"-Mousquetaires ! A vos épées ! Hors du fourreau ! Prêts ?
-Un pour tous…
-Tous…
-Pour un !
-Et la saucisse."
Les trois Mousquetaires et d'Artagnan sont fins prêts à ferrailler… Enfin, dès qu'ils auront fini de faire griller leurs saucisses au bout de leurs épées. Ce n'est pas Alexandre Dumas, en plein dans les affres de la création, qui dira le contraire. Il leur a trouvé un slogan à ces valeureux, un cri de ralliement, un uppercut verbal, parce que c'est son projet. "Un pour tous, tous pour un", voilà la phrase qui scellera le succès des mousquetaires du Roi. Aramis, le prêtre, Porthos, le gourmand, et Athos, le dandy, vont accompagner le futur Vicomte de Bragelonne dans sa lutte pour la justice et ses conflits avec les gardes du cardinal.
© Erre, Rochier, Greff - Casterman
Vous comptiez lire une énième adaptation plus ou moins fidèle du roman d'Alexandre Dumas ? Il y en a d'excellentes. Mais si vous voulez aussi rire avec la même gorge déployée que Porthos dégustant un jambon, ruez-vous sur celle signée Gilles Rochier et Fabrice Erre. Les deux auteurs se sont lancés dans une parodie complètement déjantée, n'hésitant pas à faire des clins d'œil anachroniques au Hip-Hop, à Emmanuel Macron, à Star Wars ou au Yoga. D'Artagnan devra également prendre garde au #MeToo que pourrait bien lui dégainer Constance de Bonacieux.
© Erre, Rochier, Greff - Casterman
La sortie de l'album accompagne celle du film éponyme réalisé par Martin Bourboulon, superproduction française au casting de luxe : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï, faisant face à une Eva Green en Milady. Alors que les éditions Plein Vent jouent la transposition fidèle, Casterman tente l'originalité avec d'une part cette adaptation humoristique, succession de gags sans réel fil rouge, et d'autre part une version manga scénarisée par Néjib et dessinée par Cédric Tchao dans laquelle les scènes de combat sont virevoltantes.
© Erre, Rochier, Greff - Casterman
2023 est l'année Mousquetaires. Gaffe aux pigeons de ne pas trop s'approcher de Porthos. Pour le reste, un pour tous, tous pour un, et vaille que vaille ! D'Artagnan est dans la place pour le meilleur et pour le rire. Yo, mec !
Laurent Lafourcade
Série : Les trois mousquetaires
Titre : 1 – D'Artagnan dans la place
Genre : Histoire et parodie
Scénario : Gilles Rochier
Dessins : Fabrice Erre
Couleurs : Sandrine Greff
Éditeur : Casterman
ISBN : 9782203242289
Nombre de pages : 48
Prix : 9,95 €
En 1982, avec Le Réseau Madou, Alain Goffin réinvente - dans la lignée des Floc’h, Ted Benoît et autre Chaland - la ligne claire hergéenne. Sept ans plus tard, sur un scénario de Benoît Peeters et François Schuiten, Plagiat ! (Les Humanoïdes Associés) lui permet de rencontrer un public plus adulte. Cette fable féroce met en scène un peintre contemporain qui, plagié, connaîtra une véritable descente aux enfers. Un mariage diabolique entre Ligne claire et Art moderne.
Une œuvre mythique dont les auteurs viennent de publier une nouvelle version (éd. Anspach) dont les planches ont été retracées, relettrées et remises en couleur par Goffin. En 1992 et 1997, dans la même optique alliant élégance et intelligence, paraissent Le Théorème de Morcom (Les Humanoïdes associés) et Northreed Project (Dargaud), sur un scénario de Benoît Peeters. La galerie Champaka a le grand privilège d’exposer des originaux de qualité issus de ces trois albums, ainsi que des illustrations de Retour à la Rapée (éd. Arboris) paru en 1993. Cerise sur le gâteau : deux peintures de Stefan de Jaeger et une photographie de Marie-Françoise Plissart, liées à l’univers de Plagiat !, complèteront cette exposition exceptionnelle ! Autant de témoignages que ces univers signés Goffin n’ont pas pris une ride !
© Goffin - Schuiten - Peeters - Anspach
Exposition du 27/04 au 13/05/23 à la Galerie Champaka
Texte © Galerie Champaka
Images : Axelle Coenen & Thierry Ligot
"-C'est bon. On va remonter le courant au moins sur deux miles et trouver un passage à gué pour traverser la rivière. Puis, plein Nord sur trois miles pour arriver à la crête. On y va, sur la berge. Dix pieds d'écart entre chaque homme.
-Sergent ! Regardez !
-Un Loach ?
-Qu'est-ce qu'il fout là ?
-On dirait qu'il cherche à se poser.
-Où ? Il n'y a rien là-bas…"
Sud-Vietnam, 1965, vallée de la Drang, une troupe de GI avance dans la jungle asiatique. Entre les pluies diluviennes et les fleuves à traverser, le Sergent Tyler et son groupe sont les acteurs d'un conflit sanglant ne laissant aucune place à la pitié. Un hélicoptère se pose dans une clairière et repart aussitôt ; il vient de déposer Huyn Than My, un journaliste de l'associated press. Les directives de McNamara sont claires : les restrictions faites aux médias sur les zones de combat doivent être dimininuées. Le journaliste remarque rapidement une statuette accrochée au barda de Powell, un membre du commando. C'est Latah, un mystère de la culture orientale qui frappe les personnes ayant souffert ou ayant subi un choc, les rendant incontrôlables, erratiques et les transformant physiquement. La malédiction ne va pas tarder à s'abattre sur les GI qui vont devoir se battre contre un ennemi hors du commun. Tout a une cause. Latah ne frappe pas sans raison.
© Legrain, Mikl – Le Lombard
Thomas Legrain se lance pour la première fois en solo. Après Sisco et The Regiment, l'auteur mêle récit de guerre et survival dans un blockbuster terrifiant. Plus angoissant que Voyage au bout de l'enfer, aussi patriotique que Platoon, aussi dramatique que Full Metal Jacket, tout autant implacable que Apocalypse Now, Latah a un côté allégorique qui donne vie à l'horreur de la guerre par le biais d'une entité qui décime les soldats américains. On ne la voit quasiment pas. On aperçoit son ombre. La tension monte crescendo. Les GI font figure de "petits nègres" face à un Predator d'un autre genre. Ici, l'ennemi ne vient pas de l'espace mais de la mythologie locale. Laissera-t-il des survivants ?
© Legrain, Mikl – Le Lombard
Legrain réussit une immersion totale dans un paysage finement détaillé. On doit pousser les feuillages pour passer d'une case à l'autre. On a la sensation d'avoir les pieds mouillés lorsque l'on franchit une rivière. On tremble en tirant vers un ennemi que l'on ne voit pas. On est le dixième membre de la troupe du Sergent Tyler comme dans ces mythiques livres dont vous êtes le héros. Thomas Legrain ne laisse aucun répit, ni à ses personnages, ni à ses lecteurs. Il y a des respirations dans l'histoire, certes, mais on ne sait jamais quand la mort va frapper. Le "page turner" est à son paroxysme.
© Legrain, Mikl – Le Lombard
La collection Signé est au Lombard ce que Aire Libre est à Dupuis : un concentré d'albums indispensables aux signatures prestigieuses, qu'elles soient déjà fort reconnues ou en passe de le devenir. Latah et Legrain y ont tous les deux leur place légitime.
Laurent Lafourcade
One shot : Latah
Genre : Guerre
Scénario & Dessins : Thomas Legrain
Couleurs : Mikl
Éditeur : Le Lombard
Collection : Signé
ISBN : 9782808205146
Nombre de pages : 128
Prix : 23,50 €
Cette superbe voûte étoilée, sous laquelle nous revînmes hier, et qui semblait nous garantir un beau jour, ne nous a pas tenu parole. »
Diderot, « Supplément au Voyage de Bougainville »
Il est parfois intéressant d’aller traîner dans des foires du livre ou autres festivals ayant l’excellente idée d’inviter des pays, régions hors frontières.
Le visiteur a alors l’occasion de découvrir parfois des éditeurs inconnus « ici » car n’étant pas réellement distribués à grande échelle, voire y compris dans nos librairies BD spécialisées préférées.
C’est ainsi que lors de la dernière « Foire du Livre » de Bruxelles, en avril dernier, les régions de France étaient à l’honneur. Dans les travées de la Gare maritime, nos regards ont été attirés par le stand d’un éditeur breton, Locus Solus.
Romans, livres de voyage, pour enfants et jeunesse au sens large, … sans oublier bandes dessinées ! Et parmi elles, le très bel ouvrage « Méridien » !
© Le Gouëfflec – Queillé – Locus Solus
Nous sommes au XVIIIe siècle, un groupe de savants français partent en expédition en Amérique du Sud, en Equateur plus exactement. Leur mission : mesurer les méridiens et déterminer la forme de la Terre ! Est-elle bien ronde ?
Un périple ordonné par le Roi de France plein de dangers … tant par les risques inhérents au milieu naturel hostile que par les personnalités de 4 scientifiques embarqués dans cette odyssée. Nous y comptons Charles-Marie de La Condamine (1701-1774), ambitieux géographe, Pierre Bouguer (1698-1758), austère mathématicien, Louis Godin (1704-1760), astronome curieux de tout et particulièrement des femmes créoles, et enfin Joseph de Jussieu (1704-1779), médecin rigoureux et herboriste amateur, …
© Le Gouëfflec – Queillé – Locus Sol
us
Mais dans un pays colonisé par l’Espagne, évangélisé de force, connaissant des épidémies de variole décimant les populations indiennes locales, rien n’est simple !
Loin des théories bien-pensantes des Lumières, cette exploration de la Connaissance en terre sauvage se transforme rapidement en expédition de vie, de survie.
Face à cette réalité brutale, les véritables visages de ces savants bien éduqués et poudrés se déchirent pour laisser apparaître leur véritable nature, leurs ambitions secrètes et une morale « primaire » au besoin. Entre détresse profonde et détermination infinie, nous découvrons chacun des protagonistes dans leur être profond, conscience et inconscience leur dictant leurs actions dans cet environnement « naturel ».
Inspiré de faits réels, historiques, ce récit a lui-même connu bien des péripéties avant de voir le jour et d’être enfin édité … pour notre plus grand plaisir ! Puisque pas moins de 6 années furent nécessaires pour le faire éclore.
© Le Gouëfflec – Queillé – Locus Solus
Arnaud Le Gouëfflec met ici tout son talent de romancier et de scénariste afin de donner vie à cette épopée scientifique d’un côté et humaine de l’autre.
Nous connaissions ses qualités scénaristiques au travers des BD aussi différentes que « Mondo Reverso », « Le frère de Göring », « Lino Ventura & l’œil de verre » ou encore « Tati » et « Mystère et Boule de Gomme », nous voici désormais avec ce conte humaniste confronté à l’Enfer Vert. Une petite comédie humaine, en un seul volume, que Balzac n’aurait pas renié !
Trait de génie pour ne pas s’enfermer dans un récit de voyage trop rigide au niveau de la narration, Arnaud Le Gouëfflec utilise les oiseaux, perroquets curieux et compagnie pour lier ses séquences et épisodes. Astuce qui donne un peu de légèreté et de liberté structurelle au récit …
© Le Gouëfflec – Queillé – Locus Solus
Loin des codes de la BD de masses actuelle, moderne, « commerciale », le trait unique de Briac Queillé donne une saveur exceptionnelle au récit. Expressionnisme graphique mêlant pastel, acrylique, … , usant avec brio d’angles de vue et d’effets saisissants, il nous entraîne dans son univers de couleurs, dans ses ambiances équatoriales chaudes mais également sombres et inquiétantes. Un dessin complexe, travaillé, gratté qui donné comme du relief à celui-ci si bien que certaines planches sont de véritables tableaux ! Jouant sur les teintes et atmosphères, chaque séquence est « personnalisée » et unique.
Bref un petit chef-d’œuvre poétique mais qui ne sera probablement pas à la portée de tous les lecteurs tant sa sophistication le rend parfois inaccessible !
Thierry Ligot
Titre : Méridien
Éditeur : Locus Solus
Scénario : Arnaud Le Gouëfflec
Dessin : Briac Queillé
Couleurs : Briac Queillé
Nombre de pages : 144 – 8 pages cahier documentaire et graphique
Prix : 29 €
ISBN : 9782368333624
LOCUS SOLUS
1 ZA de Run ar Puns
29150 CHATEAULIN
Bretagne - France
Tel +33 02 98 81 70 56
20 ans de Nelson ! devinez qui a oublié de souffler les bougies ?
Il est orange et sème la panique. Partout où il passe, les problèmes repoussent toujours. C'est Nelson, le diablotin orange. Julie et Floyd sont plus que furax. Apparemment, Nelson vient de mettre le feu à l'appartement. Les pompiers et les forces de l'ordre sont réquisitionnés. Vingt ans ! Déjà vingt ans que le héros de Bertschy met le souk pour notre plus grand plaisir. Et comme le bon vin, il s'améliore en vieillissant. Pour l'occasion, Bertschy répond à vingt questions essentielles, inattendues ou drôles.
Pendant ce temps, les abonnés vont coller des stickers à l'effigie du héros de la semaine. Des emojis Nelson donnent envie d'avoir les mêmes dans son smartphone.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Bertschy – Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : L’inspiration |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Ziad |
Lai / Bocquet / Alquier |
Schtroumpfs (Les) : Qui est ce Schtroumpf ? |
Tebo |
Soda : Le pasteur sanglant |
Gazzotti / Bocquet / Usagi |
Récits complets :
Comix remix spécial : Diablotin sur canapé |
Bourhis |
Family life |
Louis |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Antre case (L') (La pause-cartoon) |
Waltch / Derache |
Coach (Le) |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Dad |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du professeur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Nelson & Cie |
Zep / Buche / De Pins / Jilème |
Nelson (x3) |
Bertschy |
Quand ça ne veut pas ! |
Boudebesse |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Rubriques :
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Di Gregorio |
En direct du futur : Profession gagman |
Midam |
Interview |
Bertschy |
Jeux : Vacances à la neige pour 20 ans de Nelson |
Joan |
Tuto dessiné : Floyd et Nelson |
Bertschy |
Supplément abonnés :
Autocollants : Nelson |
Bertschy |
En kiosques et librairies le 26 avril 2023
2,70 €
Laurent Lafourcade
"-Bon. Aux grands mots les grands remèdes. Je vais chercher Nadège.
-Ah enfin ! Vous voilà !
-Monsieur Elmer, encore vous ? C'est votre jour de sortie.
-Mais je ne suis pas guéri, voyons."
M'enfin, M'sieur Elmer, il est temps de quitter l'hôpital. Vous êtes guéri. Il faut sortir. Sacré, Monsieur Elmer. Depuis qu'il a vu la sublime infirmière rousse qui s'occupe de lui, son cœur a chaviré, et pas que son cœur. Il rêve d'elle toutes les nuits, pas question de la quitter. Elle lui fait tourner le sang. Grâce à elle, il n'a plus peur ni de l'hôpital, ni du bistouri. La soignante lui donnera-t-elle un peu d'espoir ?
© Even, Lenoble – Graph Zeppelin
L'infirmière est la première des cinq chansons du groupe Elmer food beat adaptées en bande dessinée par Katia Even. Avec son graphisme sexy soft, la dessinatrice du Petit derrière de l'histoire était l'autrice rêvée pour cette transposition. Après L'infirmière, c'est la célèbre caissière de chez Leclerc qui fait fantasmer un client. L'air sévère de l'employée émoustille l'homme qui ne rêve que de la rendre heureuse sur la caisse enregistreuse. La vie devant nous est ensuite une chanson dans laquelle le groupe raconte son plaisir de vivre. Katia Even s'en empare en ajoutant sa patte, en intégrant une histoire de photographe professionnel réalisant un shooting inédit avec des nonnes. Une semaine de réflexion met en scène le désarroi d'un homme largué regrettant ses infidélités. On termine avec l'agréable leçon de psychologie de Je vais encore dormir tout seul ce soir. Une femme envahit les pensées d'un homme qui aimerait tant savoir comment faire pour lui plaire.
© Even, Lenoble – Graph Zeppelin
Elmer food beat est un groupe de rock pop français qui a cartonné au début des années 90. Plus de neuf cents concerts et un million de disques vendus, portés par les immenses succès de la très accueillante Daniela et du pédagogique Le plastique, c'est fantastique, qui donne son titre à la BD.
Les personnages de Katia Even sont de la famille de ceux des Péchés mignons d’Arthur de Pins : gueules rondouillardes, formes exagérées, mais physiques un peu plus élancés. Jamais sale, jamais vulgaire, le graphisme érotique soft sied bien aux textes du groupe musical. La coloriste Hélène Lenoble accompagne la dessinatrice pour former un duo d’auteurs féminins en donnant aux planches des tons…chauds.
© Even, Lenoble – Graph Zeppelin
Espérons qu’un tome 3 nous fera faire connaissance avec d’autres héroïnes d’Elmer Food Beat comme la grosse Jocelyne ou Caroline. Elles gagnent à être culs nus…euh…connues.
Laurent Lafourcade
Série : Le plastique, c’est fantastique
Tome : 2
Genre : Comédie érotique
Scénario & Dessins : Katia Even
Couleurs : Hélène Lenoble
Adapté de : Elmer Food Beat
Éditeur : Graph Zeppelin
Nombre de pages : 46
Prix : 10 €
"-Salut l'alien, tu peux m'aider à faire mes dev…
-Pourquoi tu gardes les yeux fermés ?
-Pour pas les abîmer e, te regardant.
-Ha ha ha ! Très drôle ! Ouvre-les !
-Non, impossible. Sais-tu que la cornée est très fragile ? Il faut en prendre soin. Et lui soumettre trop souvent ton image la détériorerait."
Il y a des personnages qu'on aime adorer et d'autres qu'on aime détester. Et puis il y a ceux dont on aime quand ils se détestent. C'est le cas de Tom et Nina, le frère et la sœur qui s'entendent pire que chien et chat mais qui ne pourraient pas se passer l'un de l'autre. Aujourd'hui, Nina tente d'asseoir son ascendant psychologique sur Tom. Elle tente d'influencer tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit : c'est l'influente sœur !
© Dutto, Bekaert – Soleil
Pour commencer, Nina fait croire à son frère qu'elle exècre les flatteries, choses que Tom va s'empresser d'enchaîner. Le gamin ne capte pas que c'est pour mieux l'asservir. Nina n'hésite pas à préparer gentiment la valise de son frère… pour qu'il parte et qu'elle soit peinarde. Si ça ne suffit pas, elle va le vendre. Quoi de mieux que de le faire sur le net. Tu ne supportes plus ton frère ? Vends-le sur Frérinted ! Pourtant, quand il était petit, Tom était très intelligent, jusqu'au jour où il perdit son cerveau de lait, qui jamais de repoussa. A présent, Tom est tellement bête que même ses cheveux veulent quitter sa tête. C'est pour ça que les garçons sont plus sujets à la calvitie.
© Dutto, Bekaert – Soleil
Trente-quatrième fournée de gags des P'tits diables, album dans lequel, comme d'habitude, alternent gags classiques et planches thématiques comme on adore les retrouver. On a donc droit au Dico des frères où l'on apprend des mots comme mochupide (qui est laid et manque d'intelligence), atroche (insupportable par sa laideur) ou encore horrignoble. La séquence Frères et sœurs à travers le temps cherche à savoir si les frères sont stupides depuis la nuit des temps. Ce n'est ni un dinosaure, ni la tablette de papa qui diront le contraire. Les aventures du cerveau de Tom montre comment il a influencé, lui aussi, des milliards de garçons à travers le monde. Le tuto "Deviens influente sœur" explique aux filles comment accomplir leur rêve en mode, beauté, cuisine ou voyage. Même Grippy va se prendre au jeu. Enfin, le défi "Où est Tom ?" conclut l'album dans une double planche digne des meilleures séries de portraits.
© Dutto, Bekaert – Soleil
Sous les couleurs de Bekaert, Dutto est au top "Duttop". Si Tom tente tout pour éviter d'être influencé par sa sœur, tant bien que mal, nous lecteurs, on est plutôt comme Kafard, complètement "ninatisés", et on n'a pas tellement envie d'en être soigné.
Laurent Lafourcade
Série : Les p’tits diables
Tome : 34 – L'influente sœur !
Genre : Humour fraternel
Scénario & Dessins : Olivier Dutto
Couleurs : Benoît Bekaert
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302095311
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
"-Je suis le secrétaire particulier du seigneur marchand Pyrinthe. Il cherche un auteur capable de rédiger ses mémoires , et Brumelet, votre éditeur, a suggéré votre nom.
-Mais je… Je ne suis pas un prête-plume !
-Nous avons racheté toutes vos dettes, dois-je demander à Fryss, ici présent, d'en exiger le paiement immédiat ?
-Euh non, non !
-Mais comme bâton rime avec carotte, nous ajoutons une prime substantielle en bon or, qui vous sera versée au fur et à mesure de l'avancée de l'ouvrage.
-Demain aux aurores, au palais du seigneur Pyrinthe."
C'est à Parys que commence l'histoire. Lathan Dangodo est un écrivain en quête de gloire. Il ne veut pas d'une gloire posthume, non. Ce qu'il cherche, c'est à devenir riche et célèbre, pour être digne de Murcille, sa dulcinée, et pour que l'échevin Fomelio ne lui tourne plus autour. En ce jour, alors qu'il buvait un coup au comptoir d'un bar, Lathan reçoit une proposition qu'il va lui falloir considérer. Le seigneur marchand Pyrinthe recherche un biographe. Afin de convaincre l'auteur, il a racheté ses dettes. L'écrivain ne peut pas refuser. Dans le palais peu discret du seigneur, sur une île privée au cœur de la cité, il va découvrir dans la bibliothèque un livre pas comme les autres, le Danthrakon, grimoire magique très puissant, qui pourrait bien changer son destin. L'ouvrage va l'aider à devenir célèbre. Mais à quel prix !
© Gay, Arleston, Boiscommun - Bamboo
Après un triptyque consacré à un marmiton et un one shot mettant en scène une cantatrice, le Danthrakon est de retour pour aider un écrivain raté à atteindre la gloire. Mais à force de vouloir toucher les étoiles, on risque de se brûler au soleil. C'est l'amère expérience que va faire Lathan Dangodo quand il va se rendre compte que tout ce qu'il écrit dans son livre se produit dans la réalité. Et comme il a prévu une fin tragique, il faudrait qu'il trouve une parade pour modifier le cours du destin. Cette histoire aurait très bien pu être le tome 2 de la série Les maléfices du Danthrakon. Alors, pourquoi paraît-elle sous forme d'un one shot indépendant ? Tout simplement parce que les auteurs ont pris tellement de plaisir à écrire cette histoire qu'ils ont voulu lui donner une vie propre, au-delà des autres récits rattachés au livre magique.
© Gay, Arleston, Boiscommun - Bamboo
Après La diva des pics, le duo Christophe Arleston – Olivier Gay transforme l'essai avec ce fort réussi Succès damné. Les auteurs écrivent un récit d'Heroïc-Fantasy qui est en fait une ode à l'écriture, et dans laquelle on retrouve une ambiance à la Ekhö, avec des dialogues bien ficelés. On y suit les tourments et les affres d'un écrivain qui cherche à tout prix le succès. Comment va-t-il s'y prendre ? Comment va-t-il trouver des astuces ? Comment va-t-il être obligé de corriger le tir ? C'est à toutes ces questions qu'ils vont tenter de répondre par le biais du destin de Lathan Dangodo, qui serait presque la synthèse graphique de Gay et Arleston eux-mêmes. Les scénaristes démontrent par son entremise qu'il ne sert à rien de tricher pour écrire. C'est seulement la sincérité qui amènera au succès. Au dessin, Olivier Boiscommun maîtrise son sujet. Si l'on voulait être pointilleux, on aurait aimé quelques décors plus fouillés à la Tarquin. Une vraie-fausse interview du héros du récit parfait l'album.
© Gay, Arleston, Boiscommun - Bamboo
Vous voulez savoir jusqu'où vous iriez pour devenir écrivain ? Faites de Succès damné un succès béni et vous aurez la réponse. Bienvenu dans le Danthrakonverse !
Laurent Lafourcade
One shot : Succès damné Jusqu'où iriez-vous pour être écrivain ?
Genre : Heroïc Fantasy
Scénario : Christophe Arleston & Olivier Gay
Dessins : Olivier Boiscommun
Couleurs : Claude Guth
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
ISBN : 9782382331088
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
"-Bien dormi, Miss Charity ?
-J'ai eu des rêves déplaisants…
-C'est bien fait ! Vous en avez fait de belles, hier, au pique-nique.
-Plaît-il ?
-Tout le monde dit que vous avez outrageusement flirté avec Mr Bertram !"
A Dingley Bell, Miss Charity a quinze ans. A présent, elle n'est plus une enfant. Si les fleurs et les champignons n'ont pas de secrets pour elle, il n'en est pas de même pour la condition et les comportements humains. C'est ce qu'elle va essayer de comprendre. Elle entretient une correspondance avec Mademoiselle Blanche qui, à Londres, cherche à devenir la préceptrice de nouvelles jeunes filles. Sa cousine Ann est divertissante mais qu'est-ce qu'elle s'écoute parler. Il y a également à Bertram Manor le cousin Philip, à la peau collée aux pommettes et aux cernes bistres sous les yeux pour qui Ben Jonson est un bien meilleur dramaturge que William Shakespeare, avis qu'elle ne partage pas. Toujours est-il qu'il vont entretenir une certaine complicité. Au milieu de tout ça, Charity a ses animaux : Cook, le canard bavard, Peter, le lapin, et sa famille Millie, Ernest et Pancrace. Des bestioles qui vont lui être très inspirantes.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
Dans une Angleterre victorienne fin d’époque, une petite fille avec une passion atypique et un caractère déterminé va vivre les plus belles années, celles de l’enfance et de l'adolescence qui font ce que l’on devient. Après avoir suivi ses premières années, c'est une adolescente qui entre dans la vie que nous accompagnons dans ce deuxième épisode. Pour ses parents, Charity Tiddler n’est qu’une ombre destinée à rester à sa place, à être éduquée par des précepteurs et soignée par des bonnes. Mais grâce à un enthousiasme pour les petits animaux et la nature, l’enfant va prendre en main son destin. La faconde avec laquelle elle répond à son entourage, toujours avec respect mais avec aplomb, fait d’elle une figure du féminisme avant l’heure.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
Paru en 2008 dans la collection Medium de L’Ecole des Loisirs, Miss Charity est un roman de Marie-Aude Murail, l’une des plus grandes romancières jeune public. Il fallait tout le savoir-faire d’un Loïc Clément pour l’adapter sans « abimer » ses mots. En choisissant de conserver de nombreux récitatifs, Clément permet à la bande dessinée de garder ce côté littéraire si fusionnel avec l’époque des faits relatés. Marie-Aude Murail s'est inspiré de la vie de Beatrix Potter, la célèbre autrice de Pierre Lapin, Sophie Canétang, Tom Chaton, Madame Trotte-Menu et compagnie. Née en 1866 en Angleterre, à la fois autrice, illustratrice et naturaliste, elle figure parmi les précurseurs dans l'anthropomorphisme animal. Qui donc mieux qu'Anne Montel, dessinatrice du fabuleux temps des mitaines pour se glisser dans son sillage ? La dessinatrice a dans son trait la classe victorienne qui sied si bien à l'histoire de Miss Charity. Une planche transforme un jeu de vérité en plateau de jeu de l'oie semblant tout droit sorti d'une boîte vintage. Les couleurs aquarelles rythment les séquences joyeuses ou tristes.
© Clément, Montel, Murail - Rue de Sèvres
Miss Charity nous invite dans le petit théâtre de sa vie, avec son lot de rires et de pleurs, son aspect comédie et son côté tragédie. La vie, quoi.
Laurent Lafourcade
Série : Miss Charity
Titre : 2 – Le petit théâtre de la vie
Genre : Poésie victorienne
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Anne Montel
D’après : Marie-Aude Murail
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 120
Prix : 16 €
"-Venez !
-Qui êtes-vous ? Qu'est-ce qui se passe ? Mais je vous reconnais ! Vous êtes Geneviève, de la billetterie ?
-Non, je suis Ginevra, la sœur de Lisa Gherardini, épouse de Francesco di Giocondo.
-Lisa Gherardini ? Mais c'est la Joconde, non ?
-Ma sœur n'est pas la Joconde. Elle est juste le modèle de départ, juste une bourgeoise florentine dont l'époux voulait le portrait."
Patrick est gardien au Musée du Louvre. Il a une collègue de boulot qu'il ne supporte plus, mais alors plus du tout. Ce n'est Geneviève de la billetterie, bien qu'elle oublie régulièrement de prévenir les visiteurs les jours où ça ferme à 18 h. Non, ça, c'est casse-pieds mais ce n'est pas si grave. Celle qu'il ne peut plus encadrer, c'est Mona Lisa, la Joconde. Pour lui, elle n'est rien moins que – je cite – une petite conne prétentieuse. Pourtant, un jour, elle va l'appeler. Patrick va pénétrer dans le tableau, comme par magie. Il va rencontrer le grand, l'immense, l'unique Léonard de Vinci. Peut-être même comprendra-t-il l'Art du Maître ?
© Alessandra, Rojzman - Daniel Maghen
La scénariste Théa Rojzman a appréhendé de nombreuses formes d'Arts. Elle a peint, écrit, joué au théâtre et fait de la musique. Elle est aussi poète puisqu'elle a publié en 2003 un recueil de poésie. C'est peut-être pour cela que ce "Voyageur" est un poème sur l'Art. Rojzman démontre que derrière chaque œuvre, et à fortiori la Joconde, le tableau le plus célèbre du monde, il y a une histoire et une intention. Qui de mieux que Léonard de Vinci lui-même pouvait l'expliquer à Patrick en particulier et aux lecteurs en général ? L'immersion ne pouvait pas être plus grande. Rojzman prouve que l'Art est salvateur puisqu'en le comprenant Patrick va voir sa vie qu'il déteste prendre une nouvelle direction. Le seul reproche que l'on pourrait faire à l'histoire, même si c'est justifié, c'est le nombre de gros mots qu'assène Patrick en début d'album. On pourrait le penser atteint du syndrome de Gilles de la Tourette. Cela accentue son état d'esprit mais il n'était pas nécessaire d'en faire tant.
© Alessandra, Rojzman - Daniel Maghen
Qui de mieux qu'un voyageur pour dessiner le récit d'un voyageur ? Celui qui parcourt le monde avec ses carnets de croquis, un aquarelliste des cases, était fait pour mettre cette histoire en images. Joël Alessandra est au rendez-vous. Le dessinateur n'allait bien évidemment pas accepter un huis-clos dans les couloirs du Louvre, bien que sa Victoire de Samothrace soit hallucinante (un véritable uppercut quand on la découvre en tournant une page). S'il a relevé le défi, c'est pour nous embarquer en Toscane, au XVIème. Une campagne, des monuments,… Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi les rues de Paris. Il nous invite à regarder le décor derrière La Joconde, ce que très peu de visiteurs font. Et que dire de la leçon du génie sur le sfumato ? Et pour ceux qui en douterait encore, le talent d'Alessandra est prouvé dans un cahier graphique en fin d'album dans lequel prend place, entre autres, sa Mona.
© Alessandra, Rojzman - Daniel Maghen
Après Les petits voyageurs de l'art récemment paru chez Kennes, Le voyageur est un nouvel album dans lequel un personnage pénètre dans le fameux tableau. Les deux titres s'adressent à des publics différents et se complètent parfaitement. Ce voyageur aurait très bien pu être publié dans la somptueuse collection Louvre Futuropolis. Il sort chez Daniel Maghen, mais on pourra le ranger entre Un enchantement de Christian Durieux et Les gardiens du Louvre de Jiro Taniguchi.
Laurent Lafourcade
One shot : Le voyageur
Genre : Art
Scénario : Théa Rojzman
Dessins & Couleurs : Joël Alessandra
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741431
Nombre de pages : 150
Prix : 22 €
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