« - Quelle monumentale erreur ! En utilisant la magie de mon principal artefact pour détruire la forteresse de Nousagi, j’ai sacrifié mon atout maître. Quand est survenue la bataille des quatre armées, je n’avais plus suffisamment de puissance. Comment ai-je pu être aussi stupide !
- Pourquoi ne pas avoir extrait de sorcellerie d’une de vos autres armes légendaires ?
- Leur énergie est insuffisante. Au mieux, j’aurais pu stopper une des armées du Daiyamondo… Pas trois ! Je dois reprendre l’initiative.
- A quoi pensez-vous ?
- Le katana d’Hokusaï ! Sa puissance est incommensurable.
- Mais ? Il a disparu depuis des décennies ? »
Le Seigneur Lei Zu Chao est hors de lui. Il n’a plus assez de puissance pour dominer les armées du pays. Une seule chose pourrait lui permettre de prendre le pas sur ses ennemis : le katana d’Hokusaï. Réussira-t-il à mettre la main sur ce sabre avant que Yuki et ses amis, Jin la guerrière, véritable garçon manqué, et Akira, grand benêt qui se croît impressionnant, ne l’en empêchent ? Ceux-ci sont en plein entraînement au Bushido, sous la direction de Musashi Miyazaki.
© Gloris, Gorobei - Dupuis
Thierry Gloris et Gorobei ont bien installé leur petit monde dans les tomes précédents pour passer à présent à de la grande aventure, une histoire humoristique et intelligente structurée crescendo comme un film familial à grand spectacle. Malheureusement, cet album, qui aurait dû être celui de la maturité, s’avère être celui du chant du cygne puisque la série s’arrête.
© Gloris, Gorobei - Dupuis
Si le rendez-vous avec Bushido a été, en partie, manqué, c’est avant tout la faute d’un éditeur qui n’a pas su saisir l’occasion du prix des écoles obtenu à Angoulême en 2018. Pourtant, dès la sortie du tome 2, la série a été entièrement re-maquettée. Pourquoi investir si c’est pour tout laisser tomber ensuite ? De plus, des quatre albums prévus à l’origine, seuls trois sont parus, le troisième restant endormi dans les cartons de Dupuis pendant d’inexplicables loin mois. Mais qui donc s’est occupé de la série dans cette prestigieuse maison d’édition pour la saborder de cette façon ?
Du côté des auteurs, la seule erreur, s’il devait y en avoir une, serait dans le choix du titre de la série. En effet, le terme Bushido fait référence au code des principes moraux des samouraïs japonais, là où les jeunes lecteurs auraient pu croire y lire le nom du héros.
© Gloris, Gorobei - Dupuis
La question qu’il reste à se poser est de savoir si Bushido a été en avance sur son temps. Surfant sur la mode (qui n’en est plus une) manga, la série intègre les codes de la pure BD franco-belge de tradition. Le public n’est peut-être pas encore prêt à mélanger les genres. Alors, pour ne pas perdre le potentiel réel de l’univers qu’ils ont créé, ce que Gloris et Gorobei auraient de mieux à faire, ce serait de proposer une version 2.0 de leur série re-titrée Yuki, du nom du héros, dans un format manga assumé, chez un éditeur qui saurait s’occuper de la série. Pourquoi pas Ankama qui a fait du manfra (manga français) Radiant le succès que l’on sait ?
En attendant, Bushido forme chez Dupuis un triptyque qui embarque dans un monde, une époque et une mythologie qui plaira aux petits, pour le dessin rond et les dialogues humoristiques, et aux grands, grâce aux multiples références culturelles.
Laurent Lafourcade
PS : Nous devons tous rester chez nous, sauf nos amis de la santé et de la distribution alimentaire à qui nous pensons très fort. En ces temps compliqués, quoi de mieux que de lire des BD. Pour acheter ces beaux albums, si les librairies ont dû fermer leurs rideaux, n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles proposent des services de vente par correspondance sur leurs sites. Alors, avant de vous précipiter sur les sites d’Amazan ou de la Fnoc, vérifiez si votre libraire de quartier ou de plus loin le fait.
Série : Bushido
Tomes : 3 - Le sabre d’Hokusai
Genre : Aventure
Scénario : Thierry Gloris
Dessins : Gorobei
Couleurs : Francesca Piscitelli
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 64
Prix : 10,95 €
ISBN : 9782800174204
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