondre la promise du souverain en prouvant qu’elle a été la maîtresse du Roi de France, pour ainsi empêcher le mariage.
© Monin, Duval, Bussi – Dupuis
Tout va se jouer autour d’un éroticône, un tableau coquin représentant François 1er et sa jeune maîtresse en tenues d’Adam et Eve dans le jardin des délices. Thomas More envoie donc Cinq Avril au château de Norfolk pour que, grâce à une invention de Léonard de Vinci, il ramène une preuve de la liaison. Sur le tableau, Anne Boylen est reconnue grâce à une tache de naissance sur une partie intime de son anatomie. Cinq Avril va se trouver confronté à un problème. Il va découvrir qu’Anne Boylen n’est autre que celle qui a abandonné son berceau en 1514. Quels sont donc leurs liens ? L’affaire d’Etats, au pluriel, va prendre des tournures d’affaire familiale.
© Monin, Duval, Bussi – Dupuis
Michel Bussi et Fred Duval mêlent habilement la grande Histoire et la petite. Les références historiques sont légions et interfèrent dans la vie de Cinq Avril, tant et si bien que l’on se demande comment l’individu n’a-t-il pas réellement existé. La relation entre Anne Boylen et Henri VIII est au cœur de cet épisode. Un addenda final explique ce qu’il en sera historiquement par la suite. Cinq Avril est un jeune homme attachant, drôle, courageux, impétueux même. Il n’hésite pas à se jeter à corps perdu dans des péripéties périlleuses. C’est le genre de personnage dans lequel n’importe quel ado peut se rêver. On est dans une intrigue comme celle du Capitan, du Bossu ou même des trois Mousquetaires, historiquement marquée et intelligente. Le dessinateur Noë Monin prend un plaisir visible, notamment dans les scènes d’action aux accents mangas, voir également l’explication de la Camera Obscura.
© Monin, Duval, Bussi – Dupuis
Cinq Avril est de ces séries qui peuvent se lire avec délectation de 7 à plus de 77 ans. De la bien belle aventure passionnante grâce aux secrets de son héros que l’on cherche à percer avec lui.
Laurent Lafourcade
Série : Cinq Avril
Tome : 2 - Le Roi assassin
Genre : Cape & Epée
Scénario : Fred Duval & Michel Bussi
Dessins : Noë Monin
Couleurs : Antoine Lapasset
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034764488
Nombre de pages : 56
Prix : 12,95 €
"-Ça vient de là…
-Kaï Kaï Ouille Kaï ! Ouuh. Kaï Kaï
-N’aie pas peur… On va s’occuper de toi !"
En promenade dans les belles montagnes pyrénéennes, le bon Roi Léon entend des plaintes et jappements. Il découvre un petit chien de berger, un labri, blessé à la patte. Le souverain de Bayonne le ramène chez lui. Tout son entourage s’attroupe autour de la bête. Après avoir été soigné par le Docteur, le berger se voit attribuer la fonction de secouriste. Mais comme la pauvre bête ne supporte pas la vue du sang, l’expérience va tourner court. Ce n’est pas lui qui secourra le pauvre festayre blessé au genou dans une chute de trottinette. Il va falloir changer de plan. Le cuisinier voudrait en faire un modèle pour ses créations chocolatées. La gouvernante souhaiterait en faire un commis. La favorite, elle, le prend pour une bête de concours de beauté. Le fou pourra-t-il en faire un chien de cirque ou le Général un bon garde ? Yak, c’est le nom que lui donne Léon, trouvera-t-il une fonction au service de la ville ?
© Duverdier, Duverdier, Grzimek - Malta
C’est déjà le treizième petit album du Roi Léon que nous offrent Maya et Jean Duverdier. Bayonne et ses fêtes vont bientôt ne plus avoir de secret pour personne. Léon a cherché la clé permettant d’ouvrir les fêtes. Il a fait une omelette avec de bons produits du pays. Il a combattu un virus, pas le Corona, le Confettivirus, plus facile à soigner. Il a joué de la musique dans une bande. Il a pratiqué les sports du coin comme le rugby ou la pelote basque. Et ce ne sont que quelques exemples. Chaque été, comme un métronome, on a droit à découvrir un nouveau pan de la culture locale.
© Duverdier, Duverdier, Grzimek - Malta
Dans des livres semi-BD semi-illustrés, à la manière d’Ana Ana, le Roi Léon s’adresse aux enfants en ravissant leurs parents. Alors que la petite sœur de Pico Bogue vit ses aventures entourées de ses doudous, de façon universelle, sans ancrage précis, le Roi Léon joue la carte locale. Pays Basque et fêtes de Bayonne sont des impondérables de chacun des épisodes. Même si les autochtones y trouveront avec délectation leur compte, les autres suivront les histoires du Roi avec plaisir. Il n’y a pas de privates jokes. Alsaciens, corses et autres bretons s’amuseront tout autant à la lecture. Un grand éditeur devrait se pencher sur la question pour que les albums soient diffusés dans toute la France.
© Duverdier, Duverdier, Grzimek - Malta
Ha, Léon, Léon, Léon, roi de Bayonne, roi de Bayonne ! Ha, Léon, Léon, Léon, roi de Bayonne et roi des albums illustrés !
Laurent Lafourcade
Série : Roi Léon
Tome : 13 - Le berger des fêtes
Genre : Humour basque
Dessins : Jean Duverdier
Scénario : Maya Duverdier
Couleurs : Ainhoa Grzimek
Éditeur : Asp
ISBN : 9791092817133
Nombre de pages : 24
Prix : 5 €
"C’est donc au moment du Lotus bleu que j’ai découvert un monde nouveau. Pour moi, jusqu’alors, la Chine était, en effet, peuplée de vagues « humanités » aux yeux bridés, de gens très cruels qui mangeaient des nids d’hirondelle, portaient une natte et jetaient les petits enfants dans les rivières… (…) C’est à partir de ce moment-là que je me suis mis à rechercher de la documentation, à m’intéresser vraiment aux gens et aux pays vers lesquels j’envoyais Tintin, par souci d’honnêteté vis-à-vis de ceux qui me lisaient : tout ça grâce à ma rencontre avec Tchang !" Hergé
Après les semi-improvisées premières aventures, avec Le Lotus bleu, Hergé propose pour la première fois un récit construit, cohérent, intelligent et travaillé. Si cela a pu se faire ainsi, comme l’a expliqué Hergé, c’est grâce à sa rencontre avec Tchang, jeune étudiant chinois en Belgique. Parue pour la première fois en album en 1936, l’aventure envoie Tintin en Extrême-Orient. Le reporter quitte le palais du Maharadjah de Rawhajpoutalah pour se rendre en Chine. Il va tenter de démanteler un gang de trafiquants d’opium dirigé par Rastapopoulos et Mitsuhirato. Il sera aidé par Tchang, un jeune chinois qu’il sauvera de la noyade. Tchang aide Tintin pendant que Tchang aide Hergé. La fiction et la réalité s’écrivent en parallèle. Accompagné par Li Xiaohan, professeur de chinois, Patrick Mérand propose de déceler les secrets du Lotus bleu.
© Hergé - Tintin imaginatio
© Sépia
L’auteur raconte pour débuter la genèse de l’album, son succès et les relations entre Hergé et Tchang Tchong-Jen venu perfectionner ses connaissances artistiques en Europe. Les aléas de la vie sépareront les jeunes hommes qui se reverront seulement en 1981, une quarantaine d’années après leur rencontre. Mérand resitue ensuite le contexte historique : Shanghai dans les années 30, le rôle de la Société des Nations (SDN), l’attentat sur la ligne de chemin de fer de Moukden en Mandchourie, dont Hergé s’inspirera, l’invasion japonaise en Chine, les concessions étrangères, les fumeries d’opium, qui donneront une des images les plus mythiques de la série, et les inondations du Yang-Tsé-Kiang.
© Sépia
Le cœur de l’ouvrage est consacré au décryptage de toutes les indications linguistiques qui parsèment l’album. Au fil des cases, les idéogrammes chinois écrits par Tchang sont explicités et traduits, des enseignes aux publicités, des affiches aux panneaux indicatifs. Des encarts explicitent coutumes ou contexte : les pousse-pousse, les toits sculptés, les dragons,… Le livre a eu le privilège de pouvoir bénéficier d’illustrations originelles de la bande dessinée. On peut ainsi comparer l’image de Tintin et Milou dans une rue de Shanghaï avec la photo qui a servi de modèle.
© Sépia
Le Lotus bleu n’aura maintenant plus de secret pour vous. Il ne reste plus qu’à se replonger dedans pour une approche plus immersive. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
One shot : Le lotus bleu décrypté
Genre : Ouvrage d’étude
Auteurs : Patrick Mérand & Li Xiaohan
Éditeur : Sépia
ISBN : 9782842801533
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
"-Pourquoi créer de nouveaux personnages alors que certains peuvent servir de matrice et s'en enrichir ? Il faut qu'un album isolément soit intéressant, mais il faut aussi que l'ensemble des albums ait une richesse supplémentaire, et que ce ne soit pas une simple répétition d'actions et de scénarios." Citation de Lewis Trondheim à propos de Lapinot
Lapinot se balade en forêt. Il arrive près de ruines. On dirait celles d’une cathédrale ou plus modestement d’une église. Va-t-il s’aventurer à l’intérieur ? Un coup d’œil dans l’escalier qui descend vers une crypte. Non. Il préfère renoncer. Près de là, un cimetière. Les ronces et feuillages envahissent les sépultures. Un bruit se fait entendre d’un caveau. Ce n’est qu’un oiseau jaune. Lapinot poursuit son bucolique cheminement forestier. Il trouve par terre un collier orné de cinq têtes de morts et se l’attache autour du cou. Mais quelle est donc cette main grisâtre qui semble vouloir l’agripper ?
© Trondheim - L’association
Ce 31 juillet n’est pas une histoire, c’est une poésie. Lewis Trondheim écrit, ou plutôt dessine, un poème émouvant, un haïku mystérieux. L’auteur joue avec les faux semblants. Le fantastique frappe à la porte de chaque scène. Au fil des séquences, on est persuadé que le récit dérive vers le surnaturel. Chaque fois, le fantastique est déjoué par une surprise, une astuce inattendue. Sera-ce aussi le cas lorsque Lapinot recevra un coup de fil de son ami Richard ?
© Trondheim - L’association
Lewis Trondheim n’en finit pas d’étonner. Lapinot quitte le 48 CC pour un mini-album sans paroles. La série relancée depuis huit épisodes maintenant à l’Association se transforme en véritable cabinet de curiosités dans lequel l’auteur expérimente techniques et modes de narration nouveaux. Les tomes 5.1 et 5.2 étaient deux pattes de mouche. Même quand il reste dans le fameux format classique 21x29,7, Trondheim innove, comme on a pu le voir et le lire avec Par Toutatis !, parodie d’Astérix. Pour une fois, les couleurs ne sont pas signées Brigitte Findlaky mais Lewis lui-même. Il faut dire que chaque page est une petite aquarelle que l’on pourrait accrocher au mur. Rares sont les auteurs qui représentent de manière aussi merveilleuse les forêts.
© Trondheim - L’association
31 juillet est sûrement la date à laquelle Lapinot a fait sa balade. Sinon c’est le jour où Lewis Trondheim l’a écrite. Et pourquoi ne serait-ce pas les deux ? Peu importe, on est libre ce jour-là comme n’importe quel autre pour accompagner le plus merveilleux lapin de la bande dessinée.
Laurent Lafourcade
Série : Les nouvelles aventures de Lapinot
Tome : 8 - 31 juillet
Genre : Chronique fantastico-bucolique
Scénario, Dessins & Couleurs : Lewis Trondheim
Éditeur : L’association
ISBN : 9782844149336
Nombre de pages : 48
"-Chacun est libre d’adopter les armoiries qu’il veut… à condition toutefois de ne pas usurper celles d’autri !
-Je ne saisis pas…
-C’est très simple… Dans le cas de deux familles vivant chacune à un bout de l’Europe et possédant deux blasons semblables, on peut évoquer le hasard… Dans le cas d’un voisin, il ne peut s’agir d’une coïncidence ! C’est un acte délibéré ! Un délit !"
XIIIème siècle, Castel d’Aigremont. Landri, moine défroqué féru en héraldique, dîne chez le Seigneur des lieux. Celui-ci se trouve confronté à une problématique. Il serait d’après lui victime d’une usurpation de blason. A deux pas de là, un fâcheux se plaît à exhiber des armoiries en tous points semblables aux siennes. Il demande à son hôte de confondre l’imposteur. Aidé de Mayeul, le jeune peintre orphelin qu’il a pris sous son aile, le héraut va mener une enquête jusqu’aux origines de la création de l’objet du délit.
© Corbeyran, Bègue, Fernandez - Delcourt
XXème siècle, hiver 2001, SRPJ de Versailles, antenne d’Evry. Ludovic Armoët, lieutenant de Police venu de La Réunion, a quitté les stups pour la brigade financière. Son chef lui présente Sacha Kassar, dirigeant une importante société, s’estimant victime d’une fraude. Le coupable présumé est identifié. Il va falloir démêler tout un tas de complexes écritures comptables pour le confondre dans un dossier solide qui sera déposé au juge. Monsieur Kassar met à disposition de Ludovic tous les livres de comptes de l’entreprise de composants électroniques qu’il commande. Ces composants permettent de stocker des informations dans la mémoire des ordinateurs. La grande majorité de la production est destinée à la Chine, marché d’avenir. Le suspect est le propre cousin du patron. L’affaire va se trouver beaucoup plus complexe qu’en apparence à résoudre pour Ludovic.
© Corbeyran, Armoët, Malisan, Zeppegno - Delcourt
Dans Hérauts, une « simple » affaire de plagiat ou d’usurpation se transforme en histoire de serial-killer satanique. Là où le scénariste Corbeyran est très fort, c’est que son histoire pourrait, à l’habillage près, se passer à n’importe quelle époque. Il choisit le Moyen-Âge pour expliciter tout l’art de l’héraldique, avec fluidité et passion, sans didactisme mais avec précision. A la grande époque de Vécu, dans les années 80, chez Glénat, cette série aurait été un best-seller, c’est certain. Nicolas Bègue est un excellent dessinateur réaliste, au trait à mi-chemin entre ceux de Christian Rossi et de François Dermaut. Les auteurs montrent que l’on peut encore moderniser tout ce qu’il y a de plus classique en bande dessinée. La série mériterait vraiment de sortir du lot.
© Corbeyran, Bègue, Fernandez - Delcourt
Flic à la PJ est une série contemporaine basée sur des histoires vraies arrivées au policier Ludovic Armoët. Après l’affaire de stupéfiants de Go Fast, le flic nous entraîne dans une affaire d’arnaque interne dans une entreprise. On a parfois l’impression d’être dans une aventure de Largo Winch, jolies filles et courses-poursuite en moins. On n’est pas dans un thriller d’action mais dans une problématique de mistoufle économique. Corbeyran fluidifie le récit inspiré de faits réels vécus par le policier scénariste principal protagoniste de l’intrigue dont les tenants et aboutissants ne sont pas forcément simples à comprendre pour le profane. Le passé d’Armoët s’intercale dans cette enquête. Il explique pourquoi et comment il a quitté son île de la Réunion natale pour la grisaille de l’Île-de-France. Au dessin, Luca Malisan a assoupli son trait réaliste. Chiara Zeppegno a humanisé ses couleurs. Les conseils semblent avoir été entendues. Les progrès par rapport au tome 1 sont flagrants.
© Corbeyran, Armoët, Malisan, Zeppegno - Delcourt
A sept siècles d’écart, Corbeyran poursuit deux séries polars tout aussi inquiétantes qu’immersives.
Laurent Lafourcade
Série : Hérauts
Tome : 2 - Le griffon
Genre : Histoire
Scénario : Corbeyran
Dessins : Nicolas Bègue
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413029830
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
Série : Flic à la PJ
Tome : 2 - Arnaque, crime & TVA
Genre : Polar
Scénario : Corbeyran
D’après un récit de : Ludovic Armoët
Dessins : Luca Malisan
Couleurs : Chiara Zeppegno
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination
ISBN : 9782413042532
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
"-Direction l’école ! J’ai trop hâte de retourner étudier au château ! L’académie royale, ça m’avait manqué !
-Eh, regarde… Tous les copains arrivent aussi ! Et avec leurs animaux de compagnie ! Corentin avec une grosse limace ! Lou avec une sorte de cochon ronchon ! Vera, la princesse aux vers de terre ! Orson et un petit pingouin ! Et Rex-Emilien ? Tu n’as plus ton œuf ?
-En fin de compte, tu as choisi un petit chat à deux têtes ? C’est trop chou !
-Bah nan, mon œuf, il est là… Ça, c’est mon pain au chocochat pour le goûter. "
Migali et ses amis reprennent le chemin de leur prestigieuse école : le château des 10 Royaumes. Cette année, tous les élèves doivent venir avec un animal de compagnie. Migali est accompagnée de Mille-pattes, son petit chat noir. C’est un chat-araignée à huit pattes ! Il peut aussi servir d’écharpe ou de boudin de porte pour bloquer les courants d’air. Il peut même remplacer un chausson quand on en perd un. Azzo arrive avec la plus terrifiante et la plus sombre créature du royaume : un loup des ténèbres. Son corps est un brouillard, une ombre de brume, de vapeur de néant et d’âmes tourmentées. Ça n’a pas l’air d’effrayer tant que ça les copains. Bref, les créatures vont s’intégrer et participer en classe. L’année ne risque pas d’être ennuyeuse.
© Arlène, Lambert – Auzou BD
Migali, c’est comme une meilleure copine, le genre de celles qu’on ne voit pas forcément tous les jours mais qu’on a l’impression d’avoir quitté la veille et avec qui on sait qu’on va se marrer un bon coup. Après le camp type scout du volume précédent, on la retrouve entourée d’animaux fantastiques. Notre petite fille araignée préférée va en voir des vertes et des pas mûres avec ceux de ses camarades. A propos de vert, Rex-Emilien est flanqué d’un bébé œuf qui cache en fait quelque chose d’exceptionnel. No spoil ! Vous le découvrirez dans l’album. Si Parfaite a une banale et magnifique licorne qui fait des jalousies, le caractère du cochon ronchon de Lou ne fait pas d’envieux.
© Arlène, Lambert – Auzou BD
Alexandre Arlène et Fabien Öckto Lambert ont trouvé la formule gagnante. Avec tout le respect qu’on lui doit, Mortelle Adèle n’arrive pas à la cheville de Migali. Dans Migali, on ne sourit pas, on rigole. Ça se remarque dès la couverture. On le voit avec l’hilarante tête de la gamine. Et ça va continuer pendant tout l’album. Les auteurs intercalent les gags avec des petites surprises, comme des goodies intégrés. Le lecteur pourra rajouter son portrait et celle de son bestiau à la photo de classe de l’Académie Royale. Rex-Emilien donne la recette du pain au chocochat, clin d’œil à la nouvelle série Chocochat et moi qu’ont lancée les mêmes auteurs chez BD Kids. Un jeu met au défi de trouver six animaux fantastiques planqués dans le livre. Et attention, il y en a un qui est extrêmement bien caché ! Enfin, comme un rituel maintenant, les dernières pages sont composées de dessins de lecteurs intégrés à des scènes avec les personnages de la série.
© Arlène, Lambert – Auzou BD
Ne gardez pas Migali pour vous. Offrez ses albums à tout le monde. Migali, c’est de la bonne humeur et de la rigolade à distribuer, c’est un remède contre la morosité qui marche de 7 à 77 ans, sinon, c’est que vous avez été atteint par la tristitude. Mais ça se soigne. Vous allez adorer les araignées !
Laurent Lafourcade
Série : Migali
Tome : 4 – Avalanche d’animaux fantastiques
Genre : Humour arachnide
Scénario : Alexandre Arlène
Dessins & Couleurs : Fabien Öckto Lambert
Éditeur : Auzou BD
ISBN : 9791039518345
Nombre de pages : 104
Prix : 10,95 €
"-By jove, où ai-je fourré ce maudit appareil ?
-Est-ce cela que vous cherchez, old chap ?
-Francis, mon ami, vous sauvez mon expédition !
-Qui osera prétendre que la distraction des savants est un mythe ?
-Quelle expédition, au fait ?
-Je pars demain. Les monts Irendik. Vous connaissez ?"
Le professeur Mortimer vient de recevoir son visa diplomatique. Il va pouvoir partir pour les monts Irendik, dans l’Oural, au nord du Kazakhstan, aux marches de l’Europe et de l’Asie, au cœur de l’empire soviétique. Il y est attendu par Olga Mandelstam, une vieille amie qui a besoin de ses compétences en archéologie. La cité d’Arkaïm pourrait être plus ancienne que la pyramide de Khéops. Ce serait une découverte archéologique sans précédent. Le professeur n’a pas peur de se rendre à l’Est. Ses démêlés passés avec le KGB ne lui ont apparemment pas servi de leçon. Blake, quant à lui, se rend à Genève. Il y est reçu sur un bateau par le Général Carver avec d’autres confrères des services secrets. L’ordre du jour est la mise au point des derniers détails de l’opération Prince. Le président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy, vient passer huit heures à Berlin. Il va falloir assurer la sécurité de la visite.
© Bocquet, Fromental, Aubin, Croix – Dargaud/Blake et Mortimer
Une fois n’est pas coutume. L’histoire sert à parts égales Blake et Mortimer. L’album se divise clairement en trois parties. Dans les deux premières, imbriquées, on suit Mortimer d’un côté et Blake de l’autre. Ils se retrouveront pour un final… historique. On ne savait pas que nos camarades du Centaur Club étaient présents à Berlin le jour du fameux discours dans lequel Kennedy prononça sa célèbre phrase : « Ich bin ein berliner ». José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental ont concocté un récit d’espionnage haletant. Olrik tient un rôle effrayant. Tel un Hitler dans son Nid d’aigle, il est plus redoutable que jamais.
© Bocquet, Fromental, Aubin, Croix – Dargaud/Blake et Mortimer
Antoine Aubin, peut-être le meilleur repreneur de Jacobs, réalise un impeccable album dans la plus pure tradition de la ligne claire. Il s’amuse avec un casting aux clins d’œil cinématographiques. Le professeur Kranz est joué par Peter Van Eyck, célèbre acteur chef des services secrets dans L’espion qui venait du froid, et qui a aussi joué le Docteur Mabuse dans les années 60. A l’aéroport de Moscou, un colonel est campé par un Vladimir Poutine. Alfred Hitchcock apparaît en caméo comme à son habitude dans ses films. Il y a même un infirmier de service, au « physique dissuasif », joué par Jean-Luc Fromental. Enfin, JFK tient son propre rôle. Les scénaristes multiplient les références. Si celle à Orange mécanique est flagrante (Pauvre Mortimer !), celle au film Volte-face de John Woo est plus subtile (affaire de changements de visages). Une scène de poursuite en voitures fait référence à L’affaire Tournesol. Tout ça ne sont que quelques exemples.
© Bocquet, Fromental, Aubin, Croix – Dargaud/Blake et Mortimer
Ces heures à Berlin en compagnie de Blake et Mortimer sont une délectation. Après le plutôt décevant Dernier Espadon, nos héros sont de retour comme en 50. Un des meilleurs albums de la série de l’ère post-Jacobs. On attend à présent un nouveau Sente/Juillard dont l’action restera dans la perfide Albion.
Laurent Lafourcade
Série : Blake et Mortimer
Tome : 29 - Huit heures à Berlin
Genre : Espionnage
Scénario : José-Louis Bocquet & Jean-Luc Fromental
Dessins : Antoine Aubin
Couleurs : Laurence Croix
Éditeur : Dargaud
Collection : Blake et Mortimer
ISBN : 9782870972366
Nombre de pages : 64
Prix : 15,95 €
"-Papa, j’ai faim !
-Je vais voir ce que fait maman, d’accord ? Margaux, vous pouvez garder Sofa ?
-Bien sûr ! Gabin, ma femme n’est pas redescendue ?
-Non, je ne l’ai pas vue, Monsieur."
Hôtel Alamanda. Nous sommes en pleine après-midi à Saint-Gilles-les-Bains, sur l’Île de la Réunion. En ce vendredi 29 mars 2019, Liane Bellion quitte la piscine de l’établissement pour rejoindre sa chambre. Lorsque son mari Martial va voir ce qu’elle fabrique, laissant leur fille Sofa sous la surveillance d’amis, il trouve la porte fermée à clef. Il va chercher un double à la réception et découvre la chambre saccagée et des taches de sang. Liane a disparu. D’après les témoignages d’une femme de ménage, Martial serait monté une première fois avant. Le mari devient le suspect idéal. La Capitaine Eve-Marie Aja, la zarabe métissée créole, est sur l’enquête, aidée par Christos, un ancien gendarme de La Courneuve muté sur l’île depuis 30 ans. Entre fausses apparences et passé trouble, l’affaire Bellion ne va pas être simple à démêler.
© Cassegrain, Duval, Bussi - Dupuis
Un petit séjour au soleil avec piscine, cocktails et farniente ? Ce n’est pas vraiment ce que propose Michel Bussi dans ce polar incroyable comme il sait si bien les ficeler. Très vite après la disparition de son épouse, Martial s’évade dans la nature réunionnaise avec sa fille. On ne sait pas si Liane est morte ou enlevée. Ce que l’on sait par contre, c’est que des cadavres viennent agrémenter l’enquête. On se doute que tout est lié. Évidemment, il serait trop facile que Martial Bellion soit un mari jaloux ou volage ayant zigouillé sa femme pour s’en débarrasser. L’histoire est si savamment construite que tout laisse penser qu’il en est l’instigateur. Les faits sont tellement intangibles qu’on voit mal comment le type n’est pas un salaud complet. Mais tu ne vas pas nous avoir si facilement, Michel Bussi ! Ha, ha ! Toujours est-il que ce récit est le genre de bouquins impossible à refermer avant la fin.
© Cassegrain, Duval, Bussi - Dupuis
De nombreux romans de l’écrivain ont été adaptés en bande dessinée. Après Nymphéas noirs, c’est la deuxième fois que Stéphane Duval et Didier Cassegrain sont aux manettes d’une de ces transpositions. Duval s’empare savamment des romans de l’auteur pour en extraire la substantifique moëlle. Et ce n’est pas facile dans ces longues enquêtes policières aux multiples personnages. La particularité de Ne lâche pas la main est le décor bien sûr, cette magnifique Île de la Réunion, mais surtout la force des rôles secondaires comme Christo, expatrié qui connaît mieux l’île que bien des locaux, ou Imelda, la Miss Marple cafre, et toute la marmaille qui l’entoure. Cassegrain les campe en leur donnant toute la dimension nécessaire. Il dépeint également la Réunion de façon magistrale jusqu’à ses moindres recoins non fréquentés par les touristes, avec des couleurs qui donnent la température. Le Cap Méchant, la plage des Roches noires, le Cap Marianne, la route forestière du volcan, la plaine des Sables, l’immersion est totale.
© Cassegrain, Duval, Bussi - Dupuis
Comme le western, le polar est un genre idéal pour la bande dessinée. Quand il s’agit d’une adaptation fort réussie comme celle-ci, si ça peut amener à la BD des lecteurs de romans, pour qu’ils se rendent compte de la plus-value qu’elle peut apporter, le pari est doublement gagné.
Laurent Lafourcade
Version collector
One shot : Ne lâche pas ma main
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Fred Duval
D’après : Michel Bussi
Dessins & Couleurs : Didier Cassegrain
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
ISBN : 9791034749850
Nombre de pages : 136
"-Lucie !!! …
-Quoi ?
-Le Musée du Louvre cherche un gardien de nuit !
-Et alors ?
-Mais Babi, où vas-tu ?
-Mais au Louvre. Tu ne te rends pas compte ! Il va y avoir mille demandes.
-… Pour être veilleur de nuit ?"
Passer ses nuits au milieu de ce que le génie humain a créé de plus beau, voilà ce dont rêvait Babi Maklouf. Fin des années 30, il a quitté avec femme et enfants son Algérie natale pour la France, cœur du monde, fille de la liberté, le plus beau royaume après celui du ciel. Voilà qu’une opportunité se présente à lui. Babi découvre dans le journal que le Musée du Louvre cherche un gardien de nuit, lui qui en rêvait, de somptueux tableaux, de sublimes sculptures, des femmes belles comme Diane à la biche ou la Vénus de Milo. On est en 1939. Tout s’annonçait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que, l’année suivante, en 1940, le bruit des bottes retentisse dans la capitale française. Comme d’autres, Babi se voit confier une mission par le conservateur : exfiltrer les plus grandes œuvres afin qu’elles ne tombent pas entre les mains des nazis.
© Depedri, Chouraqui - Glénat
Elie Chouraqui raconte l’histoire de son grand-père. Le réalisateur et metteur en scène se lance dans la bande dessinée. On y découvre comment Babi Maklouf s’est trouvé au volant d’un camion rempli d’œuvres avec toute sa famille dans l’habitacle de la cabine, fuyant Paris. C’est Jacques Jaujard, le conservateur du Louvre, qui eut cette idée de génie d’organiser cette fuite des œuvres d’art dans une opération nommée « La Joconde a le sourire ». Empaquetés par des employés et des étudiants, les tableaux sont chargés dans des véhicules adéquats. Babi s’est donc porté volontaire pour en conduire un, direction un château de Province prévu pour les stocker. Grâce à ce stratagème, aucune œuvre ne sera perdue. Elie Chouraqui avoue avoir imaginé certains dialogues, romançant légèrement les choses.
© Depedri, Chouraqui - Glénat
La dessinatrice italienne Letizia Depedri publie ici son premier album en France. A partir de photos de famille de Chouraqui, elle a fait une famille de papier en s’éloignant de la réalité pour rester dans le style de son trait. Elle laisse parfois des cases sans contours, pour mettre en exergue des moments d’émotion. Au Louvre, elle joue sur des effets de lumière, avec des effets d’ombre. Les statues égyptiennes attendent dans le calme et une certaine sérénité, comme si elles savaient qu’elles étaient en sécurité. Depedri redessine également quelques chefs-d’œuvre de la peinture. On ressent sa passion pour l’art. Avec son trait semi-réaliste, elle fait de la saga des Maklouf un voyage incroyable, de l’Algérie à la France, puis de Paris à la Province.
© Depedri, Chouraqui - Glénat
La trilogie du Héros du Louvre devrait devenir un film en 2024 avec Kad Merad dans le rôle de Babi. En attendant, c’est une bande dessinée dans laquelle l’amour de l’art n’a pas de coût face au prix du danger. Vibrant.
Laurent Lafourcade
Série : Le héros du Louvre
Tome : 1 - La Joconde a le sourire
Genre : Aventure historique
Scénario : Elie Chouraqui
Dessins & Couleurs : Letizia Depedri
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344051313
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
"-Alors, qu’est-ce qui se passe, Jo ?
-J’ai des emmerdes. Un mec qui me cherche su suif.
-Qui ça ?
-Bébert-la-gambille. Un pote de l’ancien temps, vous voyez ce que je veux dire ? Il a pris vingt piges pour un casse glandilleux, sauf que les vingt piges sont devenues dix et qu’il vient de sortir."
Juin 1967, Paname… Paris, quoi. Jo n’est pas transporté de joie que son pote Bébert-la-gambille soit sorti de taule. Ils ont fait pas mal de turbin ensemble dans le temps mais se sont quittés sur une mauvaise note. Jo a refusé de participer au coup foireux qui a amené Bébert en prison. Ce dernier pense que c’est Jo qui l’a balancé et est même persuadé qu’il lui a piqué son grisbi, un butin estimé à deux cent cinquante mille francs. Il lui a donné un mois pour le rembourser. Jo raconte tout ça à ses potes Toine et le Grizzli et leur demande de mettre leur nez dans l’affaire.
© Simon, Matz - Dargaud
Un drôle de chabanais sent bon les films de truands aux dialogues signés Michel Audiard, Un drôle de chabanais, ça signifie « un sacré bordel ». Ça va chauffer entre flics et truands, deux mondes entre lesquels la frontière n’est pas si épaisse que ça. Guy Roussel, alias Le Grizzli, est un ancien boxeur. Dans le fond et dans la forme, il a tout de Lino Ventura qui jouait ce genre de rôles au cinéma après avoir été catcheur. Aujourd’hui, le Grizzli est rangé des voitures. Enfin, pas toutes, parce qu’il s’est reconverti en concessionnaire auto chez Citroën, qui a avalé Panhard. Il est un peu nostalgique mais c’est la vie. Ancien garçon d’écurie, Toine est dans les canassons. Son paradis, c’est les champs de courses. C’est là qu’il est interpelé par l’inspecteur Gourmé, de la police judiciaire du fameux et mythique Quai des orfèvres. Le flic lui demande de le rencarder dès qu’il a vent de quoi que ce soit sur Bébert qui chercherait à se venger de Jo.
© Simon, Matz - Dargaud
Matz, c’est un homme, un mec, un mastard, un costaud. Matz, c’est aussi le scénariste de cette série, hommage au polar noir français des années 60, avec des truands attachants, des flics qui n’hésitent pas à flirter avec la racaille, et des traîtres de tous les côtés. Rien n’est ni tout blanc, ni tout noir dans ce monde là. S’il a choisi ce pseudonyme là, c’est justement pour son amour du genre, et en particulier pour l’œuvre d’Albert Simonin, auteur de Touchez pas au grisbi ! Léo Malet, Frédéric Dard et Alphonse Boudard veillent également sur cette série qui permet de ne pas les oublier. Les dialogues sont dans leur jus. Il y a un petit lexique en fin d’albums pour ceux qui le jugerait nécessaire, mais l’intrigue se comprend parfaitement sans. Avec son trait semi-réaliste si familier depuis Rails, une des séries qui a fait le succès des éditions Delcourt au démarrage, Fred Simon donne vie à cet univers sixties dans lequel les femmes tiennent aussi leurs rôles pivots. Qu’est-ce qu’on serait sans les prix de Diane ?
© Simon, Matz - Dargaud
Allez, les gonzes et les greluches ! Roteuse au frais et bouquin dans les pognes, au page, au burlingue ou dans la tire, lisez Le Grizzli. Du vrai bon polar d’antan qui marche aussi bien maintenant.
Laurent Lafourcade
Série : Le Grizzli
Tome : 1 - Un drôle de chabanais
Genre : Polar
Scénario : Matz
Dessins & Couleurs : Fred Simon
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205089714
Nombre de pages : 64
Prix : 16,95 €
![]() |
©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
![]() |