Rencontre avec Lionel Froissart et Philippe Graton
Flux RSSFlux RSS

         Toute l'actualité

 

Lionel Froissart est un journaliste français, spécialisé dans les sports automobiles. Il est né le 17 juin 1958 à Paris. A dix ans, il assiste à la première victoire de Jacky Ickx en Formule 1. C’est le déclic et la passion pour les sports automobiles ne l’a plus jamais quitté depuis. Lionel Froissart a débuté sa carrière de journaliste dans le magazine Auto Hebdo, pour lequel il créera la rubrique « karting ». Sa carrière le mènera à collaborer avec Libération, Canal + Horizons, Eurosport et TMC, notamment dans la couverture des Grands Prix de Formule 1. Il écrira aussi de nombreux ouvrages dédiés aux sports mécaniques et à la F1, ainsi que des livres consacré à Ayrton Senna.
Hormis les sports mécaniques, Lionel Froissart est aussi un spécialiste de ski, de tennis et de boxe. Il consacrera d’ailleurs son premier roman au noble art : « Les boxeurs finissent mal… en général ».
Après avoir réalisé en 2002 un premier « Dossier Michel Vaillant » à Ayrton Senna, Lionel Froissart publie cette fois ci un livre sur la carrière d’Alain Prost.

Bonjour Lionel Froissart. Vous êtes l’un des deux auteurs du nouveau Dossier Michel Vaillant  consacré cette fois à l’ancien champion de Formule 1 Alain Prost. Comment avez-vous atterrit dans l’aventure ?


Lionel Froissart : J’avais déjà écrit le dossier consacré à Ayrton Senna. Lorsque Philippe (Graton, ndr) a décidé de consacré un dossier à Alain Prost, il a d’abord demandé l’autorisation à Alain Prost qui n’y voyait pas d’inconvénient et il se trouve qu’au cours de la conversation, mon nom a été prononcé par Alain Prost comme un des journalistes susceptible de l’écrire et comme Philippe, de son côté, était assez d’accord sur cette idée, voilà ça s’est fait. Ca s’est fait assez naturellement d’autant que j’ai eu la chance de suivre la carrière d’Alain depuis la fin de sa période kart. Donc tous ses débuts en sport automobile et évidemment la période Formule 1.
Concrètement, comment avez réalisé cette enquête sur Alain Prost ?
Lionel Froissart : J’avais déjà écrit une biographie sur Alain Prost en quatre-vingt douze, mais c’était sans photos, etc. Je disposais, évidement d’archives mais j’ai eu aussi la possibilité de le rencontrer en plusieurs occasions pour justement préciser des moments de sa carrière qui étaient importants, notamment toute la partie Prost Grand Prix. Donc voila, on  a fait plusieurs entretiens et j’ai eu aussi des contactes avec des personnes qui ont travaillé avec lui. C’est un travail assez classique finalement d’archive mais aussi d’entretiens avec le personnage.


Selon vous, quels sont les moments forts dans le parcours d’Alain Prost ?


Lionel Froissart : Les moments qui nous paraissaient important c’était, à la fois et le début et la fin. C'est-à-dire la partie karting, les débuts. Comment on est attiré par un sport. Comment on vient à le commencer, par ce que parfois il s’agit d’événements tout à fait aléatoires. Donc il y a cette partie là. Les débuts, la période de karting dont les gens, j’imagine, les gens qui aiment le sport automobile sont friands parce que ce n’est pas ce qu’ils connaissent le mieux. Ensuite la partie Prost Grand Prix, la fin… en fait la période la plus trouble et puis finalement l’ombre un peu sur la carrière l’Alain Prost parce que tout ce qui est entre deux, on le connait. Quand je dis « on » c’est le grand public. Pour tout ce qui est Formule 1, les gens savent qu’il a été quatre fois champion du monde, quarante-et-une victoires. Il a été très bon en Formule 1 dans le rôle de pilote. Et je crois que la partie Prost Grand Prix est celle qu’il fallait développer parce que les gens qui l’aimaient comme pilote n’ont pas tous compris comment il a pu se louper à ce point dans cette entreprise de faire une écurie française.

 

 

Nous savons qu’Alain Prost ambitionne de faire revenir un Grand Prix en France. Abordez-vous ce point dans le livre ?


Lionel Froissart : Non, pas du tout. Parce que … c’est vrai qu’Alain à de multiples activités aujourd’hui. Il a été un des personnages qui évidemment ont été approchés par ceux qui souhaitaient faire revivre un grand prix de France. En sa qualité d’ancien pilote et puis connaissant le milieu  de la Formule 1 il avait évidemment été sollicité, mais  dans sa carrière c’est quand même quelque chose de très ponctuel qui ne marque pas durablement sa carrière quoi. C’est un métier de consultant et cela n’avait pas vraiment sa place dans ce dossier. On s’est attaché vraiment à raconter l’aventure d’un homme qui a, pendant des dizaines d’années de sa vie, consacré son temps et sa passion au sport automobile, comme acteur d’abord et ensuite acteur mais de l’autre côté de la barrière, quand il est devenu team manager.



Qu’est ce qui a changé selon vous entre des champions tels que Prost, Senna et la nouvelle génération des Lewis Hamilton et Fernando Alonso ?


Lionel Froissart : L’idée de base est toujours la même : il faut aller le plus vite possible au volant d’une voiture mais le sport automobile, comme tout les sports, a évidement évolué. Il a évolué parce que c’est de venu un sport très très médiatisé et surtout, c’est un sport ou les intérêts commerciaux, financiers, marketings sont de plus en plus importants. Donc, tout cela participe au fait que ce sport évolue dans le sens ou les acteurs principaux qui sont les pilotes sont moins disponibles, sont de moins en moins faciles à côtoyer. Ou il est de plus en plus difficile pour les observateurs professionnels que sont les journalistes de travailler avec eux mais c’est une évolution logique de ce sport comme elle l’est dans beaucoup d’autres sports. L’émotion de voir des voitures pilotées par des types qui sont quand même très forts est la même. C’est toujours un sport formidable mais tout ce qui l’accompagne a évidemment beaucoup changé et c’est… on va dire que c’est devenu moins sympa parce que l’on a moins accès aux sportifs eux même quoi. Je crois que c’est une évolution logique. Il ne faut pas être trop nostalgique. Je trouve que j’ai vécu une belle période de sport automobile jusqu’au début des années 2000 mais peut-être que dans les années 50 ou 60 c’était encore plus formidable  pour ceux qui l’ont vécu à ce moment là. Donc, il faut toujours se remettre dans le contexte d’une période bien précise. Des gens qui découvrent aujourd’hui les sports automobiles et la F1 peuvent trouver cela magique parce qu’ils n’ont pas connu la façon dont cela se passait… je ne dis pas que c’était mieux avant, comme un vieux con. Ce n’était pas forcément mieux mais c’était différent. Le sport évolue et il faut se faire à l’idée de cette évolution.

 

 

 

Lionel Froissart



Parlons un peu de vous Lionel Froissart. Vous êtes journaliste, spécialisé dans le sport automobile mais vous avez aussi couvert de nombreux événements dans le milieu de la boxe par exemple. Finalement, dans quel sport vous sentez vous le plus à l’aise ?


Lionel Froissart : J’ai pour passion le sport mécanique… c’est vraiment une passion d’enfant et Michel Vaillant a bien sur été un de mes héros dans ma jeunesse, comme beaucoup de garçons qui aiment les sports automobiles. La boxe, j’admire ! J’ai beaucoup de respect pour les boxeurs ! Vraiment beaucoup de respect et d’admiration pour eux. J’ai bien précisé les boxeurs, pas le monde de la boxe !  Autant j’aime le sport automobile, autant, dans le monde de la boxe,  j’aime les boxeurs parce que ceux qui connaissent un peu ce milieu savent que ce n’est pas un milieu très fréquentable et que les principales victimes de ce système sont souvent les boxeurs eux même… et j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour ces types qui montent sur un ring, qui vont se mettre en danger face à un autre type et qu’ils ne connaissent pas très souvent. Pour qui ils ont beaucoup de respect aussi paradoxalement, alors que l’idée c’est de le mettre K.O. Mais tout ce qu’il y a autour… c’est un monde fascinant évidement mais… qui ne mérite pas toujours le respect.






Philippe Graton est tombé dans la marmite de la bédé lorsqu’il était petit et pour cause, son père n’est autre que Jean Graton, le créateur de Michel Vaillant ! Philippe Graton est né dans la commune d’Uccle à Bruxelles en 1961. Très tôt, il cultive un gout prononcé pour l’écriture. Il publiera ainsi son premier article à 16 ans. Auteur de plusieurs scénarios de Michel Vaillant, Philippe Graton s’illustre aussi en rédigeant une biographie sur Jean-Claude Van Damme. En parallèle à l’écriture, il développe aussi une passion pour l’image et la photographie qu’il apprend en autodidacte. Il effectua de nombreux reportages pour l’agence Sygma au Viêtnam, au Cambodge, en Bosnie, etc. En 2009, il expose à Bruxelles ses photographies de potagers urbains sur le site d’un projet immobilier controversé.

Bonjour Philippe Graton, vous êtes  le scénariste de Michel Vaillant et vous dirigez aussi la collection des Dossier Michel Vaillant. Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous expliquer la présence du catalogue « Michel Vaillant » chez Dupuis ?


Philippe Graton : D’abord, la raison de s’être associer à une grande maison d’édition c’est que le petit label « Graton Editeur » que j’avais créé avec mon père dans les années 80, au départ pour se sortir, justement, des griffes des grandes maisons d’éditions et retrouver notre indépendance. Et bien, cela a permit de faire une très très belle histoire pendant vingt-cinq ans, puisque l’on a pu créer toute la suite des aventures de Michel Vaillant, lancer les Dossiers Michel Vaillant et toutes ces choses là mais il arrive un moment ou notre métier… notre vrai métier qui est celui de créateur, de créer de nouvelles bédés, de nouveaux livres, est rendu presque impossible parce que les trois-quarts de mon temps était prit par des histoires administratives, commerciales, de gestion de société, de gestion de stock d’albums, de négociations des prix avec l’imprimeur, de difficultés de diffusion , distribution et de toute ces choses là. Ces choses là qui sont incontournables pour une petite société d’édition. Elles étaient devenues de plus en plus difficiles et surtout, elles prenaient sur mon temps de scénariste et de directeur de collection des Dossiers Michel Vaillant. Et donc, c’était une sage décision de se dire : « après tout, chacun son métier ». La partie « édition », on va la confier à un vrai éditeur, ça va me dégager du temps pour le consacrer à la partie création. Que chacun fasse ce qu’il fait le mieux en fait. Et donc à ce moment là, je me suis mis en quête d’une maison d’édition à qui l’on pouvait confier l’édition de tout notre catalogue et des nouveautés. En faisant un tour d’horizon, je suis très vite tombé d’accord avec Dupuis qui avait la même vision que moi sur ce que devait être les aventures de Michel vaillant, le catalogue « Michel Vaillant », les prochaines aventures. Comment on devait rééditer sous une forme un peu plus qualitative les Dossiers Michel Vaillant, etc. Il y a eu vraiment une rencontre d’idées à ce sujet là et même si des gens on dit : « mais enfin, Michel Vaillant chez Dupuis, est ce que ce n’est pas un peu bizarre, contre nature puisque la série a été plutôt au Lombard et chez Dargaud ? » Et bien pas du tout puisque c’était vraiment un retour aux sources parce que mon père à commencé la bande dessinée dans les années 50 chez Dupuis. Ses toutes premières planches de bédé c’était « Les Belles Histoires de l’Oncle Paul ».


Le catalogue « Michel Vaillant » est effectivement édité par les éditions Dupuis… toutefois on constate que c’est le nom « Graton » qui est mis en avant. Pouvez-vous nous expliquer cela ?


Philippe Graton : Ben, c’est un logo Graton mais vous avez vu que ce n’est plus « Graton Editeur » (rires).L’éditeur c’est Dupuis. Dupuis n’a pas voulu se mettre en avant en couverture, Dupuis a voulu que le logo sur la couverture reste le logo Graton. Pourquoi ? Parce que si Dupuis est l’éditeur, le fabricant des albums, en revanche la conception c’est du Graton. C’est toujours nous qui nous en occupons. C’est toujours nous qui nous occupons du contenu, de trouver les illustrations. Pour la bédé, des scénarios et des dessins. Pour les Dossiers Michel Vaillant, de trouver le journaliste, de rechercher les photos. C’est toujours un travail signé Graton et pour Dupuis il était important que le lecteur et le public sache cela et que ce soit visible dès la couverture. C’est une garantie que l’on n’a pas vendu Graton Editeur, on n’a pas confié cela à une autre maison ou à d’autres gens. On continue, nous, à faire des albums mais c’est simplement Dupuis qui les exploite. Ce logo Graton sur la couverture c’est comme un label, un label de qualité et d’esprit Vaillant aussi qui reste dans notre façon de faire les choses et c’est un peu pour rassurer le lecteur, voilà. C’est comme un Label Rouge, ce sont des albums élevé au grain (rires).

 

 



Parlez nous de la conception de ce nouveau Dossier Michel Vaillant consacré au champion de F1 Alain Prost. Quels en on été les moments forts ?


Philippe Graton : J’ai demandé à Alain Prost d’abord, et là on ne sait jamais ce que les gens vont répondre et il m’a dit tout de suite oui. Là, je dois dire que c’est quand même fabuleux cette collection. J’ai de la chance de m’occuper des Dossiers Michel Vaillant. Je ne pensais pas, en créant cette collection un peu spéciale, un peu hybride entre documentaire, texte, photos et bande dessinée, en créant cette collection il y a une quinzaine d’années que c’était un tel sésame, un tel passe-partout pour que des personnes connues, célèbres, très très sollicitées par des tas de journalistes, éditeurs et autres collaborent avec autant d’enthousiasme à ce que l’on fait. Parce que ce sont les Dossiers Michel Vaillant, toutes les portes s’ouvrent.


Comment vous est venue l’idée de créer cette fameuse collection ?

Philippe Graton : Deux choses. D’abord, mon vrai métier c’est le reportage, le journalisme et la photographie.


Vous êtes un autodidacte.


Philippe Graton : Oui en effet. Je m’amusais à écrire des articles et à les envoyer avec des photos à des magazines en France quand j’avais 16 ans. Ils ne connaissaient pas mon âge mais ils les publiaient. Là, je me suis dis que c’est clair, c’est ça que je dois faire. Mais, ce qu’il se passe c’est que vite, dans les années 80, mon père à ses problèmes d’édition et je dois lui donner un coup de main, ce que je fais sans vraiment me poser de question. Si votre père est boulanger ou artisan et qu’un jour il y a un souci, vous devez donner un coup de main parce que sinon l’entreprise… même pas l’entreprise mais l’activité familiale est en péril. Donc j’ai donné un coup de main en pensant que c’était sans lendemain. Mais en fait, s’occuper de Michel Vaillant c’est très vite devenu un boulot à temps plein et j’ai dû mettre de côté le journalisme, la photographie et tout ça. La création des Dossiers Michel Vaillant c’est un peu ma façon  de reprendre cette passion et de la collée à la bande dessinée. Pour faire en fait du journalisme, puisque c’est une collection documentaire les Dossiers Michel Vaillant, ce n’est pas de la fiction, et qui regroupe texte, photos et bande dessinée. Donc, je réconciliais les deux activités en faisant cette collection au départ pour me faire un peu plaisir. Et puis très vite, je me rends compte de l’intérêt documentaire de la bande dessinée. Ce qu’il y avait aussi dans la décision de faire les Dossiers Michel Vaillant c’est que l’on nous avait souvent dit, pour les aventures de Michel Vaillant, qui elles sont de la fiction, on nous a souvent dit : «  qu’est ce que vous êtes réalistes ! Vous donnez une image vrai, exacte de la course automobile, des détails techniques, de ce qui se passe et c’est vraiment fiable ! » Je me suis dis que cette réputation de réalisme, ce souci d’exactitude, et bien utilisons là pour raconter des histoires vrais. Le fait d’utiliser, effectivement, des séquences de bandes dessinées pour raconter des histoires vrais, quand on le fait de façon très documentée et très rigoureuse, c’est un vrai apport documentaire. C’est un vrai travail journalistique qui permet de comprendre les choses. Qui permet de montrer les choses de manières différentes et de mieux les comprendre.

 

 

Philippe Graton




Quel a été l’accueil lors de la sortie du premier Dossier Michel Vaillant ?


Philippe Graton : L’accueil a été bon. Le premier s’était sur James Dean… je devais déjà me battre un peu à l’époque parce que mon père ne voulait pas. Il disait : « non, Michel Vaillant ce doit être des histoires de grands pilotes. James Dean c’est juste un type qui se tue en bagnole. » Je n’étais pas d’accord avec ça parce que j’avais rencontré Philippe Defechereux qui était quelqu’un qui avait fait un vrai travail de recherche sur la passion automobile de James Dean et James Dean était quelqu’un qui était un vrai passionné d’automobile. Qui était pilote. Qui avait fait des courses. Qui s’était distingué en courses. Ce n’était pas juste un petit crétin qui, saoulé par le succès du cinéma roule comme un fou au volant d’une Porsche décapotable. Ce n’était pas du tout cela et je me suis dis qu’il y a vraiment une image à redresser. En expliquant la passion automobile de James Dean et en le réhabilitant en quelque sorte, on va changer l’image de ce personnage. Il faut savoir quand James Dean s’est tué, c’était au début des années 50. C’était d’abord le premier acteur jeune, quasi adolescent d’une nouvelle génération, qui n’était pas du tout comme l’ancienne génération, qui avait ce côté différent, contestataire et donc, cela ne plaisait pas tellement à l’Amérique bien pensante. Et en plus, il se tue au volant d’une voiture allemande. On est quelques années après la guerre et il s’était prit de passion pour une voiture allemande et il roulait dans cette décapotable et tout. En plus, le type qui lui avait coupé la route, car en plus il (James Dean) n’était pas en tort dans cet accident qui, hélas, lui a couté la vie. Le type qui lui a coupé la route était un père de famille dans un gros break américain. Donc, il y avait vraiment là un choc de deux générations, de deux conceptions. Chargé James Dean en le faisant passer pour ce qu’il n’était pas arrangeait beaucoup toute une certaine frange de l’Amérique bien pensante. C’était vraiment une manipulation de l’information et c’était vraiment une campagne de dénigrement de ce bonhomme. En expliquant ce qu’il en était exactement, en expliquant sa vraie passion. En expliquant que c’était un pilote de course qui savait piloter, qui s’était distingué en course et en expliquant se qui s’était passé mètre par mètre avant son accident pour prouver qu’il n’était pas responsable et que c’est quelqu’un qui venait en sens inverse, qui tournait à gauche et qui lui a coupé la route, exactement comme ce qui est arrivé à Coluche à moto, cela donnait un sens aux « Dossiers Michel Vaillant » d’expliquer la vérité, de permettre de mieux comprendre des personnalités pourtant connues mais par la facette passion pour le sport mécanique.


Il y aura-t-il d’autres projets Michel Vaillant, au cinéma par exemple ?
 

Philippe Graton : Pas tout de suite mais il y aura d’autres aventures de Michel Vaillant en bédé, en album parce que ça c’est quand même ce que l’on fait le mieux. Alors après est ce qu’il y aura des adaptations ? Je pense que oui. Il n’y a pas de projets sérieux sur les rails actuellement. C’est toujours dans l’air du temps. Il y a toujours des propositions que l’on examine mais sur les cinquante ans de Michel Vaillant il y a déjà eu trois œuvres audiovisuelles. Un feuilleton en noir en blanc dans les années soixante, un feuilleton télé de l’ORTF. Un dessin animé de soixante-cinq épisodes qui a été fait dans les années 80 et puis un film cinéma qui a été écrit et produit par Besson en 2003. Je pense qu’il y aura bien sur d’autres projets audiovisuels. A partir du moment ou le personnage tient la route, c’est le cas de le dire pour Michel Vaillant, ou il y une véritable richesse scénaristique de situation, de scénario, de bons personnages. De situations de conflits, de choses comme cela, il y a tout le matériel pour des adaptations autres que l’album.

Mais quels sont vos impressions lorsque vous voyez l’œuvre de votre père adapté au cinéma, comme c’est le cas avec d’autres classiques de la bande dessinée ?


Philippe Graton : Et bien, au départ il y a même une volonté de ma part que cela se fasse. C’est moi qui va trouver Luc Besson à la fin des années quatre-vingt-dix et qui lui dis : « et bien voilà, est ce que cela vous dirait de porter Michel Vaillant à l’écran ? » Pourquoi ? Parce que je veux voir un réalisateur, que j’admirais, qui fait des choses que j’aime beaucoup, serait capable de faire avec l’œuvre d’un autre artiste. Alors oui, cela m’intéresse. Je pense qu’il ne faut pas faire n’importe quoi, à n’importe quel prix juste pour avoir sa bande dessinée portée à l’écran. Je pense qu’il faut avoir un projet qui tient la route et un bon scénario, alors oui on peut considérer les choses. Mais il ne faut pas se dire : «  ah, on va faire un film » et puis se demander après ce que l’on va raconter. L’autre chose c’est que de toute façon, on est… je ne vais pas dire déçu. De toute façon, une adaptation au cinéma d’une œuvre de bande dessinée ne peut pas être conforme à la bande dessinée parce que le cinéma ce n’est pas de la bande dessinée ! C’est un autre média, c’est un autre support. Ca bouge différemment, les personnages ont une voix, les personnages se déplacent. La bande dessinée, c’est autre chose que le roman. Donc, les gens qui disent que : « c’est pas comme dans la bédé ». Forcément, ce n’est pas une bédé ! Je pense qu’il faut avoir la souplesse d’esprit de se dire : « tiens, je vais voir une œuvre audiovisuelle qui est tirée d’un univers de bande dessinée », et ne pas s’attendre à retrouver exactement sa bédé sur un écran, c’est impossible.

 

 

 

 

Interview © Graphivore-Christian Missia 2010

Photos : © Christian Missia 2010

Images et illustrations : © Graton-Dupuis 2010



Publié le 09/10/2010.


Source : Graphivore

        Toute l'actualité

©BD-Best v3.5 / 2025