« - Pourquoi raconter encore cette histoire ? Ça fait plus de trente ans qu’on me dit que je n’aurais jamais dû exprimer ma joie ce jour-là. Ceux qui me reprochent cette joie n’ont jamais marqué un but de leur vie. Vous trouvez que je n’ai pas assez de problèmes ? Avoir été le meilleur joueur de football du monde… et finir sa carrière avec une réputation de malfaiteur. Et vous, vous êtes devenu quoi, depuis cet accident de voiture ?
- Moi ? Je suis historien.
- Vous voulez faire l’histoire du drame du Heysel ?
- Pas exactement. »
Sylvain Venayre a toujours été passionné de football. S’il s’imagine discuter avec Michel Platini dans les décombres de la catastrophe du stade du Heysel en Belgique où une bousculade dans les tribunes a fait trente-neuf morts, ce n’est pas pour raconter cet événement tragique. Trois jours après ce drame auquel Sylvain a assisté à la télévision à 15 ans, il se réveille à l’hôpital après avoir été renversé par une voiture. Il pense être un survivant des supporters. Aujourd’hui, trente-six ans plus tard, l’auteur revient sur son amour pour le ballon rond et son admiration pour l’un des plus grands joueurs de l’Histoire : Michel Platini.
© Venayre, Christopher, Mathilda - Delcourt
Intégré à la collection Coup de tête, dirigée par Kris et consacrée aux sports, Mon album Platini est une histoire d’amour. La couverture synthétise à elle seule l’objectif des auteurs. Sur la pelouse d’un stade, avant le départ d’un match, les joueurs sont alignés comme à la parade. Un enfant passe devant eux. Ces joueurs ne sont pas comme les autres. Ce sont les acteurs de l’album : Michel Platini, bien sûr, le scénariste Sylvain Venayre, Thierry Roland, mythique commentateur, ainsi que Sigmund Freud. Ce n’est pas anodin. Venayre psychanalyse son rapport au football. L’enfant qui passe devant eux, c’est lui enfant, en tenue de joueur de club de quartier, tenant dans ses mains un album Panini, recueil d’autocollants avec les têtes de tous les footballeurs stars de la génération Séville 82, sous-titre de l’album.
© Venayre, Christopher, Mathilda - Delcourt
Le 8 juillet 1982, l’équipe de France chute en finale de la coupe du monde de football face à l’Allemagne. L’événement a marqué la génération de Sylvain Venayre qui, à douze ans à l’époque, était bouche bée devant ses héros, collait leurs photos dans son album d’images, jouait au jeu de société Buteur et regardait le dessin animé Onze pour une coupe, avec Naranjito, mascotte de la compétition. « Pour faire une génération, il faut quelque chose en plus. » disait le grand historien Marc Bloch. Cette « empreinte » est racontée dans ce livre.
Au dessin, Christopher s’attache à dépeindre les sentiments qui sont derrière son trait. Derrière les regards et les visages parfois rigides des acteurs de l’époque, on entre dans leurs esprits pour avoir leurs ressentis. Les actions de foot sont précises et dynamiques. Les foules sont esquissées mais ça suffit pour en faire partie.
© Venayre, Christopher, Mathilda - Delcourt
Bien qu’adressé particulièrement aux fans de football, l’album ne vise pas ce seul public mais tous ceux qui ont vécu leur enfance et leur adolescence dans les années 80. Ce sport étant tellement médiatisé, on se rappelle tous de ce que l’on faisait le jour des grands événements y étant rattachés, qu’on les ait regardés ou pas.
Laurent Lafourcade
One shot : Mon album Platini – Génération Séville 1982
Genre : Sportif & historique
Scénario & dossier historique : Sylvain Venayre
Dessins & Couleurs : Christopher
Couleurs : Mathilda
Éditeur : Delcourt
Collection : Coup de tête
Nombre de pages : 120
Prix : 21,90 €
ISBN : 9782413037705
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