Rencontre avec Voro
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Rencontre avec Voro

Fin d'un diptyque poignant, au cœur de l'Auvergne de l'après-guerre

Saint-Roch, un village au cœur de l'Auvergne. C'est là que Linh, jeune eurasienne déracinée, a découvert les membres de sa famille française, qui ignoraient jusqu’alors son existence. Jeannot a encore bien du mal à accepter sa demi-sœur, notamment à cause du regard des villageois, pas toujours bienveillant. Linh est aussi très inquiète du sort de sa mère, que Paul, leur père, est parti chercher au Vietnam toujours en guerre. Louise, la grand-mère, et Sylvaine, la fiancée de Jeannot, font tout pour intégrer la nouvelle venue au village, mais se heurtent au racisme et à la rancœur des villageois… Un récit tout en nuances et en délicatesse sur la difficulté de communication entre un père et son fils. Une histoire familiale poignante dans le décor grandiose des paysages du Livradois-Forez.

C'est donc à l'occasion de la sortie de cet album ce 18 avril 2012 que Jean-jacques Procureur est allé à la rencontre du dessinateur Voro pour un petit tour d'horizon autour de l'album et de l'un de ses auteurs.

Voro, comment en es-tu arrivé à devenir auteur de bande dessinée?

 J'ai deux passions dans la vie : raconter des histoires et dessiner. La bande dessinée est la seule profession qui permet à un artiste de réaliser toutes les étapes de création d'une histoire racontée en images. C'est pour cette raison que je me suis retrouvé à faire des BD. Ce ne fut pas un choix volontaire, mes passions m'ont tout naturellement dirigé vers ce domaine.

 

Raconte-nous ton parcours bd.

Depuis l’âge de 3 ans, je savais que je voulais faire de la BD. Mais la BD n’est pas un art populaire au Québec et j’ai été contraint à faire des études dans un autre domaine pour pouvoir vivre. Je me suis donc dirigé vers le graphisme. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai travaillé 2 ans dans ce domaine pour amasser l’argent nécessaire afin de poursuivre mon rêve. Ensuite, je suis parti pour la Belgique. Là, j’ai étudié la BD un an et demi et je suis revenu au Québec pour travailler sur mon premier album, La mare au diable. Cet album a connu un succès au Québec et a été publié en Europe par la suite. C’est grâce à cela et plusieurs autres détails (un peu long à raconter ici) que j’ai pu rencontrer Jean-Blaise Djian et travailler avec lui sur Tard dans la nuit. Ensuite, lors des Festivals BD, j'ai eu la chance de rencontrer Marc Bourgne avec qui j'ai réalisé L'été 63.


Comment a démarré ta collaboration avec  marc  bourgne?

Après trois ans à dessiner le Québec des années 1940 dans Tard dans la nuit, je voulais illustrer autre chose, avoir de nouveaux défis. J'avais déjà travaillé avec Marc (Bourgne) pour présenter un western à Dargaud, mais Vents d'Ouest avait été plus rapide pour me signer sur Tard dans la nuit. Quand Marc m'a proposé de dessiner L'été 63, j'y ai surtout vu la chance de m'évader et de pouvoir dessiner la France, le Vietnam et de belles voitures, ce que je n'avais jamais fait auparavant. J'aime que chaque projet sur lequel je travaille soit très différent, tant dans les graphismes et que sur le narratif. Marc ne voulait pas dessiner cette histoire, car il voulait une approche plus romantique au dessin. Et j'ai eu la chance de passer plusieurs jours dans sa famille en Auvergne, dans le but de répertorier tout ce dont j'avais besoin pour être juste sur le plan graphique. Le village de Saint-Roch n'existe pas, mais je me suis inspiré de lieux réels.

 

 


 Bourgne est aussi le scénariste du tome 2. J'ai apporté quelques idées dans l'histoire et j'ai réalisé tous les dessins et la mise en couleur de l'album. Les scénaristes avec qui j'ai travaillé m'ont toujours laissé une très grande place dans la création des albums. J'ai commencé ma carrière comme auteur complet et je n'accepterai jamais de travailler sur un projet simplement comme illustrateur, sans qu'on accorde d'importance à mes idées concernant le scénario. Je suis surtout un conteur.

 

Tout à l'air de bien se passer avec Vents  d'Ouest , as tu d'autres collaborations dans un futur proche ?

J'ai toujours eu de bonnes relations avec mon éditeur, c'est un respect mutuel. Je suis très loyal dans la vie comme au travail et je vais sans doute présenter mes projets chez Vents d'Ouest en premier. Par contre, le marché actuel est très compétitif et il est tout à fait normal de diversifier nos contacts et de présenter nos projets à plusieurs éditeurs.

Avec les contraintes de la vie actuelle, gardes-tu toujours autant d'enthousiasme à travailler dans le monde du Neuvième Art ?

Le contexte de surproduction actuelle est très difficile pour les auteurs. Les salaires et la distribution de nos livres sont de plus en plus réduits chaque année, contrairement aux revenus des éditeurs, des imprimeurs et à toute la chaine de distribution des livres. La tentation de travailler dans les jeux vidéo et l'animation est forte pour les nouveaux. Afin de conserver mon enthousiasme, je dois me rappeler chaque jour que j'ai la chance de faire ce que j'aime et de vivre de ma passion...

 

 

 


D'autres informations sur tes prochains albums à nous divulguer ?

Le tome 2 de L'été 63, qui est la conclusion de notre histoire, sortira le 11 avril 2012 en Europe. Et maintenant, après ces belles collaborations, je retourne à mes amours et reprends la composition des scénarios de mes histoires. Je travaille présentement sur deux projets personnels, deux thrillers. Ces histoires sont très différentes de L'été 63 et de tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Cette fois, mes histoires se dérouleront dans le Québec contemporain, dans ma ville. Le premier de mes projets risque de vous surprendre avec une façon de raconter jamais exploitée encore.

En 2012 as-tu des expositions, d'autres éditions... Peux- tu nous en dire un peu plus à ces sujets ?

Vous pourrez me rencontrer en dédicace au Festival BD de Montréal en juin 2012, pour le reste, à suivre sur mon blog !

Ta devise ?

L'important c'est de faire ce qu'on aime. Surtout dans notre métier. Si on perd de vue nos passions pour l'argent ou la célébrité, nos jours sont comptés comme auteur et la fin est proche.

 

Le blog de Voro : http://voro.over-blog.com/

 

Interview et photo © Graphivore-Jean Jacques Procureur 2012

Images © Vent d'ouest-Voro 2012


 



Publié le 08/04/2012.


Source : Graphivore

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