Rencontre avec Yoann & Velhmann
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Rencontre avec Yoann & Velhmann

Pour la sortie du numéro 51 des aventures de Spirou et Fantasio " Alerte aux Zorkons" paru chez Dupuis, Christian Missia est à allé à la rencontre de deux auteurs très sympathiques, Yoann et Velhmann, une symptathie qui est à l'image des personnages de cette série mythique qui à traversé les générations. Découvrez, l'un après l'autre, moult détails concernant la reprise et autres informations intéressantes au sujet de la série et des auteurs sus-nommés.

 

Nous commencons cette rencontre par Yoann mais avant tout, une petit biographie s'impose :

Yoann a deux passions : la nature et la bande dessinée.

Un large sourire dans une barbe, d'épaisses lunettes, on pourrait croire qu'il est le fils de Jijé ! Malgré ce mimétisme capillaire, celui qui enfant rêvait d'être ornithologue est plutôt un talentueux héritier du style de Franquin.

Originaire de Basse Normandie, il découvre très tôt sa vocation : mais à cinq ans, il est encore trop jeune pour s'inscrire aux Beaux-Arts. Qu'à cela ne tienne, il usera ses crayons jusqu'à son Bac arts plastiques, avant de rejoindre l'école des Beaux-Arts d'Angers. Il y fait la rencontre d'Eric Omond avec qui il publiera dans la revue britannique Deadline (en compagnie de Jamie Hewlett, Simon Bisley,...) et signera la formidable série Toto l'Ornithorynque. Objecteur de conscience, Yoann passe dix mois au CNBDI d'Angoulême où il crée des outils pédagogiques pour apprendre la bande dessinée aux plus jeunes.

Depuis dix ans, il a réalisé un grand nombre d'albums dans des styles variés en collaborant notamment avec Lewis Trondheim (Fennec, Donjon Monsters coécrit par Sfar), Yann & Conrad (Bob Marone), Omond (La Voleuse du Père Fauteuil, Paris Strass) et Vehlmann (Les Géants pétrifiés). Quand il n'est pas à sa table à dessin, Yoann pratique le catch de dessin à moustache et chante dans le groupe rock Ptérodactyles.

C'est un maestro des pinceaux (connaissant Champignac comme sa poche) qui animera désormais les aventures de Spirou et Fantasio.

Les albums de Spirou qu'il emmènerait sur une île déserte : Panade à Champignac, Le Nid des Marsupilamis.

 

Passons dès à présent à l'interview...

 

Christian Missia : Quel est le pitch de ce nouvel album ?

Yoann : Mmm… Ah ah ! Et bien, le village de Champignac se retrouve soudainement envahi d’une végétation qui a vraisemblablement mutée, ainsi que la faune. Les arbres font 200 mètres de haut, le village est complètement disloqué sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. Hors le comte de Champignac est prisonnier dans ce décors infernal et envoi un message de détresse à Spirou et Fantasio qui vont évidemment se précipiter pour le sortir de là.

 

C M : Vous avez décidé de réinstaller Zorglub dans le rôle de l’adversaire. Pourquoi ?

Yoann : La décision a été assez simple. Zorglub c’est un personnagequ’on adore Fabien et moi et qui n’a pas véritablement eu de 2ème vie après dix-sept tomes, Zorglub  et l’Ombre du Z. Dans Panade à Champignac  il était très diminué psychologiquement. C’était d’ailleurs une sorte d’anti-aventure. Après on le retrouve de manière un peu plus épisodique dans le Réveil du Z de Tome et Janry ou ce n’est pas Zorglub lui-même mais son descendant qui est un nabot qui a fomenté des plans incroyables. Et on le retrouve, après, vaguement dans Aux Sources du Z qui finalement est un titre un peu trompeur puisque Zorglub n’apparait quasiment pas dans cet album là. Il n’a pas de rôle véritablement. Nous, on voulait vraiment redonner à Zorglub son envergure. Ce n’est pas véritablement un méchant. C’est effectivement un antagoniste mais ce n’est pas un type horrible quoi. Donc, c’est vrai que c’était hyper intéressant de revenir à… imaginer quel projet mégalo il pouvait mettre en place.

 

C M : Dans les années 50, Franquin et Greg avaient créé Zorglub afin de se moquer de l’optimisme sans faille envers la science. Aujourd’hui, les questions environnementales sont entrées dans les mœurs. Dans cet album, Zorglub, et dans une moindre mesure Champignac sont responsables de la catastrophe qui touche le village de Champignac. Vouliez-vous vous aussi interpeller le lecteur par rapport aux dérapages de la technologie ou bien était ce juste un prétexte à l’aventure ?

Yoann : Non non. On a véritablement nous même une méfiance au tout technologique et au tout scientifique. On se rend compte, depuis maintenant plusieurs années que tout progrès à son revers, que ce soit en termes de communication avec les téléphones portables qui peuvent causer des problèmes. Les micro-ondes, le nucléaire. Toutes ces choses qui sont chimiques… la pollution des voitures. Bref, on est quasiment une civilisation obsédée par le fait d’annuler les effets néfastes de sa propre création. Donc, le propos est complètement assumé dans cet album de Spirou de dire : « la science, oui mais à quel prix ?» Et la science, comme le cite Spirou dans l’album : « Encore plus de science pour réparer la science », ça commence à être un peu inquiétant.

 

 

Au milieu Velhman à droite Yoann


 

C M : Quels sont les principales difficultés lorsque l’on reprend un monument tel que Spirou et Fantasio ?

Yoann : Les difficultés, il y en a énormément. La première difficulté, c’est de se trouver soi à travers Spirou. C'est-à-dire que, à la fois on est obligé de faire avec les cinquante albums qui ont précédé. Heu… les bons comme les moins bons, parce que tout… dans une œuvre comme ça, tout n’est pas non plus de qualité égale. Et puis surtout heu… de tracer des perspectives à cette série qui a soixante-dix ans maintenant. Qui a traversé plusieurs générations et qui a un lectorat extrêmement disparate : des enfants… Un peu des enfants pour les plus récents… des adultes d’une vingtaine d’années, de trente ans, de quarante jusqu’à cinquante, soixante ans pour les lecteurs de Spirou à l’heure actuelle. Donc la difficulté c’est de… d’essayer de… on ne pourra pas plaire à tout le monde, mais d’essayé de plaire le plus largement possible. D’essayé d’avoir un spectre suffisamment large. Et là c’est un vrai travail de décorticage de la série afin de retrouver ce qui fait son essence. C'est-à-dire que… tout au long de ces générations, qu’est ce qui a fait que les lecteurs sont resté accroché à Spirou. C'est-à-dire l’esprit, finalement, de la série. Et pour nous, cela nous a semblé être de manière plus simplement possible de l’humour, de l’aventure et un poil de fantastique. Ce sont des recettes que l’on retrouve finalement dans les grands récits grand public. Même au cinéma avec des choses comme Indiana Jones ou James Bond.

 

C M : Dans le one-shot de Spirou et Fantasio « Les Géants Pétrifiés », votre style graphique se rapprochait de celui de Jamie Hewlett le dessinateur de Tank Girl et des Gorillaz. Tandis que dans la reprise de la série mère, vous revenez à un style plus classique. Pouvez-vous nous expliquer ces choix ?

Yoann : A l’époque où on nous a proposé de faire les « Géants Pétrifiés », on s’était demandé avec Fabien qui serait le Franquin actuel. Et on s’est aperçu qu’il y a plusieurs Franquin actuels dans d’autres pays (rire). En France, ça pourrait être un Blutch, par exemple. En Grande Bretagne, ça pouvait effectivement être Jamie Hewlett qui est une sorte de génie graphique aussi. Aux Etats Unis, cela pourrait être Paul Pope… au Japon, celui qui a fait Number Five Matsumoto (et aussi Amer Béton, ndr), je crois. Donc il y a eu beaucoup de… beaucoup de choses et aussi… moi, j’ai commencé à publier en Angleterre justement dans la revue ou il y avait Jamie Hewlett. A l’époque, dans les années 90, où il y avait Tank Girl qui paraissait… qui était sa première série de bande dessinée. Et donc ces des gens… moi j’étais gamin quand j’ai commencé à publier là bas, j’avais 18 ans. Lui, il était à peine plus vieux que moi car, de toute manière, il n’y a pas une grosse différence d’âge. Donc, je pense qu’il y avait quelque chose de commun dans l’esprit, au niveau du dessin, de ce que l’on faisait. Et effectivement, un Spirou contemporain qui soit un petit peu… un petit peu « hype » et qui puisse parler à un lectorat plus jeune, ça aurait pu aussi, effectivement, dans l’idéal, si Jamie Hewlett avait pu faire un Spirou ça aurait pu être génial. Bon. Je ne suis pas Jamie Hewlett, mais en attendant le Spirou que j’ai fais est dans l’esprit anglo-saxon en tout cas dont je m’imprégnais quand je faisais mes bédés en Angleterre.

 



Quels sont vos prochains projets ?

Yoann : En dehors de Spirou et Fantasio on a un album de Toto l’Ornithorynque sur le feu mais qui est en standby, évidemment, à cause de Spirou. De toute façon, tous mes projets sont en standby. A part un album que je prépare là pour le Lombard, que je suis en train de terminer. Qui, j’espère, devrait sortir pour Angoulême et qui s’appelle Les Quatre Thèses. C’est une série… enfin, une série… c’est un album que je co-scénarise et que je dessine avec Olivier Texier et ça raconte l’histoire d’une bande de types qui ont des super pouvoirs, mais des super pouvoirs un peu nuls ! Et donc, ça les encombre pas mal dans leur vie quotidienne. Et donc, ça raconte un peu toute cette histoire là.

 

 

Poursuivons avec quelques autres questions à Velhmann non sans oublier sa biographie :

Fabien Vehlmann est comme son héros : pétillant, engagé et plein d'humour.

Après avoir patiemment suivi les cours d'une école de commerce nantaise, Fabien Vehlmann réalise que sa voie est ailleurs. Bien décidé à se lancer dans la bande dessinée, il se consacre à l'écriture de manière intensive durant une année entière. Il empile les projets et inonde scrupuleusement la rédaction du journal Spirou. Sa ténacité est récompensée : il y fait ses débuts dans le courant de l'année 1998. Dans les pages du beau journal, il apprend son métier en scénarisant des animations, puis ses premières séries dont le fameux "Green Manor" avec Denis Bodart.

Curieux et enthousiaste, Vehlmann touche à tous les genres : humour, science-fiction, aventure, conte,... Il multiplie les collaborations avec des dessinateurs aux styles aussi divers que Matthieu Bonhomme ("Le Marquis d'Anaon"), Frantz Duchazeau ("Les Cinq conteurs de Bagdad") ou Bruno Gazzotti ("Seuls"). En 2006, il réalise une première aventure de Spirou et Fantasio avec Yoann : "Les Géants Pétrifiés". Quatre ans plus tard, les deux compères reprennent en main la destinée du plus célèbre héros des Editions Dupuis...

Les albums de Spirou qu'il emmènerait sur une île déserte : Le Nid des Marsupilamis, Le Voyageur du Mésozoïque et Virus.



Christian Missia : Pourquoi avez-vous acceptez de reprendre la série Spirou et Fantasio ?

Velhmann : J’ai accepté, déjà, parce que c’est un personnage que j’adore et d’autre part ce n’était pas la première fois que l’on nous le proposait à Yoann et moi et que donc on avait eu le temps de se faire à l’idée que ça pourrait peut être un jour nous arriver. On n’y croyait plus trop après le premier one-shot que l’on avait fait. Mais bon, voila, on s’est dit que l’on avait une autre chance, mais c’est une occasion que l’on ne laisse pas passer quoi. C’est quand même génial. Et aussi parce que c’est une reprise qui me semblait envisageable et que j’avais envie de faire. Contrairement à d’autres séries, c’est la seule reprise qui pouvait m’intéresser parce qu’elle a déjà été reprise et quelque part je trouvais légitime qu’il puisse y avoir encore une continuité de passation de témoin. Je ne me voyais pas reprendre une série derrière son auteur directement. Je ne pourrais pas. Ce serait trop dur de se comparer à lui. De me dire si je suis à la hauteur, ceci cela. Donc dans ce sens là, il y avait eu plusieurs repreneurs. Ca me paraissait logique. Il y avait eu une histoire que j’ai adorée. C’était lié au magazine que j’ai adoré. Lié à Franquin, Tome et Janry, ces auteurs qui ont beaucoup compté pour moi. Donc… tout ça faisait que ça devenait un peu un rêve de gamin avec un peu plus de pression (rire).

 

C M : Il parait que vous êtes à l’origine de la collection des one-shots autour de Spirou et Fantasio. Est-ce vrai ?

Velhmann : Grosso modo, c’est vrai car il y a plusieurs personnes chez Dupuis qui ont remonté l’information et à un moment donné on a fédéré cette information en disant en fait… En gros, ce qui s’est passé c’est qu’on cherchait des repreneurs, je dis « on » parce que j’étais dans ce processus à une époque. On cherchait ensemble des repreneurs à la série à l’époque d’avant Morvan et Munuera. On avait été pressenti avec Yoann mais visiblement on n’était pas convainquant, suffisamment, pour que tout Dupuis nous donne le feu vert. Entre autre dans les différentes hypothèses qui ont été émises par quelques auteurs en particulier que moi j’ai remonté à Dupuis en fait. J’ai dis : « Ben voilà, faire la série complète, non. Mais un album, pourquoi pas ». Donc, dans les différentes possibilités qui s’offraient à nous, j’avais résumé cela dans une lettre qui disait : « je le fais avec Yoann ». Ca peut être... enfin, vous… parce qu’ils me proposaient de travailler avec Munuera, et autant j’adorais le personnage et son boulot est chouette, autant pour moi ce n’était pas l’esprit de Spirou. J’ai dis que si ils voulaient bosser avec lui, qu’ils le fasse avec quelqu’un d’autre. C’est l’option B qui a été retenue (rire de Yoann). Option C, à la limite on laisse tomber la série et on fait des one-shots. Moi j’étais un peu genre « cavalier » hein, c’était genre : « allez, pourquoi bien garder la série mère alors que personne n’a envie de la faire ou que c’est difficile ou que… ». Donc, à ce moment là, il y a l’option one-shot qui finalement était très inspiré du modèle américain ou les meilleurs albums de Batman, par exemple, c’est souvent des albums « à part » de la série, fait par Miller, Alan Moore, etc. De là, ils ont gardé option B + C, à savoir : « vous ne ferez pas la série principale », tant pis. Par contre, les one-shots, on pense que c’est une bonne idée, donc on va le lancer et ce serait assez logique que Yoann et moi on fasse le premier parce que on était… voilà, on avait quand même été pressenti pour la série. Du coup, on a pu faire un one-shot, pas rentre dedans mais heu… assez radical. On pouvait faire graphiquement quelque chose d’assez fort, qui soit vraiment quelque chose qui appartienne à Yoann, là ou la reprise est un tantinet différente.

 


 

C M : Justement, quel sera la « touche » Yoann et Velhmann ? Qu’allez-vous apporter à la série ?

Velhmann : C’est assez compliqué à dire parce que pour l’instant, si on théorise dessus, on est toujours très loin de la réalité dans le sens ou on pourra… nous… dire que l’on va essayer d’apporter beaucoup d’humour, beaucoup d’aventure. Entre les intentions de ce que l’on voudrait y mettre et ce qui va s’y retrouver, il pourrait y avoir un gouffre. Des fois, on a plein de bonnes intentions, on va dire que l’on va faire le meilleur Spirou du monde et puis dans les faits on fait le Spirou que l’on peut quoi. Donc, nous on aimerait qu’il y ait beaucoup d’aventures et que cela ne se prenne pas trop au sérieux, si je dois parler d’intention. On aimerait assez que cela reste quelque chose d’assez potache. Que l’on puisse se marrer en lisant l’aventure. Pour nous, ce n’est pas une série ou il y a lieu d’avoir des passages très dramatiques, c’est ce qu’était un peu devenu la série à la fin de Tome et Janry. Et après tout, pourquoi pas, puisqu’ils avaient poussé la série très loin en termes de ventes, en termes artistiques, donc ils en faisaient bien ce qu’ils voulaient, mais ce n’est pas ce que l’on a envie de faire. C’est ce que, peut être, ont fait Morvan et Munuera avec des passages des fois assez dures ou on sent qu’il y a une tension. Il y a un côté « mort », des trucs comme ça. Nous, ce n’est pas le propos là. A la limite, jamais on se pose réellement la question de savoir si ils vont survivre ou pas. Je n’ai pas vraiment la pression… il y a un vague suspens mais qui est plus pour se marrer et voire leurs gueules dire : « Aaah, on va tous mourir ! » (Rires). Moi, c’est ça qui m’amuse. Donc, il y a ce côté potache. On le revendique assez. Et puis, ce que l’on va faire vraiment de la série, très honnêtement on le verra dans le 52, 53, au fur et à mesure qu’on le fera. On va y mettre des choses… Des fois, à certains égards cela va nous échapper. On va se rendre compte que l’on trouve fun de faire Spirou de telle ou telle manière parce que le scénario l’amène vers ça. Ce qui est clair c’est que l’on va amener plus de personnages personnels. Le 51, on ne pouvait pas. C’était trop tôt pour plein de raisons. Par contre là, on a l’impression que pour le 52 on commence à se lâcher un peu plus. On est revenu aux fondamentaux. A certains égards, c’était assez encombrants ces fondamentaux puisqu’il fallait satisfaire plein de gens qui ont aimé la série et c’est en ce sens que, on en parlait tout à l’heure, le jeune public est encore un petit peu surpris. Les retours que l’on a ne sont pas négatifs. Les gamins qui le lisent l’aiment bien mais il y a plein de choses qui leur passent au dessus : « Oui euh… c’est qui ce personnage ? Pourquoi on en parle ? D’où ça vient ? » En même temps, cela ne me choque pas. Moi j’ai découvert les albums de Franquin, des fois je ne connaissais pas le personnage avant, ben on s’y met. On sent bien qu’il y a eu un passé, si l’on a envie d’aller le voir on va le voir. Je ne crois pas mais j’espère que cela ne nuit pas à la lisibilité de l’album mais je pense que ce sera plus facile pour nous de trouver nos marques dans le 52 et le 53 puisque, quelque part, on a montré patte blanche là… enfin des pattes de zorkon mais en même temps elles ne sont pas très blanches (rires). On a montré que l’on était respectueux… (Fou rire général. Yoann dit : quel talent !) Par exemple, les personnages secondaires… Ici il y a le Père Raymond, par exemple, qui débarque, j’en suis assez content, cela dit, mais il a très peu de temps. Il y a les suédoises mais je n’en fait pas grand-chose…

C M  : Dommage…

Velhmann : Dommage, oui, on est bien d’accord ! (Rire) Surtout que l’on connait les modèles vivantes qui étaient tout à fait prêtes à dire : « alors là, pour cette scène, est ce que tu veux que je pose ? » (Rires). Par exemple, dans le cinquante-deux il y a pas mal de personnages qui nous font bien rire avec Yoann. Donc, ils vont prendre pas mal de place et qui sait, ils s’installeront dans la série comme à une époque Zantafio s’est installé dans la série ou Vito la Déveine.

 

C M : Pourquoi avez-vous repris le costume de groom ?

Velhmann : Parce que c’est super beau ! En fait, on a posé vraiment les choses dans ce sens là. On ne s’est pas dit : « est ce que c’est logique ? » Parce que ça ne l’ai pas. On s’est dit que c’est super beau et que ce serait dommage de s’en passer. L’idée nous était venue, d’une part parce que j’ai vu des illustrations de Yoann ou il avait mis en scène, pour s’amuser, de manière un petit peu fantasmée un Spirou dans la jungle en costume de groom. J’ai trouvé cela très frappant ! Alors même qu’au début on était parti pour le laissé en tenue classique, comme l’avait fait Tome et Janry ou même Franquin ou Fournier. Et puis aussi il y eu le fait de voir les one-shots, par exemple celui d’Emile Bravo, ou on se disait que c’est quand même fort de le revoir en groom. Si ce n’est que dans le « Emile Bravo » ou dans Panique en Atlantique  ou dans Le Groom vert-de-gris il est groom vraiment. Là, on revient aux origines du personnage. Ca, ça ne nous intéressait pas, donc on s’est dit : « comment on peut faire pour relier les deux ? ». En fait, il se trouve que l’on avait déjà résolu le problème de manière un peu « couillon » dans un récit court dans Spirou ( le journal, ndr) pour les septante ans du personnage, « Back to the redac’ » ou on voulait qu’il soit en groom pour que cela fasse un peu rétro et on avait expliqué ça de manière idiote en disant que quand il est chez Dupuis, contractuellement il doit porter le costume parce que sans ça il est « chopé » quoi. Comme on venait de sortir de pas mal de négociations avec Dupuis, cela nous faisait une sorte de petit clin d’œil, genre « Dupuis c’est aussi ça » (rire), mais surtout cela nous faisait marrer quoi. Donc c’était Monsieur Pot de Moutarde qui venait le voir en disant : « Je veux bien m’occuper de votre marque » et il faisait résumer à Spirou quel était la marque « Spirou », ce qui nous faisait aussi rire. Il y a des discussions que l’on a avec Dupuis qui nous demande parfois de résumer la marque « Spirou », c’est : « générosité, vivacité, costume de groom, écureuil ». On s’est dit qu’après tout on allait garder la même idée idiote sauf que là, il (Spirou) revient du festival d’Angoulême, grosso modo, et qu’il n’a pas le temps de se changer pour aller sauver le comte. Et on trouvera autre chose dans le 52 et encore autre chose dans le 53 pour que ce soit un peu… c’est un peu farce quoi. C’est un gros gag mais on adore (rire de Yoann) !

 

 

Une interview qui respire la bonne ambiance :)


 

C M : Quels sont vos autres projets ?

Velhmann : Ben, je n’en ai plus des masses du coup… en album fait, qui va sortir il y a un album chez Glénat, dans la collection « Mille Feuille » qui va s’appeler L’Île aux 100 000 Morts. C’est un récit de pirates dessiné par Jason qui est un dessinateur norvégien psychopathe (rire). Psychopathe parce que son dessin parait très rigide, très froid et en même temps il est, à mes yeux, génialissime et hyper expressif. C’est du minimalisme réussi pour moi. Il y a des gens qui n’aiment pas du tout, moi j’adore ! C’est la première fois qu’il bosse avec un scénariste et moi je suis ravi. D’ailleurs, c’est la première fois que j’en parle spontanément car il n’y a pas grand monde qui sait que ça va sortir.

 

C M : Et le projet de dessin animé de Wondertown avec Benoit Feroumont ?

Velhmann : En fait, ce ne serait pas pour Wondertown mais c’est vrai que Benoit à travaillé et travaille dans l’animation, il vient de là au départ. C’est ce qui donne d’ailleurs sa patte assez unique dans son dessin de bédé finalement. A l’époque ou l’on travaillait sur Wondertown et que l’on était encore amis (rires), On s’est dit… En fait, il m’a proposé si cela m’intéresserait de bosser sur un tel projet.

Benoit Feroumont : Le scénario est maintenant fini. On va rentrer dans une phase de développement graphique pour espérer rentrer en financement du film. Donc, on a un petit peu d’argent là maintenant pour développer graphiquement le truc, de faire quelques secondes d’animation pour espérer convaincre les financiers.

 

C M : Que deviennent IAN et le Marquis d’Anaon ?

Velhmann : IAN c’est terminé ! Ca aurait pu donner une suite, c’était prêt, on aurait pu faire un deuxième cycle mais la messe était dite comme on dit parce que les chiffres de ventes n’étaient pas au rendez vous et le marché de la bédé est devenu très très dur la dessus, donc si les ventes ne sont pas assez bonnes c’est difficile de garder une série longtemps. Tout dépend des partis prit en même temps parce que par exemple, autre exemple de série qui n’a pas des ventes exceptionnelles, enfin cela dit elles se maintiennent, c’est Le Marquis d’Anaon. Là Dargaud nous a dit que cela pouvait être possible de continuer. L’autre problème qui se pose avec Le Marquis d’Anaon c’est que Matthieu Bonhomme a beaucoup de séries. Il fait Esteban en particulier. Il a des projets avec Lewis Trondheim, dont un vient de sortir. Donc pour l’instant, il n’a pas le temps de faire la suite du Marquis. C’est un peu mit de côté. Dans les séries que je continue il y a Seuls dont le prochain album sortira entre avril et juin de l’année prochaine et le reste c’est des projets de one-shots dans le sens ironique avec des auteurs différents. Il y a un projet avec Kerascoët avec qui j’ai fait Jolies Ténèbres qui s’appelle Voyage en Satanie. Il y sera question d’un voyage, presque à la Jules Vernes. Un récit très « jules-vernien » de décente aux enfers ou je pars du principe que l’enfer existe réellement et qu’il y a des personnages qui vont aller le visiter. Un diptyque qui devrait sortir l’année prochaine… un projet avec Alfred, qui a fait récemment Je Ne Mourrais Pas Gibier, un super album chez Delcourt je crois… et puis un projet avec Roger Ibanez, un dessinateur espagnole qui a fait… qui fait une série qui s’appelle Jazz Maynard chez Dargaud, avec qui j’ai bien sympathisé et avec qui j’aimerais bien faire un album qui serait une référence au genre que l’on appelle le « slasher », un terme de film de série B un peu gore. Le slasher, typiquement, c’est un meurtrier masqué débarquant dans une soirée adolescente ou les teenagers se droguent et niquent partout et il les tue tous, voilà (rires). C’est exactement des films comme Vendredi 13 ou Halloween. Moi, c’est un genre que j’aime bien, donc je pense que l’on peut en tirer quelque chose de détonnant… voilà, je vais essayer de faire ça dès que j’aurai le temps de le faire quoi. Et… est ce que j’oublie quelque chose … ? C’est déjà plus loin mais j’ai un projet avec Hervé Tanquerelle qui est quelqu’un que j’admire beaucoup. Que j’ai recroisé plusieurs fois à Nantes puisque je viens de temps en temps voir mon comparse nantais et du coup, à force, on s’est dit que serait pas mal de faire un truc commun. Je crois que j’ai trouvé un concept qui pourrait lui plaire… en tout cas on a commencé à en parler et ça à l’air d’aller. Relativement tout publics… assez référentielle… presque à de la bande dessinée japonaise mais que l’on fera à notre manière et ça aussi c’est assez excitant. Voilà… l’air de rien, pas mal de projets quoi (rires général).

 

Un grand merci à Bernard et à toute l’équipe de la Librairie Multi BD,

122-128 Boulevard Anspach, 1000 Bruxelles.

 

Interview et photos d'auteurs © Christian Missia & Graphivore 2010

 

Images et extraits de planches © Dupuis 2010



Publié le 23/09/2010.


Source : Graphivore

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