Quand des mots deviennent des images, on entend une mélodie. Le chant du monde
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Quand des mots deviennent des images, on entend une mélodie.  Le chant du monde

« - Tu es encore capable de courir comme ça tout le temps ?

- Je suis capable de courir comme ça avec l’homme que j’aime…

- Tu m’aimes ?

- J’aimerai celui qui me donneras la maison paisible qu’il m’a promise…

- Tu ne m’as jamais dit que notre amour, ce serait de courir en tirant la langue comme des chiens.

- Je t’ai promis une maison dans les forêts de mon pays. Tu crois que je n’en ai pas plus envie que toi ? Je t’y mènerai.

- Tu en as dit, des mots. Mon père n’en a dit que trois : sans moi, rien ! Mais lui, il tient à ce qu’il promet ! Il a promis cette chasse, on l’a !... »

 

 

 

 

 

Une chasse à l’homme dans la campagne, un couple en fuite, des traqueurs sévères et déterminés, Le chant du monde est entonné à mille voix et résonne dans les collines. Sur les bords de la Durance, l’aventure commence comme un western. La tragédie s’installe. Le couple se sépare pour mieux fuir ses poursuivants. Gina va se cacher chez des gens de confiance tandis que son homme, Cheveux rouges, fuit dans la nature après avoir tiré sur l’un de ses chasseurs.

 

 

 

 

© Ferrandez - Gallimard

 

 

Antonio, l’homme du fleuve, habite sur une île. C’est un poète, écolo avant l’heure qui vit d’amour et d’eau fraîche. Afin de partir sur les traces de son fils, le besson Cheveux rouges, le vieux Matelot va faire appel à lui, lui qui connaît mieux que personne les sentiers perdus et les chemins secrets du Haut Pays. Leur quête va les mener jusqu’en pays Rebeillard, jusqu’à chez Toussaint, le vieux bossu, marchand d’almanachs, oncle du besson, et qui en sait des choses sur les gens du pays. Il les soigne, il en sait, et bien plus encore...

 

 

 

 

© Ferrandez - Gallimard

 

 

La postface de Jacques Mény, président des Amis de Jean Giono, raconte toutes les vies de l'histoire, de sa genèse à cette adaptation. Le chant du monde est paru pour la première fois en 1934 aux éditions Gallimard. Son adaptation en bande dessinée paraît chez le même éditeur quatre-vingt cinq ans plus tard. Lyrique, visionnaire, voire subversif pour l’époque, cette histoire furieusement d’actualité fait la part belle aux femmes et les montre fortes et déterminées, restant en retrait mais étant maîtresses de leurs choix. Giono rêvait d’écrire le roman dans lequel « on entendrait chanter le monde » et « percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers ». Il l’a fait. Albert Camus l’a adapté au cinéma en 1965 avec Charles Vanel, Hardy Krüger, André Lawrence et Catherine Deneuve. Giono avait commencé à adapter son roman en scénario pour le septième art en 1942 mais abandonna le projet. Giono-Camus-Ferrandez autour d’une œuvre, il y a pire comme trio d’artistes pour se retrouver à chanter la même complainte.

 

 

 

 

© Ferrandez - Gallimard

 

 

Alors que certains dessinateurs pratiquent une technique de la BD ultra-classique ou que d’autres prennent chacune de leurs planches pour une œuvre à exposer dans un musée, Jacques Ferrandez donne une nouvelle dimension à son art, et ce depuis Carnets d’Orient. Il insère l’une des techniques dans l’autre. Ainsi, de nombreuses planches ou doubles planches présentent un décor dans lequel sont intégrées des cases. On ne lit pas un album qui se passe en Provence. On y va. On y est. Réellement. Physiquement. Tout du moins, on a la certitude d’y être allé une fois l’album terminé. Ferrandez transforme le lecteur en voyageur et montre toute la puissance du medium bande dessinée pour l’évasion. Il est aidé en cela par les mots de Giono, écrivain exégète du roman provençal, et se pose en médiateur pour traduire ses phrases en images avec respect et talent. 

 

Dès l’un de ses premiers albums Arrière pays, Ferrandez donnait le ton de sa carrière. Avec Carnets d’Orient, fresque algérienne, sa saga chef-d’œuvre, il a traversé la méditerranée tout en restant dans des ambiances chaudes du Sud. Malgré quelques exceptions (Commissaire Raffini, L’outremangeur,…), Ferrandez revient toujours à ses premières amours et à ce qui fait sa spécificité. Il paraît même qu’il ré-ouvrirait ses Carnets d’Orient.

 

En attendant, voici quelques mots de l’auteur sur son œuvre :

 

 

 

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : Le chant du monde

 

Genre : Aventure

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Ferrandez

 

D’après : Jean Giono

 

Éditeur : Gallimard

 

Collection : Fétiche

 

Nombre de pages : 160

 

Prix : 22 €

 

ISBN : 9782075109628

 



Publié le 01/12/2019.


Source : Bd-best

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