Rencontre avec François Avril
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Dans son travail d'illustrateur, François Avril explore différentes techniques, utilisant tour à tour l'acrylique, les encres, la mine de plomb ou les crayons de couleurs.
Qu'elles soient destinées à l'édition pour enfants, à la presse comme Atmosphères(fr), Libération(fr), Lire(fr), en passant par la publicité (Chanel, Renault,etc.) ou même des étiquettes de vin, ses illustrations gardent toujours leur élégante légèreté. A l'occasion de l'exposition à la BRAFA, Christian Missia est allé à sa rencontre.

Bonjour François Avril, quel effet cela vous fait d’être présent à un évènement tel que la BRAFA, le salon consacré aux antiquaires et à l’art ?

François Avril : Ben en fait, c’est la deuxième année car l’année dernière j’avais déjà participé à ce salon dans le cadre de la galerie Petits Papiers, avec trois toiles. Il y a eu un très bon accueil et du coup, Alain m’a proposé de revenir en me donnant un petit peu plus d’espace pour pouvoir m’exprimer. J’ai accepté et je suis très content d’être ici. C’est un très beau salon. Il faut savoir que je suis un très grand amateur d’art et un collectionneur aussi. Tout cela me plait beaucoup et c’est un très bel environnement, un très bel écrin.

Ces dernières années, la bande dessinée a gagné ses lettres de noblesse sur le marché de l’art. Cela n’a pas toujours été le cas. Certains ont même snobé les artistes de bande dessinée. Comment avez-vous vécu cette évolution, cette reconnaissance ?

François Avril : C’est amusant parce que j’ai l’impression d’avoir vraiment vécu ce changement d’attitude à l’égard de la bande dessinée. Avant, c’était une sorte de parent pauvre. C’était même quelque chose de méprisable. Avoir de la bande dessinée accroché à ses murs, c’était quelque chose d’assez difficile à justifier. Maintenant c’est l’inverse, c’est même quelque chose d’assez valorisant. On a parfois essayé de nous associer à l’art contemporain ou des choses comme ça mais moi je trouve que maintenant la bd n’a plus besoin de personnes pour exister en tant qu’art à part entière. Les gens s’en sont rendu compte et cela s’est fait aussi par le biais des ventes. C'est-à-dire qu’à partir du moment où elle a commencé à faire des prix, les maisons de vente ont commencé à s’y intéresser. Elles se sont dit : « c’est quoi ce truc là ? » Et après ça rassure les gens parce que ça reste quand même souvent un marché d’investisseurs ou les gens ont besoin d’être rassuré.

Maintenant, effectivement, la bande dessinée existe vraiment et est reconnue. C’est ma famille et il faut dire que j’en fais très peu. Cela fait plus de 20ans que je n’ai pas fait de bande dessinée, même si je suis sur un projet là. Mais ma famille, c’est la bande dessinée et cela restera la bande dessinée.

 

 


Les œuvres d’auteurs de bd peuvent parfois atteindre des prix exorbitants. A combien sont estimées les vôtres ?

François Avril : Et bien là, il y a relativement des grandes toiles qui sont estimée aux alentour de 8000 euros. Les autres doivent être estimées aux alentours de 4500 ou 5000 euros… Mais je dirais que cela reste relativement raisonnable (rires). Mais quand je dis cela, je réalise que ce sont des sommes. Moi-même qui suis collectionneur, je suis surpris d’avoir acheté des œuvres de plus en plus chers. Et quand cela devient trop cher, je me dis que ce n’est plus pour moi. Je m’abstiens et c’est vrai que cela a prit énormément de valeur mais cela ne m’étonne pas plus que ça. Parfois, cela s’est plutôt un peu accéléré ces dix dernières années. Mais je trouve que ça le mérite. Pour moi, la bande dessinée est pleine d’artistes étonnants qui ont énormément de talent, quoi.

 

Quels sont vos thèmes de prédilections ?

F A : J’ai deux thèmes de prédilections qui sont, les villes et les paysages inspirés de la Bretagne. Je dis bien inspiré parce que, que ce soit les villes ou les paysages, rien n’existe ! Je compose des paysages à partir de souvenirs que j’ai de la Bretagne et de souvenirs des villes.

J’aime différemment les deux, quand j’en ai marre de faire des villes, je fais des paysages très apaisant, puis je reviens à des villes.

Mes villes, même si dans la toile qui est à l’extérieur (du stand, ndr) il y a des voitures, mais en général elles sont assez silencieuses. Parce que pour moi ce sont des compositions, des volumes, des ombres portées, etc.

J’ai toujours eu en fait une vision assez abstraite de mes œuvres mais avec des sujets qui restent réalistes : ça reste des paysages et des villes, mais en épurant au maximum. Donc, je me rapproche d’une certaine abstraction, sans aller vers l’abstraction.

C’est la thématique de l’expo des Petits Papiers, faire rencontrer le milieu de la bd avec celui de l’architecture. Est-ce facile pour vous de passer de l’un à l’autre ?

F A : Oui, je fais de grandes compositions architecturales. D’ailleurs, j’ai des amis architectes qui aiment bien ma vision et mon travail mais je ne suis pas du tout architecte, ni de formation, ni de rien. Même si j’ai une fille qui est en 5ème année d’archi… Mais mes constructions n’existent pas. Je fais souvent très peu de fenêtres, car je fais des petits rythmes. Il en manque, ou elles ressemblent à des meurtrières. On ne pourrait pas vivre dans les appartements que je dessine car on pourrait devenir claustrophobe… Je n’ai pas une approche technique en fait. Pour moi, c’est un jeu de construction, un jeu de lumières et de couleurs en fait.

 

 


Il parait que certains auteurs préfèrent être exposés à Paris plutôt qu’à Bruxelles. Est-ce que pour vous aussi cela fait une différence ?

F A : Non ! Il y a dû avoir une époque ou l’on parlait comme ça mais là, de toute façon il y a une émergence de galeries comme Petits Papiers et Champaka…

Mais les Petits Papiers ont dû ouvrir une aile parisienne, vu la clientèle importante qu’il y a là bas…

F A : Mais ici aussi, ils ouvrent au Sablon et c’est le cœur des galeries un peu chics à Bruxelles.

Oui, ils ont dû peut être changer d’endroit, la manière de présenter mais en fait le professionnalisme commence à pénétrer ce milieu là. Avant, les dessins on les trouvait un peu comme ça. Je ne dirais pas sous le manteau mais peu de gens s’intéressaient aux originaux, ni aux dessins de bande dessinée mais les galeries deviennent de plus en plus qualitatives, professionnelles, élégantes. Tout cela a beaucoup changé et dans le bon sens du terme.

Quand à Paris ou Bruxelles, il n’y a aucune différence ! A Bruxelles, il y a des expos magiques. D’ailleurs, la BRAFA est un salon étonnant ! Il n’y a pas d’équivalent comme ça à Paris car même la Biennale des Antiquaires ne dure pas dix jours comme ici.

 

 

François Avril

 

Interview © Graphivore-Christian Missia 2011




Publié le 06/02/2011.


Source : Graphivore

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