Rencontre avec Jordi Lafebre: « Je demandais de mettre le volume au maximum sur Twist and shout des Beatles »
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Rencontre avec Jordi Lafebre: « Je demandais de mettre le volume au maximum sur Twist and shout des Beatles »

 

L’été est passé trop vite? Vous n’avez pas pu en profiter à fond? Pas de souci, on va arranger ça et on organise une repasse avec une excellente bande dessinée parue juste pour la rentrée et qui vous offre une bonne dose de luminothérapie et de tendresse. Scénarisé par Zidrou, c’est Jordi Lafebre qui est au dessin. Et, chance!, nous l’avons rencontré pour une très chouette interview.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - maison

Bonjour Jordi, comment allez-vous ?

Très bien, merci!

Tant qu’à parler d’été et, surtout, de beaux étés, le vôtre le fut-il?

Oui ! Même si le délai pour finir le deuxième album des Beaux Étés est un peu chaud, j’ai réussi à prendre quelques jours de calme et de plage au sud de l’Espagne avec ma femme et notre gamine. Vous savez, là où il y a toujours le soleil !

Quel est le meilleur souvenir de vos vacances d’été quand vous étiez enfant ?

 Comme je dis dans les remerciements de l’album, on voyageait, mes parents et ma sœur aînée, chaque été aux quatre coins de l’Europe, en voiture et à l’aventure. La famille Lafebre est de Barcelone, donc on faisait juste le contraire et le chemin inverse de la famille Faldérault: on laissait le soleil pour voyager vers…le nord. Chaque été, on visitait une région de l’Europe différente et, pendant trois semaines de voyage, on séjournait au camping et on faisait aussi un peu dans l’improvisation. Toute mon enfance, j’ai connu ce genre de vacances et les souvenirs que j’en retiens sont forts! Je remercie fortement mes parents de m’avoir offert ces expériences. Je pense d’ailleurs qu’une partie de mon caractère joyeux et positif a été façonné par ces voyages.

Quels sont les ingrédients d’un bel été pour vous ?

… Bon je crois que « les vacances », ce sont des moments très personnels. Certains vont préférer prendre leur sac à dos pour aller visiter l’Asie tandis qu’un autre sera mieux dans son fauteuil installé dans sa petite maison de plage avec un très gros bouquin à la main.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - couple vieux

Moi ? J’aime bien quand le temps paraît s’arrêter un peu, ne fût-ce que quelques jours. Tout en le vivant avec beaucoup d’intensité. Il y a des années, nous partons avec un sac à dos, et d’autres vacances où un simple jardin baigné par l’odeur des fleurs suffira. Avec ma femme, on improvise beaucoup, en fonction des envies et besoins du moment. Après tout, « il ne faut pas se stresser pour faire des vacances ! »

D’été, de vacances, il en est question dans cette nouvelle bande dessinée. Vous retrouvez Zidrou pour la quatrième fois, vous n’êtes donc pas lassés l’un de l’autre ?

Notamment, pas encore, non, hé hé. Puis, c’est le début d’une série, on attend d’y avoir ajouté quelques autres tomes en plus. Avec Zidrou, la collaboration est très naturelle, on s’entend très bien et, au moment de la création de la série, on cherchait les mêmes sujets et intérêts…Il y a une sorte d’alchimie entre nous et c’est un grand plaisir de travailler comme ça. Je crois qu’on arrêtera de travailler ensemble le jour que nous aurons l’impression de ne pas pouvoir aller plus loin, ni de faire mieux. Et ce moment n’est pas encore arrivé.

On l’espère bien! Comment expliquez-vous que votre collaboration fonctionne si bien ?

Tous les deux, nous voulons surtout nous respecter mutuellement avec cette volonté de s’adapter l’un à l’autre. Il n’y a pas de combat d’ego pas de divergence dans la conception que nous avons d’un même album, et je crois que ça se sent. Un autre point commun que nous avons est de ne mettre l’importance ni sur le scénario ni sur le dessin, mais bien sur les personnages ! Ce sont eux les vrais chefs, et nous nous adaptons à eux, tous les deux et toujours.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - Douane

À votre avis, quelle est la spécificité des dessinateurs espagnols ? Zidrou ne cesse d’en révéler et de travailler de plus en plus avec eux, a-t-il trouvé quelque chose qui lui manquait dans la manière dont les hispaniques dessinent ?

Ah, ça je ne sais pas. Pendant tout un temps, il avait en France une sorte d’étiquette de « scénariste gros nez type Élève Ducobu« . Une étiquette qu’il n’avait pas en Espagne. Du coup, il est entré en contact avec pas mal de dessinateurs hispaniques plus réalistes. Mais aujourd’hui, il reste un scénariste très sollicité pour toute sorte de dessinateurs et maisons d’édition. Moi, je ne veux pas d’une étiquette.

Dans les Beaux Étés, nous suivons les vacances un peu ratées (à cause des aléas de la vie) d’une famille. Ça aurait pu être la vôtre ? Vous vous êtes retrouvé dans cette famille ?

Sans être autobiographique, la série est remplie de détails qui sont nos propres expériences. De mon côté, l’origine espagnole et les vacances sur la route. Et du côté de Zidrou, la famille avec quatre enfants et cet amour de la folle improvisation des pique-niques…

De plus, vous trouverez un certain écho de la personnalité de nos familles dans celle des personnages. Nicole, par exemple, est fort pareille à ma sœur aînée qui elle aussi dormait tout le temps dans la voiture… Ce premier tome, c’est un univers crée à partir de nos expériences et ça nous aide autant que ça nous procure du plaisir.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - Pique-Nique

Vous êtes-vous inspiré de vos souvenirs pour dessiner cette histoire ?

De ce côté, au moment de dessiner j’ai entrepris un gros travail de documentation sur l’époque et la région que les Faldérault visitent. Je veux que ça soit une série la plus réaliste possible, afin qu’on puisse s’y identifier le plus possible. Je dois garder mes souvenirs pour faire plus de « Google » !

J’aime me plonger parmi les photos d’époque et dessiner le plus exactement et le plus détaillée possible. Même pour les forêts et les ambiances de nature, je fais ce qu’en cinéma on appelle le travail de production, je cherche les bons extérieurs, qui soient cohérents avec la région où l’action se déroule. J’ai l’impression que tout cela va aider l’histoire pour que le lecteur y croie un peu plus.

Vous connaissiez La Maladie d’Amour de Michel Sardou ? Si non, quel est le tube de l’été incontournable à vos yeux ?

Non…, je suis né en 1979. Moi j’adorais une chanson des Beatles que mon papa jouait tout le temps sur la radio de sa bagnole: c’était «  Twist and shout ». Je demandais de mettre le volume au maximum chaque fois ! Mais aujourd’hui, ce n’est pas ma chanson préférée des Beatles.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - Chanson

Décidément, après Lydie et La Mondaine, Zidrou vous demande à chaque fois de vous plonger dans une époque, une ambiance particulière (ici, l’été 73). Vous aimez ça ?

En fait, non non!, c’est moi qui lui demande ! Lydie était mon premier album d’époque et j’ai adoré cette expérience. Je trouve tellement plus de plaisir et d’intérêt à dessiner une époque – le XXème siècle reste mon préféré – qu’à dessiner le présent. J’aime bien rechercher de la documentation, voyager parmi des images de l’époque. J’en appends et je connais un peu plus l’histoire. En plus, je ressens un peu le grand besoin de revenir à l’essentiel, sans toutes ces technologies.

Finalement, Jordi, vous étiez à la Fête de la BD, il y a quelques jours. Que signifie la bande dessinée pour vous ?

Imaginez un petit garçon barcelonais, le ventre par terre pour dessiner tout le temps, avec son Astérix ouvert à coté de lui. Ensuite, imaginez que lui, 30 ans plus tard, on lui pose cette question… c’est impossible d’imaginer ma vie ou ma personnalité sans la BD, tout simplement.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - sommeil

Comment êtes-vous devenu auteur de BD ?

Avec de la passion. Du travail. Beaucoup d’envie. Beaucoup de chance d’avoir trouvé les gens qui m’ont aidé. Plus de travail. Plus de passion. Voilà ma formule.

La suite des Beaux étés est annoncée avec 1969, La Calanque. Toujours avec vous et Zidrou ?

Forcément puisque c’est lui le scénariste! En l’état, on travaille déjà sur le deux- qui sortira en juin 2016- et on commence à programmer le troisième.

Quels sont vos projets ?

On a toujours des projets en tête. Mais pour l’instant, les Beaux Étés, c’est mon grand projet.

Merci beaucoup Jordi!

Critique: C’est vrai, à voir le flot de BD’s historiques pur-jus qui débarquent chaque mois, on en oublierait presque que pour faire de la BD d’époque, il ne faut pas nécessairement une histoire béton portée par une ampleur tragico-dramatique. Non, parfois, la simplicité des choses de la vie, portée par le doux élan des vacances ensoleillées et du temps qui se prend en famille, en évasion et en loisirs peut donner lieu à de véritables petites merveilles. C’est assurément le cas avec ce premier tome des Beaux été qui nous invite à prendre place dans la 4L – bon, il va falloir se serrer avec les quatre enfants, qui seront certainement coopérant – de la famille Faldérault, partie de Mons et ses soucis pour gagner le Sud de la France. Nous sommes en 1973, et La maladie d’amour de Sardou tourne quasi en continu sur les chaînes de radio.

Les beaux étés - Tome 1 - Lafebre - Zidrou - Tintin

Riche de deux collaborations, Zidrou et Jordi Lafebre ne se sont pas arrêtés – comme déposés à deux pas de la route des vacances – en si bon chemin et c’est tant mieux. Cap au sud conjugue à la fois la fantaisie de la plume de Zidrou au dessin si vivant et si expressif de Jordi Lafèbre pour nous prendre et nous séduire dès les premières planches. Le reste n’étant que bonheur et régal. Sans guerre, en paix et en vacances. Si elles ont été courtes cette année, on vous rassure, avec cet opus, vous en reprendrez bien un peu!

 

Série: Les beaux étés

Tome: 1 – Cap au Sud!

Scénario: Zidrou

Dessin: Jordi Lafebre

Couleurs: Jordi Lafebre et Mado Peña

Genre: Comédie dramatique

Éditeur: Dargaud

Nbre de pages: 56

Prix: 13,99€

 

Critique d'Alexis Seny (sur Branchés Culture)



Publié le 15/09/2015.


Source : Bd-best

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