Qu’est-ce qu’on laisse à nos enfants ? Mémoires effondrées
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Qu’est-ce qu’on laisse à nos enfants ?  Mémoires effondrées

 

 

«  - J’accueille Antoine Donelli ! Alors vous êtes à l’affiche de Noir d’Eden qui sort ce mercredi au cinéma. Jusqu’à maintenant vous étiez habitué à des comédies avec des rôles plus légers. Là on vous retrouve dans un film sombre, à l’atmosphère presque glauque… Alors vous êtes nés en 1980 à Noyal-sur-Vilaine, un petit village de Bretagne. Votre mère est infirmière et votre père musicien. Vous avez une enfance heureuse, mais à l’âge de dix ans, vos parents en rentrant d’un week-end en amoureux pour fêter leurs quinze ans de vie commune ont un accident de voiture et ils décèdent tous les deux… Heureusement vous n’êtes pas dans la voiture, mais voilà, avec votre sœur jumelle, vous vous retrouvez orphelins… Vous êtes pris en charge et élevés par votre tante, qui est professeure… Vous avez dit que vous étiez un obsessionnel de l’accumulation. Vous ne jetez rien. Vous gardez des places de concert, des ampoules grillées, des mots de vos ex, des cailloux que vous avez ramassés petit… C’est un peu une façon de conserver quelque chose du passé, nan ? Garder une trace face à l’oubli ou au temps qui passe… »

 

 

 


 

 

                Décembre 2019. Thierry Ardisson reçoit le comédien Antoine Donelli sur le plateau de son talk-show. C’est l’une des nombreuses séquences retrouvées par son fils en 2047, trois ans après sa mort, alors qu’il avait soixante-quatre ans. Il était très curieux, se posait mille et une questions et se demandait souvent comment en était-on arrivé là. C’est dans une malle remplie de carnets de notes, de cahiers et de clefs USB que les souvenirs d’Antoine étaient en sommeil. De manière aléatoire, sans chronologie aucune, on découvre ses moments de vie, ses réflexions, les messages qu’il adresse à ses proches, sa famille, ses amis.

 

 

 

 

© Baya– Rue de l’échiquier

 

 

                Mémoires effondrées n’est pas histoire. Ce n’est pas une fiction, ce n’est pas une chronique. C’est une somme d’anecdotes et de réflexions philosophiques montrant et démontrant ce que l’on peut apprendre d’une vie, les enseignements qui en découlent, des instants parfois tristes, parfois drôles, pessimistes pour certains, avec une lueur d’espoir pour d’autres. Le plus beau passage est peut-être celui adressé à sa tante Clémentine, professeur, en mai 2010. Antoine raconte ce jour où, à la bibliothèque, dans un coin aménagé pour la lecture, au milieu de gros coussins, il se rend compte de l’émerveillement que procurait la lecture faite par une petite fille de huit ou neuf ans à d’autres enfants plus petits. « Tout est histoire et il n’y a rien de mieux que de se raconter des histoires. »

 

 

 

 

© Baya– Rue de l’échiquier

 

 

                Avec Mémoires effondrées, Baya scénariste offre un livre de méditation, une fiction épistolaire invitant à l’introspection. De réflexions sur le temps qui passe, de la marche du monde, inéluctable, avec même une pandémie qui passe par là, de bilans ponctuels à divers moments d’une vie, l’auteur livre une partition comme un compositeur qui ferait ses gammes.

 

                Baya dessinateur est un créateur polymorphe. Le graphiste ne présente pas un livre mais une hydre dont les têtes sont coupées et repoussent à chaque chapitre différemment. Quasiment tous les modes d’expression dessinés y passent : crayons de couleurs, encres, photographies dessinées, cartes grattées. Les styles vont du réalisme à l’humoristique avec un passage sur Rachida Dati tout aussi amusant que tragique, pensée triste sur une société emprisonnant ceux qui n’y prennent garde.

 

 

 

 

© Baya– Rue de l’échiquier

 

 

                En bande dessinée, il y a les séries, il y a les one shot. Et puis, il y a les OVNI, les livres qui ne ressemblent à aucun autre et qui laissent des traces indélébiles dans le ciel de la création. Philosophie graphique et méditation intemporelle, Mémoires effondrées rentre dans cette dernière catégorie.

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Mémoires effondrées

 

Genre : Lignes de vie 

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Baya 

 

Éditeur : Rue de l’échiquier 

 

Nombre de pages : 192

 

Prix : 24,90 €

 

ISBN : 9782374252940

 



Publié le 04/09/2021.


Source : Bd-best

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