« Tout homme naît avec des rêves, peu y consacre leur vie entière et une poignée seulement les réalise ! »
Qu’en sera-t-il pour Gerry ?
Gerry est un petit garçon qui n’a pas de chance. Il perd sa maman très jeune, puis sa seconde « maman » 3 ans plus tard. Son père décide de refaire sa vie … sans ses enfants, lui et sa sœur Florence. C’est finalement un oncle et une tante, qui le recueille et lui offre la possibilité de faire les brillantes études auxquelles il rêve … car Gerry a déjà un rêve : fabriquer un canon qui permettrait d’envoyer des obus afin de livrer immédiatement le courrier à l’autre bout de la terre.
Cette idée, il l’a eue en lisant Jules Verne … « De la Terre à la Lune » !
© Girard – Casterman
Doué d’une intelligence hors norme, en avance sur son âge, il enfonce les portes des écoles et universités, tout en y découvrant également la jalousie, la méchanceté, l’ignorance et le manque d’imagination. Cette dernière par contre ne lui manque pas … et c’est souvent qu’il s’entretient avec son « mentor imaginaire », Jules Verne lui-même !
Son premier conseil :
« Apprends à connaître tes ennemis intimes ! Ils se mettront en travers de ta route chaque fois que tu voudras sortir du rang, penser différemment ou innover ! »
Gerry ne voit pas le « mal ». Il ne vise que la concrétisation de son objectif et si pour cela il doit accepter l’aide, notamment financière, du Canada, des Américains (CIA en tête) qui s’empresseront de détourner ses innovations et inventions, tant pis !
« On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ! » dit la maxime et pensera-t-il longtemps !
« Nous réalisons une percée scientifique et ce moustachu borné ne pense qu’à la guerre ! Jules Verne avait vu juste : l’idiot regarde dans le miroir et voit un génie » (Dr Gerry, p. 41)
© Girard – Casterman
Or livrer le courrier par missile, il en est sûr, c’est possible … Comme envoyer des satellites en orbites via de supercanons et non plus des fusées fort onéreuses … perdues après le lancement !
Alors pour cela, il met son génie à inventer des canons, des obus, … de plus en plus puissants. Et par conséquent, de plus en plus intéressants pour les gouvernements du monde entier.
C’est ainsi que mû par ce désir brûlant d’atteindre son objectif, il devient marchand d’armes, marchand de canons, semeur de mort !
Et si subitement ses financiers « par intérêt » s’inquiètent de son génie, de sa volonté de s’en affranchir financièrement, lui coupent les ailes, l’emprisonnent carrément et détruisent sa réputation, son honneur, son nom … que faire ?
Le politique a toujours été si peu reconnaissant, girouette cachant son hypocrisie derrière des mascarades médiatiques quand cela les arrange ! Rien ne change sous le ciel !
Subir, affronter et garder comme seul et unique objectif … son rêve ! Cela coûte que coûte !
« La vie commence avec le pouvoir de l’imagination. Ne fais pas de compromis sur tes rêves et bats-toi » (Jules Verne à Gerry, p. 50)
© Girard – Casterman
Viennent alors les mauvais choix, les mauvais « partenaires », les mauvais « camps » pour les « amis » d’hier ! De démocraties, il se met à apporter son savoir à des dictateurs, des régimes autoritaires … Dangereux pour lui, sa famille, ses entreprises ! Mais qu’importe tout cela, si finalement il réussit à réaliser sa chimère !
Arrive pourtant le moment où même son « mentor » ne le comprend plus !
« Quand j’ai écrit « De la terre à la lune », je voulais inspirer des rêveurs, pas des meurtriers. Au lieu d’être un humaniste qui œuvre pour le bien commun, tu es un destructeur hypocrite ! » (Jules Verne à Gerry, p. 73)
En effet, peut-on, sous prétexte d’accomplir son rêve tout accepter et se masquer la portée et les conséquences de ses inventions ?
« -Mes ennemis me talonnent et les embûches s’accumulent. Mon rêve était trop ambitieux …
- Les grandes choses partent toujours d’une grande ambition. Accroche-toi à ton rêve. C’est la seule chose que tu possèdes. » (Gerry et Jules Verne, p. 115)
© Girard – Casterman
Grande réflexion à l’heure où sort « Oppenheimer » au cinéma ! Pouvons-nous créer l’arme la plus destructrice du monde, en partant d’un bon sentiment, sans en accepter les conséquences morales une fois celle-ci détournée à des fins d’apocalypse ?
« Quand mettras-tu enfin ton talent au service de tes rêves ? » (Emma, sa femme, à Gerry, p.126)
Dès lors, le docteur Gerry peut-il être responsable de ce que les gouvernements font de ses inventions ?
« Voyons chérie, je suis un scientifique ! On ne blâme pas l’inventeur du moteur à essence chaque fois qu’il y a un accident de la route ! » (Gerry à son épouse, p. 100)
Après « Leonard Cohen », voici que Philippe Girard nous entraîne dans les méandres de la vie de ce savant visionnaire, devenu tellement dangereux pour les uns et pour les autres que son génie ne pouvait se partager avec n’importe quel pouvoir politique. Inspiré très librement, bien que malgré tout fort proche, de la vie de Gérald Vincent Bull, ce Canadien révolutionna la balistique moderne. Inventeur du Super Canon de Saddam Hussein, il nous en livre probablement une « biographie » romancée bien plus réelle que la plupart des articles le présentant … ou plutôt le clouant au pilori de la moralité géopolitique et militaire. Assassiné en 1990 devant sa porte à Uccle, sa mort est encore un mystère 33 ans plus tard.
© Girard – Casterman
Loin de vouloir le « disculper » de son parcours ou de porter un jugement sur celui-ci, Philippe Girard tente plutôt de nous présenter ce rêveur humaniste perdu dans les affres d’une « civilisation née à partir du moment où les hommes ont créé des armes » ! (dixit Gerry, p. 49).
Clairement à l’opposé de l’icône qu’est Leonard Cohen, Philippe Girard reconnaît que, cette fois, son « héros » est plus une source d’embarras qu’un modèle pour tous les Canadiens qu’ils sont.
En partant de son enfance difficile, voici le parcours d’un scientifique idéaliste, innovateur, marchand d’armes par obligation, mari aimant et père protecteur, qui visait les étoiles mais dont les créations ne finirent finalement qu’à prouver que ce marché ne connaît ni frontière, ni règle. Entre rêverie, naïveté, ambiguïté d’un côté et duperie, hypocrisie, tromperie de l’autre, le pot de terre face au pot de fer … Tout le monde connaît déjà la conclusion !
Roman graphique, bien documenté, pour traiter le sujet en profondeur et en un seul tome, son intérêt est plus pour son contenu, la réflexion qu’il propose que pour son graphisme. Ce dernier étant fort classique à ce type de format, cela n’enlève cependant rien à la lisibilité et à la fluidité du récit. Bien au contraire !
Cette approche humaine, scientifique, historique peut paraître à certains moments choquante mais toujours passionnante.
© Girard – Casterman
Bref, un roman graphique instructif à la l’image de son héros trop méconnu du grand public derrière l’image que les médias lui ont collée à la peau.
Un roman graphique dont le mot central s’écrit en lettres de feu : rêve !
Thierry Ligot
Titre : Supercanon ! Le marchand d’armes qui visait les étoiles
Éditeur : Casterman
Scénario : Philippe Girard
Dessin : Philippe Girard
Couleurs : Philippe Girard
Nombre de pages : 152
Prix : 24,00 €
ISBN : 9782203241121
Il arrive que l’actualité semble tellement proche de la fiction bédéphile qu’elle en devient troublante, gênante … Ou inversement !
A moins que cela ne soit qu’une extrapolation prémonitoire fictionnel ?
Région de Smolensk, un 5 janvier dans un futur qui pourrait être proche … les troupes de l’OTAN enfoncent les lignes de défense russes ! Kalina, major russe, experte en guerre électronique, vient d’échapper à la mort.
A Moscou, au QG de l’armée russe, le général Levchenko, commandant en chef, ne semble plus se faire beaucoup d’illusions sur ses capacités à repousser l’envahisseur.
C’est à la demande des Droitistes, opposants au nouveau gouvernement de Moscou que l’OTAN est intervenue. La guerre civile qui s’en suit est totale, dévastatrice. La guerre moderne est essentiellement électronique, technologique, faite de logiciels de brouillage, … Des confrontations d’hommes à hommes n’existent plus ! Les adversaires ne se regardaient plus dans les yeux.
© Stojanovic – Maza – Milije – Delcourt
Dans l’espace, sur une orbite proche du soleil, la station Vechnyy Buran, le plus gros projet spatial jamais construit par l’homme, capable d’abriter plus de 5.000 habitants permanents, n’a plus qu’un seul homme à son bord pour la piloter. Car un seul suffit … et c’est à Micha, le fils du général, que cette mission incombe. Lui qui a toujours rêver de « toucher » une étoile … Lui qui est le petit ami de Kalina !
Sans miracle, la prochaine bataille sera celle de Moscou ! Des renforts pourraient arriver mais ils ont besoin de minimum 3-4 jours pour rejoindre la capitale.
Si seulement, il y avait moyen de brouiller les ondes de transmission utilisées par l’OTAN, de mettre HS leurs communications le temps nécessaire à l’arrivée des renforts. Un brouillage total et intégral sur tout le territoire …
© Stojanovic – Maza – Milije – Delcourt
Ce système, le général le possède. Mis au point notamment par Micha et Kalina, il se nomme « Inondation ». Il perturbe, voire coupe, toutes les communications électromagnétiques, signaux radios, ondes gsm, transmissions, guidages par satellites, … dans un large rayon d’action. L’inconvénient est connu mais acceptable. Les équipements russes subiraient les mêmes effets. Néanmoins les belligérants en reviendraient à un affrontement traditionnel !
Et si cela ne suffisait pas, Micha, à bord de sa station spatial, en orbite rapprochée du Soleil, aurait éventuellement une solution ultime ? Cela n’arrêtera peut-être pas la guerre mais pourrait obliger les belligérants en se regarder mutuellement pour se battre !
Un récit surprenant et brutal dans son déroulement. Les Russes, redevenus communistes, apparaissent comme les « victimes », les « bons » face à l’envahisseur, l’OTAN ! Un point de vue troublant à l’heure actuelle avec l’invasion de l’Ukraine par cette Russie de Poutine si menaçante.
© Stojanovic – Maza – Milije – Delcourt
Une vision diamétralement opposée à une réalité violente qui semble sans issue … comme dans ce récit pour les protagonistes.
Ce général, proche malgré tout de ce fils, plutôt pacifiste, qui rêve de toucher les étoiles et qui est amoureux de la belle Kalina, prête à se sacrifier pour sauver sa patrie ! Un trio de héros tellement « russe » par leur sens du devoir et leur amour de la patrie ! Ce pays qui apparaît clairement comme la victime des manigances occidentales, envahit par des soldats américains, français et allemands sous l’égide de l’OTAN ! Pas évident à adhérer à cette réalité … sauf si on part du principe qu’il ne s’agit que d’une fiction et que dans ce cas, tout est permis et possible !
Par ailleurs, n’oublions pas qui en est le véritable auteur : Liu Cixin ! Probablement le plus grand et célèbre écrivain chinois de science-fiction, sa vision du monde est dès lors forcément inversée par rapport à celle d’Européens ou d’Occidentaux.
Ce n’est pas le premier tome de cette série qui aborde ainsi un regard du monde très logiquement différent.
© Stojanovic – Maza – Milije – Delcourt
Maintenant il serait réducteur de ne se limiter qu’à cet aspect du récit. Le côté humain des relations père-fils est le pivot autour duquel se noue une partie de l’intrigue. Ne se comprenant pas, leurs divergences idéologiques finiront par disparaître au profit de la sauvegarde de la patrie.
Liu Cixin leur offrira pour ce rapprochement tardif un acteur important : la belle major Kalina … à la fois militaire et experte scientifique ! Un parfait pont entre le père, officier supérieur strict et patriotique, et son fils, orphelin incompris mais rêveur scientifique.
© Stojanovic – Maza – Milije – Delcourt
Bref, un 8e tome des plus prenants et captivants, offrant une facette humaine émouvante dans un monde apocalyptique de 3e guerre mondiale. La technologie aveugle face aux sacrifices humains ultimes !
Thierry Ligot
Titre : Brouillage intégral
Série : Les Futurs de Liu Cixin
Tome : 8
Éditeur : Delcourt
Scénario : Marko Stojanovic adapté de Liu Cixin
Dessin : Maza
Couleurs : Desimir Milijc
Traduction : Nicolas Bertrand
Nombre de pages : 101
Prix :
ISBN : 9782413038108
Suite des aventures d’Ulysse tirées de « L’Odyssée » d’Homère, mises en scène par Cosimo Ferri.
Après la victoire de Troie, Ulysse et ses compagnons sont en route pour rentrer à Ithaque.
Ce périple n’est pas sans rebondissements et est loin d’être sans escales épiques.
Le tome reprend au chant neuvième, « Le récit d’Ulysse ».
Abordant Ismaros, cité des Cicones, à la tête d’une flotte de 12 navires, il tente de piller la ville. Mais placée sous la protection de Zeus, les assaillants en sont repoussés et subissent la terrible vengeance du maître des dieux ! Une violente tempête les emmène sur la terre des Lotophages dont les lotos, fruits au goût de miel annihilent la volonté de repartir.
S’en suivra la périlleuse et fatale halte pour de plusieurs compagnons du héros : l’île des Cyclopes avec Polyphème qui les emprisonne dans sa grotte pour les dévorer.
© Cosimo – Ferry – Graph Zeppelin – Tabou BD
Vient ensuite le chant dixième, « Eole, Lestrygons et Circé ».
Après un court et réparateur arrêt à Eolie, île flottante d’Eole, viendront les escales au pays des Lestrygons, ces géants mangeurs d’hommes, qui décimèrent la flottille ; et en l’île d’Eéa, résidence de l’envoûtante déesse Circé à la voix enchanteresse malgré ses pensées malfaisantes.
Quittant après un an, repu de plaisirs, la belle Circé pour poursuivre son chemin de retour vers Ithaque, le chant onzième, « L’évocation des morts », offre à Ulysse la possibilité de dire adieu à un ami fidèle … désormais au royaume d’Hadès.
© Cosimo – Ferry – Graph Zeppelin – Tabou BD
Rigoureux dans sa scénarisation de « L’Odyssée », ce second tome poursuit sur la même veine que le premier. Une relecture passionnante et respectueuse de l’œuvre d’Homère dans un graphisme hyper-réaliste moderne. Ce dernier étant fidèle aux peintures, vases, sculptures antiques, Cosimo Ferri nous transporte au plus près de la réalité de l’époque. Un voyage dans le temps pour y suivre ce fils de Laërte et d’Anticlée au destin exceptionnel !
© Cosimo – Ferry – Graph Zeppelin – Tabou BD
Après les 3 tomes retraçant le parcours d’Achille, nous voici donc à mi-chemin de celui d’Ulysse.
Et comme à son habitude désormais, 2 versions existent. L’une soft, l’autre comptant 12 planches supplémentaires intercalées ici et là, nettement plus osées et hard sexuellement … La première donc aux Editions Graph Zeppelin, la seconde étant publiée chez Tabou BD ! Pas moyen de se tromper, les 2 couvertures étant clairement explicites quant à l’exploit du héros retenu pour l’illustrer. Maintenant, il est toujours amusant de comparer les 2 versions et de voir de quelle manière, fort adroite, Cosimo Ferri réussit à nouveau ce petit tour de force … ajouter (ou soustraire selon le sens de lecture des 2 versions) des doubles pages tout en conservant une fluidité narrative parfaite.
© Cosimo – Ferry – Graph Zeppelin – Tabou BD
Toujours pour les puristes, mais également la clarté du récit, cette petite astuce d’insérer en demi-teinte, le nom des certains personnages à leur première apparition. Ceci nous permet alors de mieux les situer et de les reconnaître par la suite sans alourdir la narration.
Ferri continue également à situer ses séquences dans le texte d’origine d’Homère en en reprenant des extraits en grec ancien dans certaines de ses cases, avec une traduction fidèle en pied de page !
Bref de quoi toucher tous les publics à coup sûr !
© Cosimo – Ferry – Graph Zeppelin – Tabou BD
Une plongée littéralement passionnante dans les mythologie et culture antique grecques. Le troisième et dernier volet de la série sera par conséquent centré sur le retour d’Ulysse à Ithaque … Nous sommes déjà impatients de le (re)découvrir !
Thierry Ligot
Série : Ulysse
Scénario / Dessin / Couleurs : Cosimo Ferri
Version soft :
Titre : L’île aux Cyclopes
Tome : 2
Genre : Histoire , mythologie
Editeur : Graph Zeppelin
Nombre de pages : 52
Prix : 17,00 €
ISBN : 978-2-38038-003-3
Version hard :
Titre : L’île aux Plaisirs
Tome : 2
Genre : Érotique – histoire - mythologie
Editeur : Tabou BD
Nombre de pages : 64
Prix :
ISBN : 9782359541953
Tada Tada Le trident de la mer
Prêts pour une bronzette sur un pneumatique ? Lunettes de soleil et cocktail, et on y va… Bon, c'est sûr, quand un Blork marin traîne dans le coin, ça risque d'être moins fun. La jolie princesse prend des risques. Deux récits complets de deux auteurs au top sont au sommaire. Ils sont signés Pomès et Hamo, deux auteurs ayant déjà faits leurs preuves chez d'autres éditeurs, et qui seront certainement des grands noms de demain.
Pendant ce temps, les abonnés vont continuer feuilleton de l'été avec, en mini-BD, l'épisode 4 de la deuxième partie de La bête, l'histoire du Marsupilami signée Zidrou & Frank Pé.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Pé, Zidrou, De Cock– Dupuis
Histoires à suivre :
Kyle Travel : La fleur du souvenir |
Zonno / Russo / Pinelli |
Poltron Minet : La voie romane |
Madd / Mayen |
Spirou à Berlin |
Flix |
Récits complets :
Adopte une Mifa |
Pomès |
Agence Casting BD (L') |
Hamo |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Boule et Bill |
Bastide / Cazenove |
Crapule (La pause-cartoon) |
Deglin |
Crash Tex |
Dab's / Gom |
Dad |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Elliot au collège |
Grosjean / Riccobono |
Estampille |
Kazedo |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Moog / Bernstein |
Game over (x2) |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Titan inc. |
Martin / Boisteau |
Zidrou et Nix surfent sur le succès (Roman photo) |
Ronda |
Rubriques :
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Bercovici / Bernstein |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier |
Trichet |
En direct du futur : Week-end de clôture de l'expo 100 ans de Dupuis |
|
Jeux : Game over L'échappée Blork |
Gom |
Spirou et moi |
Kokopello |
Test : Êtes-vous juillettiste ou aoûtien ? |
Bernstein / Loison |
Supplément abonnés :
Mini BD : Marsupilami : La bête 2 (Livret 4/9) |
Frank Pé / Zidrou / De Cock |
En kiosques et librairies le 2 août 2023
3,20 €
Laurent Lafourcade
Les vacances ! L’occasion d’enfin pouvoir se détendre, rattraper quelques retards de lecture également ! Et parmi elles, une envie de madeleine … Mais pas de Proust ! D’Henri Vernes … avec son der de der littéraire, son dernier roman, sa dernière plongée dans l’aventure.
Avec Bob Morane, pensez-vous ? Héros créé en 1953 … qui aurait fêté ses 70 ans cette année ? Non, pour son chant du cygne, c’est avec « Don » qu’Henri Vernes, quasi centenaire, l’entamera. Une ultime aventure, dont il sait qu’il aura difficile à la mener à son terme. Il désignera donc son « héritier littéraire », Richard Columbo en lui confiant le plan narratif à respecter … après sa mort.
C’est malheureusement le 25 juillet 2021 que ce dernier entamera cette lourde mission.
© Vernes – Colombo – Taymans – Éditions du Tiroir
Don est en Belgique pour dire adieu à son vieil ami, Abel Gerardy avec qui il a vécu bien des aventures. Mais si celui-ci fut un solide compagnon, le crabe sera lui un adversaire bien plus redoutable et qui lui grignote ses derniers instants. Il a envie de revoir Don pour un adieu en règle.
Par l’intermédiaire de sa fille, Juliette, Abel réussit à entrer en contact avec son vieux camarade et à le faire venir en toute discrétion. Toujours pourchassé par les tueurs de la mafia, notamment, Don se doit de ne jamais rester longtemps au même endroit, de ne laisser aucune trace de ses passages, … Une longue fuite en avant perpétuelle qui, malgré toutes ses précautions, ne parvient pas à semer son généreux et redoutable « employeur », Imporex !
Société occulte ayant des moyens illimités, des ramifications dans le monde entier, offrant ses services aussi bien à des gouvernements qu’à des privés. Une sangsue constamment sur le dos de Don … quand elle a besoin de ses compétences « très particulières » et radicales.
© Vernes – Colombo – Taymans – Éditions du Tiroir
Bref par ce beau matin, le coup de téléphone qui le réveille, dans le lit de Juliette, prouve au petit-fils du capo di tutti capi qu’Imporex ne le perd jamais de vue !
Sa mission ? Se rendre dans les ruines toutes proches du château des Lys rouges afin d’y vérifier le bien-fondé d’une légende ou de certaines rumeurs.
En novembre 1942, le feldmarshall Herman Göring est à Bruxelles pour y « sélectionner » les œuvres d’art de la collection d’un juif, Aaron Lubin Müller, qu’il compte s’approprier. Parmi tableaux, sculptures, bijoux, … se trouve une représentation en or massif de la déesse grecque de la nécessité Ananke et de ses 3 filles, les Moires. A la lueur d’un rayon de soleil, une inscription apparaît « A mon seul désir » ! Un code ? Une carte au trésor ? Une énigme ésotérique ?
Il confie l’ensemble à un officier SS présent, l’obersturmführer Otto Bretzzel, en lui ordonnant de tout mettre en sécurité et d’escorter l’ensemble vers une ancienne mine de schiste au Tyrol. Attaqué plusieurs fois en route, le convoi se perdit dans la région de Dinant … près du château des Lys rouges. Y serait-il caché depuis ?
© Vernes – Colombo – Taymans – Éditions du Tiroir
Bref, rien de fort compliqué pour Don, alias Mr. King. Un simple repérage et une fouille rapide des quelques pans de murs encore debout de ce vestige du Haut Moyen-Âge. Petit hic, la sculpture en question est également recherchée activement par un groupuscule néonazi dirigé par Egon Kleiber et sa fille Marielle, aussi belle que vénéneuse. Descendant d’un dignitaire allemand, il est le propriétaire du château d’Adlerburg, en Allemagne qui serait lié au secret de cette représentation d’Ananke.
Un écureuil roux passant par là va néanmoins transformer rapidement cette petite visite culturelle en un combat à mort entre Don et les Kleiber. De Dinant à Adlerburg, il devra affronter bien des obstacles et surmonter de nombreuses difficultés dont son goût plus que prononcé pour ne jamais savoir résister aux jolies femmes. Cavaleur et don Juan à ses heures, l’homme au regard de schiste va en faire des découvertes, percer des secrets comme ceux cachés dans les entrailles du château d’Adlerburg et peut-être même sauver la paix mondiale.
Le château d’Adlerburg … château de l’Aigle … une ré
Clairement roman d’aventure dans la plus pure veine d’Henri Vernes, ce « Bob Morane » coureur de jupons et porté sur la « chose » est un savant mélange entre l’aventurier justement et le prince Malko.
Cela se lit comme un roman de « gare », sans vouloir en réduire le plaisir ! D’une traite … un rythme linéaire soutenu offrant ici et là quelques retournements et rebondissements surprenants. Un final bien dans la mouvance de ce genre littéraire.
© Vernes – Colombo – Taymans – Éditions du Tiroir
Evidemment, le style est fidèle à l’auteur. Pourtant, je ne suis pas convaincu qu’Henri Vernes aurait infantilisé certains passages comme c’est le cas ici. Roman interdit au moins de 18 ans, vu certains « exploits érotiques » contés du héros, nous aurions pu espérer que justement le style et notamment le vocabulaire s’adresseraient plus à des adultes qu’à des « gamins ». Pour exemple, nommer les membres du groupuscule systématiquement « bandits » ou « soldats » est fort réducteur et peu conforme à ce qu’ils semblent être : des terroristes, des extrémistes, des néonazis, des hommes de main, … Ceci est regrettable car cassant un peu l’ambiance dans laquelle Richard Colombo est chargé de nous plonger.
Ou alors, il fallait supprimer les « exploits » intimes de Don et supprimer la mention « -18 » ! Ces derniers apportent-ils d’ailleurs réellement quelque chose à l’ensemble, un plus au héros ? Je n’en suis pas convaincu, si ce n’est justement ce côté don Juan ne pouvant résister à l’appel du dessous de sa ceinture.
De même, n’est-ce pas un peu « naïf » d’affubler cette milice privée néonazie d’un « uniforme » noir avec un écusson reconnaissable où qu’ils soient, y compris quand ils se promènent dans le village ? L’action se situe en Allemagne, aujourd’hui ! La preuve, internet, gsm et surtout l’Audi A5 prêtée par Abel à Don, modèle apparu pour la 1ère fois en mars 2007 ! Je doute un peu de la crédibilité de cela auprès de lecteurs adultes !
© Vernes – Colombo – Taymans – Éditions du Tiroir
Par contre, nous nous retrouvons face à ce souci du détail, de l’exactitude de certaines descriptions tels les véhicules ou les armes.
Tout comme les précédents romans de cette collection, le côté illustration de l’un ou l’autre passage annoncerait-il une adaptation intégrale en bande dessinée également ? C’est à nouveau André Taymans qui prête brillamment son trait à 16 scènes dont forcément quelques-unes fort chaudes, au cas où les passages écrits ne suffiraient pas !
Maintenant, un agréable moment de lecture, de détente, emporté dans l’action et la chaude atmosphère de cette aventure, nous donnant aussi l’envie de découvrir rapidement les 9 autres récits de Don, écrits eux intégralement par Henri Vernes (je ne compte plus ici le premier roman déjà édité par les Editions du Tiroir, « Palomita Paloma ») !
Thierry Ligot
Titre : Don, La déesse D’Aderburg
Collection : Henri Vernes
Éditeur : Édition du Tiroir
Scenario : Henri Vernes – Richard Colombo
Dessin : André Taymans
Directeur de collection : Alain De Graw
Nombre de pages : XX
Prix : 18,00 €
ISBN : 9782931027684
Juillet, août … vacances j’oublie tout … et vu la météo, je reste chez moi !
Cependant, il y a tellement d’autres choses à faire, comme en profiter pour visiter certains sites culturels ou historiques, voire les deux ensemble !
Et en France, ce ne sont pas ces lieux exceptionnels qui manquent ! Entre villes, musées, palais, châteaux, il est des endroits magiques qui respirent la gloire et l’Histoire, la grande Histoire !
Symbole même de la puissance du pouvoir royal au XVIIe siècle, le château de Versailles est devenu au fur et à mesure de ses agrandissements et transformations le joyau d’un pouvoir absolu de droit divin : celui de Louis XIV !
Le futur Louis XIII n’a que 6 ans lorsqu’il participe pour la première fois à une chasse. Elle se déroule près d’un petit village de 4 à 500 âmes, sur les terres des Gondi : Versailles !
Tombé amoureux du site, cela deviendra son lieu de chasse de prédilection.
En 1623, devenu roi, il décide d’y installer un pavillon de chasse !
L’épopée de Versailles commence !
© Evang – Humann – Martin - Casterman
De simple pavillon de chasse, rapidement le Roi rêve plus grand … et le 8 avril 1632, il achète l’ancienne terre seigneuriale abandonnée à l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi. Prix de la vente : 66.000 livres de l’époque ! Le 25 mai de la même année, les armes royales sont accrochées à l’entrée du domaine.
A partir de cette date, la demeure royale ne cessera de grandir, de se transformer, …
En 1661, le jeune Louis XIV, mis « sous tutelle » depuis sa montée sur le trône 5 ans à la mort de son père, profite de la mort du Cardinal Mazarin, principal ministre d’Anne d’Autriche, régente du Royaume, pour décider de gouverner désormais seul !
© Evang – Humann – Martin - Casterman
Le 17 août 1661, le jeune Roi subit l’affront « bling-bling » de son surintendant des finances, Nicolas Fouquet. Invité pour une fête grandiose par ce dernier dans son nouveau château à Vaux-le-Vicomte, l’insulte de ce somptueux étalage de richesse provoque le courroux royal. Comment un de ses sujets se permet-il d’afficher un tel luxe alors que le Roi lui-même ne peut se le permettre ?
Fouquet est arrêté quelque temps après et Louis XIV décide de transformer le petit refuge de chasse de son père en un palais à la hauteur de son rang … et de son ambition !
© Evang – Humann – Martin - Casterman
Rien ne sera trop beau, trop cher, trop luxueux aux yeux du Roi ! Les meilleurs architectes, artisans, jardiniers, peintres, sculpteurs … vont participer à ce gigantesque chantier. Puis ce seront les plus talentueux musiciens, acteurs, … qui y animeront de somptueuses fêtes. En 1682, Louis XIV s’y installe avec sa famille, sa cour et ses maîtresses !
Dès lors, le palais de Versailles va connaître transformations, agrandissements, destructions de telle ou telle aile, bâtisse, partie pour de nouvelles dépendances, corps, annexes, jardins, théâtre, … Un chef-d’œuvre architectural en constante évolution pour symboliser toute la puissance du Roi-Soleil.
© Evang – Humann – Martin - Casterman
Il verra également passer de nombreuses grandes figures de France et sera le cadre d’événements historiques exceptionnels. La Révolution française n’y changera pas grand-chose … Juste un petit passage à vide d’un siècle !
Aujourd’hui, en constante rénovation ici ou là, vu son étendue bâtiments-jardins, il est l’une des destinations culturelles préférées des touristes étrangers et français. Pas moins de 7 millions de visiteurs par an !
© Evang – Humann – Martin - Casterman
Il était ainsi plus que logique que Lefranc y réalise ce splendide reportage. Une plongée dans les entrailles de l’histoire de ces murs, nous la raconter simplement, de façon fluide, à la portée de tout lecteur. Somptueusement illustré, comme à chaque fois. les décors détaillés de telle ou telle pièce, panoramas extérieurs et vues d’ensemble du château nous donnent une idée fort précise de son évolution.
© Evang – Humann – Martin - Casterman
Bref, cet album est l’invitation parfaite pour visiter le château de Versailles symbolisant à lui-même tout seul la magnificence de la monarchie absolue de droit divin du Roi-Soleil.
Thierry Ligot
Titre : Versailles
Série : Les reportages de Lefranc
Éditeur : Casterman
Scénario : d'après l'oeuvre de Jacques Martin
Dessin : Alex Evang
Couleurs : Sophie Humann
Nombre de pages : 64 pages
Prix : 14,50 €
ISBN : 9782203122956
Pourquoi les fées doivent-elles, à la sortie de l’hiver, aller chercher de petites pierres de cornaline afin d’avoir des ailes ? Ne peuvent-elles batifoler et butiner avec les lutins sans ?
Pour partir butiner dans les cimes évidemment et ce durant tout le printemps … Personne ne peut arrêter la course des saisons au risque de dérégler tout l’ensemble !
C’est la mission du peuple des Brumes qui vit sous la protection du rocher du Dragon.
Mais Ailina n’a pas envie de voir pousser ses ailes. Rebelle, elle rejette ce rite initiatique ancestral et le considère comme une mascarade ! Elle s’est d’ailleurs fabriqué des ailes mécaniques ! Scandale ! Honte à elle ! Elle, une parfaite fée coquine comme la surnomme son lutin d’amant préféré, Amandil.
Elle laisse ainsi ses congénères partir sans elle pour ce voyage rituel sans réel regret ou remord. D’ailleurs, en quoi une fée de plus ou de moins changerait-il quelque chose à la pollinisation … elles sont tellement nombreuses …
Pourtant le lendemain du départ, elle est réveillée brutalement par la Reine. Amandil est malade. Il va mourir ! Le seul moyen de le sauver est pour Ailina d’aller chercher sa pierre de cornaline ! De tenter de tout remettre dans l’ordre des choses ! Même la sorcière du peuple des Brumes ne peut l’aider, elle qui précédemment avait fait la même erreur et avait failli détruire son peuple.
Voilà donc Ailina, accompagnée de la sorcière de son village, en route pour le rocher du Dragon. Un long et périlleux voyage qui les fera rencontrer le peuple des Sentinelles, gardiens la mort, alors que les fées gardent la vie ! Tout mélange entre les 2 peuples risquerait de réveiller Père Nature ! Si c’était le cas, ce dernier pourrait alors tuer le printemps avant même son éclosion et imposer un hiver durable !
© Even – Styloïde – Duclos – Tabou
Mais voilà, depuis son refus initial, Ailina ne peut plus résister à ses pulsions, à ses envies de butiner tout ce qui touche au vivant au sol, dont Rhîw, le Prince des Sentinelles du Mont des Brumes qu’elle entraîne avec elles.
L’hiver arrive, ses symptômes morbides approchent …
Réussira-t-elle à rejoindre le Dragon, à le convaincre de lui donner sa pierre de cornaline, de faire reculer Père Nature, de sauver le printemps et donc son peuple, son amant Amandil, … ? Rien n’est pas sûr !
© Even – Styloïde – Duclos – Tabou
En 3 tomes, ce mignon petit conte de fées érotico-philosophico-initiatique nous entraîne dans les méandres fantasmagoriques de l’imaginaire « Katia Even ». C’est doux, amusant, léger. Avec une très fine couche moralisatrice.
« J’ai compris trop tard que nous sommes un tout. Chaque élément a sa part de responsabilité dans l’équilibre de l’ensemble. Une simple question de dosage. Et l’équilibre est précaire. »
© Even – Styloïde – Duclos – Tabou
Côté dessin, si le premier tome est assez soft, bien que clairement érotique, Styloïde semble s’être lâché dans les tomes suivants. Justifiant largement sa place dans le catalogue des éditions « Tabous », les scènes de « butinage » sont fort explicites, dirons-nous.
Le trait est rond, personnel et colle idéalement à l’ambiance féérique du récit. Petit bémol peut-être, l’aspect parfois « trop pressé » de certaines planches plus générales aux plans plutôt panoramiques. Mais de façon globale, un graphisme soigné mis en valeur par l’excellent travail de coloriste de Marina Duclos dont nous avions déjà apprécié le talent dans « Narcisse », également chez Tabou BD. Ses couleurs resplendissantes, flamboyantes et rayonnantes nous invitent à ce voyage érotico-héroïc-fantasy ! Un régal visuel qui commence par les sublimes couvertures.
Bref, un agréable moment de lecture, sans prise de tête, à l’idée de base originale et traitée avec une légèreté tout estivale …
Thierry Ligot
Série : Le peuple des Brumes
Tome : 1- 3
Genre : Adulte + 18 ans
Éditeur : Tabou BD
Scénario : Katia Even
Dessin : Styloïde
Couleurs : Marina Duclos
Nombre de pages : 48
Tome 1 : Les fées qu’elle me fait
ISBN : 978-2-35954-115-1
Prix : 15,00 €
Tome 2 : A tire-d’aile
ISBN : 978-2-35954-160-1
Prix : 15,00 €
Tome 3 : Le bal des saisons
ISBN : 978-2-35954-182-3
Prix : 17,00 €
5e cahier préparatoire de cette captivante et émouvante (auto)biographie de Madeleine Riffaud. Nous sommes maintenant au milieu du tome 2, « L’Edredon rouge » … et donc au 2e des 3 cahiers de ce tome.
Témoignage direct de cette figure de la Résistance qui nous parle simplement, nous raconte sans emphase de son vécu, ses peurs, ses joies, ses inquiétudes au moment de s’engager plus loin encore dans l’Ombre, la clandestinité.
Nous sommes fin ’43 – début ’44 … Nous poursuivons notre immersion dans le quotidien d’une Résistante.
© Morvan – Riffaud – Bertail - Dupuis
Sa volonté d’intégrer un second mouvement de Résistance afin d’entrer dans l’action même de lutte contre l’occupant allemand. Cet instant où elle croise Missak Manouchian et ses « FTP – MOI » (francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée) et qui la convainc qu’elle fera « comme eux ». Cela quelques semaines avant de croiser cette affiche rouge annonçant son arrestation, avec ses camarades, et leurs exécutions.
Arrestation qu’elle connaîtra également plus tard … Mais Madeleine Riffaud y fait déjà référence car comme l’avertira Tourneur (de son vrai nom Francis Cohen) : « L’espérance de vie chez nous est de 3 à 5 mois. » !
© Morvan – Riffaud – Bertail - Dupuis
Mais rien ne la fera reculer … c’est sa force, sa volonté et cette inépuisable certitude de se battre pour la bonne cause qui la pousseront à faire d’elle cette Résistante d’exception.
« Un dimanche.
En avril.
A Paris.
Nous étions vivants.
Tu marchais dans la rue
Transportant des grenades. »
(Madeleine RIFFAUD, fin 1943)
Ce cahier s’arrête au moment où elle apprend que les Alliés ont débarqué en Normandie …
© Morvan – Riffaud – Bertail - Dupuis
C’est donc dans un style fluide, naturel, à la 1ère personne que Jean-David Morvan « scénarise » ses entretiens avec cette grande Dame. Mêlant actions, pensées, réflexions sur certains événements, nous en oublierions presque qu’il n’est que le « raconteur » des propos de Madeleine et réalisons parfaitement que c’est « elle » derrière la plume ! Du grand art avec une précision humaine et documentaire unique !
Dominique Bertail réussit à traduire par son trait, son souci du détail (même si dans les cahiers, le dessin est loin d’être « achevé ») toute l’émotivité, la rage, l’angoisse de Madeleine dans son récit.
Si le dessin n’est plus en bleu, mais uniquement en N&B, il nous donne déjà un avant-goût plus qu’alléchant de ce qu’il sera une fois achevé ! Comme depuis les 4 premiers cahiers, cette idée de « cahier » nous donne la possibilité de prêter plus attention encore au récit et à la narration avant de découvrir le résultat final dans l’album définitif.
© Morvan – Riffaud – Bertail - Dupuis
Nous avons d’ailleurs posé la question directement à l’intéressé et voici sa réponse :
« On l’a fait en noir et blanc pour avoir une version différente de l’album (sinon, ce n’est qu’une prépublication normale). Et puis c’est une étape de travail au trait qui me tient à cœur. Et la publier telle qu’elle m’oblige à affiner mon trait, à être lisible dès cette étape de travail. Tout mon amour pour Hergé, Moebius, Juillard et Arno remonte à la surface. C’est un peu comme en gravure, ou on garde des traces des différentes étapes, ou comme dans les éditions limitées des livres modernes illustrés, qui comportaient des « suites » des illustrations au trait noir et blanc, avant que les couleurs ne soient posées.
Un truc de bibliophile »
(Dominique Bertail – 28 juillet 2023)
© Morvan – Riffaud – Bertail - Dupuis
Une véritable déclaration d’amour pour 4 Grands !
Edité en 1.500 exemplaires non numérotés, le cahier est, comme à chaque fois, protégé par une superbe jaquette à rabats bleutée. Cette dernière est cette fois consacrée à Anne Beaumanoir (dite Annette & Joseph Roger, le Commandant Darcourt), à Joseph Epstein (dit Colonel Gilles), mais également à 3 femmes, 3 Résistantes exceptionnelles arrêtées, torturées et finalement décapitées par les Nazis en Allemagne, pour « ménager la sensibilité des Français » : Emilienne Mopty, France Bloch-Sérazin et Olga Bancic !
Thierry Ligot
Série : Cahiers Madeleine
Tome : 5
Genre : Histoire - Biographie
Collection : Aire Libre
Éditeur : Dupuis
Scénario : Jean-David Morvan d’après Madeleine Riffaud
Dessin : Dominique Bertail
Nombre de pages : 40
Prix : 15,95 €
ISBN : 9791034769087
Ciel bas, légèrement couvert et nuageux que le soleil peine à percer ! Une température en baisse après plusieurs jours de canicule. Bref une sensation de fraîcheur bienvenue malgré tout. Si les embruns sont plutôt imaginaires, ce petit vent venant du large est bien agréable.
Avec lui, comme un petit air de grands espaces bleus, une odeur légère d’iode qui font penser à des flots parfois démontés, des côtes sauvages, une nature indomptable … mais pas pour autant indomptée ici et là par l’Homme !
Notamment en Bretagne avec son littoral semé d’écueils, sa proximité de la jonction Atlantique – mer du Nord. De tout temps l’homme a bougé, voyagé, exploré, commercé, … Il a donc souvent modelé, transformé voire équipé son environnement naturel pour se l’approprier à ses besoins.
Naviguer en pleine mer ne pouvait l’arrêter, mais les dangers auxquels il était confronté ne s’arrêtaient pas là. Encore faut-il éviter les récifs, quitter et rejoindre les ports en toute sécurité, permettre aux marins en pleine tempête de pouvoir se repérer sur les côtes, …
© Kervella – Lepage – Locus Solus
C’est ainsi que 3 siècles avant notre ère, près d’Alexandrie, un Pharaon décide de faire construire sur l’île de Pharos une haute tour de marbre afin qu’un feu y soit allumé au sommet pour guider les navires. Le 1er « phare » était né !
La Bretagne, avec ses côtés sauvages, découpées, déchiquetées inlassablement par des flots violents a toujours été un rivage à dompter. Depuis des temps fort anciens, l’homme va donc y ériger des « tours à feu » (tour tan) sur tout son long. Ce sera le cas entre Ouessant et Batz … avec ceux de l’île Vierge !
Île à 1,4 km de la côte bretonne, à hauteur de Plouguerneau, elle a au cours des siècles abrité un sanctuaire druidique, un couvent, un premier puis un second phare !
© Kervella – Lepage – Locus Solus
Sur des textes de Goulc’han Kervella, nous découvrons l’extraordinaire épopée de ces 2 phares depuis leur construction jusqu’à aujourd’hui, leurs moments de gloire ou au contraire les drames dont ils ont été témoins passifs, de leur évolution passant par les étapes modernisation, électrisation, automatisation, …
Nous découvrons également la vie de leurs gardiens, loin d’être aussi oisive et facile que souvent imaginée par les « terriens ». Ces hommes de l’ombre dont la vocation, le moteur a toujours été : aimer son métier et avoir le sens du devoir !
D’un style fluide, coulant, cela se lit en 1 – 2 heures. Parfaitement détaillé à certains passages et documenté dans sa globalité, difficile de ne pas ressentir toute la passion de Goulc’han Kervella pour sa Bretagne natale, son océan, ses richesses.
© Kervella – Lepage – Locus Solus
Mais que serait ce livre sans les superbes illustrations d’Emmanuel Lepage ? Connu avant tout comme scénariste, dessinateur, coloriste BD, il est également depuis 2021 « Peintre officiel de la Marine ». Titre honorifique peut-être mais qu’il justifie amplement avec ces 21 œuvres originales conçues la même année pour cet ouvrage.
Il y sublime à la fois la beauté sauvage et l’histoire exceptionnelle de cette île « hébergeant » l’un des plus hauts phares du monde : un géant de 397 marches pour une hauteur totale de 82,5 m, ayant un rayon lumineux portant à 27 milles nautiques, soit près de 50 km !
Classé en 2011 « Monument Historique », ce patrimoine architectural et naturel remplit désormais également une mission culturelle et touristique.
© Kervella – Lepage – Locus Solus
Et cet album (« Prix des Libraires 2022 ») en est la plus parfaite invitation.
Thierry Ligot
Titre : L’île Vierge – Un phare dans les yeux d’Emmanuel Lepage
Editeur : Locus Solus
Scénario : Goulc’han Kervella
Dessin : Emmanuel Lepage
Nombre de pages : 48
Prix : 17,00 €
ISBN : 9782368333785
Une histoire d’amour intemporelle où passion, tendresse, générosité et bonheur transpirent à chaque page au point que l’on se sent tellement bien et heureux, léger à la fin de la lecture. Deux amants qui se recherchent à travers leurs morts et leurs réincarnations, leurs « recyclages » humains ou animaliers !
Sans hésitation mon coup de cœur de l’été … Comment ne pas avoir envie de croire à la bonté de la vie quand on lui sourit en se laissant bercer page après page dans cette quête de l’absolu, de l’âme … ?
Car en effet, où va l’âme après la mort ? Interrogation oh combien « naturelle » pour chacun !
© Guarino – Toussaint - Dupuis
C’est à cette question qu’est confronté Charlie, célibataire, à la vie tellement anodine, parfaitement réglée tout en étant lumineuse, joyeuse. Jeune employé titré « modèle » 38 mois d’affilée dans l’entreprise « Recycle & Ternel », il est le « soleil » de ses collègues. Fondée en 1874, elle recycle l’enveloppe charnelle de vos proches à leur mort pour les transformer en compost, sac à main, portefeuille, pièces d’un jeu d’échec, batte de base-ball … ou en tout ce que vous désirez … enfin presque tout ! Un peu de moral ne fait jamais de tort !
© Guarino – Toussaint - Dupuis
Entreprise aux petits soins pour ses employés avec des pauses rire, pleurs, marche, repas, diffusant inlassablement de bons conseils pour la santé (d’accord toujours dans le but de les rendre plus performants, efficaces, productifs, …).
Mais Charlie n’en a cure ! Il est le « bienheureux », la « source de désinvolture positive » de son petit monde. Son empathie, son savoir-faire font merveilles dans ces moments pénibles pour les familles des défunts. Il ne voit et ne fait que le bien au point de se voir refiler tous les cas « difficiles ».
Et ce jusqu’au jour où un père lui demande de répondre à une simple question de son fils, suite au décès de sa maman : où est allée son âme après sa mort ?
© Guarino – Toussaint - Dupuis
Début d’un questionnement, d’une quête aux multiples facettes, souvent sans réponse mais jamais entièrement close et satisfaisante. Recherche dans les méandres de sa société le bureau qui gère ce domaine … avec bien des surprises et des découvertes à la clé.
Question à la fois existentielle et métaphysique, Aurélie Guarino nous propose une odyssée poétique au cœur de la mort et de l’amour dans laquelle Charlie trouvera plus qu’une simple réponse … lui-même !
© Guarino – Toussaint - Dupuis
Et qui d’autre que Kid Toussaint pour y offrir la douceur de son trait. Finesse d’un dessin délicat à l’image parfaite de l’ambiance et l’esprit du récit. Des couleurs sobres, un rien pastel essentiellement bleutées et orangées qui invitent le lecteur à se laisser emporter sans résistance dans cette ode lumineuse de fraîcheur.
© Guarino – Toussaint - Dupuis
Un délice estival à savourer sans modération.
Merci à Stéphane Moulin de m’avoir fait découvrir cette véritable « perle ».
Thierry Ligot
Titre : Les vies de Charlie
Genre : Roman Graphique
Éditeur : Dupuis
Scénario : Aurélie Guarino
Dessin : Kid Toussaint
Nombre de pages : 128
Prix : 26,00 €
ISBN : 979 10347 61234
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©BD-Best v3.5 / 2023 | ![]() |
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