Rencontre avec Chandre pour Saint Kilda.
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Rencontre avec Chandre pour Saint Kilda.

Londres, 19ème siècle. Darius, un jeune doctorant issu de la haute bourgeoisie s’apprête à défendre sa thèse devant le collège de professeurs de son université. Alors que son avenir semblait tout tracé, celui-ci décide à la dernière minute de changer son sujet de thèse pour défendre les idées évolutionnistes de Darwin. Cet acte jugé subversif par ses professeurs et son propre père mènera Darius tout droit vers Saint Kilda, un archipel d’îles écossaises situé très au large du Royaume Uni et qui semble coupé du monde. Là bas, notre héros découvrira une société vivant hors du temps et des valeurs de la civilisation occidentale…

Intrigue et mystère sont les ingrédients essentiels de cette histoire en deux tomes parue chez EP éditions. Pour nous en parler, Christian Missia avait rencontré le dessinateur Chandre, qui a accepté de revenir sur la genèse de ce diptyque.

 

 

Quel est l’histoire de Saint Kilda ?

C’est un projet que j’ai mené avec Pascal Bertho, mon scénariste. L’histoire se passe au 19ème siècle. Darius est un étudiant en médecine issu d’une bonne famille de la haute bourgeoisie. Son avenir est déjà tout tracé mais, pour avoir soutenu les thèses de Darwin, Darius sera « puni » et envoyé sur l’île de Saint Kilda. C’est son directeur d’étude qui l’envoi là bas, mais il le fait à dessein… Dans le premier volume, nous avions voulu présenter l’île aux lecteurs. Tandis que dans le second, nous développons l’intrigue proprement dite.

Dans cette histoire, Darius est censé se marier suite à une union arrangée, mais les relations entre Darius et sa fiancée prendront un tournant totalement inattendu… Comment vous est venue cette idée ?

 Pascal voulait faire de Saint Kilda une allégorie du passage à l’âge adulte. Au début, Darwin et sa fiancée Mathilda sont des enfants. On a toujours tout décidé pour eux. Mais le voyage à Saint Kilda sera l’occasion pour eux de s’émanciper et découvrir d’autres choses. Même si Mathilda apparait un peu cruche au début, on découvrira en fait que c’est un personnage très instruit et elle prendra de plus en plus de place dans l’histoire. En fait, on se rend compte que c’est une sorte de suffragette.

L’archipel de Saint Kilda a réellement existé et qui est passé d’une autonomie quasi-totale à une mise sous tutelle de la Grande Bretagne en l’espace de 100 ans. Les habitants de Saint Kilda vivaient en vase clos jusqu’au développement du tourisme. Ces habitants étaient des bons sauvages qui ne connaissaient pas l’argent et ont été rattrapé par la modernité en l’espace d’un siècle. Pour nous, ça représente aussi une sorte de passage de l’enfance à l’âge adulte.

Ta technique graphique donne un caractère particulier à cette histoire. Peux-tu nous en parler ?

 J’essaie toujours d’adapter mon dessin à l’histoire. Dans Saint Kilda, on est en plein 19ème siècle, à l’époque des naturalistes. Quand on regarde les carnets de voyage des naturalistes de cette époque, on a des dessins qui sont des croquis lâchés et travaillé à l’aquarelle. Ces dessins sont des études. C’est pourquoi j’ai choisi d’adapter mon dessin afin de retranscrire cette ambiance que l’on retrouvait dans ces fameux carnets de voyage.

 

 

 


Comment te considères-tu ? Comme un artiste ou comme un ouvrier ?

 Je me vois comme étant les deux dans le sens ou l’artiste et l’artisan représente la même chose. À la Renaissance, il y avait les bâtisseurs de cathédrale, les corporations de peintres, etc. C’était tous des artisans. L’artiste c’est le maitre d’œuvre dans ces corporations et qui va réaliser un « chef d’œuvre », c'est-à-dire une réalisation qui aura une plus grande importance que ses travaux habituels. Le maître d’œuvre travaille généralement avec des apprentis. Lorsqu’un artiste voulait avoir le titre de maître d’œuvre, il fallait qu’il se fasse passer commande d’une œuvre particulière, en son nom propre. Une fois que l’œuvre était réalisée, livrée et qu’il était payé pour ça, l’artiste pouvait alors s’inscrire comme maître d’œuvre et créer son atelier. Donc pour moi, artiste et artisan, c’est la même chose. Je suis un fabriquant d’images, comme mes autres collègues, mais c’est une matière artistique car notre travail fait appel à une certaine sensibilité.

Pour autant, je ne me considère pas comme un artiste avec un grand A car ce sont les autres qui me définiront ainsi ou pas.

Quels sont tes prochains projets ?

 Actuellement, je travaille sur trois projets. Il y a une histoire un peu plus personnelle que j’essaie de développer, qui tournera autour de la photographie mais au 19ème siècle. Il y a aussi un projet sur la piraterie, que je mène avec Pascal Bertho. J’en suis à la seizième page. Enfin, j’ai un autre projet avec l’auteur d’Aeternam, qui avait été refusé dans sa forme initial et que nous allons reprendre un peu différemment.

 

Interview © Graphivore-Christian Missia 2012




Publié le 01/02/2012.


Source : Graphivore

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