Saint-Valentin, Dites-le avec des fleurs
On approche de la fête des amoureux. Chaque lecteur de Spirou est amoureux de son magazine. Alors, quand on a une sublime couverture signée Frédéric Pillot, illustrateur d’albums jeunesse et en particulier de la série lulu Vroumette, on ne peut qu’être sous le charme. Le dessinateur met en scène le Marsupilami qui observe deux éléphants qui roucoulent. On retrouve gags et récits complets sur le thème de l’amour. Ça fait du bien.
Les abonnés vont coller des autocollants Black Squaw sur leurs cahiers ou sur leurs frigos…au choix !
Spirou, ami, partout, toujours.
© Henriet, Yann – Dupuis
Histoires à suivre :
Frnck : Exode
Jérôme K. Jérôme Bloche : Et pour le pire
Récits complets :
Cœur collège : Un amour de Clovis (Maya & Beka)
Cœur et la vocation (Le) (Toulmé)
Remise à niveau (Bercovici & Bernstein)
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Capitaine Anchois
Crapule (La pause-cartoon)
Dad
Denise & Charles, chasseurs de créatures (Waltch, Gorobei & Ced)
Des gens et inversement (La pause-cartoon)
Edito (L’)
Elliot au collège
Feu de l’amour (le) (Martinage & Roulot)
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon)
Game over
Harry
Houba gags
Jeb Glithru (Gorobei & Ced)
Léon & Lena
Machine à tournedos (La)
Nelson
Pernille
Petit Spirou (Le)
Psychotine
Remise à niveau (Bercovici & Bernstein)
Solo, le petit robot (Martinage & Roulot)
Spoirou & Fantasperge (Marges de Sti)
Strip dont vous êtes la star (Le)
Tash & Trash (La pause-cartoon)
Willy Woob
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Cee Cee Mia
En direct du futur : La méthode Tebo
Jeux : Mon amoureux secret (Mouk)
Leçon de BD (La) : Laurel
Oncle Pop (L’) : Le baiser
Supplément abonnés :
Autocollants : Black Squaw
En kiosques et librairies le 9 Février 2022.
2,70 €
Laurent Lafourcade
« - Grish ! Quelle terrible nouvelle ! Heureusement, tu étais là !
- Comme vous le voyez, Seigneur Régent.
- Voyons, mon frère, pas de cérémonie entre nous ! Nous sommes une famille !
- Lythek est blesséé.
- Certes… Mais je suis heureux de voir que notre neveu est indemne ! On m’a dit que vous vous étiez bien défendu, Majesté !
- Merci, Seigneur Régent.
- Nous ferons parler les survivants pour savoir qui les a envoyés.
- Vos hommes les ont achevés, Seigneur Régent.
- C’est fâcheux ! Ils seront réprimandés !
- Oui, sans preuves, nous ne pouvons accuser personne. »
On dirait que les malheurs ne font que commencer pour la dynastie de l’Empire du bord. Héritier du trône d’Omnamül, Altek est destiné à prendre la suite de Sandrek, son père, qui était un formidable empereur, mais qui est mort, tout comme son épouse. Altek a une sœur, Humelle, mais il faut être un garçon pour pouvoir prétendre au trône. Pourtant, Altek n’est pas tout à fait celui que l’on croît, mais personne ne le sait, surtout pas son oncle Lompyste qui intrigue pour s’emparer du pouvoir. La veille du couronnement d’Altek, le monde s’arrête de tourner. Il va falloir trouver le moyen de le faire repartir.
© Arleston, Dimat, Torta – Bamboo
Arleston créé encore un nouvel univers d’Heroïc-Fantasy. A quoi bon, pourrait-on penser ? Pourquoi se lancer dans ce qui serait un énième Lanfeust ou une ixième Forêt d’opale ? Tout simplement parce que La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner, c’est tout sauf ça, et dans le fond, et dans la forme. L’idée lui est venue d’un monde qui s’arrête de tourner avec une face qui reste en plein jour et l’autre reste glaciale en nuit permanente. Sur une frange crépusculaire, la vie se concentre. C’est la dessinatrice Dana Dimat qui a souhaité une ambiance baroque. Cela a dirigé le récit vers un traitement plus léger, mais sur une trame solide. Dimat a pour la première fois imaginé graphiquement tout un univers. Après avoir été dans les codes précis des Elfes, elle peut se lâcher.
© Arleston, Dimat, Torta – Bamboo
De part sa maquette, sa narration et son découpage, cette baroque épopée se détache de la BD traditionnelle, et grâce en particulier à la graphiste Noémie Chevalier. La couverture ressemble à celles des romans young adults. Le titre est écrit en gros et présente le personnages principaux façon affiche de cinéma. L’histoire est chapitrée. Les personnages n’hésitent pas à s’adresser aux lecteurs, comme ces deux corbeaux qui commentent les événements. Le ton de l’ensemble est voisin de ce qu’a fait Lemony Snicket avec la série de romans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire. Paul Grimault et son roi et l’oiseau ne sont pas très loin non plus.
© Arleston, Dimat, Torta – Bamboo
Notre monde ne tourne plus à cause d’un fichu virus. Celui d’Omnamül est victime d’un problème d’un autre type qui l’empêche aussi de tourner. Espérons que chacun trouvera une solution.
Laurent Lafourcade
Série : La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner
Tome : Volume 1
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Christophe Arleston
Dessins : Dana Dimat
Couleurs : Florence Torta
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Nombre de pages : 80
Prix : 15,90 €
ISBN : 9782490735198
« - Microbe, tu sais qu’on dort en moyenne 7 h 47 par jour ?
- Ah !
- Et, en moyenne aussi, on vit quatre-vingt ans. Ça veut dire qu’on dort environ vingt-cinq ans dans notre vie.
- Wahooo, c’est beaucoup.
- Oui. Debouuut !!!
- Mais qu’est-ce que tu fais ?! T’es dingue !!!
- Je me suis dit que peut-être ton cerveau dormait les vingt-cinq ans d’un coup… Alors, j’essaie de le réveiller. DEBOUUUT ! »
Le cerveau de Tom est-il endormi ? C’est une théorie développée par Nina. Son frère ne semble pas convaincu, surtout quand sa sœur lui hurle aux oreilles. Tout avait pourtant bien commencé avec un acrostiche. Tom déclinait les lettres du mot AMOUR en Atomiser - Méga atomiser - Over atomiser - Ultra atomiser - Re-Mégaoverultra atomiser. En échange, Nina lui promettait de l’amour… beaucoup d’amour. Nul doute que ça n’allait pas tarder à fighter.
© Dutto, Bekaert – Soleil
Pourtant, un beau jour, Tom décide de devenir un frère d’amour. Sauf que… Chassez le naturel, il revient au galop. En guise de bouquet de fleurs, il offre un bouquet de chaussettes qui puent à Nina. Il lui apporte son petit déjeuner au lit : c’est un bol de lombrics. Il lui porte son cartable mais le fait atterrir dans un arbre. Il lui envoie des mots doux… avec un pistolet à fléchettes. Il la sert avant tout le monde en lui versant la bouteille d’eau sur la tête. Il la laisse passer en premier… quand il y a un grand trou sur le chemin. « Ce qu’il y a de bien avec l’amour, c’est que c’est contagieux. » Sa sœur lui en donnera tout autant.
© Dutto, Bekaert – Soleil
A part ça, Tom trouve le moyen parfait pour lutter contre sa sœur : devenir elle. Bienvenue à Tomina ! Il met les habits les plus moches qu’il puisse trouver. Il se décoiffe et attache tout ce qu’il peut avec des chouchous multicolores. Il se résout à prendre une douche. Enfin, il lit plein de livres pour remplir son cerveau et devenir intelligent… ou bien il fait semblant. Ainsi devenu sœur, il peut embêter la sienne avec ses propres armes. Machiavélique. Manquerait plus que Grimmy ait la même idée.
© Dutto, Bekaert – Soleil
Avec la régularité d’un métronome, comme tous les six mois, Olivier Dutto et son indissociable coloriste Benoît Bekaert sortent un nouvel album des P’tits diables. Tom et Nina sont devenus le vrai frère et la vraie sœur de dizaines de milliers de lecteurs qui sont ravis de les retrouver. Et quand on n’a pas vu son frère ou sa sœur depuis six mois, on passe un encore meilleur moment ensemble.
En 1969, Serge Gainsbourg et Jane Birkin chantaient « Je t’aime moi non plus ». Plus de cinquante après, dans un tout autre développement, Tom et Nina pourraient en reprendre le titre.
Laurent Lafourcade
Série : Les p’tits diables
Tome : 32 - Un amour de frère
Genre : Humour fraternel
Scénario & Dessins : Olivier Dutto
Couleurs : Benoît Bekaert
Éditeur : Soleil
Nombre de pages : 48
Prix : 10,50 €
ISBN : 9782302091139
« - Qu’est-ce que c’est, pour vous, l’Amérique ?
- C’est un pays où j’ai vécu sept ans, que je connais bien et qui défie la définition. On ne peut pas dire qu’on aime ou qu’on n’aime pas l’Amérique. C’est un monde, c’est un univers avec d’énormes défauts, des qualités absolument incroyables. Quand on a vécu parmi les Américains, on est marqué pour toujours par leur façon de voir. On a envie de quitter l’Amérique, et en même temps l’Amérique exerce sur vous un pouvoir extraordinaire. »
Tout le monde connaît le Goscinny scénariste d’Astérix, Lucky Luke, Iznogoud ou autres Petit Nicolas. Beaucoup le savaient rédacteur en chef du journal Pilote. Les plus curieux n’ignoraient pas qu’il avait passé son enfance en Argentine. Peu savent qu’il a appris l’essentiel de son métier à New-York, au cœur de Manhattan, aux côtés de Harvey Kurtzman et de sa bande de Mad. C’est cette période américaine que nous raconte Clément Lemoine dans cet essai qui ne se contente pas de raconter le Goscinny-scénariste mais expose un Goscinny-citoyen du monde. Le livre montre la vision de l’Amérique de l’époque pour un immigré tout autant que la façon dont s’est forgé l’humour de marque « Goscinny ».
Photo du permis de retour de Goscinny aux Etats-Unis, établi en mars 1948
Clément Lemoine met de l’ordre dans une vie maintes fois racontée mais avec de nombreuses inexactitudes, certaines dues même aux propres extrapolations de Goscinny. Le livre débute par une partie biographique abondamment sourcée. La suite décrit les conséquences de cette période américaine de sept ans sur la carrière et l’œuvre du scénariste.
L’histoire commence comme un drama hollywoodien. La famille vit bourgeoisement en Argentine. Le père meurt le soir de Noël 1943. Il faut se mettre au travail. René, 17 ans, bachelier, commence à gagner sa vie en rentrant dans le service comptable d’une société. Il enchaînera les expériences sans passion, pendant qu’il publie ses premiers textes et dessins. 1945, USA, terre d’opportunités, l’appelle. Goscinny n’immigre pas depuis l’Europe, comme un certain trio Jijé-Franquin-Morris, mais depuis l’Argentine. Lemoine détaille avec minutie toute la carrière états-unienne du futur scénariste à succès, de Kunen Publishers à TV Family, jusqu’à l’après-Amérique. Dans le chapitre intitulé Les classes américaines, l’auteur de l’essai explique comment René a dégagé la substantifique moëlle de ses rencontres et expériences au pays de l’Oncle Sam pour devenir Goscinny. Dans la partie Une vision du monde, on apprend enfin comment il a tiré de son séjour les leçons politiques, économiques et culturelles que l’on retrouve dans son œuvre.
© Lemoine - La Déviation
Réédition augmentée d’un essai publié en 2012, un second livre vient compléter cette biographie ciblée. Dans Versions originales, Clément Lemoine analyse comment Goscinny a créé une œuvre à l’aura et aux acteurs internationaux. Astérix a voyagé à travers le monde, faisant de multiples rencontres. Des pionniers du monde entier ont mis le pied sur le sol américain pendant la conquête de l’Ouest : Lucky Luke les a croisés, que ce soit un grand Duc de Russie ou une actrice française. Ce ne sont que deux exemples dans l’œuvre de Goscinny. Grâce à des personnages de traducteurs et d’interprètes, le scénariste relie civilisations et cultures. En créant quiproquos et malentendus, Goscinny invente le comique de traduction. Lemoine recense tous les personnages de traducteurs et d’interprètes dans l’œuvre et en analyse l’utilisation dans les différentes histoires.
Couverture du book de Goscinny à destination des éditeurs américains
© Anne Goscinny
En 2017, la formidable exposition René Goscinny au-delà du rire lui rendait un hommage conséquent. Ces deux livres de Clément Lemoine démontrent que l’homme a eu une vie exceptionnellement riche et que son œuvre a un potentiel analytique conséquent.
Laurent Lafourcade
Dessin de couverture de Michaël Baril
One shot : Goscinny à New-York
Genre : Biographie
Auteur : Clément Lemoine
Éditeur : La Déviation
Nombre de pages : 248
Prix : 20 €
ISBN : 9791096373413
Dessin de couverture de Cabu
One shot : Versions originales
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Clément Lemoine
Éditeur : La Déviation
Nombre de pages : 128
Prix : 12 €
ISBN : 9791096373437
Sulfureux, inclassable, impayable, déjanté mais réfléchi (et encore, pas tout le temps d’après lui !), les qualificatifs ne manquent pas pour tenter, tenter seulement, de cerner Patrice Killoffer, dit Killoffer.
Son dernier album, « Killoffer, en chair et en fer », c’est du lourd, du très lourd … mais poétique, sensible et tellement inquiétant … sur notre avenir ! Dans un monde ultratechnologisé, compenser la solitude de sa vie banale, monotone, sans relief avec un robot, telle est la situation initiale ! En être malade à son remplacement … à tel point que son nouveau perçoit sa « détresse » sentimentale et décide d’y remédier … Une ode robotico-humaine basée sur une réflexion philosophique de Dominique Lestel dans son « Machines insurrectionnelles – une théorie post-biologique du vivant ».
Pour ma part, lorsque j’envoie notre reporter maison Thierry Ligot interviewer Killofer, je ne sais absolument pas où il va mettre les pieds ! Lui qui a l’habitude de préparer religieusement ses questions et se documente sur chacun des auteurs va être propulsé dans une autre dimension avec un auteur qui ne manque pas d’humour mais cash dans chacune de ses réponses.
L’interview à ne pas manquer ci-dessous :
© Killofer - Casterman
Propos receuillis par Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Titre : Killofer en chair et en fer
Genre : Humour
Éditeur : Casterman
Scénario : Killofer
Dessinateur : Killofer
Nombre de pages : 56
Prix : 24,00 €
ISBN : 9782203239968
« - Qui es-tu, l’ours ? Que fais-tu sur ces terres ? Et ne me mens pas, je le saurai…
- Je suis le prince Kodiak, émissaire du Royaume de Valencyre. Le mastodonte nous a capturés, mes amis et moi, sur les falaises au Nord… Nous étions en train d’échafauder un plan pour nous échapper, lorsqu’il a été pris dans une embuscade. Je ne saurai jamais pourquoi il nous a enlevés : il s’est affaissé sous une pluie de projectiles. Dans la chute, j’ai dû perdre conscience... »
Kodiak, prince Ours, a monté une expédition de mercenaires destinée à aller chercher des alliés dans les différentes cités animales, qui font l’objet de convoitises. Mais le périple a mal tourné. La troupe a été séparée par un éléphant de pierre revenu à la vie, mais rapidement abattu par une volée de flèches venues de nulle part. Kodiak est recueilli par une panthère à la tête d’une meute de singes, Nyx, la loutre, et Ifrit, l’humain ressuscité, ont disparu dans la jungle après avoir échappé à l’éléphant. Leurs compagnons tentent de les retrouver tout en fuyant leurs chasseurs. Le Royaume de Sobiakh, Roi-Dieu crocodile, est l’arène de tous les dangers. Pendant ce temps, dans la cité des ours, le régent Kermodes profite de l’état inquiétant du Roi Artus pour imposer sa loi. Entre alliances et trahisons, le trouble règne dans les royaumes animaux.
© Cassegrain, Dobbs, Vatine – Glénat/Comix Buro
Créé sur une idée originale d’Olivier Vatine qui a réalisé le story board du tome 1, Sa majesté des ours a tout d’un Seigneur des anneaux animaliers. Un danger, une bande d’individus d’horizons divers, une expédition dans des royaumes dangereux, tous les ingrédients sont réunis pour de la grande aventure comme on aime. Cependant, même si on est dans une aventure fantastique, le côté heroïc-fantasy reste léger. On ne croise pas des créatures biscornues dans tous les coins et les personnages ne font pas appel à la magie à tout bout de champ. Il y a du fantastique certes, mais utilisé avec parcimonie et comme seul élément de rebondissement.
© Cassegrain, Dobbs, Vatine – Glénat/Comix Buro
Le scénariste Dobbs a les mains complètement libres dans ce tome 2. Il met les personnages dans des situations inextricables, ne leur épargnant rien. Un conseil, ne vous attachez à personne. Comme dans Game of Thrones, ce n’est pas parce que l’on est un des personnages principaux qu’on va s’en sortir sans encombre jusqu’à la fin. A travers ces animaux et l’humain qui partage leur voyage, Dobbs en dit long sur la nature humaine. Au dessin, Didier Cassegrain est éblouïssant. Il n’a rien à envier à Juanjo Guardino. Ses animaux humanisés sont d’aussi bons acteurs que ceux de Blacksad. Comme on l’a dit pour le tome 1, la série pêche par ses couleurs trop sombres. C’est justifié dans certaines scènes, mais pas partout.
© Cassegrain, Dobbs, Vatine – Glénat/Comix Buro
Les lions ont eu leur roi. Les ours ont à présent leur majesté. Les griffes sont affutées et les crocs sont acérés.
Laurent Lafourcade
Série : Sa Majesté des Ours
Tome : 2 - Nous tomberons ensemble
Genre : Heroïc-Fantasy
Idée originale : Olivier Vatine
Scénario : Dobbs
Dessins & Couleurs : Didier Cassegrain
Éditeur : Glénat
Collection : Comix Buro
Nombre de pages : 56
Prix : 14,95 €
ISBN : 9782344035986
Conséquence musclée du tome précédent, nous retrouvons Terra Seconda en plein désarroi suite à la mort de Wismerhill ! Seul l’Unique fait désormais face aux hordes innombrables ! Ces dernières sont néanmoins elles-mêmes figées … frappées d’effroi par la perte de leur chef, Belzébuth ! Une guerre de succession pour le trône du Seigneur des Enfer pourrait sauver Terra Seconda … Mais Proserpine étouffe cet espoir dans l’œuf !
Ce calme éphémère ne durera pas … la horde infernale va se reprendre … Le flot incessant de monstres et démons plus terrifiants et assoiffés de sang les uns que les autres continue à débarquer sur son sol. Le combat avec les forces de Wismerhill semble à ce point inégal que son issue ne fait aucun doute.
Et subitement, au-dessus de son cadavre, apparaît son Ubik, son avatar … prêt à reprendre le combat.
Afin de l’aider, des alliés inattendus arrivent en renfort : Greldinard et ses féroces Orcs, les terribles dragons, prédateurs ultimes ou encore les armées des Elfes sombres.
Mais toujours et toujours, de nouvelles cohortes démoniaques se reformaient et repartaient à l’attaque.
La situation est désespérée … et à moins d’un miracle …
© François Froideval - Fabrice Angleraud - Amélie Vidal - Dargaud
Une fois de plus, nous sommes littéralement et graphiquement emportés sur Terra Seconda. Fabrice Angleraud n’en est peut-être pas un Mage mais la magie de son dessin donne à nouveau l’impulsion machiavélique nécessaire pour transcender la trame scénaristique, parfois faible, imaginée par François Froideval !
Une explosion visuel dans ses scènes de combats titanesques, ses décors grandioses, sans en oublier pour autant cette petite touche attendrissante d’humour caractérisant notamment certains de ses personnages. Le tout ne serait d’ailleurs pas aussi explosif sans la palette couleur remarquable d’Amélie Vidal.
© François Froideval - Fabrice Angleraud - Amélie Vidal - Dargaud
Avec ce 7e tome de la série à son actif, Angleraud conserve ces mises en pages dynamiques, ces grandes doubles-pages qui rythment de façon épique le récit depuis ses débuts.
Heureusement, ce 21e tome ne se limite pas qu’à une succession de scènes de bataille, de tueries, de massacres apocalyptiques. En effet, nous risquerions, à la longue, d’en être, malgré les quelques rebondissements et l’absence de certitude de la victoire finale de Wismerhill (non je blague, il doit évidemment gagner à la fin !), rapidement lassés. Froideval poursuit son désir de partager une vision plus utopique d’une société idéale, multifacette, multiculturelle. De gré ou de force, l’empereur Wismerhill y est son apôtre, comme il est au service de Methraton.
Nous pourrions donc nous dire que, cette fois, le scénario est plus fourni que certains tomes précédents, offrant des perspectives d’épanouissement pour les prochains …
Wait and see !!!
© François Froideval - Fabrice Angleraud - Amélie Vidal - Dargaud
Par contre, comme toujours dans cette saga, une couverture indéniablement à la hauteur de l’esprit héroïc fantasy global.
A lire, sans se soucier du reste ! Dépaysement garanti … et rapide !
Thierry Ligot
Titre : Sic Transit Gloria Mundi
Série : Les chroniques de la Lune Noire
Tome : 21
Éditeur : Dargaud
Scénariste : François Froideval
Dessins : Fabrice Angleraud
Couleurs : Amélie Vidal
Nombre de pages : 44
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782205085044
« - J’ai réalisé des plans à partir des données du sondeur. Ça donnerait ça.
- Des ruines ? Impossible...
- Pourquoi pas ? C’est à quoi ? Plus de 3000 mètres ? Ça fait combien de temps qu’elles seraient là ?
- Des centaines de milliers d’années. Peut-être un million d’années.
- Des hommes auraient construit ça il y a un million d’années ? Impossible, nos ancêtres se tenaient à peine debout. »
Au beau milieu de l’Antarctique, une expédition scientifique découvre sous terre les ruines d’une civilisation inconnue remontant à des temps immémoriaux. Les sondeurs ne peuvent pas se tromper. Là, sous leurs pieds, à plus de trois milles mètres, se trouvent des traces laissées par l’homme il y a près d’un million d’années. Qui plus est, des ultrasons se font entendre. Depuis Paris, Rochefoux, chef des expéditions polaires françaises, est convaincu qu’il est nécessaire de s’associer aux plus grandes nations du monde pour aller découvrir ce qui s’y cache précisément. Un voyage extraordinaire dans le temps et vers un passé lointain va pouvoir commencer.
© De Metter, Barjavel - Philéas
Ce que l’expédition va découvrir dépasse ce que les scientifiques pouvaient imaginer : une gigantesque sphère en or de trois mètres d’épaisseur et vingt-sept mètres de diamètre. L’équipe perce un trou pour pénétrer à l’intérieur où ils trouvent dans des sarcophages de glace un homme et une femme, nus avec des masques dorés. La femme est ranimée. Les objets sont analysés. Un cube projette des images, des sons et des voix comme une non-encore-inventée télé 3D. Un gant fait jaillir des éclairs explosifs. Quant aux êtres, ils viennent d’une autre planète : Gondawa. Pourquoi et comment sont-ils arrivés là ?
© De Metter, Barjavel - Philéas
Christian de Metter est, plus qu’un habitué, un spécialiste des adaptations littéraires en bandes dessinées. Son adaptation du Shutter Island de Dennis Lahane, du Scarface d’Armitage Trail ou encore celle d’Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaître étaient magistrales. On aurait pu penser Barjavel inadaptable. Macutay et Morvan s’étaient attaqués à Ravage. De Metter s’attaque à La nuit des temps qui, avant d’être un roman était un projet de film avorté. Revisite de La Belle au bois dormant et de Roméo et Juliette, La nuit des temps est une histoire d’amour à mort. Une fois que l’on a ouvert l’album malgré une couverture certes esthétique mais pas réellement efficace, on réalise comment De Metter apporte la noirceur de ses ambiances à la tragédie. Il réalise une véritable adaptation, permettant au roman d’être abordé sous un éclairage nouveau grâce au média BD.
© De Metter, Barjavel - Philéas
Jean Rostand disait : « Barjavel met chaque homme en face du problème de la signification de la vie. ». De Metter met en évidence cette analyse de la condition humaine.
Laurent Lafourcade
One shot : La nuit des temps
Genre : Anticipation
Scénario, Dessins & couleurs : Christian de Metter
D’après : René Barjavel
Éditeur : Philéas
Nombre de pages : 176
Prix : 25 €
ISBN : 9782491467135
« - Un peu plus à gauche… Là ! Parfait !
- Dis donc… Cette histoire de l’antiquaire me poursuit ! Et toi ?
- Ben… Moi aussi ! Cette armure… Je pense à quelqu’un, mais c’est ridicule !
- Mais non ! Dis-le : qui ?
- Monsieur Choc !! »
Quatre épisodes mythiques et un récit complet de Tif et Tondu sont rassemblés ici dans leur ordre chronologique. Deux histoires avec Choc, deux autres sans lui, mais toujours la même grâce qui touche ces aventures de l’âge d’or du Neuvième Art, le vrai, l’unique.
1966, Rosy est à la fois directeur artistique chez Dupuis et scénariste prolifique de Bobo, le bagnard qui ne réussit jamais ses évasions. Cette série lui apporte des bouffées d’oxygène et la récréation nécessaire à côté des aventures de Tif et Tondu, à la structure exigeante, et pour lesquelles il souhaite trouver une nouvelle orientation. Une planche psychédélique et surréaliste que Rosy publia cette année là dans Spirou témoigne de la veine new age vers laquelle se dirige le scénariste. Will, lui, comme chaque fois, a hâte de commencer à dessiner un nouvel épisode. Lui qui abat une demi-planche par jour ne supporte pas les temps de latence entre deux aventures de Tif et Tondu.
© Will, Rosy - Dupuis
Retour au récit de mystère avec Le réveil de Toar. Dans ce douzième album, Rosy, à la manière d’un Jean Ray, verse dans le fantastique. Un antiquaire apprend à Tif et Tondu qu’une énorme clé qu’il avait dans sa boutique avait disparu. Un voleur en armure l’aurait subtilisée. L’enquête va mener nos compères en Bretagne où ils apprendront qu’au XVème siècle le sire de Menhir terrorisait la région avec l’aide d’un géant qu’il avait forgé de ses mains et répondant au nom de Toar. Et quand il est question d’armure, Choc ne peut pas être bien loin.
© Will, Rosy - Dupuis
Bien avant le film Inception de Christopher Nolan, Maurice Rosy avait imaginé une histoire de Tif et Tondu où quelqu’un prenait le contrôle des rêves d’autrui. Cette histoire, c’est Le grand combat. Choc parvient à s’introduire dans les rêves de chacun, à amener ses victimes dans des endroits où ils connaîtront la peur. Les hommes les plus puissants de ce monde abdiqueront-ils sous la menace de ces nuits infernales ? Will y est au sommet de son art et réalise pour la seule et unique fois un album de Tif et Tondu en couleurs directes, un événement pour l’époque.
L’histoire courte La boîte à Tondu est un interlude faisant transition avant l’orientation nouvelle qui sera prise par l’histoire suivante. La boîte mystérieuse du fakir Guili-Bis va causer bien des ennuis à Tif, à Tondu, ainsi qu’au facteur qui passait par là.
© Will, Rosy - Dupuis
Le diptyque La Matière verte et Tif rebondit clôt ce volume. La première partie revient aux origines de la série, comme un écho à Fernand Dineur. On revient dans le burlesque de situation. Rosy, scénariste de Bobo, s’invite chez Rosy, scénariste de Tif et Tondu. Après avoir été félicités par le Président pour leurs exploits, un Ministre passionné de botanique leur confie une boule verte extraite d’une plante à l’impressionnant pouvoir élastique. A eux d’étudier ses propriétés. Mais la matière verte va susciter des convoitises.
© Will, Rosy - Dupuis
Comme la boule de matière verte, ça va être à Tif d’expérimenter les pouvoirs élastiques sur lui-même dans Tif rebondit. Piqué à la substance, il intéresse les pouvoirs politiques de nations étrangères qui veulent tout savoir sur ce qui pourrait devenir un atout majeur pour une puissance militaire.
Ce cinquième tome de la splendide intégrale bénéficie d’une introduction passionnante, précise et abondamment illustrée de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault. La genèse de chacun des récits est détaillée. On découvre également les sources de la création de deux autres séries : Isabelle pour Will, Attila pour Rosy. Cette intégrale marque la fin de la collaboration entre ces deux auteurs, les histoires oscillant entre mystère et comédie. L’avenir, avec Maurice Tillieux au scénario, sera plus marqué polar, mais ça, c’est une autre histoire.
En 1980, Will déclarait : « Au final, je ne suis pas négatif par rapport à la bande dessinée: elle m'a permis de gagner ma vie en m'amusant. Vous savez, c'est un métier intenable si on ne l'aime pas! On évoquait des scénarios qui m'ont moins amusé; à ces moments-là, j'ai des passades où j'ai envie de tout envoyer promener! Mais je ne crois pas qu'il soit possible de faire du bon boulot si on s'ennuie toujours en faisant sa BD... » Le dessinateur a toujours fait de l’excellent boulot et est à considérer avec autant d’importance qu’un Franquin, un Roba ou un Morris. Tif et Tondu est, reste et restera une série incontournable du catalogue des éditions Dupuis.
Laurent Lafourcade
Série : Tif et Tondu
Tomes : Intégrale 5 - 1966-1968
Genre : Aventures
Scénario : Rosy
Dessins : Will
Éditeur : Dupuis
Collection : Dupuis Patrimoine
Nombre de pages : 280
Prix : 35 €
ISBN : 9791034757435
La France de Jhen est décidément bien trouble et peu sûre. En vadrouille avec ses gens et sa soldatesque, afin de leur faire faire un brin d’exercice, Gilles de Rais se voit contraint de ferrailler avec une bande de marauds dont le chef attire immédiatement son attention. Immédiatement au point de le décontenancer sérieusement ! Qui donc ose porter une tunique arborant la fleur de Lys ?
Le choc entre les 2 groupes est brusque et violent ! Et après une poursuite puis un âpre duel, Gilles réussit à défaire et à assommer cet impudent … Mais quelle surprise alors qu’il lui ôte son heaume ! Une femme se cachait dessus, et pas n’importe quelle femme ! Jeanne ! Jeanne la Pucelle, avec qui il a combattu, quelques années plus tôt l’Anglais ! Jeanne qu’il a vue mourir sur un bûcher !
Sans hésitation, il la ramène, inconsciente, en son château de Tiffauges pour la placer sous la surveillance exclusive et secrète de Jhen.
© Pleyers, Néjib - Casterman
Réveillée, elle lui conte une intrigue surprenante. Elle est poursuivie par le redoutable écorcheur Villandrando, aux ordres de Yolande d’Aragon. Ce dernier doit la capturer et récupérer en même temps un mystérieux parchemin en la possession de Gilles. Il contiendrait un terrible secret écrit par l’Evêque de Beauvais, au lendemain de l’exécution de la Pucelle.
A la tête de son armée, Villandrando fait le siège de Tiffauges. Le Connétable étant ruiné et ne sachant plus entretenir un ost important, il est convaincu que cela ira vite. Conscient de sa faiblesse, Gilles demande à Jhen de s’enfuir avec Jeanne et … la lettre tant convoitée.
Leur fuite les mènent vers une bien curieuse et inquiétante communauté cachée dans un village troglodyte entre cascade et entrée sculptée. Elle est dirigée par leur « Mère à tous », jeune fille aveugle mais aux dons de clairvoyance troublants ! Là aussi, les intrigues et complots se multiplient …
Qu’adviendra-t-il de Jhen, de la lettre, de Villandrando, de Gilles de Rais ? La lettre sera-t-elle sauvegardée ? Qui est réellement « Jeanne » ? La Pucelle ou non ?
© Pleyers, Néjib - Casterman
Néjib a l’art de complexifier son scénario … peut-être trop ! Au point de se perdre dans certaines incohérences du récit. Néanmoins, le tout garde la marque « Martin » ! Avec les forces et les faiblesses de la série « Jhen ». Parfois trop de textes …
Par ailleurs, vous l’aurez compris … ce 19e tome fait une pirouette temporelle ! En effet, que deviendrait, à long terme, Jhen sans Gilles de Rais ? N’en est-il pas la lumière ? L’âme salvatrice ? Et Jhen n’en a-t-il pas besoin pour éviter de devenir un simple « héros » médiéval classique de BD franco-belge ? La question est posée … à chacun sa réponse !
Le retour également de Jean Pleyers au dessin reste un plaisir évident. Nous pourrions néanmoins regretter un trait parfois trop figé, une surcharge de détails dans les décors ici et là, des scènes d’action parfois trop « statiques ». Mais cela n’est-il pas sa patte ? La mise en couleurs porte aussi clairement sa « marque ». Légèrement plus lumineuse, elle redonne un éclairage proche des enluminures moyenâgeuses.
© Pleyers, Néjib - Casterman
Nous avons donc aimé ce nouveau tome qui offre des perspectives narratives intéressantes. Quelques nouveaux personnages mériteraient largement des développements dans de futures aventures.
Un Jhen dans la pure ligne « Martin » et offrant une belle place à des femmes de tête !
Thierry Ligot
![]() |
©BD-Best v3.5 / 2022 | ![]() |
![]() |