« - Orson, sale voleur ! Sors de ton trou !
- Mais qu’est-ce que… Deux-colts ? Quelle bonne surprise ! Mais entre donc !!!
- J’arrive du Wyoming avec 1200 bêtes.
- Oui, oui. Je te paierai ta commission tout à l’heure, mais en attendant, prends cette chaise. Le temps de sortir mon attirail et je suis à toi ! Barbier hier, banquier aujourd’hui… Comme quoi, tout change… Tout sauf toi !
- C’était mon dernier convoi, Orson. »
Russel conduit de gigantesques troupeaux pendant six mois à travers les états pour les mener aux abattoirs de Chicago. Jusqu’à il y a peu, la survie de tout l’Ouest dépendait de types comme lui. Mais avec l’avènement et le développement à vitesse grand V du chemin de fer, les rails sur la prairie sont en train de causer la disparition de la profession. « Demain, les cow-boys, c’est fini. » Accompagné de Kirby, vacher comme lui, et de Bennett, jeune homme naïf qu’il a recueilli à la mort de ses parents, Russel va devoir se résoudre à se payer un ranch pour se sédentariser. C’est une toute nouvelle vie qui s’annonce pour le trio, jusqu’à ce qu’une halte dans un village voit leurs destins pulvérisés par un événement irréversible.
Jusqu’au dernier rappelle les meilleurs films de John Ford et de Clint Eastwood. Le scénario de Jérôme Félix est impitoyable. Paul Gastine a mis trois ans pour dessiner l’album. L’ensemble est… parfait ! Le découpage, les dialogues, tout et rien semble pesé, réfléchi, pertinent. Tout, parce qu’en creusant un peu on descelle tout le travail qu’il y a derrière. Rien, parce que rien ne peut arrêter la lecture de l’album. On se trouve embarqué dans une histoire que l’on ne peut pas quitter avant de l’avoir terminée. Le scénariste et son dessinateur sont dans une alchimie magique intégrant le lecteur.
Même le titre semble touché par la grâce. « Jusqu’au dernier ». Jusqu’au dernier ? La locution est polysémique et mystérieuse. Jusqu’au dernier cow-boy, la profession vivant ses dernières années ? Jusqu’au dernier survivant ? Jusqu’au dernier train ? Jusqu’au dernier instant ? Au lecteur de le découvrir…
Le dessinateur n’a pas hésité à recommencer des planches jusqu’à trouver la composition idéale des cases. Jamais dans la démonstration mais toujours dans la justesse, ses images sont à la bande dessinée ce que le cinémascope a été au septième art.
Aurait-on pu se douter que Russel a failli croiser Lucky Luke ? Oui, oui, avec son troupeau, ils ont hésité à passer par le guet de P(a)inful Gulch pour couper la route, l’endroit même où le plus célèbre cow-boy de la BD a eu à faire avec des « rivaux ». Fermons ici cette (involontaire ?) parenthèse humoristique.
Félix et Gastine avaient déjà signé ensemble les quatre tomes de L’héritage du diable. Ils ne vont pas s’arrêter là puisqu’ils préparent déjà un deuxième western : A l’ombre des géants.
Jusqu’au dernier souffre d’un seul défaut : sa quatrième de couverture. Ne la lisez pas ! Ne lisez pas le pitch de l’éditeur proposé sur les différents sites.
C’est pareil pour la bande-annonce. Nous vous la proposons ci-dessous, mais ne cliquez sur Play qu’une fois avoir lu l’album. Vous ne le regretterez pas.
Laissez-vous surprendre par le déroulé du récit. Juste un conseil : ne vous attachez à personne, vous risqueriez de ne pas vous en remettre…
Laurent Lafourcade
One shot : Jusqu’au dernier
Genre : Western
Scénario : Félix
Dessins & Couleurs : Gastine
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand angle
Nombre de pages : 72
Prix : 17,90 €
ISBN : 9782818967003
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